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2. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

S’agit-il de prouver la nécessité qu’impose la religion de pardonner à nos ennemis les plus déclarés ; il sait quel obstacle il va trouver dans la fierté du cœur de l’homme, eh bien ! […] ) Comme Bourdaloue et Bossuet, Massillon a consacré des discours entiers à prouver les dogmes, sur la certitude et la croyance desquels repose essentiellement le bonheur de l’homme. […] Il commence par gémir de la nécessité que lui impose la corruption des mœurs, de venir prouver à des hommes, à des chrétiens, la certitude d’une vérité qui n’excitait pas même de doutes chez les philosophes païens, et qui était l’âme de tout ce qui se faisait alors de grand ou d’estimable. […] Mais ce qui est plus déplorable cent fois que le reste, c’est que ces mêmes vérités, appuyées de leurs preuves, ne laissent souvent aucune trace dans les cœurs ; et que les sophistes, qui ne prouvent rien, l’emportent si aisément sur le philosophe religieux, qui raisonne et qui prouve. […] À la certitude démontrée de l’avenir succède sa nécessité ; et Massillon la prouve par sa conformité avec l’idée d’un Dieu sage, et par le sentiment de la propre conscience.

3. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre IV. »

Il se présente naturellement trois manières de développer un sujet : 1° décrire, raconter des faits, ce qui s’adresse à l’imagination ; 2° émouvoir, en cherchant à exciter les passions ; 3° prouver, en s’adressant à l’esprit par le raisonnement. […] Supposons que je veuille prouver qu’il faut aimer la vertu ; j’établis d’abord cette vérité générale, que personne ne conteste : Il faut aimer ce qui nous rend heureux ; j’en rapproche ensuite une autre vérité également incontestable : or la vertu nous rend heureux ; et j’en tire la conclusion naturelle, qu’il fallait prouver : donc il faut aimer la vertu. […] Ainsi, pour prouver que la négligence amène le vice, je fais le sorite suivant : La négligence produit l’oisiveté, l’oisiveté amène l’ignorance ; l’ignorance causa l’oubli du devoir ; l’oubli du devoir conduit au vice ; donc la négligence peut amener le vice. […] C’est quand on ne s’entend pas sur la question même, et qu’on veut prouver ce qui n’a pas besoin de l’être. […] Le cercle vicieux rentre dans la pétition de principe ; il donne pour preuve le fait même qui est à prouver.

4. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

On prouvait qu’il fallait mettre Archias au nombre des citoyens romains, parce qu’il avait un génie qui pouvait faire honneur à l’empire. […] Elle doit prouver principalement. […] Le demandeur prouve la ressemblance des deux cas ; et le défendeur tâche d’y trouver quelque dissemblance. […] On présente d’abord la proposition à prouver, et la raison qui la prouve n’arrive qu’après. […] C’est donc dans l’analogie de la chose à prouver avec celle qui sert à prouver, qu’est la valeur de la preuve ; et c’est dans l’analogie des propositions employées à la démonstration avec la chose à démontrer, qu’est la force de l’argumentation.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

1º Une loi défend de couronner aucun citoyen chargé d’une administration quelconque, avant qu’il ait rendu ses comptes, et Démosthène se trouve dans le cas de la loi ; Ctésiphon a donc évidemment violé la loi ; 2º Une autre loi ordonne que le décret de couronnement soit proclamé dans le sénat, et jamais ailleurs ; et le décret de Ctésiphon devait l’être au théâtre, seconde infraction ; 3º Enfin, et c’est ici le vrai but d’Eschine, et le fond de toute la cause : le décret porte que la couronne est décernée à Démosthène, pour prix des services qu’il a rendus à l’état, et Eschine s’engage à prouver qu’il n’a jamais fait que du mal à la république. […] Cet empressement unanime nous prouve encore quel intérêt les Grecs attachaient à tout ce qui avait eu une influence plus ou moins directe sur les révolutions successives dont ils avaient été les témoins, et dont ils finissaient par être les victimes. […] Eschine, après avoir prouvé, comme on prouve en ne présentant les choses que sous le jour favorable à nos passions, que Ctésiphon avait violé les lois, et attenté par conséquent à la sûreté générale, passe à l’examen de l’administration de Démosthène, qu’il divise en quatre époques principales, qu’il parcourt successivement. La première renferme la guerre contre Philippe jusqu’à la paix, et à l’alliance décrétée par Philocrate ; et Eschine prouve que Démosthène a rendu, de concert avec Philocrate, une foule de décrets contraires au bien public, et qu’il a lâchement vendu et livré ses concitoyens au roi de Macédoine. […] Démosthène prétend le contraire, et voici comme il le prouve.

6. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

La renommée entachée de mauvaise foi ou de crime prouve contre l'accusé. […] S'il y a deux choses à prouver, le discours aura deux propositions. […] Pensez-vous par des pleurs prouver votre tendresse ? […] Que prouve l'argument que constituent le genre et l'espèce ? […] Contre qui prouve la renommée entachée de mauvaise foi ou de crime ?

7. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

L’orateur continue ainsi à marquer ces différences, et fait conclure de là la vérité qu’il veut prouver. […] Il est facile de voir comment on peut faire entrer ces deux termes dans un raisonnement, et en tirer des conséquences pour ce que l’on veut prouver. […] Si elle apparaît dans ces deux genres, ce sera comme preuve de ce que l’on dit ou de ce que l’on propose, c’est-à-dire qu’elle contribuera à la confirmation ; elle est, dans un genre, ce qu’il faut prouver ; et, dans les autres, ce qui prouve ce qu’on avance. […] La confirmation est cette partie du discours dans laquelle l’orateur prouve le fait qu’il a raconté, ou la vérité qu’il a exposée. […] L’orateur va maintenant la poursuivre : il prouvera la première partie en montrant que la loi chrétienne est une loi sainte et parfaite, et ensuite que c’est une loi modérée ; il prouvera la seconde en montrant que c’est d’abord une loi de grâce, et en second lieu une loi de charité et d’amour.

8. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Quelquefois il suffit de prouver. […] La pétition de principe prend le nom de cercle vicieux lorsque, pour prouver une chose, nous prenons une autre chose qui se prouve par celle-là même qui est en question. […] Ainsi, tantôt on prouve ce qui n’est pas en question, tantôt on ne prouve rien, tantôt on prouve mal ce qui est en question. […] La proposition est simple lorsqu’elle ne renferme qu’un seul objet à prouver. […] Par la même raison, c’est l’antécédent qu’il faut prouver dans l’enthymème.

9. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Il s’agit donc de prouver, 1º que Clodius a été l’agresseur, et que c’est lui qui a tendu des embûches à Milon, Cicéron le prouve, par le récit même du fait, par ce chef-d’œuvre de narration dont nous avons déjà parlé, et qu’il nous tardait de mettre sous les yeux de nos lecteurs. […] Cette célèbre tournure, si heureusement employée pour adoucir ce que la chose pouvait avoir d’odieux, appartient à l’orateur Lysias, qui, le premier, en avait fait usage dans un plaidoyer sur le meurtre d’Ératosthène ; ce qui ne diminue en rien le mérite de Cicéron, et prouve seulement avec quel succès il savait imiter ceux que sa modestie appelle si fréquemment ses maîtres, dans ses ouvrages sur la rhétorique. […] C’est donc évidemment ici l’un des cas où l’on ne prouve rien, en voulant trop prouver ; et il n’est pas hors de vraisemblance que cet endroit du discours (s’il faisait partie de celui qui fut réellement prononcé) dut faire plus de tort que de bien à la cause de Milon. […] Il part brusquement de Rome la veille, afin de disposer devant sa terre le piège où il attendait Milon ; l’événement le prouva.

10. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre V. des topiques ou lieux. — lieux applicables aux parties du sujet  » pp. 64-74

Quintilien l’a dit lui-même : « N’allez pas croire qu’il faille, sur chaque sujet, sur chaque pensée, interroger tous les lieux communs, les uns après les autres, et frapper, pour ainsi dire, à leur porte, pour voir s’ils ne répondraient pas aux besoins de la question ; ce ne serait prouver ni expérience ni facilité. » A l’exemple de Quintilien, Vico compare ingénieusement les lieux à l’alphabet. […] Il veut leur prouver que le ciel protége, ordonne même cette entreprise, et qu’ainsi la crainte des maux passagers qu’elle occasionnera ne doit pas les en détourner. […] Bernardin de Saint-Pierre, dans les Études de la nature, cherche-t-il à prouver que le sentiment de la Divinité est nécessaire à l’homme ? […] La différence est qu’il sert plutôt à prouver, et le conséquent à développer ; celui-ci est plutôt le post hoc, celui-là le propter hoc.

11. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIII. du corps de l’ouvrage. — argumentation, confirmation, réfutation  » pp. 175-188

Je veux prouver que Dieu, quoique tout-puissant, ne peut pas faire ce qui implique contradiction. […] Il s’agit, dans le dilemme, de prouver une assertion, en établissant l’absurdité ou la fausseté de l’assertion contraire dans toute hypothèse possible. […] Vous voulez prouver par le dilemme que Dieu a créé le monde parfait en son espèce : — « Majeure : Si Dieu n’a pas créé le monde parfait, cela ne peut venir que d’un défaut de volonté ou d’un défaut de puissance ; — Mineure : mais cela ne vient ni d’un défaut de volonté, car alors il serait méchant, c’est-à-dire il ne serait pas Dieu ; ni d’un défaut de puissance, car alors il serait impuissant, c’est-à-dire encore il ne serait pas Dieu ; — Conclusion : donc il a créé le monde parfait en son espèce. » Je passe d’autres espèces d’arguments ; ce livre n’est pas un traité de logique ; mais ce peu de mots peut suffire, ce me semble, à établir le principe et les modes les plus ordinaires de la logique formelle. […] Nous venons d’établir les règles de l’argumentation ; vous qui les avez étudiées et appliquées, prouvez que votre adversaire a péché contre elles, soit par sa propre faiblesse, soit, et je le préfère ainsi, par celle de sa cause ; il y a en effet adresse et bon goût à lui accorder assez de talent et d’esprit pour que sa défaite soit regardée comme une conséquence nécessaire de l’opinion qu’il défend, et non de la manière dont il la défend.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

Vous savez si j’ai rien épargné, rien négligé, pour vous prodiguer l’instruction publique et particulière, pour prouver à ces mêmes Juifs et aux Gentils la nécessité du retour à Dieu et de la foi en J. […] Plaignons, et plaignons bien sincèrement ceux pour qui de semblables morceaux perdraient de leur mérite réel, par cela seul qu’ils appartiennent à la religion, qu’ils la prouvent, et qu’ils sont d’un de ses plus illustres fondateurs. […] Nous avons tâché de vous prouver, dans le cours de cet ouvrage, que les progrès du goût et de l’éloquence étaient nécessairement attachés à ceux de la morale, et que la ruine de l’une entraînait la décadence inévitable de l’autre : nous vous avons montré que les plus beaux morceaux, que l’on pût offrir à votre admiration, étaient ceux où respire le sentiment de la vertu, la haine du vice ou l’amour éclairé de la patrie ; que tout ce qui ne porte pas ces grands caractères du vrai beau, ne peut qu’être froid, languissant, inanimé ; et qu’enfin, en tout genre comme en tout sens, dans la conduite, comme dans les ouvrages, L’esprit se sent toujours des bassesses du cœur.

13. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

On prouve qu’il faut admettre Archias au nombre des citoyens romains ; pourquoi ? […] Dans un ouvrage de goût, on présente d’abord la proposition à prouver, et la raison qui la prouve n’arrive qu’après : Il faut aimer la vertu, car elle nous rend heureux. […] Gassendi a prouvé l’erreur des poètes. […] On n’est détrompé que par le troisième, qui prouve que le second se rapporte à Phèdre. […] , I, 188), prouve l’effet d’un mot bien placé.

14. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. Il avait été sévère pour les autres ; on fut injuste à son égard : on lui demanda impérieusement ses titres, et lorsqu’il les compta par des succès, on lui nia ses succès mêmes avec une fureur qui les prouvait, comme il l’a dit lui-même, mais qui les empoisonna cruellement. […] Delille a lutté pendant quinze ans contre les beautés, inimitables pour tout autre, des Géorgiques de Virgile : cette constance même ne prouve-t-elle pas la force irrésistible de la vocation particulière qui l’appelait à ce genre, dans lequel il nous a donné depuis de si aimables preuves de sa fécondité ? […] Il faut donc ouvrir les yeux des jeunes gens sur les vices brillants d’une composition dont l’éclat leur déguise le danger, et leur prouver que le génie du style est un don particulier de la nature, aussi admirable et plus rare encore que le génie des choses. […] Je ne puis résister au plaisir de le prouver en passant, et je citerai d’abord ce début du onzième livre.

15. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Mais après l’avoir exposée, il faut qu’il l’établisse, et la prouve si solidement, qu’elle ne puisse point être révoquée en doute. […] Il emploie ce lieu commun, pour prouver que ce qu’il dit d’une chose, est vrai. […] L’orateur en fait usage, lorsque pour établir ou pour prouver une vérité, il entre dans tous les détails qui y ont rapport. […] Pour le prouver, voici comment il fait l’énumération des plus grands événements, qui composent la vie de cette princesse. […] Il serait aisé de le prouver par une foule d’exemples.

16. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

On pourrait être étonné des nombreuses contradictions, des inconséquences multipliées qui échappent à ces précepteurs fameux du genre humain, si ce défaut même de liaison dans leurs idées et de consistance dans leur doctrine, ne prouvait la nécessité d’un maître plus habile et d’un philosophe plus éclairé. […] À ce désordre affreux le ciel n’a point de part, Et du lâche Rufin la ruine exemplaire Prouve qu’il est des dieux, les absout et m’éclaire. […] C’est le mérite particulier de la philosophie de l’Écriture sainte : nous l’avons déjà dit, et nous allons continuer de le prouver par le livre même des Proverbes, où le charme de la forme se joint admirablement à l’utilité réelle du fond des choses. […] Arrêtons-nous, pour le prouver, à quelques exemples choisis dans celui de tous les anciens qui a dit le plus de grandes choses avec le moins de prétention, et qui a donné à la morale la plus sèche les formes les plus aimables. […] ) Rien de plus judicieux, rien de plus raisonnable que tout cela ; et ce qui le prouve surtout, c’est l’exacte conformité entre ces passages, textuellement suivis par les deux traducteurs.

17. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

L’orateur, pour les entraîner, n’a qu’à leur prouver que la victoire est certaine. […] Il devra, avant de déclarer la guerre, établir aux yeux des autres puissances la légitimité de ses griefs contre la nation ennemie, et prouver qu’il a épuisé, par voie diplomatique, tous les moyens de liation. […] Il prouve enfin que ses vues s’accordent avec les traditions des ancêtres, avec l’honneur des citoyens et les principes politiques de l’État. […] Il ne vous dit pas : Je vais prouver, je vais établir, voici mes prémisses, suivez mes conclusions. […] Mais s’il n’en est pas ainsi, si je vous prouve que nous sommes en guerre avec Philippe et que Philippe est l’agresseur, ne conviendrez-vous pas qu’il faut tout préparer pour une défense vigoureuse ? 

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

La première partie de sa fameuse Passion, dans laquelle il prouve que la mort du fils de Dieu est le triomphe de sa puissance, est regardée comme le chef-d’œuvre de l’éloquence chrétienne. […] Mais plus occupé de prouver, que jaloux d’émouvoir et d’attendrir, rarement Bourdaloue s’abandonne à ces grands mouvements qui surprennent, agitent et remuent l’auditeur.

19. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Les sympathies et l’attention du public sont acquises à qui lui prouve immédiatement que d’un divertissement il ne va pas lui faire une fatigue : Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.. […] « Je prouverai, dit-il dans ce dernier : 1° que la guerre est nécessaire ; 2° qu’elle est dangereuse et difficile ; 3° que Pompée seul peut la terminer heureusement. » Et dans le Pro Murena : « Il me semble que toute l’accusation se réduit à trois chefs : par le premier on attaque Murena dans ses mœurs ; par le second, dans sa candidature ; par le troisième, on l’accuse de brigues46. » Au reste, toutes les formes de l’exorde rentrent dans l’éloquence du barreau et de la tribune ; c’est là surtout qu’il est un point capital. […] Dans l’antiquité on s’emportait vivement contre son adversaire, au barreau comme à la tribune, et les invectives commençaient parfois avec l’exorde ; les Catilinaires de Cicéron viennent de le prouver. […] « Les énumérateurs, dit-il, ont toujours d’une nécessité indispensable et géométrique, trois sujets admirables de vos attentions ; ils prouvent une telle chose dans la première partie de leur discours, cette autre dans la seconde partie, et cette autre encore dans la troisième.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Cette définition, comme l’observe Dumarsais, ne prouve rien de plus, sinon que les figures sont des manières de parler qui s’éloignent de celles qui ne sont pas figurées, et qu’en un mot les figures sont des figures. […] L’expérience le prouve tous les jours, et un coup d’œil rapidement jeté sur l’origine du style figuré, rendra cette vérité encore plus sensible. […] Marmontel s’est amusé à le prouver, en rassemblant à dessein, et sans s’écarter cependant du langage de la nature, toutes les figures possibles de diction et de pensées dans le discours d’un homme du peuple, en querelle avec sa femme. […] Quoique la plupart ne prouvent, comme l’observe fort bien M. de La Harpe, que l’envie qu’ont eue les rhéteurs de donner de grands noms aux procédés les plus simples de l’élocution, il fallait bien cependant caractériser le langage des passions, et assigner les nuances propres à le différencier. […] Cet exemple suffirait pour prouver que l’antithèse peut prendre le ton le plus haut, et que l’éloquence, la poésie héroïque et la tragédie elle-même peuvent l’admettre sans s’avilir.

21. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Les exemples qu’on prend pour prouver d’autres choses, si on voulait prouver les exemples on prendrait les autres choses pour en être les exemples ; car, comme on croit toujours que la difficulté est à ce qu’on veut prouver, on trouve les exemples plus clairs et aidant à le montrer. […] Car on trouve toujours obscure la chose qu’on veut prouver, et claire celle qu’on emploie à la preuve ; car quand on propose une chose à prouver, d’abord on se remplit de cette imagination qu’elle est donc obscure, et au contraire que celle qui doit la prouver est claire, et ainsi on l’entend aisément. […] Que diriez-vous d’un homme qui persuaderait sans prouver ? […] Rien n’y est prouvé sérieusement : il n’y a en tout cela aucune vérité de morale. […] Rien ne prouve mieux que tous les arts sont frères, quoique les artistes soient bien loin de l’être.

22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Il faut prouver  en effet ce que l’on vient d’avancer. […] Car il s’agit ou de prouver que ce que l’on a dit est vrai, et c’est confirmer l’auditeur dans l’opinion que nous lui avons déjà donnée de la cause ; ou il est question de démontrer la fausseté des faits avancés par la partie adverse, et c’est ce qu’on appelle la réfutation. […] Le devoir du philosophe-orateur est donc de prouver, et son mérite, de le faire avec un ordre qui permette de le suivre pas à pas sans trouble et sans confusion, et une clarté qui ne laisse rien perdre de la force et de la valeur de ses arguments.

23. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Cependant, l’éloquence de la chaire ne s’appuie pas exclusivement sur l’autorité divine, elle emploie aussi les armes humaines du raisonnement, selon les auditeurs auxquels elle s’adresse ; elle sait aussi prouver que les vérités qu’elle enseigne ne sont pas contraires aux lois de la raison ; mais elle nous met en garde contre les erreurs et les faiblesses de l’esprit ; là où la raison trébuche, l’autorité étend sa main bienfaisante pour la soutenir. […] L’orateur du barreau est-un avocat ou un magistrat qui doit prouver et convaincre ; il s’agit de faire condamner un coupable ou de faire absoudre un innocent, en s’appuyant sur la justice et sur la loi. […] L’éloquence judiciaire est assez bornée ; elle doit s’attacher à la discussion du vrai et du faux, du juste et de l’injuste ; il s’agit de prouver plutôt que d’émouvoir.

24. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Voltaire, qui ne veut qu’instruire, s’adresse à l’intelligence du lecteur ; le panégyriste, qui veut prouver, parle à son imagination. […] Grouper les faits et les enchaîner avec art, prouver en racontant, voilà tout le secret. Prouver en racontant, dis-je, mais sans avoir l’air de prouver. […] Prouver est le but de l’éloquence : plaire et toucher ne sont que les moyens. […] L’éloquence, dont le but est de prouver, la veut plus ample et plus étoffée.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

— Par un homme qui est malin quelquefois, par un certain milord Chesterfield, qui aurait voulu vous prouver par expérience qu’une once de sens commun vaut mieux que cent livres d’esprit ; car avec du sens commun… — Ah ! […] mon ami, vous m’avez prouvé qu’il y avait en Angleterre des gens d’esprit, et je trouverai peut-être l’occasion, une autrefois, de vous prouver qu’il y a en France des gens de bon sens. » Je vous conte cette histoire à la hâte ; mettez à mon récit toutes les grâces qui y manquent, et puis, quand vous le referez à d’autres, il sera charmant.

26. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXII. des figures. — figures par rapprochement d’idées semblables  » pp. 301-322

La comparaison, nous l’avons prouvé, est dans notre nature, mais, pour qu’elle soit littéraire, la rhétorique pose certaines conditions : que les choses comparées aient entre elles une analogie réelle ; que l’écrivain connaisse parfaitement celle qu’il compare et celle à laquelle il compare, et rende les rapports saisissables à première vue ; qu’il évite dans l’expression de la comparaison les ambiguïtés, les longueurs, les écarts, les incohérences ; que la comparaison circonscrive l’objet, l’éclaircisse, l’avive en le doublant, comme une étoffe superposée augmente la chaleur et la solidité d’une autre étoffe. […] Non, mille fois non ; je soutiens qu’avec du travail on peut être élégant, brillant, hardi, téméraire même, sans cesser d’être correct et sensé ; que tous les vrais poëtes de tous les âges, et entre autres M. de Lamartine lui-même, l’ont prouvé surabondamment, et que la source de ces non-sens n’est ni l’ignorance, ni l’impuissance, mais le dédain pour les règles, et surtout la précipitation paresseuse qui sacrifie parfois le bien faire au besoin de faire vite. […] Il s’agit de prouver la supériorité du style de M. […] Par exemple, quand Mithridate veut prouver que, s’opposant seul aux invasions des Romains, son salut est nécessaire à tous les peuples : Ils savent que, sur eux prêt à se déborder, Ce torrent, s’il m’entraîne, ira tout inonder, Et vous les verrez tous, prévenant son ravage, Guider dans l’Italie ou suivre mon passage.

27. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Elle se réduit toute à prouver, à peindre ou à toucher. […] Il est d’un emploi facile, mais il embarrasse plus qu’il ne prouve. […] Les contraires prouvent encore le sujet, en montrant ce qu’il n’est pas pour faire entendre ce qu’il est. […] Réfuter la thèse contraire, c’est prouver la nôtre. […] L’expérience a prouvé le danger et l’erreur de ce système.

28. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] Le nom de chacune des neuf muses, donné par acclamation aux neuf livres qui composent son histoire, prouve avec quel transport la lecture en fut entendue à l’assemblée des jeux olympiques, 445 ans avant J. […] Cette métaphore, gigantesque partout ailleurs, n’est que simple et naturelle ici ; l’application va le prouver. […] Comme le grand reproche des Athéniens à Périclès, était de les avoir entraînés dans cette même guerre, le meilleur moyen de s’en disculper était de leur prouver qu’il avait seulement déféré à leur avis en l’entreprenant, et c’est ce qu’il va faire.

29. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

Elle énonce clairement la vérité qu’on veut prouver, et se place immédiatement après l’exorde. La proposition est simple, si l’on n’a qu’une seule vérité à prouver. […] Comme défauts dans la confirmation on peut recommander d’éviter : 1° le soin de prouver ce qui est évident ; 2° le souci d’épuiser une preuve suffisamment saisie par l’auditeur ; 3° la précaution de relever des détails futiles ou surabondants.

30. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Comment prouvera-t-il aux Français qu’il veut être leur père, s’il détruit la capitale de son empire ? […] Il prouve 1° que l’action de Titus n’est pas un crime digne d’un si affreux châtiment ; 2°. […] Il veut prouver à Basile que son fils est innocent. […] Rien ne prouve qu’Inès soit l’épouse du prince : mais si elle l’est, est-ce un crime ? […] Cet homme raisonnait de manière à prouver que son action lui paraissait toute naturelle.

31. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Qu’on veuille prouver « que les magistrats ne doivent pas être élus par le sort », on dira : « C’est comme si l’on avait recours au sort pour le choix des athlètes, pour le choix d’un pilote, etc ». […] Ne pouvant s’appuyer sur aucune preuve qui fit éclater l’innocence de son client, et, forcé, à défaut de meilleures raisons, de recourir aux simples présomptions, avec quelle adresse il en use pour prouver que le jeune homme n’a pu, en même temps, s’adonner à l’étude, si pénible, si attachante, de l’éloquence et se laisser aller aux désordres qu’on lui reproche ! […] il faisait mieux et me prouvait plus d’intérêt celui qui m’offrait son glaive. […] Elle est simple, quand elle n’a qu’un seul objet à prouver. […] La confirmation a pour objet d’affirmer, c’est-à-dire de prouver la vérité énoncée dans la proposition ou les faits racontés dans la narration.

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

On sent bien qu’entre les mains de pareils hommes, qui faisaient profession de discourir sur tous les sujets possibles, et de prouver tout ce qu’ils s’étaient engagés à prouver, l’art de l’éloquence ne tarda pas à devenir celui des subtilités sophistiques.

33. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Tout ce que j’ai dit de la synecdoque prouve qu’il y faut comprendre la figure qu’on a souvent appelée antonomase, qui substitue un nom commun à un nom propre, et réciproquement, ou encore un nom propre ou commun à un autre qui présenterait la même idée, mais d’une manière moins pittoresque, moins métaphorique. […] Racontait-il quelques-unes de ces actions qui l’ont rendu si célèbre, on eût dit qu’il n’en avait été que le spectateur, et l’on doutait si c’était lui qui se trompait ou la renommée. » La litote est la figure favorite de la modestie et de la prévention, comme lorsque Molière, à l’imitation de Lucrèce, prouve, dans le Misanthrope, que la passion sait donner des noms favorables même aux défauts des personnes aimées, La pâle est au jasmin en blancheur comparable… etc. […] Tous les exemples donnés de ces deux figures prouvent qu’elles rentrent l’une et l’autre dans la catachrèse, la périphrase et la métalcpse.

34. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Vous n’avez pas à craindre, je l’ai déjà prouvé, de nuire ainsi à la spontanéité de vos idées ; mais vous restât-il quelque scrupule à cet égard, il est un moyen facile d’éviter dans les applications particulières les inconvénients de l’érudition. […] Mais si vous écrivez, non pour exposer, mais pour prouver, il n’en est pas de même. […] Voici l’analyse qui suit immédiatement : « Il force une terre à nourrir les productions d’une autre, un arbre à porter les fruits d’un autre ; il mêle et confond les climats, les éléments, les saisons ; il mutile son chien, son cheval, son esclave ; il bouleverse tout, il défigure tout ; il aime la difformité, les monstres ; il ne veut rien tel que l’a fait la nature, pas même l’homme ; il le faut dresser pour lui comme un cheval de manége ; il le faut contourner à sa mode comme un arbre de son jardin. » Massillon, dans son discours sur le petit nombre des élus, veut prouver que bien peu de chrétiens méritent le salut par leur innocence ; il parcourt tous les états, toutes les conditions, toutes les occupations de l’homme.

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