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138. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Ce grand et superbe ouvrage N’est point pour l’homme un langage Obscur et mystérieux : Son admirable structure Est la voix de la nature, Qui se fait entendre aux yeux4. […] Si de leur triste esclavage Tu viens dégager mes sens, Si tu détruis leur ouvrage, Mes jours seront innocents. […] Le peuple, dans ton moindre ouvrage Adorant la prospérité, Te nomme grandeur de courage, Valeur, prudence, fermeté.

139. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

., et on fait ainsi des ouvrages volumineux. […] Il ne convient d’en traiter que dans un ouvrage didactique spécial15. […] Voir dans le même ouvrage les 12 autres espères de lettres dont je ne puis parler dans ce traité.

140. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Cette persécution rendit service à son talent ; car nous devons aux vicissitudes de son exil les deux meilleurs ouvrages qu’elle ait produits : Corinne, roman trop métàphysique dont les fictions recouvrent les confidences d’une âme supérieure ; et l’Allemagne, tableau brillant d’une littérature dont l’étude fut pour nous la découverte de richesses ignorées. […] Ce passage est extrait du remarquable ouvrage de M. […] Ce sont les enchantements de l’esprit et non les bonnes intentions qui produisent les beaux ouvrages.

141. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VII. Éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1744, par Voltaire. »

C’est un des ouvrages, en prose, qui font le plus d’honneur à sa plume et à notre langue. […] C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ?

142. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Cet ouvrage d’un genre unique n’est point, comme l’a remarqué Corneille même, une véritable tragédie. […] Mais contre cet abus, que j’aurais de suffrages, Si tu donnais les tiens à mes derniers ouvrages ! […] Dans l’espace de vingt ans il composa trente ouvrages dramatiques ; quatorze, dont sept en cinq actes, sont en vers. […] Le cinquième cependant est resté célèbre par le récit du fameux combat entre les partisans du chantre et ceux du prélat, chez Barbin le libraire, où tous les ouvrages sont arrachés à leurs rayons, tirés de leur poussière, lancés à la tête des combattants. Il y a là tout ensemble de l’énergie, du pittoresque, du comique et de la satire, satire à double tranchant contre les formats et contre les auteurs ; c’est un des endroits les plus curieux de l’ouvrage.

143. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

La gloire du Seigneur sera célébrée dans tous les siècles : il se réjouira dans ses ouvrages. Le Seigneur regarde la terre ; elle frémit de crainte : il touche les montagnes ; elles s’exhalent en fumée. » Le Marquis de Pompignan dans sa belle Ode tirée de ce psaume, a ainsi paraphrasé ce morceau :         L’éclat pompeux de ses ouvrages,         Depuis la naissance des âges,         Fait l’étonnement des mortels. […]         Un zèle dévorant les guide ;         Et leur essor est plus rapide         Que le feu brûlant de l’éclair… Dieu des jours, Dieu des temps, triomphe d’âge en âge, Jouis de ta grandeur, jouis de ton ouvrage, Tu regardes la terre, elle tremble d’effroi : Tu frappes la montagne, et sa cime enflammée         Dans des flots de fumée         S’abîme devant toi. […] On sait que la meilleure traduction d’un ouvrage n’en est qu’une copie imparfaite. […] Dieu cite devant lui tous les peuples divers ; Et pour en séparer les Saints, son héritage, De sa religion vient consommer l’ouvrage.

144. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre V. Du Style en général, et de ses qualités. »

Les harangues de Tite-Live et celles de Tacite sont et devaient être d’un style bien différent du reste de l’ouvrage : elles portent cependant l’empreinte caractéristique de la manière particulière des deux écrivains ; et l’on y retrouve la richesse et l’abondance de l’un, et la nerveuse concision de l’autre. Les Lettres Persanes et l’Esprit des Lois sont deux ouvrages du même auteur ; ils exigeaient sans doute un genre de composition fort différent, et tous deux sont supérieurement traités dans leur genre : il est facile cependant d’y reconnaître la même main. […] Ce genre n’est guère tolérable que dans les ouvrages didactiques, encore faut-il qu’il soit racheté par la solidité de la matière que l’on traite, et par la plus grande clarté dans l’expression.

145. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Sans doute quelques ouvrages scientifiques demandent au lecteur, avec des connaissances préalables, une plus grande attention que d’autres, et je ne prétends pas que la Mécanique céleste de Laplace soit obscure, parce que le commun des lecteurs ne la comprend pas. […] La plupart de nos auteurs nébuleux pourraient dire également : Excusez l’obscurité de cet ouvrage, je n’ai pas eu la patience d’être plus clair. Si, dès le principe, l’auteur a soin, quand ses conceptions sont absolument neuves, de fixer et de bien définir sa terminologie : quand elles ne le sont pas, de se conformer au langage reçu, et d’éviter, autant que possible, le charlatanisme des termes techniques et l’affectation des formes étranges, il sera compris de tous les hommes intelligents, et son ouvrage gagnera en mérite et en renommée, même auprès des masses.

146. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Aussi la gaieté d’un homme heureux éclate-t-elle dans tous ses ouvrages. […] Une fois néanmoins dans le Joueur, qui est son plus bel ouvrage et l’un des meilleurs de notre scène, il a parfaitement atteint le but de la comédie. […] Je suis fort content de l’ouvrage : (Bas à Hector.

147. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

On pourrait d’ailleurs, dans ce cas, mettre le Traité de la poésie entre les mains des élèves comme livre de lecture : ce qui serait d’autant plus facile à faire que cet ouvrage est, au dire de beaucoup de juges compétents, agréable à lire. Dans le Style comme dans le reste du Cours, nous nous efforçons d’offrir un plan complet, de suivre une marche logique, de présenter des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes, et, cherchant à former le cœur en même temps que l’esprit, nous faisons ressortir avec soin le côté moral et religieux des belles-lettres, ainsi que les beautés littéraires renfermées dans les Écritures et dans les ouvrages inspirés par le christianisme.

148. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

L’ouvrage de Dieu n’a pu être défait par la main des hommes. […] Les gens du monde, au contraire, ne se plaisent que dans les ouvrages des hommes. […] Leurs ouvrages leur semblent sacrés : y reprendre seulement un mot, c’est leur faire une blessure mortelle. […] Ce n’est pas l’ouvrage d’un jour, je le confesse ; mais plus cet ouvrage est long et difficile, plus il y faut travailler. […] Cet ouvrage est-il le rêve d’un utopiste et d’un poëte, ou le vœu d’un philosophe et d’un sage ?

149. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

De figures sans nombre égayez votre ouvrage. […] Malgré la barbarie du siècle de Shakespeare, et le peu de goût que l’on remarque dans ses ouvrages en général, il offre plusieurs exemples de figures parfaitement adaptées à son sujet, et bien développées par leurs accessoires. […] L’enflure et le ton guindé qui dominent dans son ouvrage, s’annoncent dès les premiers vers : Bella per Emathios plusquàm civilia campos, etc. […] La guerre, la paix, les dards, les fleuves, tout vit, tout respire dans ses ouvrages. […] C’est un précepte que la nature nous trace, et qu’elle observe elle-même scrupuleusement : elle ménage les grands effets ; et, soit dans le spectacle, soit dans le mouvement de ses ouvrages, elle laisse aux yeux le temps d’admirer, à l’âme celui de sentir, avant de les ébranler par de nouvelles secousses.

150. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

A Chantilly, qu’on appelait l’écueil des mauvais ouvrages, protégé par le crédit d’un prince qui avait le goût de la fine raillerie, il put faire provision d’expérience, tracer impunément de malins portraits, et se vouer à un genre périlleux, sans craindre les orages. […] Jugement sur quelques académiciens du dix-septième siècle Rappelez en votre mémoire ce grand et premier concile où les Pères qui le composaient étaient remarquables chacun par quelques membres mutilés, ou par les cicatrices qui leur étaient restées des fureurs de la persécution ; ils semblaient tenir de leurs plaies le droit de s’asseoir dans cette assemblée générale de toute l’Église : de même il n’y eut aucun de vos illustres prédécesseurs qu’on ne s’empressât de voir, qu’on ne montrât dans les places, qu’on ne désignât par quelque ouvrage fameux qui lui avait fait un grand nom, et qui lui donnait rang dans cette Académie naissante qu’ils avaient comme fondée. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] Faut-il quitter mes livres, mes études, mon ouvrage, cette ligne qui est commencée ? […] N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir, et la rendre plus digne de lui et de sa fortune1.

151. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

A Chantilly, qu’on appelait l’écueil des mauvais ouvrages, protégé par le crédit d’un prince qui avait le goût de la fine raillerie, il put faire provision d’expérience, tracer impunément de malins portraits, et se vouer à un genre périlleux, sans craindre les orages. […] N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient tout leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir, et la rendre plus digne de lui et de sa fortune1. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] Faut-il quitter mes livres, mes études, mon ouvrage, cette ligne qui est commencée ?

152. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Les voûtes qui répétaient les sons de la cloche chrétienne étaient l’ouvrage d’un empereur païen marqué dans les prophéties pour la destruction finale de Jérusalem. […] Quand tous ces fleuves se sont gonflés des déluges de l’hiver, quand les tempêtes ont abattu des pans entiers de forêts, le Temps assemble, sur toutes les sources, les arbres déracinés : il les unit avec des lianes, il les cimente avec des vases, il y plante de jeunes arbrisseaux, et lance son ouvrage sur les ondes. […] Toutefois, Dieu qui voyait que mon cœur ne marchait point dans les voies iniques de l’ambition, ni dans les abominations de l’or, a bien su trouver l’endroit où il le fallait frapper, puisque c’était lui qui avait pétri l’argile, et qu’il connaissait le fort et le faible de son ouvrage. […] Cousin parle ainsi du paysagiste Le Lorrain : « Le Lorrain est par-dessus tout le peintre de la lumière, et on pourrait appeler ses ouvrages l’histoire de la lumière et de toutes ses combinaisons, en petit et en grand, quand elle s’épanche sur de larges plans ou se brise dans les accidents les plus variés, sur la terre, sur les eaux, dans les cieux, dans son éternel foyer.

153. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

. — Du Plan Le Plan est le dessin d’ensemble des premiers rudiments d’un ouvrage. On emploie cette expression communément en architecture : nous pouvons rappliquer également aux ouvrages de l’esprit. Le plan détermine la disposition générale et particulière des différentes parties d’un ouvrage.

154. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Relisez avec soin la plupart des ouvrages qui ont paru de 1750 à 1760, pièces de théâtre, romans, écrits philosophiques, discours académiques, compositions sérieuses et légères ; examinez le caractère général que présente en ces divers écrits la prose française : on la dirait épuisée, étiolée. […] Voyez notre ouvrage Du Vrai, du Beau et du Bien, leçon x, de l’Art français. […] Si l’on est curieux de voir à quels étranges abus conduit cette théorie, on peut consulter un ouvrage intitulé les Réalistes et les Fantaisistes, par Gustave Merlet.

155. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Racine, 1639-1699 » pp. 150-154

Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, que du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse : la postérité, qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, et fait marcher de pair l’excellent poëte et le grand capitaine. […] On ne trouvait pas prosaïque qu’il crût à Dieu, à l’âme, à l’autre vie, fût aussi correct dans sa conduite que dans ses ouvrages, rendit sa femme heureuse, élevát bien ses enfants, et fit des économies.

156. (1873) Principes de rhétorique française

La rhétorique permet de reconnaître et d’apprécier les mérites des écrivains de talent, de juger les ouvrages d’esprit et de se rendre compte dés impressions qu’ils produisent.    […] En effet le but de tous les ouvrages de l’esprit est de faire passer certains sentiments ou certaines opinions dans l’âme des auditeurs ou des lecteurs. […] par Cicéron et par Pascal, quand ils ont remarqué que la dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. […] Le soin du style est indispensable à tous les ouvrages qui ont un caractère littéraire, c’est-à-dire qui s’adressent à l’imagination en même temps qu’à la raison et à la mémoire. […] De même, en éloquence, le fond du discours est dans les faits et dans les idées, puis vient la disposition qui en forme le contour, enfin l’élocution achève l’ouvrage et lui donne l’âme et la vie, la grâce et la force.

157. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

  L’amiral de Coligny est en présence des assassins qui vont lui ravir la vie : Compagnons, leur dit-il, achevez votre ouvrage, Et de mon sang glacé souillez ces cheveux blancs, Que le sort des combats respecta quarante ans ; Frappez, ne craignez rien, Coligny vous pardonne ; Ma vie est peu de chose et je vous l’abandonne J’eusse aimé mieux la perdre en combattant pour vous ! […] Nous rapporterons ici plusieurs fragments pris au hasard qui nous engageront, je pense, à faire complètement la lecture des ouvrages d’où ils sont tirés.

158. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

S’ils font ensemble un autre ouvrage, pour qu’il marque un peu dans le grand monde, ordonné que le noble y mettra son nom, le poëte son talent. […] Ma pièce n’est point un ouvrage équivoque ; il faut l’avouer ou la fuir. […] Un de ses derniers billets À Collin d’Harleville 3 Pour lire un joli poëme, s’amuser d’un ouvrage, il faut, mon cher citoyen, avoir le cœur sérieux, la tête libre ; et bien peu de ces doux moments sont réservés à la vieillesse.

159. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

L’épigramme suivante peut être mise au nombre des meilleures : Un certain sot de qualité, Lisait à Saumaise un ouvrage, Et répétait à chaque page : Ami, dis-moi la vérité. […] La première de ces épigraphes indique le plan de l’ouvrage ; la seconde, l’esprit. […] Si je pouvais encor de mon cerveau Tirer cinq vers, l’ouvrage serait beau.

160. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

On sent bien que le prosateur, le poète, l’artiste qui veut faire un ouvrage, doit nécessairement inventer ou choisir le sujet, en arranger les différentes parties, et l’embellir de tous les ornements dont il est susceptible. […] Mais on les emploie bien souvent dans toutes sortes d’ouvrages en prose, et dans la poésie même. […] Le seul lieu oratoire extérieur qui puisse trouver place dans tous les ouvrages, soit en prose, soit en vers, est l’imitation que je vais faire connaître. […] Cette manière d’imiter exige, dans l’imitateur, non seulement l’attention la plus sérieuse sur son modèle, l’étude la plus constante et la plus réfléchie de ses ouvrages, mais encore quelque germe, quelques étincelles de son goût et de son génie. […] Un peintre qui veut composer un tableau, imagine d’abord le dessin, observe ensuite les proportions, et achève enfin son ouvrage, en donnant à l’objet qu’il peint, ce coloris qui lui est propre, et qui enlève tous les suffrages.

161. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

Déjà la nécessité reconnue, depuis longtemps, de réformer des abus fortifiés par des siècles d’oubli du devoir des uns et des droits des autres ; déjà ce besoin inquiet d’un changement quelconque, avaient fait éclore une foule d’ouvrages où l’on était surpris de trouver autant d’esprit que de raison, et qui annonçaient d’avance les beaux jours de l’éloquence française. […] Tous ont été mutuellement étonnés les uns des autres, et quelques-uns ont dû l’être de leur propre ouvrage.

162. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

La pensée religieuse donne une magnifique unité à cet ouvrage, qui, comme l’a dit Voltaire, n’a eu ni modèle ni imitateurs, et dont le style n’a trouvé que des admirateurs. […] Analyser avec goût les auteurs, soumettre les ouvrages à une critique judicieuse et impartiale, étudier le caractère des écrivains, l’influence qu’ils ont reçue de leur siècle, celle qu’ils ont exercée sur lui à leur tour ; constater les progrès de la pensée et de la langue mêler à cette étude des observations justes et profondes sur les mœurs, le goût et l’art d’écrire : tel est l’objet multiple de l’histoire littéraire.

163. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Pascal. (1623-1662.) » pp. 35-39

Né à Clermont-Ferrand en 1623, il précéda tous les grands prosateurs du règne de Louis XIV, et ne fut dépassé par aucun d’eux : sa courte carrière, vouée aux découvertes scientifiques aussi bien qu’aux travaux des lettres, ne lui a permis toutefois que de laisser deux ouvrages, les Provinciales et les Pensées. […] Cousin, qui parle ainsi dans son remarquable ouvrage sur les Pensées de Pascal : « Il est venu à cette heureuse époque de la littérature et de la langue où l’art se joignait à la nature dans une juste mesure pour produire des œuvres accomplies.

164. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 140-145

Villemain, Tableau de la littérature au dix-huitième siècle ; les ouvrages de MM. de Barante et Victorin Fabre sur la littérature française de cette même époque, etc. […] Villemain, ne vaut pas Alexandre ; mais Voltaire est bien supérieur à Quinte-Curce. — L’ouvrage, ajoute sur cette histoire le même critique, est dans un goût parfait d’élégance rapide et de simplicité.

165. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Que si mon ouvrage m’ayant assez plu, je vous en fais voir ici le modèle, ce n’est pas, pour cela, que je veuille conseiller à personne de l’imiter. […] Cette lettre est antérieure à la publication des grands ouvrages de Descartes.

166. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Le prologue dont elle est précédée, ouvrage de quelque clerc d’origine franque, montre à nu tout ce qu’il y avait de violent, de rude, d’informe, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans l’esprit des hommes de cette nation qui s’étaient adonnés aux lettres. […] Ce qu’il respectait dans le grand artiste, ce n’était pas la faveur royale, c’était le caractère sérieux de ses ouvrages, la noblesse de ses idées, la hardiesse et la nouveauté de son style. […] Et ces vastes chemins en tous lieux départis Où l’étranger, à l’aise achevant son voyage, Pense au nom des Trudaine et bénit leur ouvrage. […] Il n’a jamais vu Versailles ; il ne le verra point : il a presque vu la tour de Babel ; il en compte les degrés, il sait combien d’architectes ont présidé à cet ouvrage ; il sait le nom des architectes. […] n’avez-vous pas prétendu cacher de grands mystères dans vos ouvrages ?

167. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Imitons la nature dans sa marche et dans son travail ; prenons le temps de la réflexion ; elle nous aidera à former un ouvrage immortel. Pourquoi les ouvrages de la nature sont-ils si parfaits ? c’est que chaque ouvrage et un tout, et qu’elle travaille sur un plan éternel dont elle ne s’écarte jamais. […] L’ouvrage étonne mais c’est l’empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper. […] Les ouvrages bien écrits seront les seuls qui passeront à la postérité : la quantité des connaissances, la singularité des faits, la nouveauté même des découvertes ne sont pas de sûrs garants de l’immortalité.

168. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Maintenant parler de caprice dans les ouvrages de Dieu, c’est blasphémer contre sa sagesse. […] et ces masures mal assorties, avec ces fondements si magnifiques, ne crient-elles pas assez haut que l’ouvrage n’est pas en son entier ? Contemplez cet édifice, vous y verrez des marques d’une main divine ; mais l’inégalité de l’ouvrage vous fera bientôt remarquer ce que le péché a mêlé du sien. […] C’est que l’homme a voulu bâtir à sa mode sur l’ouvrage de son Créateur, et il s’est éloigné du plan ; ainsi, contre la régularité du premier dessein, l’immortel et le corruptible, le spirituel et le charnel, l’ange et la bête, en un mot, se sont trouvés tout à coup unis. […] Tout nous appelle à la mort : la nature, comme si elle était presque envieuse du bien qu’elle nous a fait, nous déclare souvent et nous fait signifier qu’elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu’elle nous prête, qui ne doit pas demeurer dans les mêmes mains, et qui doit être éternellement dans le commerce1 ; elle en a besoin pour d’autres formes, elle la redemande pour d’autres ouvrages.

169. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Ces témoignages divins et humains, dont parle Cicéron, l’avocat les trouvera d’abord dans ce qu’on nomme les pièces du procès, puis dans les livres où sont traitées ex professo les questions de droit qui se rattachent à sa cause, et dans les commentaires que ces ouvrages ont groupés autour d’eux ; l’historien, dans les chroniques, les mémoires, les pamphlets, les journaux, les œuvres philosophiques et littéraires du pays et du siècle qu’il a choisis ; l’orateur politique, dans les fastes parlementaires, dans les records, dans les annales de la tribune en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, à Rome même et en Grèce ; le prédicateur, dans l’Ecriture sainte, les Pères, les écrivains ecelésiastiques ; le philosophe, le romancier, le poëte, les trouveront partout. […] Les modèles sous ce rapport se trouvent dans les ouvrages scientifiques. […] Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie : tous entreprennent son éloge, et chacun, s’interrompant lui-même par ses soupirs et par ses larmes, admire le passé, regrette le présent et tremble pour l’avenir. — Synthèse : Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur, et la perte d’un seul homme est une calamité publique. » La première méthode est préférable, lorsque, dans un sujet vaste et compliqué, il s’agit de communiquer une science faite, ou de présenter dès l’abord, pour le bien faire saisir, le dessein général, l’idée première d’un ouvrage.

170. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

En général les livres qui traitent d’intérêts sérieux, qui ont pour objet l’humanité, la patrie, les hautes doctrines de la société, tous les ouvrages didactiques, religieux, moraux, politiques, historiques, exigent la gravité du ton, la dignité du langage, une réserve scrupuleuse dans le choix des termes. […] Or supposons, ce que je ne crois pas d’ailleurs, que la dignité du barreau défendit en effet à d’Aguesseau d’employer ce terme, il est évident qu’il n’eût été nullement déplacé, dans un autre ouvrage, par exemple, dans un livre de critique sur la Comédie italienne. […] Victor Hugo, dans Ruy Blas, un des ouvrages qui prouvent le mieux à quel excès de ridicule le dédain systématique pour la noblesse du ton peut entraîner un homme de génie.

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