Sur la même colline que Virgile, et un peu plus bas, on verrait Xénophon, d’un air simple qui ne sent en rien le capitaine, et qui le fait plutôt ressembler à un prêtre des Muses, réunir autour de lui les attiques de toute langue et de tout pays : les Addison, les Pellisson, les Vauvenargues, tous ceux qui sentent le prix d’une persuasion aisée, d’une simplicité exquise, et d’une douce négligence mêlée d’ornement.
Tout nom est ou propre ou étranger, ou métaphorique, ou d’ornement, ou forgé exprès, ou allongé, ou raccourci, ou enfin changé de quelque manière. […] L’élocution poétique sera donc au-dessus du langage ordinaire par les métaphores, les mots étrangers, les épithètes d’ornement, et par les autres espèces que nous avons indiquées ; et elle sera claire par les mots propres.
Cette périphrase n’est pas ici pour l’ornement du vers. […] Lisez-le, et dites si Anacréon a su badiner avec plus de grâce, si Horace a paré la philosophie et la morale d’ornements poétiques plus variés et plus attrayants, si Térence a peint les mœurs des hommes avec plus de naturel et de vérité, si Virgile enfin a été plus touchant et plus harmonieux. »
La gravité du style, à mesure que le sujet s’élève et s’agrandit, peut arriver à la noblesse, à la richesse, à la magnificence : la noblesse, qui n’emploie que les termes les plus généraux et les tournures les plus polies et les plus dignes ; la richesse, qui y ajoute l’éclat des images, l’abondance des ornements, le nombre de la phrase, ou qui encore renferme sous peu de mots des idées fécondes ; la magnificence, qui est la grandeur dans la richesse.
Quelle matière fut jamais plus disposée à recevoir tous les ornements d’une grave et solide éloquence que la vie et la mort de Turenne ?
mais sur tout grande, et incomparable en varieté, et diuersité de commoditez : la gloire de la France, et l’vn des plus nobles ornements du monde.
Parmi les françaises illustres dont la postérité se souvient, nulle ne lui est supérieure par l’imagination, la sensibilité, la verve d’une gaieté qui coule de source, la franchise d’un naturel ennemi de toute affectation, de toute grimace, enfin par les qualités brillantes qui sont l’ornement d’une raison solide.
On gagne beaucoup en perdant tous les ornements superflus pour se borner aux beautés simples, faciles, claires, et négligées en apparence. Pour la poésie, comme pour l’architecture, il faut que tous les morceaux nécessaires se tournent en ornements naturels. Mais tout ornement qui n’est qu’ornement est de trop ; retranchez-le261, il ne manque rien, il n’y a que la vanité qui en souffre. […] C’est de cette source qu’est sorti ce nombreux essaim d’écrivains excellents en tout genre qui ont fait l’ornement du siècle de Louis XIV, et qui brillent encore aujourd’hui. […] Euripide veut s’en emparer ; on va discuter leurs titres : le dernier est soutenu par un grand nombre de gens grossiers et sans goût, qu’ont séduits les faux ornements de son éloquence.
Plus riche d’ornements oratoires, elle est bien moins forte en raisonnements ; et les plus belles figures, les mouvements les plus heureux, n’en trahissent que plus les efforts de l’orateur, qui s’est trop avancé en s’engageant à démontrer à la fois la légitimité, le mérite et la gloire même du meurtre de Clodius ; car l’on pouvait dire à Cicéron : que Milon se soit défendu quand on l’attaquait, rien de plus juste ; que l’agresseur ait succombé, rien de mieux encore : mais parce que Clodius est un homme dangereux, s’ensuit-il que le droit de le tuer appartienne au premier citoyen qui voudra s’en saisir, pour venger des injures personnelles ?
Aussi, bien loin de nous choquer, ces sortes de comparaisons nous plaisent-elles dans leurs ouvrages ; et nous les regardons avec raison comme un de ces ornements indispensables, sans lesquels La poésie est morte ou rampe sans vigueur.
Quoi qu’il en soit, le jeune rhétoricien aura facilement compris, je l’espère, quelles figures doivent principalement fixer son attention, et n’être employées par lui qu’avec un souvenir intelligent des préceptes qui s’y rattachent, la métaphore, l’antithèse, l’hyperbole, la périphrase ; ce ne sont plus là seulement des ornements de style, c’est presque le style tout entier.
Dans les lettres d’agrément, il doit être fleuri, mais en n’admettant que des ornements naturels, et en rejetant toute parure affectée.
. — Choix des Pensées Le second des ornements que peut recevoir le discours consiste dans le Choix des Pensées.
Ils ont des cités, des rois, des tribunaux, des arts : ils savent cultiver la terre, construire des vaisseaux, sculpter le bois et la pierre, fondre et ciseler les métaux : ils aiment d’instinct tout ce qui fait le charme et l’ornement de la vie, la poésie, la danse, l’harmonie des instruments, et l’harmonie plus douce encore de la parole éloquente. […] » Quand vous dépouilleriez cette admirable logique de l’ornement du style, il vous resterait encore, en lisant le résumé des harangues de Démosthène, le plaisir de suivre une démonstration bien faite.
Et dans les arbres, ce tronc arrondi, ce dôme de branches et de verdure ne servent-ils qu’à l’ornement ? […] En sorte que si le Capitole était bâti dans le ciel, par delà la région des nuages et des pluies, découronné de son faîte superbe, il perdrait à nos yeux toute sa majesté19. » Appliquons cette règle au discours : Aucun ornement ne sera superflu ; le beau partout se mariera à l’utile ; et de la savante ordonnance de toutes les parties concourant au même but naîtra la proportion, sans laquelle il n’y a pas de véritable beauté.
Que si notre délicatesse, si notre dégoût les contraint à chercher des ornements étrangers, pour nous attirer par quelque moyen à l’Evangile du Sauveur Jésus, distinguons l’assaisonnement de la nourriture solide.
Mon aigne ne fut pas moins vif dans ses sentiments : « Paris a mon cœur dès mon enfance, et m’en est advenu comme des choses excellentes ; plus j’ay veu, depuis, d’aultres villes belles, plus la beauté de celle-cy peult et gaigne sur mon affection : je l’ayme par elle-mesure, et plus en son estre seul, que rechargée de pompe e-trangière ; je l’ayme tendrement, jusques à ses verrues et à ses taches : je ne suis François que pour cette grande cité, grande en peuple, grande en félicité de son assiette ; mais surtout grande et incomparable en variété et diversité de commoditez ; la gloire de la France, et l’un des plus nobles ornements du monde.
Dans la poésie grecque, les idées rapprochées par la comparaison ne cadrent souvent que d’un seul côté ; le reste est là comme ornement au tableau, pour délasser l’esprit, pour varier le ton.
Il est pourtant nécessaire, même dans ce genre, que les ornements soient dispensés avec un sorte de sobriété et de sagesse, et l’on doit surtout y jeter une grande variété. […] A la suite de chaque canevas nous indiquerons le genre d’ornements et les qualités de fond qui lui conviendront le mieux.
Epicure a negligé ces ornements du style de Platon et d’Aristote. […] Appelé ainsi, parce qu’il est particulier à l’orateur, qui recherche les grâces et les ornements du style, et qui figure, pour ainsi dire, dans son langage les idées, les images, les sentiments qu’il a conçus dans son esprit.
Cette comparaison est un de ces traits charmants, si fréquents et toujours si heureusement appliqués dans la Bible, et qui n’y sont jamais des ornements prodigués par l’esprit, mais une effusion nouvelle des sentiments de l’âme.
Cette inversion est un très bel ornement dans la poésie, si elle est libre et aisée ; et un très grand défaut, si elle a quelque chose d’extraordinaire et de forcé.
Et, en effet, pensez-vous, messieurs, que cette femme vaine et ambitieuse puisse se refermer en elle-même, elle qui a non-seulement en sa puissance, mais qui traîne sur elle, en des ornements, la subsistance d’une infinité de familles ; qui porte, dit Tertullien, en un petit fil autour de son cou des patrimoines entiers, et qui tâche d’épuiser au service d’un seul corps toutes les inventions de l’art, et toutes les richesses de la nature ?
Mais la broderie et les ornements y ajoutent encore la magnificence ; je loue donc le travail de l’ouvrier.
Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste.
La pompe et la magnificence y étaient leurs plus beaux ornements. […] tous ces ornements brillent d’un vain éclat, si votre âme est souillée. […] Ces deux Français étaient deux ornements de leur nation par leur courage. […] Le tyran de l’année, vêtu d’un manteau où s’imprime la morne couleur dont il flétrit la végétation ; ce manteau lui sert d’ornement et lui couvre à peine les épaules. […] Le fleuve attend une proie, ou un ornement, ou un jouet, ce qu’on voudra.
Son principal ornement est la netteté et la vivacité : la pompe et les grands mots en sont bannis.
Sans lettres, il n’avait aucun ornement, ni agrément dans l’esprit.
La terre le publie : est-ce moi, me dit-elle, Est-ce moi qui produis mes riches ornements ?
Il en fait lui-même le principal ornement, il en est la production la plus noble ; en se multipliant, il en multiplie le germe le plus précieux ; elle-même aussi semble se multiplier avec lui ; il met au jour par son art tout ce qu’elle recélait dans son sein ; que de trésors ignorés !
Mais la broderie et les ornements y ajoutent encore la magnificence : je loue donc le travail de l’ouvrier.
Les épithètes choisies avec goût, et employées avec discernement, sont un des plus riches ornements du discours.
Son caractère principal est la clarté, la simplicité, la précision, la naïveté des pensées, la pureté du langage, et je ne sais quelle élégance qui se fait plus sentir qu’elle ne paraît, en font tout l’ornement. […] Il admet tous les ornements de l’art, la beauté des figures, l’éclat des métaphores, le brillant des pensées, l’agrément des digressions, l’harmonie du nombre et de la cadence. » De ces trois genres, le simple et le tempéré sont ceux qui conviennent le mieux à nos mœurs. […] « Voltaire lui-même, s’il ménageait avec un goût exquis le caractère de notre idiome, et ne le surchargeait d’aucun faux ornement, en émonda parfois le jet vigoureux, et n’en retint pas toutes les richesses.