Fléchier, après avoir célébré dans sa jeunesse la gloire de Louis XIV1 2, eut la douleur de mourir au moment où tous les fléaux réunis semblaient conspirer la ruine d’une monarchie qu’il avait vue si brillante. […] Turenne meurt ; tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile2. […] Né en 1608, il mourut en 1681.
Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords : mon âme s’y abandonne ; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres : elle s’élève avec leur cime vers les cieux ; elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive. […] Comme nous mourions de faim et de soif, nous la priâmes de nous faire participer au souper de sa famille. […] Alors les nuages qui font la lisière s’illuminent, leurs files successives et fuyant au loin se retirent de proche en proche, mais par nuances affaiblies et dégradées en raison de leur éloignement, jusqu’à ce qu’enfin les rayons viennent mourir sur une masse énorme qui se tient immobile aux confins de l’horizon sud-est. » Eugénie de Guérin écrivait aussi : « Le 20. — La belle matinée d’automne !
Pour Monseigneur le cardinal de Richelieu Sonnet (1635) Peuples, çà, de l’encens ; peuples, çà, des victimes2, A ce grand Cardinal, ce chef-d’œuvre des cieux, Qui n’a but que la gloire, et n’est ambitieux Que de faire mourir l’insolence des crimes. […] En vain, pour satisfaire à nos lâches envies, Nous passons près des rois tout le temps de nos vies A souffrir des mépris, et ployer les genoux : Ce qu’ils peuvent n’est rien ; ils sont ce que nous sommes, Véritablement hommes, Et meurent comme nous4. […] Mais les vers ont perdu leur prix ; Et pour les excellents esprits, La faveur des princes est morte.
Après un règne de vingt-ans, Marc-Aurèle mourut à Vienne. […] Dans ces temps d’opprobre, seule elle conserva la dignité de la nature humaine : elle apprenait à vivre ; elle apprenait à mourir : et tandis que la tyrannie dégradait les âmes, elle les relevait avec plus de force et de grandeur. […] Il voulut quelque temps être seul, soit pour repasser sa vie en présence de l’Être Suprême, soit pour méditer encore une fois avant que de mourir. […] Maître du monde, tu peux m’ordonner de mourir, mais non de t’estimer.
Leurs projets furent confondus alors ; ils trouvèrent dans les plaines de la Champagne la défaite, la mort et la honte ; mais les leçons de l’expérience s’effacent, et il est des hommes chez lesquels le sentiment de la haine et de la jalousie ne meurt jamais. […] J’aurais pu mourir ; rien ne m’eût été plus facile ; mais je suivrai sans cesse le chemin de l’honneur. […] L’on sent dans cette situation que si rien ne nous obligeait à vivre, il vaudrait beaucoup mieux mourir ; mais lorsque, après cette première pensée, l’on presse ses enfants sur son cœur, des larmes, des sentiments tendres raniment la nature, et l’on vit pour ses enfants. […] Heureux celui qui mourut dans ces fêtes ! […] Le général Lamarque disait : « Nous sommes si accoutumés à nous voir mourir, que cela nous paraît dans l’ordre des convenances ; sans cela nous serions toujours dans les larmes, et le devoir en souffrirait. » 1.
Mais écoutez, dans Euripide, Iphigénie suppliant son père : « Mon père, ne me fais pas mourir avant l’âge, ne me condamne pas à descendre au pays des ténèbres, car il est doux de voir la lumière. […] Viens, mon frère, tu es encore bien petit pour me défendre ; viens cependant, et prie ton père avec tes larmes, fléchis-le pour que ta sœur ne meure pas. […] Voici de quel ton Lysias s’exprime : « Les Trente prononcèrent contre Polémarque15 leur sentence accoutumée : ils lui ordonnèrent de boire la ciguë, et bien loin de le juger et de lui permettre de se défendre, ils ne daignèrent pas même l’informer de la cause pour laquelle il devait mourir. […] Tu vois cette morte vénérée ; que veux-tu qu’elle dise à ton père ? […] Et tu ne frémis pas à la vue de cette morte et des images mêmes de tes ancêtres !
C’est là que mourut le maréchal de Saxe, le Turenne de Louis XV. […] Avec moi de ce pas venez vaincre ou mourir. […] Après de longues années de malheur, Jacques II mourut à Saint-Germain-en-Laye, au sein de la religion. […] ne dois-je pas mourir le premier, aujourd’hui, demain peut-être ? […] Car l’Espagne se meurt, car l’Espagne s’éteint !
L’un poursuit un parent dans le parti contraire ; Là, le frère en fuyant meurt de la main d’un frère4. […] « Tout est perdu, dit-il, mourons, brave Mayenne. […] et j’étais père, et je ne pus mourir ! […] On avait dit longtemps qu’il était né dans le petit village de Châtenay, peu distant de Paris : il est établi maintenant qu’il naquit à Paris même, dont il demeura éloigné plus de vingt années de suite, et où il revint cependant pour mourir.
Ce n’est qu’à ceux-là que Démosthène veut devoir ; s’ils ne peuvent rien pour moi, que Neptune que j’implore, que cet autel, que la sainteté des lois me protègent aujourd’hui : et si Neptune lui-même ne peut défendre son temple contre toi, s’il ne rougit pas de livrer Démosthène au ministre d’Antipater, je saurai mourir, et jamais l’oppresseur de mon pays ne sera un dieu pour moi. — Non, je ne déshonorerai point Athènes ; je ne servirai point : je mourrai libre ; c’est la plus belle des destinées ».
Henri III qui le visita le menaçait du bûcher : « Je sais mourir », dit-il. Il mourut prisonnier et huguenot. […] car j’ayme mieux mourir que vivre ainsi. […] Je ne veux plus boire ne manger ; je veux mourir ou les trouver. […] et si le grand vaisseau qu’il conduisoit avoit à se perdre, n’a-t-il pas témoigné qu’il y vouloit mourir devant tous les autres ?
C’était beaucoup que le premier de ces dons : mais la cruelle médiocrité rend cet honneur bien pensant ; et qui sait si cette fâcheuse compagne vous aurait permis de vivre, et de mourir avec toute la pureté de votre naissance ? […] Les Ligueurs l’ayant fait prisonnier, le conduisirent dans la ville de Narbonneb qu’ils avaient en leur pouvoir : là on le menaça de la mort la plus rigoureuse, s’il ne livrait la place ; sa réponse fut qu’il était prêt à mourir. […] La grandeur fut égale de part et d’autre ; Barry souffrit la mort ; et sa femme, après avoir défendu la place avec succès, alla ensevelir sa douleur et sa jeunesse dans un Couvent de Béziersc où elle mourut. […] Je meurs d’envie d’avoir quelque jour ce talent ; et vous sentez par-là ce que mon ambition vous demande.
Je me trouble, Messieurs, Turenne meurt : tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile. […] Il se lève, il retombe, il ouvre un œil mourant, Il regarde Paris, et meurt en soupirant. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! […] Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays, comme un Judas le Machabée ; l’armée le pleure comme un père, et la cour et tout le peuple gémit ; sa piété est louée comme son courage, et sa mémoire ne se flétrit point par le temps ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire comme un David, comme lui meurt dans son lit en publiant les louanges de Dieu, en instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douceur de sa mort. […] Et qu’après avoir subi la loi d’une paix honteuse, il ne puisse retenir ni le sceptre ni la vie ; mais qu’il meure avant le temps, et que son corps reste sur la terre, abandonné sans sépulture !
Avant de mourir, il vit sa statue placée à l’entrée du Muséum, avec cette inscription : Majestati naturæ par ingenium 1. […] Vous qui près du tombeau venez pour m’écouter, Je suis un cygne aussi : je meurs, je puis chanter (Mort de Socrate.) […] Je suis comme cet ancien qui mourut accablé sous les fleurs qu’on lui jetait. » 1.
Avant de mourir, il vit sa statue placée à l’entrée du Museum, avec cette inscription : Majestati naturæ par ingenium 1. […] La nature morte et la nature animée par l’homme Voyez ces plages désertes, ces tristes contrées où l’homme n’a jamais résidé, couvertes ou plutôt hérissées de bois épais et noirs dans toutes les parties élevées ; des arbres sans écorce et sans cime, courbés, rompus, tombant de vétusté ; d’autres en plus grand nombre, gisants au pied des premiers, pour pourrir sur des monceaux déjà pourris, étouffent, ensevelissent les germes prêts à éclore2. […] Bientôt ce n’était plus qu’une solitude âpre, morne, silencieuse, sans souffle, et, pour ainsi dire, sans respiration : la nôtre s’arrêtait aussi, et regardant, écoutant, nous nous disions sous le poids de la fatigue et de la stupeur : La nature est morte ! […] Vous qui près du tombeau venez pour m’écouter, Je suis un cygne aussi : je meurs, je puis chanter ! […] Je suis comme cet ancien qui mourut accablé sous les fleurs qu’on lui jetait. » 1.
[Notice] Lorsque Montesquieu naquit, la dynastie des Stuarts venait de succomber en Angleterre, et Jacques II cherchait un asile auprès de Louis XIV ; lorsqu’il mourut, Louis XVI était dans sa première année, et la guerre désastreuse de Sept ans allait éclater : déjà fermentaient dans la France ces vagues désirs de réformes qui aboutirent à des bouleversements. […] Une ardeur nouvelle s’était emparée de leur cœur : l’un voulait mourir pour son père, un autre pour sa femme et ses enfants, celui-ci pour ses frères, celui-là pour ses amis, tous pour le peuple Troglodite. […] Vous me déférez la couronne, et, si vous le voulez absolument, il faudra bien que je la prenne ; mais comptez que je mourrai de douleur d’avoir vu, en naissant, les Troglodites libres, et de les voir aujourd’hui assujettis. » A ces mots, il se mit à répandre un torrent de larmes. « Malheureux jour !
La profession des armes, en laquelle vous êtes nourri, accoutume les hommes à voir mourir inopinément leurs meilleurs amis, et il n’y a rien au monde de si fâcheux que l’accoutumance ne le rende supportable. […] Descartes fait allusion à la délicatesse de sa santé : il avait hérité de sa mère, dit Baillet, une toux sèche et une pâle couleur, qu’il a gardée jusqu’à plus de vingt ans, et tous les médecins qui le voyaient avant ce temps-là le condamnaient à mourir jeune. […] Son père, et sa fille morte en bas âge.
La passion inspire un mot sublime, comme le qu’il mourût du vieil. […] Ici, nous devons vaincre ou mourir. […] Madame est morte ! […] ô dieux de boue et de poussière, vous mourrez comme des hommes ! […] je meurs content et mon sort est rempli.
Il mourut en 1683, la même année que ce ministre. […] Et quand même il n’y aurait point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pied ferme que de vous sauver par ce moyen.
Qu’il me soit permis, je vous en conjure, d’employer constamment pour Dieu et pour moi-même ce qui me reste de vie, et de me disposer par là à mourir en religieux. […] Il mourut sur la brèche, sans se plaindre.
Une fois le jour était pris pour cela ; mais tout à coup une femme se rappela qu’il y avait trois semaines qu’elle était invitée à souper chez sa tante : une autre, qu’elle était en deuil d’une vieille cousine qu’elle n’avait jamais vue, et qui était morte depuis plus de trois mois ; une autre, enfin, que dans son ménage il y avait des arrangements domestiques à prendre. » 1. […] Une fois le jour était pris pour cela ; mais tout à coup une femme se rappela qu’il y avait trois semaines qu’elle était invitée à souper chez sa tante : une autre, qu’elle était en deuil d’une vieille cousine qu’elle n’avait jamais vue, et qui était morte depuis plus de trois mois ; une autre, enfin, que dans son ménage il y avait des arrangements domestiques à prendre. » 1.
Elle demande seulement quelques jours pour se préparer à mourir. […] De la manière dont on nous parla hier de madame de Pontchartrain, je la crois morte présentement. […] Tant que vous serez à Paris, vous devriez me mander des nouvelles ; nous aurions besoin qu’elles fussent divertissantes, car je vous assure que nous mourons d’ennui. » Lecture. — La Fontaine à son Oncle. […] Je vois bien que je pourrais être morte deux ou trois ans sans vous en inquiéter, si mon ombre ne vous allait reprocher votre oubli. […] Cette idée me ferait mourir de dépit, si je n’étais tout près de mourir de vieillesse.
Milton déplorant sa cécité : « Tout meurt, dit-il, et tout renaît ; mais la lumière ne revient pas pour moi. » Louis Racine a développé ainsi cette pensée : « Tout meurt et tout renaît : l’automne, tous les ans, « Fait place au triste hiver, que suit le doux printemps ; « Les zéphyrs en tous lieux ramènent la verdure, « Aux arbres dépouillés ils rendent leur parure ; « Et, par l’ordre constant d’une agréable loi, « Tout revient ; mais le jour ne revient pas pour moi. » Voici une pensée simple : Omnibus moriendum est. […] Venez donc auprès de nous ; cet autel nous protégera tous, ou nous mourrons ensemble. » (Nous laissons aux maîtres le soin de faire remarquer les principales beautés de ce passage, que la meilleure traduction ne saurait reproduire.) […] Ainsi une fleur brillante, tranchée par le soc de la charrue, languit et meurt ; ainsi le pavot, épuisé de lassitude, courbe sa tête chargée de pluie. » Un écrivain moderne a peint, sous une belle comparaison, le pouvoir odieux de ces tyrans d’Egypte qui n’étaient grands que parce qu’ils vivaient dans une profonde solitude. […] vel in ipsâ morte canis.
Trois ans après, il mourut pauvre à Versailles. […] N’a-t-il pas dit : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Observateur profond, et peintre de caractères, il excelle dans l’art d’attirer l’attention par des remarques soudaines, des traits vifs et pénétrants, des métaphores passionnées, des hyperboles à outrance, des paradoxes simulés, des contrastes étudiés, des expressions originales, de petites phrases concises qui partent comme des flèches, des allégories ingénieuses, et des morceaux d’apparat où l’esprit étincelle dans les moindres détails Le berger et son troupeau 1 Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau qui, répandu sur une colline vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute dans une prairie une herbe menue et tendre2 qui a échappé à la faux du moissonneur, le berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il les suit, il les conduit, il les change de pâturage ; si elles se dispersent, il les rassemble ; si un loup avide paraît, il lâche son chien qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil. […] — Le plus court, Irène, c’est de mourir comme ont fait votre mère et votre aïeule. — Fils d’Apollon, s’écrie Irène, quel conseil me donnez-vous ? […] La Bruyère dit ailleurs : « Quel moyen de comprendre, dans la première heure de la digestion, qu’on puisse quelque part mourir de faim ?
La plupart des hommes meurent sans le savoir, et il n’y en a qu’un petit nombre qui conservent de la connaissance jusqu’au dernier soupir. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! […] je meurs content, et mon sort est rempli ! […] — Qu’il mourût.
Notre mère qui nous aimait tant, morte depuis deux ans seulement, attendrait-elle en vain notre visite ! […] Vivre est l’antécédent, mourir le conséquent. […] où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, madame est morte ? […] Elle consiste à faire agir ou parler une personne absente ou morte, ou même une chose inanimée. […] Le peuple est trop heureux quand il meurt pour ses rois.
Qu'il mourût ! […] Ma maison ; j'y verrais une mère fondre en larmes et mourir de douleur. […] Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause et mourir de plaisir ! […] Je l'ai vu de mes yeux, Je l'ai vu qui frappait ce monstre audacieux : « Meurs, tyran, disait-il ; dieux, prenez vos victimes ! […] — Qu'il mourût, signifient la fête de Saint-Jean ; je voulais qu'il mourût.
Mourir pour son pays n’est pas un triste sort ; C’est s’immortaliser par une belle mort. […] ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est morte ! […] où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, madame est morte ! […] M. de Turenne meurt.
Il tombe enfin, laissant le monde rempli de ses œuvres, l’esprit humain plein de son image, et le plus actif des mortels va mourir, mourir d’inaction, dans une île du grand Océan !
Le juste meurt comme l’impie, l’homme comme la bête ; et nul ne revient pour nous dire lequel des deux avait eu tort. — Des discours vagues, des doutes usés, des incertitudes éternelles, des suppositions chimériques, sur lesquels on ne voudrait pas risquer le malheur ou le bonheur d’un seul de ses jours, et sur lesquels on hasarde une éternité tout entière ! […] — Si tout meurt avec le corps, qui est-ce qui a pu persuader à tous les hommes de tous les siècles et de tous les pays, que leur âme était immortelle ? […] Tu vas mourir, penses-tu ?
Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir ! […] …………………… Non jàm tibi pectora pubis Sidoniæ fodienda manu, tutantia regem, Hoc jugulo dextram explora ; namque hoc tibi ferrum, Si Pœnum invasisse paras, per viscera lenta Nostra est ducendum, tardam ne sperne senectam, Opponam membra, atque ensem extorquere negatum Morte mea eripiam. […] 78« Si fato concederem, justus mihi dolor etiam adversùs deos esset, quòd me parentibus, liberis, patriæ, intra juventam præmaturo exitu raperent : nunc scelere Pisonis et Plancinæ interceptus, ultimas preces pectoribus vestris relinquo : referatis patri ac fratri, quibus acerbitatibus dilaceratus, quibus insidiis circumventus miserrimam vitam pessimâ morte finierim. […] Si donc les choses sont comme je le pense, si l’âme survit en effet au corps qu’elle abandonne, faites, par respect pour la mienne, ce que vous recommande aujourd’hui ma tendresse : si je suis dans l’erreur, si l’âme reste et périt avec le corps, craignez, du moins, craignez les dieux qui ne meurent point, qui voient tout, qui peuvent tout, qui entretiennent dans l’univers un ordre immuable dont la magnificence et la majesté sont au-dessus de l’expression ; craignez, dis-je, les immortels, et que cette crainte vous empêche de rien faire, de rien dire, de rien penser même qui puisse blesser la piété et la justice.
La profession des armes, en laquelle vous êtes nourri, accoutume les hommes à voir mourir inopinément leurs meilleurs amis, et il n’y a rien au monde de si fâcheux que l’accoutumance ne le rende supportable. […] Son père et sa fille morte en bas âge.
Confucius l’a dit ; suivons tous sa doctrine ; Pour la persuader aux peuples de la Chine, Il leur contait le trait suivant : Dans une ville de l’Asie Il existait deux malheureux, L’un perclus, l’autre aveugle, et pauvres tous les deux : Ils demandaient au ciel de terminer leur vie ; Mais leurs cris étaient superflus ; Ils ne pouvaient mourir. […] Partir avant le jour, à tâtons, sans voir goutte, Sans songer seulement à demander sa route, Aller de chute en chute, et, se traînant ainsi, Faire un tiers du chemin jusqu’à près de midi ; Voir sur sa tête alors s’amasser les nuages, Dans un sable mouvant précipiter ses pas, Courir en essuyant orages sur orages, Vers un but incertain où l’on n’arrive pas ; Détrompé, vers le soir, chercher une retraite ; Arriver haletant, se coucher, s’endormir : On appelle cela naître, vivre et mourir.
» Est-ce le même orateur qui s’était écrié quelques moments plus tôt, et sans périphrase cette fois : « Madame se meurt, Madame est morte ? […] Un père veut dire qu’il pleure sa fille morte, tandis que, selon les lois de la nature, c’est elle qui devrait le pleurer : Sur mon tombeau ma fille devrait faire Ce que je fais maintenant sur le sien.