On peut lui appliquer ce trait : « Qui dit auteur, dit oseur. » Plaintes de figaro Parce que vous êtes un grand seigneur, monsieur le comte, vous vous croyez un grand génie ! […] Je broche une comédie dans les mœurs du sérail : auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule ; à l’instant un envoyé de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et du Maroc ; et voilà ma comédie flambée pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : « Chiens de chrétiens !
Au reste, les anciens auteurs comptent plusieurs Hercules. […] Depuis rétablissement du christianisme, on l’a nommée Terre Sainte, à cause des mystères que le divin auteur de notre religion y a opérés. […] Je dirai ici qu’il y a des auteurs qui prétendent que nos rois de la troisième race descendent des rois de la seconde, et ceux-ci des rois de la première. […] Cependant quelques auteurs attribuent cette funeste découverte à Roger Bâcon, anglais, qui vivait dans le treizième siècle. […] Bien des auteurs le confondent avec Pluton, qu’ils regardent comme le dieu des richesses et des mines souterraines.
Il est naturel que tout auteur, entrant en matière, propose ce dont il s’agit137. […] C’est en vain que les auteurs de traités et de poétiques ont cherché à déterminer et à faire connaître l’art du poète dans les choses ; puis son art dans la narration, puis son art dans son style et dans ses vers 139. […] Il est auteur de deux poèmes qui se rapportent à cette grande expédition : l’Iliade, ou les combats devant Ilion, et l’Odyssée, ou le retour d’Ulysse dans sa patrie après cette guerre. […] Malgré ces défauts la fécondité, la force et la beauté d’imagination qui règnent dans tout cet ouvrage, font marcher l’auteur bien près d’Homère, de Virgile et de Tasse. […] On a dit avec quelque raison qu’il y a dans ce poème plus d’esprit que de génie, plus de coloris que d’invention, plus d’histoire que de poésie ; que les portraits, quoique très brillants, se ressemblent presque tous, l’auteur ayant toujours recours à l’antithèse ; que le sentiment y est étouffé par les descriptions ; enfin, que le plan est défectueux143.
Quoiqu’en effet tous les grands hommes qui passent sous nos yeux, dans cette immense revue de tant de siècles, n’aient pas tenu peut-être le langage que leur prête l’historien, il est clair cependant qu’il a adapté leurs discours à leur caractère connu, et que, s’il a quelquefois substitué sa pensée à la leur, il en a si bien pris l’esprit et le style en général, que nous retrouvons facilement l’un et l’autre ; et que nous oublions sans effort l’auteur qui écrit, pour n’entendre que le héros qui parle ; et ce qui le prouve d’une manière qui nous paraît sans réplique, c’est qu’à chacune de ces grandes époques qui divisent les temps, moins encore par le nombre des années, que par les progrès de la civilisation et le développement des connaissances, nous trouvons dans ces mêmes harangues un tableau fidèle et des mœurs du siècle et du caractère particulier du pays. […] Ces sortes de contrastes n’ont pas le mérite seulement de rapprocher des temps, des lieux et des styles différents, ce qui pourtant est déjà un avantage ; ils familiarisent les jeunes gens avec l’habitude de voir autre chose encore que des mots dans les auteurs qu’on leur explique, de nourrir leur esprit d’idées solides, et les forcent enfin de réfléchir sur les conséquences funestes, mais inévitables, du luxe et de la mollesse. […] Il y a, dans celui de Charidème, plus d’emphase, plus de prétention, et la recherche de l’expression y décèle à chaque instant l’auteur, mal caché derrière le personnage. […] Découragés, abattus par le double fléau de la guerre et de la peste, les Athéniens murmuraient hautement contre Périclès, qu’ils regardaient comme l’auteur de leurs maux, parce qu’il avait conseillé la guerre.
Quelque brillantes que soient les couleurs qu’il emploie, quelques beautés qu’il sème dans les détails, comme l’ensemble choquera, ou ne se fera pas assez sentir, l’ouvrage ne sera point construit… C’est par cette raison que ceux qui écrivent comme ils parlent, quoiqu’ils parlent bien, écrivent mal ; que ceux qui s’abandonnent au premier feu de leur imagination prennent un ton qu’ils ne peuvent soutenir ; que ceux qui craignent de perdre des pensées isolées, fugitives, et qui écrivent en différents temps des morceaux détachés, ne les réunissent jamais sans transitions forcées ; qu’en un mot il y a tant d’ouvrages faits de pièces de rapport, et si peu qui soient fondus d’un seul jet. » Les interruptions, les repos, les sections peuvent être utiles au lecteur, elles le délassent et lui indiquent les temps d’arrêt, mais il ne doit pas y en avoir dans l’esprit de l’auteur. […] Ici, tout se réduit à l’origine de nos idées ; là, à cette proposition : — « Le meurtre de Clodius fut un acte licite. » Nous avons blâmé la forme brusque et tranchante des premiers mots de l’Emile : « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. » Mais, d’autre part, de ce principe une fois bien posé découle l’idée unique qui circule jusqu’à la fin du volume : « L’éducation consiste donc à se rapprocher le plus possible de l’état de nature, à s’éloigner le plus possible de l’état de société. » Que cette proposition soit ou non un paradoxe, ce n’est ici le lieu ni de la justifier, ni de la combattre ; je ne prétends établir qu’une chose, c’est qu’elle communique au livre de Jean Jacques l’intérêt et la rapidité, en lui donnant, comme à l’éducation même, l’unité de dessein. […] Moins sévère que Buffon, je ne demande pas en effet que l’auteur, avant de prendre la plume, ait disposé son livre tout entier dans son cerveau. […] Il faudrait d’abord leur mettre entre les mains des passages de peu d’étendue, extraits des auteurs les plus irréprochables sous le rapport de la disposition, de Bourdaloue, par exemple, de Massillon, de Buffon, de Racine surtout, si admirable par le tissu de son style.
Chantons l’auteur de la lumière Jusqu’au jour où son ordre a marqué notre fin ; Et qu’en le bénissant notre aurore dernière Se perde en un midi sans soir et sans matin2. […] songez-vous que toute autre alliance Fera honte aux Césars, auteurs de ma naissance ? […] De vol, de brigandage on nous déclare auteurs ! […] Mais ces quatre vers, comme ceux que l’auteur met dans la bouche de Joas, ont un mérite théâtral, celui d’offrir un rapport sensible ou avec lui-même, ou avec Athalie.
Il est des auteurs qui, emportés par une première fougue, ou s’abandonnant par intervalles aux écarts de leur imagination, laissent prendre soit aux idées qui s’offrent d’abord, soit à celles qui leur sourient davantage, un développement auquel le reste ne correspond pas. […] Quand l’auteur de ces sortes d’ouvrages a épuisé une pensée, il passe à l’autre avec simplicité et bonne foi ; et cela vaut bien mieux que ces transitions subtiles presque toujours uniquement fondées sur des rapports entre les mots, sur une liaison apparente entre le dernier du paragraphe qui finit et le premier de celui qui commence. […] L’antithèse est la forme la plus ordinaire de ces transitions ; continuez de feuilleter l’oraison funèbre de Condé : — Pendant que le prince se soutenait si hautement avec l’archiduc, il rendait au roi d’Angleterre tous les honneurs qui lui étaient dus… Nous avons parlé des qualités de l’âme, venons maintenant aux qualités de l’esprit… Si les autres conquérants ont reçu une récompense aussi vaine que leurs désirs, il n’en sera pas ainsi de notre grand prince, en effet,… etc. — C’est en étudiant les auteurs qui ont ainsi travaillé leurs transitions, Racine surtout et Massillon, que vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que vous vous habituerez à les employer vous-même à l’occasion.
Quintilien pense qu’un élève doit toujours commencer par lire les meilleurs auteurs, continuer par eux et finir par eux ; ce n’est que lorsque son goût sera formé qu’il pourra lire les auteurs moins parfaits. […] Pour achever de faire voir aux élèves ce que c’est que l’ensemble d’une composition, je vais, à l’exemple de Quintilien, comparer un auteur à un architecte qui veut construire un palais.
Voyez, entre autres, la Poétique de Scaliger, livre V, chap. 6 les auteurs analysés par Goujet, Bibliothèque française, tome III, p. 180-240 Batteux, Principes de la Littérature, Ve traité et l’article Tragédie dans les Éléments de Marmontel. — Τραγωδία [[έστì] βίων xαì λόγων ήρωϊχών μίμησις έχουσα σεμνότητα μEτ’ έπιπλοχής τινός, dit plus simplement le grammairien publié par Cramer, Anecdota Oxon., tome IV, p. 315. — Voici comment la définition d’Aristote est traduite en latin d’après l’arabe d’Averroès (voir Essai sur la Critique, p. 297 et suiv.) par Hermann l’Allemand (fol. 42, recto, éd. de Venise, 1481) : « Terminus substantialis sive intelligere faciens substantiam artis laudandi est quoniam ipsa est assimilatio et repræsentatio operationis voluntariæ virtuosæ completæ quæ habet potentiam universalem in rebus virtuosis non potentiam particularem in una quaque rerum virtuosarum. […] Des auteurs modernes.]
Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre ; les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement ; en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance, partout violées. […] Ainsi je souhaiterais que vous prissiez quelquefois plaisir à m’entretenir d’Homère, de Quintilien et des autres auteurs de cette nature.
Ce proverbe558 a cela de bon que Louis XIII en est l’auteur. […] La verve comique dont ses comédies sont animées, la variété, le naturel, la profondeur de ses peintures, lui assurent le premier rang parmi les auteurs comiques de tous les temps et de tous les pays. […] Ses Mémoires sont d’un mécontent et d’un ennemi de Louis XIV : il ne faut donc les consulter qu’en se défiant de la partialité passionnée de l’auteur. […] En même temps, Vauban, toujours appliqué à son ouvrage, vit celui-ci avec attention, et quelques autres du même auteur, qui le suivirent ; de là il voulut entretenir Boisguilbert. […] Ils prirent pour arbitre un auteur qui était célèbre alors par des ouvrages agréables.
Ces vers sont d'Alfred de Musset ; mais cet auteur fait quelquefois de bons vers, et il en est de même de Victor Hugo. […] « Les bons auteurs n'ont que tout juste autant d'esprit qu'il en faut, ne le cherchent jamais et s'expriment toujours clairement. […] (Voyez, dans les ouvrages de grammaire du même auteur, les règles de la versification.) […] L'auteur ne doit pas partager son sujet au milieu d'une action : lorsqu'un nouvel acte commence, il faut que l'on puisse supposer que les acteurs qui ne sont pas en scène agissent hors du théâtre. C'est dans l'intervalle d'un acte à l'autre que l'auteur place toute action désagréable à la vue.
Il meurt en 1553 n’étant plus ni médecin, ni curé, mais l’auteur du plus extraordinaire monument de la littérature du xvie siècle. […] Les deux premiers livres donnaient comme le nom de l’auteur M. […] Mme de Gournay, sa « fille d’alliance », qu’il connut à Paris en 1588, publia en 1595 une édition des Essais complétée sur les papiers de l’auteur. […] Et si ces auteurs eussent jugé que jamais, pour quelque diligence et culture qu’on y eust peu faire, elles n’eussent sceu produire plus grand fruict, se fussent-ils tant efforcez de les mettre au poinct où nous les voyons maintenant ? […] Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendoit de voir un auteur, et on trouve un homme.
Vincent, comme tout à fait nécessaire pour que ce passage ne contredise pas l’opinion expresse d’Aristote dans la Politique, VIII, 7, et des autres auteurs anciens. […] C’est en effet un des auteurs qui ont développé le dialogue et l’action tragique sur le fond lyrique du dithyrambe.
[Notice] Aucun auteur n’est plus capable que Massillon d’apprendre à s’exprimer avec facilité, avec grâce et abondance : il achève en quelque sorte la culture des esprits, en leur offrant beaucoup de qualités accessibles qui les fécondent et qui les polissent. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.
Ses mémoires, dit Voltaire, sont écrits avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité qui sont l’image de la conduite de l’auteur. […] François, prince de Marsillac, puis duc de La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes.
Quelquefois l’enthousiasme même des lettres peut lui inspirer une sorte d’impatience et de dépit à la lecture d’un ennuyeux et ridicule ouvrage ; mais l’habitude corrigera bientôt l’amertume de son zèle ; il s’apercevra qu’il est inutile d’épuiser tous les traits du sarcasme et de l’insulte contre un pauvre auteur, dont les exemples n’ont pas le droit d’être dangereux2. […] Pour être un excellent critique, il faudrait pouvoir être bon auteur.
Tout ce qu’on peut rencontrer dans un dictionnaire ou trouver par la réflexion a été supprimé au profit du texte même des auteurs. […] À ce sujet, la seule règle possible, c’est de mettre l’accent d’accord avec l’impression morale que produisent les idées exprimées par l’auteur. […] Les professeurs le feront disparaître le jour où ils voudront seulement prêcher d’exemple, et montrer d’abord comment une lecture intelligente peut associer l’homme du dix-neuvième siècle aux sentiments généreux, aux pensées élevées de nos bons auteurs. […] La raison en est qu’alors c’est l’auteur qui paraît, et que le public ne veut voir que le héros. […] Voilà l’auteur du mal ; c’est lui dont les leçons Nous poussaient aux excès que nous reconnaissons.
Un homme, dont la belle âme avait plus d’un rapport avec celle de Massillon, et à qui la religion, les mœurs et les lettres doivent tant, Fénelon, a parlé aussi de la prière, et en a donné la définition la plus juste, la plus conforme au génie du christianisme et à l’esprit de son divin auteur. […] » Ô vous, qui croyez être un amas de boue, sortez donc du monde, où vous vous trouvez seul de votre avis ; allez donc chercher dans une autre terre des hommes d’une autre espèce, et semblables à la bête ; ou plutôt, ayez horreur de vous-même, de vous trouver comme seul dans l’univers, de vous révolter contre toute la nature, de désavouer votre propre cœur ; et reconnaissez, dans un sentiment commun à tous les hommes, l’impression commune de l’auteur qui les a tous formés ». […] La conscience s’élève et murmure contre son auteur ; elle lui crie, en gémissant : tu m’as trompée !
On estime celles de Marot, de Saint-Gelais, de Gombaut, surtout pour la naïveté ; celles des autres auteurs, comme Maynard, Racine, Boileau, Rousseau, sont dans le genre gracieux ou satirique, selon le caractère du poète ou l’occasion qui leur a donné naissance. […] monsieur, répondit Saumaise, J’ai de bons auteurs pour garants Qu’il ne faut jamais dire aux grands De vérité qui leur déplaise. […] Sur ce refrain, de grâce permettez Que je vous conte en vers une sornette… Dans les huit vers suivants, l’auteur raconte la sornette, et achève ainsi le second couplet.
En adoptant l’ordre logique des sujets, de préférence à l’ordre chronologique des auteurs, il a été possible de rapprocher un poète d’un orateur, un ancien d’un moderne ; rapprochement fécond qui contient plus d’une leçon de goût et provoque la curiosité critique du lecteur. […] Tout ce qu’on peut rencontrer dans un dictionnaire ou trouver par la réflexion a été supprimé au profit du texte même des auteurs. […] À ce sujet, la seule règle possible, c’est de mettre l’accent d’accord avec l’impression morale que produisent les idées exprimées par l’auteur. […] Ici plus qu’ailleurs, vouloir c’est pouvoir, et le maître qui n’aurait pas le courage de tenter cette réforme priverait ses élèves d’un plaisir délicat, celui de mieux apprécier nos bons auteurs en les interprétant avec goût. […] Périsse le Troyen auteur de nos alarmes !
Cicéron peut l’emporter devant les lecteurs, parce qu’il leur donne plus de jouissances : mais devant les auditeurs, nul ne l’emportera sur Démosthène, parce qu’en l’écoutant, il est impossible de ne pas lui donner raison, et c’est là certainement le premier but de l’art oratoire. » Un homme bien fait pour juger les anciens, puisque c’est de tous les modernes celui qui s’en est approché le plus près, l’illustre auteur du Télémaque, ne balance pas à se décider en faveur de Démosthène. […] Encore ces étincelles sont-elles rares et faibles, et s’aperçoit-on, à chaque instant, des efforts que fait l’auteur pour s’éloigner de la façon de penser et de parler ordinaire, et se maintenir à une élévation forcée.
À loisir, en détail, tu veux m’assassiner ; Dans de longs bâillements et des vapeurs mortelles Ensevelir l’honneur des œuvres les plus belles ; Et toujours méthodique, et toujours concerté, Des élans d’un auteur abaisser la fierté, Tomber quand il s’élève, et ramper quand il vole ? […] Dieu submergea, Je travaillais dans l’ombre, — et je songeais déjà, Tandis que j’écrivais — sans peur, mais sans système, Versant le barbarisme à grands flots sur le thème, Inventant aux auteurs des sens inattendus, Le dos courbé, le front touchant presqu’au Gradus, Je croyais, car toujours l’esprit de l’enfant veille, Ouïr, confusément, tout près de mon oreille.
C’est le premier de nos auteurs qui ait écrit supérieurement, dans ses moments heureux, notre langue parvenue à sa maturité. […] Nous avons suivi l’édition in-folio des Œuvres de Balzac, 2 vol., Paris, 1665. — Parmi ceux qui se sont occupés spécialement de cet auteur, on remarque MM.
Quand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s’attendait de voir un auteur, et on trouve un homme. […] Madame de Sévigné nous raconte à ce sujet une anecdote qui témoigne de l’admiration qu’il professait pour lui : « Despréaux, dit-elle en rendant compte d’un dîner chez M. de Lamoignon, soutint les anciens, à la réserve d’un seul moderne qui surpassait, à son goût, et les vieux et les nouveaux. » Fort interrogé sur cet auteur, il finit par le nommer : c’était Pascal.
Homère a fait les hommes meilleurs qu’ils ne sont ; Cléophon les a faits comme ils sont ; Hégémon, inventeur de la parodie, et Nicocharis, auteur de la Déliade 2, pires qu’ils ne sont. […] Or celle-ci, en naissant, suivit le caractère de ses auteurs, et se partagea en deux genres. […] On sait par quels degrés et par quels auteurs la tragédie s’est perfectionnée. […] Mais quand une fois elle a eu pris une certaine forme, elle a eu aussi ses auteurs, qui sont renommés. […] Les autres poètes se sont contentés de prendre ou un seul héros, ou les événements d’une seule époque, ou une seule entreprise composée de plusieurs actions, comme l’auteur des Cypriaques et, de la petite Iliade.
Les auteurs aussi ignorants que les spectateurs, la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance.. !. […] On brise le cellier qui nous sert de refuge; De vol, de brigandage on nous déclare auteurs, On nous traîne, on nous livre à nos accusateurs. […] Si vous aviez traité froidement le reste du sujet, il serait trop tard d’entreprendre en finissant d’éveiller l’intérêt ; l’auditeur ou le lecteur qui se serait fait comme une habitude de l’indifférence ne s’enflammerait pas au gré de l’auteur. […] — La bienveillance de l’auditeur répond à la bienveillance et à la modestie manifestées par l’auteur. […] Ce départ est, du reste, très-délicat ; c’est là une question de goût que la réflexion, l’expérience, l’exercice et l’exemple des grands auteurs peuvent seuls éclaircir et résoudre. .
Bienveillant : par égard, soit pour l’auteur, soit pour la matière, pour la moralité, les talents, la position de l’un, la grandeur, l’intérêt, la nouveauté de l’autre, il aura, avant tout, le désir et la volonté de lire ou d’écouter. […] que j’aime bien mieux cet auteur plein d’adresse, Qui, sans faire d’abord de si haute promesse, Me dit d’un ton aisé, doux, simple, harmonieux… etc. Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu.
Il cite comme exemple de paraphrase les vers d’Iphigénie : Ce destructeur fatal des tristes Lesbiens, Cet Achille, l’auteur de tes maux et des miens, Dont la sanglante main m’enleva prisonnière, Qui m’arracha d’un coup ma naissance et ton père, De qui jusques au nom tout doit m’être odieux, Est de tous les mortels le plus cher à mes yeux ; et comme exemple d’épiphrase les deux derniers vers de ce passage de Phèdre : Et puisse ton supplice à jamais effrayer Tous ceux qui, comme toi, par de lâches adresses, Des princes malheureux nourrissent les faiblesses, Les poussent au penchant où leur cœur est enclin, Et leur osent du crime aplanir le chemin, Détestables flatteurs, présent le plus funeste Que puisse faire aux rois la colère céleste ! […] Car la première idée que porte à l’esprit la construction grammaticale de la phrase, c’est que le crime ne fait pas l’échafaud, comme on dit : le peintre fait le tableau et non pas la statue, tandis que l’auteur a voulu dire que l’échafaud ne fait pas la honte. […] Ainsi dans Bossuet : « Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré. » N’est-ce pas aussi à l’ellipse qu’appartient l’anacoluthe, littéralement, absence de compagnon, construction où l’auteur laisse désirer certains mots qui régulièrement devraient accompagner les autres ?
Vers 1580, parut la première édition de ce livre « consubstantiel à son auteur et membre de sa vie ». […] Ce privilége qu’il partage avec la Fontaine et Molière, il le doit autant à sa clairvoyance qu’au charme de ces confidences naïves qui découvrent en lui non un auteur, mais l’homme même. […] Montaigne, pour s’y rendre, devait traverser la cour et monter au troisieme étage de sa tour. — Ajoutons que sur les solives du plafond étaient tracées cinquante-quatre inscriptions grecques et latines, tirées des Écritures et des auteurs profanes.
Un téméraire auteur ne fait donc que six syllabes. […] Les rimes superflues sont celles qui embrassent non seulement la syllabe consonante tout entière, mais tout ou partie de la syllabe précédente, comme auteur et hauteur, Faret et cabaret, courtisan et partisan.
Je conjure celui qui répond oui de considérer que son plan n’est pas connu, qu’il faut du temps pour le développer, l’examiner, le démontrer ; que, fut-il immédiatement soumis à notre délibération, son auteur a pu se tromper ; que, fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu’il s’est trompé ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu’il se pourrait donc que l’auteur de cet autre projet, même en ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque sans l’assentiment de l’opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances. » — Le dilemme divise les moyens de l’adversaire en propositions contradictoires et le tient enfermé dans la conclusion, comme en une impasse.
A voir ces vers pleins d’aisance, qui n’ôtent à l’expression de l’idée rien de nécessaire et ne lui ajoutent rien de superflu, il s’imagine volontiers que lui-même il n’écrirait pas autrement que l’auteur, tandis qu’il conçoit bien, en prenant la plume, la vérité de ce mot du poëte : … Sibi quivis Speret idem, sudet multum frustraque laboret Ausus idem : tantum series juncturaque pollet ! […] Sorti de l’école de Port-Royal, Racine s’était déjà annoncé comme poëte distingué par ses deux premières pièces, la Thébaïde ou les Frères ennemis, et Alexandre, lorsqu’il fit son véritable avénement dans la tragédie par Andromaque (1667), qui a marqué, après le Cid, la seconde époque de la gloire du théâtre français. — Voltaire n’a pas craint d’appeler admirable cette pièce dont le sujet est tiré du IIIe livre de l’Eneïde de Virgile (v. 301-332), et où l’auteur a imité aussi en quelques passages l’Andromaque d’Euripide. […] Les auteurs classiques du dix-septième siècle offrent encore quelques exemples de ce genre.