Bourdalouc s’adresse aux semblables pour développer l’inconséquence de celui qui nie la Providence dans le gouvernement de l’univers : « Il croit qu’un Etat ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside ; mais il prétend tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans Providence, sans prudence, sans intelligence, par un effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. » Racine fait de même pour démontrer qu’en remettant Joas à Athalie, on concourt peut-être à l’accomplissement des secrets desseins de Dieu sur cet enfant : Pour obéir aux lois d’un tyran inflexible, Moïse, par sa mère au Nil abandonné, Se vit, presque en naissant, à périr condamné ; Mais Dieu, le conservant contre toute espérance, Fit par le tyran même élever son enfance.
Dans son Histoire de l’Académie des sciences, qui renferme les Eloges des académiciens et passe pour le modèle du genre, Fontenelle s’est dégagé des défauts dont ne sont pas exempts ses autres ouvrages, l’affectation et la subtilité : car il y a eu, comme on l’a fort bien dit, deux hommes en lui, l’un qui, faute de ce goût élevé que le cœur inspire, s’est attiré les justes railleries de Racine, de Boileau et de La Bruyère ; l’autre, et c’est celui qui doit nous occuper, disciple de Descartes, mais sans abdiquer son indépendance, que Vauvenargues a honoré de ses éloges, dont l’esprit s’est montré vaste, lumineux, universel, et qui a peint avec vérité les physionomies de ses savants confrères, en présentant avec intérêt une analyse fidèle de leurs écrits.
Racine eut la raison et le goût éminemment.
Racine. […] Racine établit l’immortalité de l’âme dans son poème de la Religion.
Voilà pourquoi l’amour si vif, si brûlant dans Racine, est si froid et si languissant dans Campistron, son imitateur.
(Racine).
Ainsi Racine, dans Andromaque : Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance.
A partir de Rodogune, qui en 1642 ouvrit à Corneille les portes de l’Académie, son astre ne fit plus que pâlir, tandis que se levait à l’horizon la gloire de Racine, dont l’ombrageuse rivalité attrista sa vieillesse pauvre, fière et indépendante. […] Vous me parlez fort bien en vérité de Racine et de Despréaux404. […] Racine appartient à la famille des génies studieux, tendres et épris de la perfection, qui ont cherché le naturel dans les formes les plus nobles et les plus choisies : c’est notre Virgile français. Racine à une revue 715 Le roi fit hier la revue de son armée et de celle de M. de Luxembourg. […] Je ne saurais m’empêcher de vous dire qu’à chaque chose d’un peu bon que l’on nous sert sur la table, il lui échappe toujours de dire : Racine mangerait volontiers d’une telle chose.
Pour dire que l’homme vertueux n’a rien à redouter sur la terre, Racine fait ainsi parler Joab : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Cette forme de la poésie latine du moyen âge, si calomniée, plutôt par l’ignorance que par l’esprit du système, déjà imitée en français, au xiie siècle, par Alexandre de Paris et par Hélinant, son confrère en poésie, continua à vivre dans les œuvres de Ronsard, de Malherbe, de Corneille, de Racine, et elle s’est vue rajeunir dans tous les détails de ses rythmes variés sous la plume de Lamartine et des autres poètes lyriques du xixe siècle.
Etudiez les grands maîtres, Racine surtout.
Ainsi, pour m’expliquer par un exemple, le jeune poète qui aura de l’attrait pour la tragédie devra lire et relire Racine, qui est à peu près parfait ; et ce n’est que plus tard qu’il pourra lire Pierre Corneille, qui a mêlé à d’admirables beautés des défauts tels, qu’ils sont inconcevables dans ce grand homme.
La douceur de son génie l’a fait appeler le Racine de la chaire.
C’est ainsi qu’on attribue à Racine ce qui n’appartient qu’à Virgile, et qu’on s’attend toujours à trouver, dans Raphael, des beautés qui se rencontrent plus souvent peut-être dans les œuvres de deux ou trois peintres que dans les siennes.
Racine. […] N° 25. — A Racine fils. […] Racine. […] Il se méfiait de la fortune de M. le doyen , que Racine vient d’obliger. […] Corneille me paraît ressembler à ces Titans audacieux qui tombent sous les montagnes qu’ils ont entassées ; Racine me paraît le véritable Prométhée qui a ravi le feu des Cieux.
C’est le Racine des prosateurs ; et nous ne connaissons rien au-dessus d’un pareil éloge, quand il est aussi bien mérité.
Les œuvres d’Homère, de Raphaël, de Michel-Ange, de Racine, ne redoutent plus la critique.
Le Paysan du Danube, dans une des fables de La Fontaine, est aussi éloquent que Burrhus, dans une des tragédies de Racine.
Marot, La Fontaine, madame Deshoulières, Racine, J.
On estime celles de Marot, de Saint-Gelais, de Gombaut, surtout pour la naïveté ; celles des autres auteurs, comme Maynard, Racine, Boileau, Rousseau, sont dans le genre gracieux ou satirique, selon le caractère du poète ou l’occasion qui leur a donné naissance.
N° 32. — Boileau à Racine Je ne saurais, mon cher Monsieur, vous exprimer ma surprise ; et quoique j’eusse les plus grandes espérances du monde, je ne laissais pas encore de me méfier de la fortune de M. le doyen. […] Racine avait fait obtenir à M. l’abbé Dongois, parent de Boileau, le poste de chanoine de la Sainte-Chapelle. Boileau remercie Racine de cette faveur. […] Il n’a aucune connaissance et il donne des avis aux savants et aux artistes ; il en eût donné à Vauban sur les fortifications, à Lebrun sur la peinture, à Racine sur la poésie. […] N° 60. — Corneille et Racine.
. — Cette substitution est encore fréquente chez Corneille, et je rencontre chez Racine : Que même cette pompe où je suis condamnée… […] « C’est déjà au xvie siècle la langue du Télémaque ou celle de Bernardin de Saint-Pierre. » Amyot charmait Boileau, Racine et Fénelon, comme Henri IV. […] Avant ou après l’Art poétique, Molière atteint la perfection de la comédie ; Racine, de la tragédie ; La Fontaine, de la Fable : nous retrouverons ailleurs les chefs-d’œuvre qu’ils ont donnés à la poésie ; Bossuet mène le chœur de l’éloquence sacrée, formé par Fénelon, Fléchier, Mascaron, Bourdaloue, Massillon. […] Deux femmes enfin, Mme de Sévigné et Mme de Maintenon donnent plus que toutes les autres raison à Racine qui dit de l’une d’elles : « Il faut convenir que son style est admirable ; il a une douceur que nous autres hommes nous n’attrapons point » ; à La Bruyère qui dit de toutes : « Les femmes vont plus loin que nous dans le genre épistolaire ; et, si elles étoient toujours correctes, les lettres de quelques-unes d’entre elles seroient peut-être ce que nous avons dans notre langue de mieux écrit » ; à Paul-Louis Courier qui dit avec une spirituelle exagération, mais avec le même fond de vérité : « La moindre femmelette de ce temps-là vaut mieux pour le langage que les Jean-Jacques, Diderot, d’Alembert. » Parmi les écrivains du siècle de Louis XIV, il ne faut pas oublier celui qui lui a donné son nom, moins pour ce qu’il a écrit ou dicté lui-même, que pour l’influence générale, contestée quelquefois, mais, je crois, incontestable, qu’il a exercée sur le développement et les productions des génies qui l’ont entouré. […] Il est aussi naturel à Racine et à Molière qu’à un duc et pair d’être à la cour.
Encore un seul exemple, c’est Racine qui me le fournira : « Synthèse : Faut-il, Abner, faut-il vous rappeler le cours Des prodiges fameux accomplis en nos jours, Des tyrans d’Israël les célèbres disgrâces, Et Dieu trouvé fidèle en toutes ses menaces ?
Racine est plein de ces expressions dont il a enrichi la langue.
Cependant, on a vu des critiques qui, faisant un parallèle entre les deux maîtres de notre scène tragique, n’ont pas craint de ne citer que des passages médiocres de Corneille, d’y opposer les plus beaux qu’ils avaient pu trouver dans Racine, et de se prévaloir de ces exemples pour donner une préférence exclusive à ce dernier : c’est là évidemment manquer, en fait de critique, à toutes les règles de l’équité.
Racine a consacré au docteur Arnauld les vers suivants : Sublime en ses écrits, doux et simple de cœur, Puisant la vérité jusqu’en son origine, De tous ses longs combats Arnauld sortit vainqueur, Et soutint de la foi l’antiquité divine ; De la grâce il perça les mystères obscurs, Aux humbles pénitens traça des chemins sûrs, Rappela le pécheur au joug de l’Évangile.
(Racine.) […] (Racine.) […] L’éloge que Racine fit du grand Corneille est un modèle du genre. […] Corneille, Racine, Bossuet, Fénelon, Molière, Catinat furent loués successivement. […] Homère, Sophocle, Virgile, Corneille, Racine ont rencontré plus d’une fois cette éloquence.
Migrations des oiseaux40 On connaît ces vers charmants de Racine le fils sur les migrations des oiseaux : Ceux qui, de nos hivers redoutant le courroux, Vont se réfugier dans des climats plus doux, Ne laisseront jamais la saison rigoureuse Surprendre parmi nous leur troupe paresseuse. […] Permis à Marmontel de compter pour peu cet éloge ; mais, en vérité, si le mot de grand coloriste, inconnu dans la langue de Bossuet et de Racine, signifie quelque chose, on concevra difficilement plus grande louange pour un écrivain qui veut peindre la nature.
O Cicéron, Quintilien, Boileau, Racine, et vous tous grands orateurs des temps anciens et modernes !
Racine n’aurait pas trouvé cette belle strophe.
Ainsi, Racine et Boileau ont fait une faute, en disant : Ma langue embarrassée Dans ma bouche, vingt fois, a demeuré glacée. […] Ainsi, il y a une faute dans ce vers de Racine : Ce Héros expiré N’a laissé, dans mes bras, qu’un corps défiguré.
Tourreil a traduit Démosthène, et l’a défiguré, en voulant, selon l’expression de Racine, lui donner de l’esprit. […] Le plus parfait modèle qui puisse être proposé en ce genre d’éloquence, est le discours que prononça Racine, à la réception de Thomas Corneille, qui succédait à son frère.
À cette époque, Lemaître et Patru furent les premiers qui y introduisirent le bon goût et la pureté du langage28 ; depuis ce temps, et malgré quelques travers qu’on a pu reprocher aux avocats, comme dans les Plaideurs de Racine, on peut dire que notre barreau s’est distingué par les qualités à la fois les plus brillantes et les plus solides ; en particulier, par cette habitude de ne faire appel qu’à la raison et à la justice, et non pas aux passions, comme on le faisait sans cesse chez les anciens. […] Telles sont la réponse de Racine à MM.
Nous lisons dans une lettre de Voltaire cette apologie du théâtre : « Les génies français formés par Corneille, Racine et Molière appellent du fond de l’Europe les étrangers qui viennent s’instruire chez nous, et qui contribuent à l’abondance de Paris.