C’était bien la peine d’ouvrir mon âme à tant de fureurs, et d’attrister la terre par tant de crimes ! […] La terre est comme une grande ruche, et les hommes sont comme les abeilles. […] Chaque nation n’est qu’une branche de cette famille nombreuse qui est répandue sur la face de toute la terre. […] Quiconque craint ou désire quelque chose de la terre, n’est pas libre ; il y a en lui un point où l’on pourra toujours sceller une chaîne. […] que ce moment sera beau, qui finira tout et commencera tout, qui finira tout sur la terre, et commencera tout pour l’éternité !
La terre le publie : est-ce moi, me dit-elle, Est-ce moi qui produis mes riches ornements ? […] Ou bien irai-je enfin jusqu’au bout de la terre Avec tous mes sujets leur déclarer la guerre ? […] Vents, vous osez, sans mon aveu, troubler le Ciel et la Terre et ravager mon empire ! […] L’Impie était le Dieu de la terre ; le Poète ne fait que passer ; et ce Dieu est disparu, anéanti : il n’est plus. […] Que peuvent contre lui tous les Rois de la terre ?
Entre ces marais infects qui occupent les lieux bas, et les forêts décrépites qui couvrent les terres élevées, s’étendent des espèces de landes, des savanes qui n’ont rien de commun avec nos prairies ; les mauvaises herbes y surmontent, y étouffent les bonnes ; ce n’est point ce gazon fin qui semble faire le duvet de la terre, ce n’est point cette pelouse émaillée qui annonce sa brillante fécondité : ce sont des végétaux agrestes, des herbes dures, épineuses, entrelacées les unes dans les autres, qui semblent moins tenir à la terre qu’elles ne tiennent entre elles, et qui, se desséchant et repoussant successivement les unes sur les autres, forment une bourre grossière, épaisse de plusieurs pieds. […] Avoir transformé une herbe stérile en blé est une espèce de création dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu’à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu’il peut tirer du sein de la terre ce pain, souvent si amer, qui fait sa subsistance2. […] Il semble qu’en nous élevant avec elles, nous prenons un essor de l’âme plus haut, un regard plus profond, et ce n’est pas en vain que le poëte a dit : Jéhovah de la terre a consacré les cimes. […] S’avançant pas à pas vers un monde enchanté, Voit poindre le jour pur de l’immortalité, Et, dans la douce extase où ce regard la noie, Sur la terre en mourant elle exhale sa joie. […] Il fut choisi, avec Bouguer et Godin, pour aller à l’équateur déterminer la grandeur et la figure de la terre.
L’année suivante fut très-pluvieuse : les lieux élevés se trouvèrent d’une fertilité extraordinaire, et les terres basses furent submergées. […] Voulez-vous du lait de nos troupeaux, ou des fruits de notre terre ? […] Mais nous jurons, par ce qu’il y a de plus sacré, que, si vous entrez dans nos terres comme ennemis, nous vous regarderons comme un peuple injuste, et que nous vous traiterons comme des bêtes farouches. » Ces paroles furent renvoyées avec mépris ; ces peuples sauvages entrèrent armés dans la terre des Troglodites, qu’ils ne croyaient défendue que par leur innocence. […] Un empire cultivé par la nation du monde la plus industrieuse, et qui travaillait les terres par principe de religion, fertile et abondant en toutes choses, donnait à un ennemi toutes sortes de facilités pour y subsister. […] Le passage du Granique fit qu’Alexandre se rendit maître des colonies grecques : la bataille d’Issus lui donna Tyr et l’Egypte : la bataille d’Arbèles lui donna toute la terre.
Aurore, fille, selon la fable, de Titan et de la Terre. […] Euphrate, fleuve d’Asie, et l’un des plus considérables de toute la terre. […] Terre de Canaan, du nom des Cananéens qui l’habitaient ; 2º. […] Terre des Hébreux ou Israélites, lorsque ce peuple en eut pris possession ; 4º. […] Après avoir formé de terre et d’eau les premiers hommes, il alla, avec le secours de Pallas, dérober le feu du ciel pour les animer.
Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez. […] Et toi dont le courroux veut engloutir la terre, Mer terrible, en ton lit quelle main te resserre ? […] L’homme a perdu ses biens, la terre ses beautés2, Et plus loin qu’offre-t-elle à nos yeux attristés ? […] Si notre ambition ne sert qu’à nous confondre, Bornons-nous à la terre : elle est faite pour nous. […] Ce jeune homme, qui peu auparavant « avait quitté les muses pour le commerce », fut, comme on sait, l’une des victimes du tremblement de terre arrivé à Lisbonne en 1755.
Le temps a fait un pas, et la face de la terre a été renouvelée. […] Ces chantres sont de race divine ; ils possèdent le seul talent incontestable dont le ciel ait fait présent à la terre. […] Mon cher ami, c’est une nécessité que je m’attache à vous de plus en plus, à mesure que tous mes autres liens se rompent sur la terre. […] L’univers est le temple, et la terre est l’autel. […] Survint un vent aride et glacé, et la terre se dessécha.
ô terre ! […] elle qui demeurait encore sur la terre, à la merci des orages du monde ! […] Ces amis restent chez eux quand on le porte en terre. […] O terre malheureuse, le ciel te refuse sa rosée ! […] Les serpents et les caméléons se hâtaient de rentrer dans le sein de la terre.
La terre se fendait de toutes parts ; l’herbe était brûlée, des exhalaisons chaudes sortaient du flanc des montagnes, et la plupart de leurs ruisseaux étaient desséchés. […] Les troupeaux abattus sur les flancs des collines, le cou tendu vers le ciel, aspirant l’air, faisaient retentir les vallons de tristes mugissements ; le Cafre même qui les conduisait se couchait sur la terre, pour y trouver de la fraîcheur. […] Des torrents écumeux se précipitaient le long des flancs de cette montagne ; le fond de ce bassin était devenu une mer ; le plateau où sont assises les cabanes, une petite île ; et l’entrée de ce vallon, une écluse par où sortaient pêle-mêle, avec les eaux mugissantes, les terres, les arbres et les rochers. […] Le soleil allait se coucher lorsque nous mîmes pied à terre au milieu des champs. […] L’ouragan redouble de rage ; il creuse jusqu’aux antiques fondements de la terre, et répand dans le ciel les entrailles brûlantes du désert.
Et sous le poids du jour la famille sommeille Sur la couche de terre, et le chien seul les veille1. […] Près du seuil de l’église, au coin du cimetière, Dans la terre des morts nous couchâmes la bière. Chacun des villageois jeta sur le cercueil Un peu de terre sainte, en signe de son deuil ; Tous pleuraient en passant, et regardaient la tombe S’affaisser lentement sous la cendre qui tombe : Chaque fois qu’en tombant la terre retentit, De la foule muette un sourd sanglot sortit. […] Me pardonnerez-vous, vous qui n’avez sur terre Pas même cet ami du pauvre solitaire ? […] En même temps, il y aura des orages sur la terre.
» Mais gardez-vous de penser, et tremblez de dire après la victoire : C’est pour prix de nos vertus que le Seigneur nous a livré la terre promise. […] Et les peuples de la terre trembleront devant vous parce que ce n’est point en vain que vos prières réclameront l’appui du Tout-Puissant. Il vous comblera de’tout ce qui peut faire le bonheur de l’homme sur la terre. […] Le Ciel ouvrira tous ses trésors ; il versera les pluies dans le temps favorable, et la terre se couvrira des plus riches moissons. […] Pour vous, le ciel deviendra d’airain, la terre sera de fer ; et la main vengeresse du père que vous aurez offensé, vous saisira pour vous livrer, chargés de fer, à vos plus cruels ennemis.
Avez-vous dégagé ses pieds des entraves, vous êtes-vous élancé sur son dos, il écume ; il frémit, il dévore la terre ; la trompette sonne, il dit : Allons ! […] Dans la tragédie de Louis IX par Ancelot, le héros chrétien, explique à Joinville les causes et les effets de son expédition en Terre Sainte. […] C’est la sensibilité qui remplit notre âme d’attendrissement à la vue de la misère d’autrui, des infortunes, des afflictions de tout genre, de tous les maux enfin auxquels l’humanité est exposée sur cette terre. […] La terre lui présente tous ses crimes et ceux de sa famille ; le ciel, des aïeux, qui la font rougir ; les enfers, des juges qui la menacent. […] Je veux qu’on dise un jour aux siècles effrayés : « Il fut des Juifs, il fut une insolente race ; Répandus sur la terre, ils eu couvraient la face ; Un seul osa d’Aman attirer le courroux : Aussitôt de la terre ils disparurent tous. » Racine, Esther.
Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux. […] La foudre est peur lui la voix d’une puissance formidable et irritée contre la terre ; le zéphir est le souffle d’un génie bienfaisant : le bruit du ruisseau, c’est la plainte d’un être souffrant ; au retour du printemps, la terre se réveille et sourit de plaisir ; en hiver, elle est triste et désolée. […] Ainsi le soir, pour un homme qui veut tout analyser, tout expliquer, n’est que le moment où le mouvement de la terre sur elle-même dérobe à nos yeux la lumière du soleil. […] Il ne voit, dans les feuilles qui tombent, qu’un engrais pour la terre ; dans les vents qui agitent les forêts, que des courants destinés à purifier l’air que nous respirons ; dans la pluie qui inonde les champs, que des eaux qui vont alimenter les ruisseaux voisins et faire mouvoir les usines. […] Tous les grands phénomènes de la nature étaient ainsi personnifiés : le soleil était un dieu monté sur un char étincelant, que traînaient des chevaux immortels vomissant la flamme ; l’aurore était une jeune déesse, ouvrant avec ses doigts de roses les portes de l’Orient : ses pleurs étaient la rosée qui humecte la terre et qui redonne la vie aux fleurs ; les vents avaient des ailes, le tonnerre, des flèches.
Néanmoins, après la perte des sciences, les arts utiles auxquels elles avaient donné naissance se sont conservés : la culture de la terre devenue plus nécessaire à mesure que les hommes se trouvaient plus nombreux, plus serrés ; toutes les pratiques qu’exige cette même culture, tous les arts que supposent la construction des édifices, la fabrication des idoles et des armes, la texture2 des étoffes, etc., ont survécu à la science ; ils se sont répandus de proche en proche, perfectionnés de loin en loin ; ils ont suivi le cours des grandes populations : l’ancien empire de la Chine s’est élevé le premier, et presque en même temps celui des Atlantes en Afrique ; ceux du continent de l’Asie, celui de l’Egypte, d’Ethiopie, se sont successivement établis, et enfin celui de Rome, auquel notre Europe doit son existence civile. Ce n’est donc que depuis environ trente siècles que la puissance de l’homme s’est réunie à celle de la nature, et s’est étendue sur la plus grande partie de la terre : les trésors de sa fécondité jusqu’alors étaient enfouis, l’homme les a mis au grand jour ; ses autres richesses, encore plus profondément enterrées, n’ont pu se dérober à ses recherches, et sont devenues le prix de ses travaux. […] Par son intelligence, les animaux ont été apprivoisés, subjugués, domptés, réduits à lui obéir à jamais ; par ses travaux, les marais ont été desséchés, les fleuves contenus, leurs cataractes effacées, les forêts éclaircies, les landes cultivées ; par sa réflexion, les temps ont été comptés, les espaces mesurés, les mouvements célestes reconnus, combinés, représentés, le ciel et la terre comparés, l’univers agrandi et le Créateur dignement adoré ; par son sort émané de la science, les mers ont été traversées, les montagnes franchies, les peuples rapprochés, un nouveau monde découvert, mille autres terres isolées sont devenues son domaine ; enfin la face entière de la terre porte aujourd’hui l’empreinte de la puissance de l’homme, laquelle, quoique subordonnée à celle de la nature, souvent a fait plus qu’elle1, ou du moins l’a si merveilleusement secondée, que c’est à l’aide de nos mains qu’elle s’est développée dans toute son étendue, et qu’elle est arrivée par degrés au point de perfection et de magnificence où nous la voyons aujourd’hui. […] Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouvements et les accents de leur tendre gaieté. […] L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits1 : il ne les souille jamais de la poussière de la terre ; et, dans sa vie toute2 aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants ; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur, comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n’habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent.
137Pourquoi les peuples de la terre Forment-ils ce concours soudain ? […] Les neveux de Jacob ne sont plus sur la terre Qu’un amas d’ossements blanchis, Qui du joug de la mort accablés par la guerre, N’en seront jamais affranchis. […] Il ne se borne point à nous la représenter comme le guide fidèle de l’homme sur la terre, la dispensatrice des honneurs, des richesses, de la vraie félicité : il nous montre en elle l’élève, la compagne chérie du créateur tout-puissant, l’âme de tous ses conseils et de ses prodigieux travaux. […] Dans Isaïe, enfin, l’Orcus ouvre avidement sa gueule immense pour engloutir les habitants de la terre. […] Lui, qui d’or et de sang épuisait les états ; Et, potentat vainqueur des plus fiers potentats, En désert transformait la terre ?
La terre est ronde, voilà une pensée vraie : elle marque le rapport et la convenance qu’il y a entre l’idée de terre et l’idée de rondeur. […] Un de nos poètes disait au roi de Danemark pendant son séjour à Paris : Un roi qu’on aime et qu’on révère A des sujets en tous climats : Il a beau parcourir la terre, Il est toujours dans ses États. […] Racine a exprimé ainsi cette pensée de l’Écriture sainte, sur le bonheur passager de l’impie : J’ai vu l’impie adoré sur la terre ; Pareil au cèdre, il cachait dans les cieux. […] Telle est encore celle-ci de Job : « La vie de l’homme sur la terre est un combat. […] Le vers suivant est parfait et inspire la pitié : Sa tête qui bondit ensanglante la terre.
Il passe du ciel à la terre, il parcourt la nature entière ; dans la fougue de ses pensées, il ne saisit que les plus remarquables ; il peut se passer de transitions, et laisser dans sa marche un désordre apparent qui produit plus d’effet que l’ordre lui-même. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille. […] Peuples de la terre, chantez ! […] Cieux, répandez votre rosée, Et que la terre enfante son Sauveur ! […] La France est par excellence le pays de la chanson : c’est comme un fruit naturel de cette terre où l’on aime avant tout l’esprit et la gaieté.
adieu, terre chérie ! […] Adieu, terre chérie ! […] Au nom de toute la terre, un roi se déclare partie et prend la parole contre un empereur. […] demandez à la terre ! […] … Pourquoi t’ai-je envoyé sur la terre étrangère ?...
Les cieux croulent, la mer gémit ; La foudre part, l’aquilon vole, La terre en silence frémit. […] Il remplit du chaos les abîmes funèbres ; Il affermit la terre, il chassa les ténèbres. […] La terre au loin gémit, le jour fuit, le ciel gronde, Et l’Africain tremblant craint la chute du monde. […] La terre tremble au loin sous son maître qui tonne : Les animaux ont fui ; l’homme éperdu frissonne. […] La terre tremble au loin sous son maître qui tonne, ne vaut pas terra tremit, qui dit tout, et qui est d’une expression imitative admirable.
Hamlet, resté seul, prend à témoin le ciel et la terre. […] Celui qui est le juge de la terre pourrait-il ne pas rendre justice. […] Et se traînant encore sur la terre humectée, Marque en ruisseaux de sang la terre ensanglantée. […] Ainsi disparut de la terre le fils de Laïus ; fut-il consumé par la foudre ? […] Viens avec moi, disait-il, viens, ensemble nous se-serons heureux ; de toi la terre est indigne.
Quoi de plus simple que le style dans lequel est écrite la création du ciel et de la terre : Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ! […] Tels sont les Reproches de Dieu aux puissants de la terre. […] Vous visiterez la terre et vous la féconderez ; vous multiplierez ses richesses. […] La terre a préparé la nourriture des hommes, parce que vous l’avez destinée à cet usage. […] Vous bénirez la terre, et vos bénédictions feront la couronne de l’année, et les campagnes seront couvertes de vos dons.
est-ce là ce grand arbre dont l’ombre couvrait toute la terre ? […] Est-ce là ce fleuve impétueux qui semblait devoir inonder toute la terre ? […] Tu arrêtes cette eau d’un côté, elle pénètre de l’autre ; elle bouillonne même par-dessous la terre. […] Est-ce là cette ville, est-ce là ce temple, l’honneur et la joie de toute la terre ? […] Quelle revue il fait de la terre !
ô terre ! […] Je les crains plus que ceux qu’ensevelit la terre. […] o terre sanguinaire ! Non pas terre, mais cendre ; o mere ! […] La liberté par songe en la terre est cherie.
Avoir transformé une herbe stérile en blé est une espèce de création dont cependant il ne doit pas s’enorgueillir, puisque ce n’est qu’à la sueur de son front et par des cultures réitérées qu’il peut tirer du sein de la terre ce pain, souvent si amer, qui fait sa subsistance2. […] Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois ; avoir plus fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des lettres, que l’on ne fit jamais par la soif de l’or : voilà ce que connaît de vous l’Europe, et ce que dira la postérité. […] Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme de ce beau corps à demi fugitive, S’avançant pas à pas vers un monde enchanté, Voit poindre le jour pur de l’immortalité, Et, dans la douce extase où ce regard la noie, Sur la terre en mourant elle exhale sa joie. […] Il fut choisi, avec Bouguer et Godin, pour aller à l’équateur, déterminer la grandeur et la figure de la terre. […] Il convient de lire après cette page celle de Bossuet que voici : « L’homme a presque changé la face du monde ; il a su dompter par l’esprit les animaux qui le surmontaient par la force ; il a su discipliner leur humeur brutale, et contraindre leur liberté indocile ; il a même fléchi par adresse les créatures inanimées : la terre n’a-t-elle pas été forcée par son industrie à lui donner des aliments plus convenables, les plantes à corriger en sa faveur leur aigreur sauvage, les venins même à se tourner en remèdes pour l’amour de lui ?
Plus vous le connaissez, plus vous l’aimez ; plus vous vous unissez à lui, plus vous sentez qu’il n’y a de véritable bonheur sur la terre, que celui de le connaître et de l’aimer ». […] » Ainsi vécut d’abord l’impie sur la terre : il adora avec le reste des hommes un être suprême ; il redouta ses châtiments, il attendit ses promesses. […] Voilà les raisons insurmontables que l’impie oppose à la foi de tout l’univers ; voilà cette évidence qui l’emporte, dans son esprit, sur tout ce qu’il y a de plus évident et de mieux établi sur la terre » ! […] Si l’homme n’a point d’autre bonheur à espérer, qu’un bonheur temporel, pourquoi ne le trouve-t-il nulle part sur la terre ? […] Un sentiment si éloigné de la nature de l’homme, puisqu’il ne serait né que pour les fonctions des sens, aurait-il pu prévaloir sur la terre ?
» Ce jour même des miens est le dernier peut-être : » Trop connu de la terre, on meurt sans se connaître. […] Grand, petit, riche, pauvre, heureux ou malheureux, Étranger sur la terre, adorez votre maître. […] C’était un de ces favoris insolens, qui, parvenus à force de bassesses au faîte du pouvoir, ne s’y maintiennent qu’à force de crimes et d’attentats ; et qui, après avoir fait gémir la terre de leur élévation, lui donnent par leur chute un moment de consolation. […] Ô riches de la terre ! […] Mais ce sommeil, ces heures paresseuses, cet oubli si complet de la nature entière sont-ils bien le rôle et le devoir de l’homme sur la terre ?
Les riches de la terre, qui, durant cette vie, jouissent de la tromperie d’un songe agréable, et s’imaginent avoir de grands biens, s’éveillant tout à coup dans ce grand jour4 de l’éternité, seront tout étonnés de se trouver les mains vides. […] Son discours, bien loin de couler avec cette douceur agréable, avec cette égalité tempérée que nous admirons dans les orateurs, paraît inégal ou sans suite à ceux qui ne l’ont pas assez pénétré ; et les délicats de la terre, qui ont, disent-ils, les oreilles fines, sont offensés de la dureté de son style irrégulier. […] Nous lisons dans La Bruyère : « Laissez faire Ergaste, et il exigera un droit de tous ceux qui boivent de l’eau de la rivière ou qui marchent sur la terre ferme. […] Les pauvres, depuis ce temps, sont les confidents du sauveur, les premiers membres de ce royaume spirituel sur la terre. » 1. […] Ici, sur la terre 3.
Si l’on nous offrait l’immortalité sur la terre, qui est-ce qui voudrait accepter ce triste présent ? […] Mais quel que soit le nombre des méchants sur la terre, il est peu de ces âmes cadavéreuses devenues insensibles, hors leur intérêt, à tout ce qui est juste et bon. […] Si l’âme la plus pure ne suffit pas seule à son propre bonheur, il est plus sûr encore que toutes les délices de la terre ne sauraient faire celui d’un cœur dépravé. […] Si l’on n’eût prétendu savoir que la terre ne tournait pas, on n’eût point puni Galilée pour avoir dit qu’elle tournait. […] Toute la terre le voit et tressaille ; mais il passe.
Qu’il y voie une infinité d’univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible, dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné ; et, trouvant encore dans les autres la même chose, sans fin et sans repos, qu’il se perde dans ces merveilles aussi étonnantes par leur petitesse que les autres par leur étendue : car qui n’admirera que notre corps, qui tantôt n’était pas perceptible dans l’univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde ou plutôt un tout à l’égard du néant où l’on ne peut arriver1 ? […] La plus grande bassesse de l’homme est la recherche de la gloire : mais c’est cela même qui est la plus grande marque de son excellence ; car, quelque possession qu’il ait sur la terre, quelque santé et commodité essentielle qu’il ait, il n’est pas satisfait s’il n’est dans l’estime des hommes. Il estime si grande la raison de l’homme, que, quelque avantage qu’il ait sur la terre, s’il n’est placé avantageusement aussi dans la raison de l’homme, il n’est pas content. […] Je n’aurai pas davantage en possédant des terres. […] Pascal ne juge ici que l’apparence ; car c’est la terre qui tourne autour du soleil.
Heureux le favori des muses, qui, comme le cygne, a quitté la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes1 ! […] Le myrte et le laurier croissent en pleine terre ; la figue mûrit comme en Provence. […] Chacun retourne à son ouvrage : la religion n’a pas voulu que le jour où l’on demande à Dieu les biens de la terre fût un jour d’oisiveté. […] La scène sur la terre n’était pas moins ravissante : le jour bleuâtre et velouté de la lune descendait dans les intervalles des arbres, et poussait des gerbes de lumière jusque dans l’épaisseur des plus profondes ténèbres. […] L’univers est le temple, et la terre est l’autel.
La troupe aussitôt met pied à terre, fauche le grain, le met en trousse, et remonte à cheval L’officier de cavalerie dit alors à son guide : « Mon père, vous nous avez fait aller trop loin sans nécessité ; le premier champ valait mieux que celui-ci. — Cela est vrai, monsieur, reprit le bon vieillard, mais il n’était pas à moi. » Études de la nature (notes de l’auteur). […] Une vapeur qui sort de la terre est le foyer ordinaire de leur plaisir ; mais souvent une sombre hirondelle traverse tout à coup leur troupe légère et avale à la fois des groupes entiers de danseurs. […] Les hommes se bercent de vaines illusions autour de quelques vapeurs qui s’élèvent de la terre, tandis que la mort, comme un oiseau de proie, passe au milieu d’eux, et les engloutit tour à tour sans interrompre la foule qui cherche le plaisir. […] Quand j’étais loin de ma patrie, je soupirais après des biens que je n’y avais pas ; et cependant vous me faisiez connaître les biens sans nombre que vous avez répandus sur toute la terre, qui est la patrie du genre humain. […] Quand les rudes aquilons ont ravagé la terre, vous appelez le plus faible des vents ; à votre voix le zéphyr souffle, la verdure renaît, les douces primevères et les humbles violettes colorent d’or et de pourpre le sein des noirs rochers.
Mais pourquoi ne pas s’en aller doucement et lentement, à pied, sur terre ? […] Sur les dents, expression familière, signifiant étendu la face contre terre. comme un mort. […] Mais il y a là, dans les plaines de la Beauce ou de la Brie, deux ou trois arpents de terre plate qui m’appartiennent, où j’ai mis ma maison et mon jardin. La propriété prête à cette terre sans grâce un charme particulier ; c’est là qu’est mon cœur ; c’est là que le repos m’est doux ; c’est là que le chagrin m’est moins amer. […] Sans cela, la terre pour moi n’est qu’un espace, et la mort n’est qu’un lieu commun. » (La Fontaine et les fabulistes, éd.