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106. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Sans manifester, comme l’orateur, des passions ardentes, sans sortir de la dignité, de la modération qui convient à l’histoire, il nous communiquera les émotions généreuses de son cœur, il flétrira le vice, et prendra hautement la défense de la vertu : c’est ainsi seulement que l’histoire peut devenir une école de morale. […] L’autre, qui s’adresse plutôt au jugement, peut se nommer philosophique ; elle suppose chez le lecteur une connaissance préalable des faits ; elle les serre, les abrège et les groupe pour en faire sortir un enseignement.

107. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Balzac. (1594-1655.) » pp. 2-6

Il y a une faiseuse de bouquets, je ne l’ose nommer Eloquence, qui est toute peinte et toute dorée, qui semble toujours sortir d’une boîte, qui n’a soin que de s’ajuster et ne songe qu’à faire la belle ; qui, par conséquent, est plus propre pour les fêtes que pour les combats, et plaît davantage qu’elle ne sert2, quoique néanmoins il y ait des fêtes dont elle déshonorerait la solennité et des personnes à qui elle ne donnerait point de plaisir. […] On peut rapprocher ce passage de quelques idées de Bossuet (dans sa lettre sur l’éducation du grand Dauphin) : ce grand homme voulait aussi que l’éloquence « ne fût pas une discoureuse, dont les paroles n’ont que du son ; qu’elle ne fût pas enflée et vide de choses, mais saine et vigoureuse ; qu’elle ne fût pas fardée, mais qu’elle eût un teint naturel et une vive couleur, et, pour tout éclat, celui qui sort de la vérité même ».

108. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Qu’on veuille prouver « que les magistrats ne doivent pas être élus par le sort », on dira : « C’est comme si l’on avait recours au sort pour le choix des athlètes, pour le choix d’un pilote, etc ». […] Tel est le sort de ces pauvres gens : une vie dure et laborieuse. […] Sort, pour s’élancer de son trône, est impropre. […] Sors, qui veut dire le sort, est souvent pris, par métalepse, pour le partage des lots au sort et les lots eux-mêmes adjugés par le sort : c’est l’antécédent pour le conséquent. […] je suis content et mon sort est rempli.

109. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Sors donc de devant moi, monstre d’impiété ; De toutes les horreurs, va, comble la mesure. […] Dans le passage suivant, nous voyons le monarque frappé par la main de Dieu, se résignant à son sort avec le courage du chrétien, et s’avouant heureux d’être appelé au ciel le vendredi saint. […] (Almanzor sort. […] Le premier contient une réponse de Jupiter aux plaintes de Vénus sur le sort d’Énée, son fils ; Ce dieu donc des dieux le plus sage. […] Ce grand peuple espagnol aux membres énervés, Qui s’est couché dans l’ombre et sur qui vous vivez, Expire dans cet antre où son sort se termine, Triste comme un lion mangé par la vermine !

110. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Voilà la vraie moralité qui sort de la comédie de George Dandin ; voilà la leçon que donne l’expérience. » (La Fontaine et les fabulistes. […] Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr lui et son armée, quelque effort qu’il fit pour se retirer. Dites au même enfant que le renard et le bouc descendirent au fond d’un puits pour y éteindre leur soif ; que le renard en sortit s’étant servi des épaules et des cornes de son camarade comme d’une échelle ; au contraire, le bouc y demeura pour n’avoir pas eu tant de prévoyance, et par conséquent il faut considérer en toute chose la fin.

111. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Creare, créer, donner l’être, faire sortir du néant. […] Exigere (agere ex), faire sortir, chasser d’un lieu. […] Maigre tu es entrée, maigre il te faut sortir. […] Gens trojana, gens romana, gens gallica. — Natio (de natus) est un peuple particulier sorti de la race dont on parle. […] Aviculi gestiunt evolare, les petits oiseaux brûlent d’envie de sortir de leurs nids. — Exilire (de ex et salire), sortir en sautant.

112. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

Mais ce qui nous surprendra davantage dans un siècle aussi reculé, dans un climat presque barbare, et chez des peuples à peine sortis des mains de la nature, c’est de trouver des discours dans la force du terme, des harangues de longue haleine, et qui paraissent avoir été le fruit de la réflexion et du travail, tant on y remarque l’art de mettre à profît toutes les circonstances possibles, de ne dire que ce qu’il faut, et de le dire précisément comme il doit être dit pour produire l’effet que l’on en attend. […] » Je pars pour Jérusalem : j’ignore quel y sera mon sort ; la seule chose dont je sois sûr, c’est que les fers et les tribulations m’y attendent.

113. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains. […] Jasmins, sortez du sein des herbes ; Montez, ombragez ces berceaux ; Et vous, aimables arbrisseaux, Lilas, croissez, tombez en gerbes, Ornez ces portiques nouveaux. […] Plutona sort de son trône ; il pâlit, il s’écrie : Il a peur que ce Dieu, dans cet affreux séjour, D’un coup de son trident ne fasse entrer le jour, Et par le centre ouvert de la terre ébranlée, Ne fasse voir du Styxb la rive désolée, Ne découvre aux vivants cet empire odieux, Abhorré des mortels, et craint même des Dieux. […] Tout y entre, et rien n’en sort.

114. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Dépositaire de ma foudre, Maître de punir et d’absoudre, Leur sort est remis dans tes mains. […] Notre espoir a péri, disaient-ils ; et nos crimes             Ont mérité ce sort cruel. […] Ils sortent pour obéir, et bientôt après reparaît l’homme vêtu de lin, qui ne profère que ces mots : J’ai fait ce que tu m’as ordonné 156.

115. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Tout ce que nous venons de voir ne sort pas de la généralité, et peut s’appliquer à toutes espèces de composition ; mais l’art de composer a deux branches principales, qui sont la narration et le discours. […] Pour faire une application exacte, sans sortir de la généralité, nos avocats sont-ils tous probes, modestes, bienveillants et prudents, suivant le sens que nous avons donné à ces mots ? […] Je crois qu’il est plus facile de faire passer quelqu’un de la haine à l’amour, ou de l’amour à la haine, que de vaincre l’indifférence, cet état passif de l’âme, qu’aucun aiguillon ne peut faire sortir de sa torpeur habituelle.

116. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

Sur le tombeau d’un petit enfant Nature d’où tout sort, nature où tout retombe, Feuilles, nids, doux rameaux que l’air n’ose effleurer, Ne faites pas de bruit autour de cette tombe ; Laissez l’enfant dormir et la mère pleurer4 ! […] L’âme de deuil en deuil, l’homme de rive en rive   Roule à l’éternité4… Dès qu’il possède un bien, le sort le lui retire ; Rien ne lui fut donné dans ses rapides jours, Pour qu’il s’en puisse faire une demeure, et dire : C’est ici ma maison, mon champ et mes amours5 ! […] Sur lui-même Si parfois de mon sein s’envolent mes pensées, Mes chansons par le monde en lambeaux dispersées2 ; S’il me plaît de cacher l’amour et la douleur Dans le coin d’un roman ironique et railleur3 ; Si j’ébranle la scène avec ma fantaisie ; Si j’entre-choque aux yeux d’une foule choisie D’autres hommes comme eux, vivant tous à la fois De mon souffle, et parlant au peuple avec ma voix ; Si ma tête, fournaise où mon esprit s’allume, Jette le vers d’airain qui bouillonne et qui fume Dans le rhythme profond, moule mystérieux D’où sort la strophe ouvrant ses ailes dans les cieux ; C’est que l’amour, la tombe, et la gloire et la vie, L’onde qui fuit, par l’onde incessamment suivie, Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal1, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore2 !

117. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Lorsqu’un innocent meurt sur un échafaud, des générations entières s’occupent de son malheur, tandis que des milliers d’hommes périssent dans une bataille sans qu’on s’informe de leur sort. […] Les hasards, la maladie, les accidents de toute espèce disposant de notre sort malgré nous, comment donc le but de notre liberté morale serait-il le bonheur de cette courte vie que la souffrance et la vieillesse et la mort mettent hors de notre puissance ? […] Pourtant il me sera doux, aussi, de sortir de cette retraite, quand ce sera pour vous revoir, et madame de Coriolis, et monsieur votre fils, à qui je vous prie de dire combien je suis sensible à leur souvenir.

118. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

Quoique le roman, tel que nous le comprenons aujourd’hui, soit une véritable création des temps modernes, on peut dire que, dans tous les âges et dans tous les lieux, l’homme s’est plu à sortir en imagination de la vie ordinaire, et à rêver un ordre d’événements plus varié, plus fantastique, plus en harmonie avec ses désirs. […] Il n’a rien de commun avec le Midi, pays des chimères, des aventures, des allégories et des symboles ; il sort tout armé de l’imagination rêveuse des hommes du Nord, qui se plaît à l’analyse des caractères, à l’examen détaillé des individus et à la peinture des mœurs.

119. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

« On appelle cors les cornes qui sortent des perches du cerf, dit le dictionnaire de l’Académie ; et un cerf de dix cors, ou, plus ordinairement, cerf dix cors, est un cerf de moyen âge. » — Néanmoins La Fontaine, dans ses Fables, X, 1, entend par cerf dix cors un vieux cerf : L’animal chargé d’ans, vieux cerf et de dix cors… 2. […] Sort du bois… 1.

120. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Gresset s’en est souvent servi avec avantage : Dans maint auteur de science profonde J’ai lu qu’on perd à trop courir le monde ; Très rarement en devient-on meilleur : Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur. […] C’est promettre beaucoup : mais qu’en sort-il souvent ? […] Voici un exemple où l’on trouve des vers de toutes les mesures : O mort, viens terminer ma misère cruelle, S’écriait Charle, accablé par le sort. […] 3° Lorsque le sens finit par un mot placé entre une virgule et un point et virgule ou deux points : Sitôt que du nectar la troupe est abreuvée, On dessert ; et soudain, la nappe étant levée… 4° Lorsqu’on ajoute aux mots qui forment enjambement un développement qui complète le vers : Ce malheureux combat ne fit qu’approfondir L’abîme dont Valois voulait en vain sortir. […] On ne peut donc dire : Déjà François second, par un sort imprévu, Avait rejoint son père au tombeau descendu.

121. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

L’homme et l’univers En voyant l’aveuglement et la misère de l’homme, en regardant tout l’univers muet1, et l’homme sans lumière, abandonné à lui-même, et comme égaré dans ce recoin de l’univers, sans savoir qui l’y a mis, ce qu’il y est venu faire, ce qu’il deviendra en mourant, incapable de toute connaissance, j’entre en effroi2 comme un homme qu’on aurait porté endormi dans une île déserte et effroyable, et qui s’éveillerait sans connaître où il est, et sans moyen d’en sortir. […] Pascal a passé vite sur la terre ; mais pendant cette courte apparition, il a entrevu la beauté parfaite, il s’y est attaché de toutes les puissances de son esprit et de son cœur, et il n’a rien laissé sortir de ses mains qui n’en portât la vive marque.

122. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Je dis qu’il faut régler, par un commun accord, La révolution dont nous tenons le sort. […] C’était une impression semblable à celle qu’éprouve le voyageur quand, au sortir d’un pays montagneux et tourmenté, où ne manquent ni les noirs défilés, ni les précipices, il débouche à l’improviste dans une contrée avenante dont les sites réveillent en lui des souvenirs du lieu natal. » 1. […] On sait qu’ayant vu son père et son frère assassinés par Tarquin le Superbe, et craignant le même sort, il contrefit l’insensé pendant plusieurs années, jusqu’au jour où il leva le masque, et chassa les rois, 509 ans avant J.

123. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre II. De l’arrangement des Mots. » pp. 87-179

On dira bien : votre faute n’est pas pardonnable : le sort de votre ami est déplorable. […] Dites : les vaisseaux qui entrent dans ce bras de mer, et qui en sortent, s’arrêtent souvent dans un petit port qui n’en est pas éloigné : = le souverain créateur préside au mouvement des astres, et le règle avec une sagesse infinie. […] Verbes neutres : = cette grande armée était déjà partie, lorsque les deux derniers régiments sont arrivés : = si nous étions sortis plus tard, nous serions infailliblement tombés dans ce précipice. […] Le même auteur a fait aussi une faute, en disant : tant d’ouvrages que j’ai vu applaudis au théâtre et méprisés à la lecture, me font craindre pour le mien le même sort. […] La conjonction négative ne, doit être mise après la conjonction à moins que. = Je ne sortirai pas, à moins qu’il ne fasse beau, à moins que vous ne veniez me prendre.

124. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ses paroles sortent de sa bouche, les nôtres sortent du cœur. […] Ne sortez jamais de votre naturel, ne cherchez à imiter personne ni à vous former un modèle imaginaire. […] quels ouvrages sortent parfaits de la main des hommes ? […] En matière de raisonnement, les hommes peuvent rester longtemps plongés dans l’erreur ; des raisonnements plus solides les en feront sortir. […] Il est loin d’Horace pour la grâce et la facilité de l’expression ; il veut trop souvent être sublime ; et, comme il arrive presque toujours, il sort du naturel, et paraît dur et forcé.

125. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Dans trois de ses chefs d’œuvre il a mis en scène une mère que préoccupe le sort de son enfant. […] Tel n’est pas le sort de ceux qui veulent et qui savent écrire. […] On se tenait dans son état, ou, du moins, on n’en sortait pas facilement. […] Avant lui, la scène française n’existait pas : la tragédie française sortit tout armée de sa tête comme une nouvelle Pallas d’un nouveau Jupiter. […] Pui Auguste, Cinna, César vinrent faire entendre sur la scène étonnée les plus profonds discours politiques dont ait jamais dépendu le sort d’un État.

126. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

En général, quand on néglige l’ordre, c’est dans les petites parties qu’il est permis de le faire ; les grandes parties, les parties essentielles, doivent sortir du même fond, se rapporter au même but, être liées l’une à l’autre, et former un ensemble non moins utile qu’agréable au lecteur120. […] Ce mot, dont tout le monde comprend le sens général et ordinaire, est pris en poésie dans un sens particulier, pour exprimer ce qui vient après le dénouement et qui règle définitivement le sort des personnages. […] Tantôt ce sont des dieux, des maîtres souverains, des arbitres qui règlent entre eux et despotiquement le sort des hommes ; tantôt ils se mêlent aux actions humaines, comme hommes eux-mêmes ou en prenant un visage humain ; tantôt ils opèrent seulement par des songes, des visions nocturnes, etc. […] Il a de Jupiter la taille et le visage ; Et, depuis ce Romain dont l’insolent passage Sur un pont, en deux jours, trompa tous tes efforts, Jamais rien de si grand n’a paru sur tes bords. » Le Rhin tremble et frémit à ces tristes nouvelles ; Le feu sort à travers ses humides prunelles.

127. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

L’esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu’à en faire trouver aux autres : celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l’est de vous parfaitement. […] Pamphile ou le vaniteux Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité : il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe1 pour se faire valoir ; il dit : Mon ordre, mon cordon bleu 2 ; il l’étale ou il le cache par ostentation : un Pamphile, en un mot, veut être grand ; il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après un grand3. […] Je reviens avant le temps qu’ils m’ont marqué, et ils me disent que vous êtes sorti. […] Ils naissent instruits4, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance.

128. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Montluc, 1503-1577 » pp. -

Or n’avions-nous autres herbes au long des murailles de la ville ; car tout estoit mangé, et encores n’en pouvions avoir sans sortir à l’escaramouche6 ; et alors tous les enfans et femmes de la ville sortoient au long des murailles ; mais je vis que j’y perdois force gens, et ne volsis7 plus laisser sortir personne…… En cest estat nous traisnasmes jusques au huictiesme d’avril8, que nous eusmes perdu toute esperance.

129. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

C’est ainsi que Fléchier, après avoir loué la noblesse du sang dont sortait M. de Turenne, ajoute sur-le-champ : « Mais que dis-je ? […] Vous aurez donc le même sort qu’eux.

130. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

Le style vrai est cette façon de dire tellement d’accord avec la nature de la personne qui parle, la position où elle se trouve, le milieu où elle agit, les circonstances qui l’affectent, que le lecteur ne se figure pas la possibilité de penser ou de s’exprimer autrement, que rien n’indique la recherche, l’embarras, le parti pris d’adopter telle forme, de produire tel effet, de faire un sort, selon l’expression de Rivarol, il chaque mot et à chaque phrase. […] On ne sortait de la trivialité que pour tomber dans l’emphase ; la noblesse et la dignité réelle manquaient encore.

131. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

« Le sort, dit le vieillard, n’est pas toujours de fer. […] Il les entend, près de son jeune guide, L’un sur l’autre pressés, tendre une oreille avide ; Et Nymphes et Sylvains sortaient pour l’admirer, Et l’écoutaient en foule, et n’osaient respirer ; Car, en de longs détours de chansons vagabondes, Il enchaînait de tout les semences fécondes, Les principes du feu, les eaux, la terre et l’air, Les fleuves descendus du sein de Jupiter, Les oracles, les arts, les cités fraternelles, Et depuis le chaos les amours immortelles5.

132. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Un tel sort n’est sans doute pas à craindre pour le pays qui conserve l’amour des nobles études ; qui, après s’être mis à la tête de la civilisation intellectuelle de l’Europe, sait toujours s’y maintenir ; qui a vu depuis cinquante années les grands talents au service des grandes affaires, et qui promet à l’esprit la gloire comme autrefois, et de plus qu’autrefois le gouvernement de l’État. […] Elle offre surtout des enseignements et des espérances à ceux qui, nés dans une humble condition, sans appui et sans fortune, sentent en eux le désir d’améliorer leur sort, et cherchent les moyens de se distinguer parmi leurs semblables.

133. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Mais, une fois que vous y êtes entré, ne vous pressez point d’en sortir. […] On pouvait même craindre que les juges ne se crussent bravés par un homme dont le sort était entre leurs mains. […] Je me suis habillé ce matin, je suis sorti du logis, je me suis rendu chez mon ami. […] Le temps ne paraît pas une chose dont on puisse sortir autrement que par la mort. […] je meurs content, et mon sort est rempli.

134. (1881) Rhétorique et genres littéraires

À d’illustres parents s’il doit son origine, La splendeur de son sort doit hâter sa ruine ; Dans le vulgaire obscur si le sort l’a placé, Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé ? […] le temps sur vos poussières À peine encore a fait un pas ; Sortez, ô mânes de nos pères. Sortez de la nuit du trépas ! […] je meurs content, et mon sort est rempli. […] C’est promettre beaucoup : mais qu’en sort-il souvent ?

135. (1852) Précis de rhétorique

Elle sera simple et claire, et devra sortir du sujet comme une fleur de sa tige. […] Si je dis : Éléonore est courageuse, je conserve aux mots leur sens propre, je ne sors point de l’ordre moral, je parle sans figure. […] C’est la parole de Dieu qui sort de la bouche de l’homme. […] S’écriait Charle, accablé par le sort. […] [Racine]) La césure qui est après le mot pâle nous arrête sur le sort déplorable de Mardochée ; notre pitié est vivement excitée, et plus nous gémissons sur le sort du juste persécuté, plus nous admirons son héroïsme, quand le rythme se relève vivement dans le magnifique vers qui suit.

136. (1875) Poétique

Cela est si vrai, qu’il nous en échappe souvent dans la conversation ; au lieu que nous ne faisons guère d’hexamètres que quand nous sortons du style simple. […] Puisque c’est par la pitié et par la terreur que le poète tragique doit produire le plaisir, il s’ensuit que ces émotions doivent sortir de l’action même. […] Il suit de là évidemment que les dénouements doivent sortir du fond même du sujet, et non se faire par machine comme dans la Médée ou dans le retour des Grecs de la petite Iliade. […] Amphiaraüs sortait du temple ; et le spectateur, qui ne l’avait point vu sortir, l’ignorait.

137. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Il s’agissait de sortir de l’Afrique ; de passer toute l’Espagne ; de surmonter les Pyrénées ; de traverser le Rhône si vaste et si rapide vers son embouchure, dont les rivages étaient bordés de tant d’ennemis ; de s’ouvrir un chemin à travers les Alpes, où l’on n’avait jamais passé ; de ne marcher que sur des précipices, de disputer chaque pas qu’il fallait faire à des peuples postés partout en embuscade, dans des défilés continuels, parmi les neiges, les glaces, les pluies, les torrents ; de défier ces orages et ces tonnerres si fréquents et si furieux alors dans les montagnes ; de faire la guerre au ciel, à la terre, à tous les éléments ; de traîner après soi une armée de cent mille hommes, de nations différentes, mais tous gens mal satisfaits d’un capitaine, dont ils ne pouvaient imiter le courage. […] Mais elle sort glorieuse et triomphante de tous ses combats ; et nous la voyons, au milieu des fréquents assauts que lui livrent le libertinage, l’erreur et l’incrédulité, nous la voyons constamment inébranlable, telle qu’un rocher au pied duquel vont se briser, en mugissant, les flots soulevés par les plus violents orages. […] Mais ils nous font sentir en même temps notre impuissance de nous élever jusqu’à l’imitation de ces actions d’éclat, qui ont fixé la destinée des empires et le sort des peuples : au lieu que nous ne jugeons pas au-dessus de nos forces morales, les actions particulières d’un homme, quelque illustres qu’aient été son rang et sa naissance. […] Ce discours qui, selon Voltaire, n’a eu ni modèles, ni imitateurs, est un des plus beaux morceaux d’éloquence qui soient sortis de la main des hommes, et en même temps celui qui nous apprend le mieux l’usage que nous devons faire de l’histoire.

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