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2. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

L’hiatus était autrefois permis dans notre poésie. […] Dans quel cas l’hiatus est-il permis ? […] Dans quel cas l’enjambement est-il permis ? […] La fausse rime est-elle permise ? […] Quelles sont les licences orthographiques permises en poésie ?

3. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Elle fait apercevoir, entre des faits disparates au premier coup d’œil, le caractère général qui permet de les rapporter l’un à l’autre ; entre des personnages divers, le point de contact qui les groupe, comme amis ou comme ennemis, autour d’une même idée. […] L’esprit, en effet, ne cherche à tenter Jésus que parce qu’il prévoit sa grandeur, parce que la naissance de Jésus, ses droits à la couronne, les prophéties qui l’annonçaient ne lui permettent pas d’en douter. […] Mais n’oubliant pas qu’il s’adresse spécialement ici aux hautes classes de la société ; que, s’il parle des autres hommes, ce n’est que d’une façon accessoire et pour faire ressortir la position des grands, l’orateur s’arrête plus longtemps sur ces derniers ; il explique quel résultat produit chez eux, dans le domaine de la passion, ce privilége de la naissance qui, leur ayant donné tout le reste, leur permet de s’occuper exclusivement du plaisir, sans en être distraits par les soins de la fortune. […] Sire, les signes éclatants qui avalent accompagné la naissance et les commencements de la vie de Jésus-Christ ne permettaient pas au démon d’ignorer que le Très-Haut ne le destinât à de grandes choses. […] Non, Sire, les grands se croient tout permis, et on ne pardonne rien aux grands ; ils vivent comme s’ils n’avaient point de spectateurs, et cependant ils sont tout seuls comme le spectacle éternel du reste de la terre.

4. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

On pouvait juger par l’orgueil de ces rois, toujours vainement mortifiés par leurs défaites, qu’ils précipiteraient leur chute en donnant toujours des batailles, et que la flatterie ne permettrait jamais qu’ils pussent douter de leur grandeur. […] Les Francs et les Bourguignons permirent ces mariages ; les Visigoths les défendirent en Espagne, et ensuite ils les permirent ; les Lombards ne les permirent pas seulement, mais même les favorisèrent : quand les Romains voulurent affaiblir la Macédoine, ils y établirent qu’il ne pourrait se faire d’union par mariage entre les peuples des provinces. […] Il épousa, suivant la loi des Perses, qui permettait d’avoir plusieurs femmes, Statire, fille de Darius, et Roxane, fille d’un satrape.

5. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Refuser justice à celui qui tient le glaive, c’est tout lui permettre. […] Dieu pourrait-il permettre que le vice triomphât de la vertu ? […] Puisse Jupiter ne pas permettre que tu persistes dans tes résolutions ! […] Je permettrai le retour dans leurs foyers à ceux qui auront ce désir, je les y reconduirai moi-même. […] Permettez-moi d’ajouter qu’en effet les Lacédémoniens sont libres, mais non pas d’une manière absolue.

6. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Votre bon cœur est pressé de reconnaissance et d’amitié pour moi ; je vous permets de le dire ; car je suis fort touchée de ces sentiments, et ce sont des vertus : mais il fallait le dire sans chercher des termes et des expressions plus propres à une déclamation qu’à une lettre. » L’autre excès est le trop de négligence. On doit dire dans une lettre les choses comme elles se présentent à l’esprit, sans se permettre jamais des mots impropres, des phrases triviales, des proverbes populaires. […] On recommande cependant, et avec juste raison, d’y être réservé sur la plaisanterie : il ne faut se la permettre que rarement, en écrivant à un ami. […] C’était beaucoup que le premier de ces dons : mais la cruelle médiocrité rend cet honneur bien pensant ; et qui sait si cette fâcheuse compagne vous aurait permis de vivre, et de mourir avec toute la pureté de votre naissance ? […] Si on le fait, c’est toujours avec ce correctif : Permettez que Madame, etc.

7. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Il est permis de mettre des coquins sur la scène, mais il est beau d’y mettre des gens de bien. » (Voltaire. […] La Mesnardière, Poétique (1640), chap. v, p. 48, permet d’outrepasser, pour la tragédie, les vingt-quatre heures, à condition toutefois que ce soit « pour attraper quelque incident qui mérite d’être acheté par une infraction si légère ». […] Marmontel écrit : « La même continuité d’action qui, chez les Grecs, liait les actes l’un à l’autre et qui forçait l’unité de temps, n’aurait pas dû permettre le changement de lieu  les Grecs ne laissaient pourtant pas de se donner quelquefois cette licence, comme on le voit dans les Euménides. » Et plus bas : « On n’a pas toujours ni partout reconnu comme indispensable la règle des unités : on sait que sur le théâtre anglais et sur le théâtre espagnol elle est violée en tout point et contre toute vraisemblance. […] Le public se plaisait aux changements de scène  il voulait qu’on le divertît par la variété des décorations, comme par la diversité des incidents et des aventures  et lorsque Mairet donna la Sophonisbe, il eut bien de la peine à obtenir des comédiens qu’il lui fût permis d’observer l’unité de lieu. » (Éléments de Littérature, au mot Unité.

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre IV. De l’Éloquence chez les modernes. »

Comme on peut dire qu’il n’y eut plus de Grecs ni de Romains, dès l’instant qu’il ne fut plus permis, à Athènes ou à Rome, d’exposer publiquement, et de défendre avec courage les intérêts de la liberté et la forme du gouvernement ; on peut dire aussi que tout fut perdu pour l’éloquence, dès qu’il n’y eut plus de peuples essentiellement libres. […] L’Anglais, sage jusque dans ses écarts, se permet peu d’ornements, tend directement au bon sens, à la raison, et s’embarrasse peu d’adoucir l’aspérité des sentiers qui y conduisent. […] De là cette attention continuelle à nous prémunir contre l’influence et les charmes de l’élocution : de là, ce soin scrupuleux de nos orateurs modernes à se renfermer dans les bornes de la raison, à ne se rien permettre qui puisse la choquer ou la contredire, bien convaincus d’avance que le discours le plus éloquent manquerait nécessairement son but, pour peu qu’il s’écartât de cette grande règle qui exige que tout tende au bon sens : Scribendi rectè sapere est et principium et fons.

9. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Monsieur le Vicaire général, Mes occupations ne m’ayant pas permis, à mon grand regret, d’examiner moi-même vos trois volumes sur le Style, la Poésie et la Rhétorique, j’en ai confié l’examen aux professeurs de littérature de mon petit séminaire. […] Je ne trouve pas moins digne d’éloge votre sévérité ou plutôt votre justice à condamner certains livres, dont il ne faut à aucun prix se permettre la lecture, quand bien même on devrait se résoudre à ignorer quelque chose. […] Monsieur le Vicaire général, Les travaux incessants de mon ministère ne me permettant pas de lire avec assez de suite le Cours de littérature auquel vous avez consacré vos talents et vos longues études, j’ai fait examiner avec soin cet important ouvrage par MM. les Directeurs du Petit-Séminaire de Langres, et le jugement si favorable qu’ils en ont porté est venu confirmer mes appréciations personnelles. […] J’en ferai l’éloge en trois mots : des nombreux manuels que je possède sur la matière, le vôtre, permettez-moi de vous le dire, est assurément le plus complet, le mieux rédigé et le plus sûr.

10. (1839) Manuel pratique de rhétorique

On a demandé s’il est permis à l’orateur d’employer les mouvements, les passions : la réponse est simple. […] Il est donc permis, souvent même nécessaire d’employer les passions. […] — Est-il permis à l’orateur d’employer les mouvements ? […] Pourquoi avez-vous permis mon retour ? […] Mais quand je pourrais le vouloir, qui me le permettrait ?

11. (1852) Précis de rhétorique

Ne dirait-on pas mieux : Veuillez me permettre de prendre une prise ? […] Est-il permis dans la narration poétique de ne pas suivre exactement les règles de la disposition ? […] N’est-ce point dans les discours du genre académique qu’il est permis d’user de tous les moyens de l’élocution ? […] Racine se permet-il de faire enjamber un génitif ? […] Dans la poésie, il n’est point permis, excepté quelques cas rares.

12. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Me sera-t-il permis de hasarder mon jugement sur le Traité des études, de M.  […] Il était si peu nécessaire de recourir à des formes si acerbes envers un homme d’esprit, d’excellent ton, et membre de l’Académie française, que Boivin, qui, dans le même temps, en 1715, soutenait le même parti que madame Dacier dans son Apologie d’Homère ne se les est jamais permises. […] Mais Pompée ne peut savoir le crime et le permettre sans y participer. […] Si vous le regrettez, pourquoi ne me le permettez-vous pas ? et si vous ne le pouvez permettre, pourquoi le regrettez-vous ?

13. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Ce fut l’événement décisif de sa vie ; car son entrée dans une maison princière lui permit d’assister de près au spectacle de la comédie humaine, où figuraient les originaux de la cour et de la ville. […] Celui-ci1 passe Juvénal, atteint Horace, semble créer les pensées d’autrui et se rendre propre tout ce qu’il manie ; il a, dans ce qu’il emprunte des autres, toutes les grâces de la nouveauté et tout le mérite de l’invention ; ses vers forts et harmonieux, faits de génie quoique travaillés avec art, pleins de traits et de poésie, seront lus encore quand la langue aura vieilli, en seront les derniers débris ; on y remarque une critique sûre, judicieuse et innocente, s’il est permis du moins de dire de ce qui est mauvais qu’il est mauvais. […] Avouons-le, on sent la force et l’ascendant de ce rare esprit, soit qu’il prêche de génie et sans préparation, soit qu’il prononce un discours étudié et oratoire, soit qu’il explique ses pensées dans la conversation : toujours maître de l’oreille et du cœur de ceux qui l’écoutent, il ne leur permet pas d’envier ni tant d’élévation, ni tant de facilité, de délicatesse, de politesse ; on est assez heureux de l’entendre, de sentir ce qu’il dit, et comme il le dit ; on doit être content de soi si l’on emporte ses réflexions et si on en profite. […] Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisse leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. »(Petit Carême, 5e sermon). […] La Bruyère donne ce conseil aux hommes constitués en de hautes charges : « Ministres, favoris, me permettrez-vous de le dire ?

14. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Aussi est-ce alors qu’ils permettent d’ouvrir toutes les sources de l’éloquence, et de mettre tontes voiles au vent ; hic, si usquam, totos eloquentiœ Operire rire fontes licet, tota possumus pandere vela. Comme il s’agit à ce moment décisif de frapper les derniers coups, comme l’auditeur s’est échauffé à votre feu, identifié avec vos sentiments, tout alors vous est permis, tours animés, expressions énergiques, figures brillantes et hardies, hypotyposes, prosopopées, invocation de la nature entière, animée ou inanimée, en un mot, tout ce que la passion brûlante, impétueuse, peut vous fournir pour enfoncer le trait dans les âmes, pour faire jouer les deux grands ressorts tragiques, la terreur et la pitié. […] Cette profonde sympathie pour les misères physiques et morales de l’humanité, ce salutaire effroi des impénétrables jugements de Dieu, cette invincible fermeté contre les méchants, cette inépuisable charité qui doivent animer le prédicateur, lui permettent de multiplier les tableaux terribles ou touchants, énergiques ou tendres, de répandre l’onction la plus pénétrante, de faire un appel aux sentiments les plus affectueux. […] C’est sans doute d’après ces motifs que l’abbé Maury ne permet point de terminer les discours prononcés du haut de la chaire par ces résumés, ces récapitulations plus convenables en effet aux œuvres qui s’adresent à l’esprit et à la raison qu’à celles qui en même temps parlent au cœur.

15. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-8

Monsieur le Vicaire général, Mes occupations ne m’ayant pas permis, à mon grand regret, d’examiner moi-même vos trois volumes sur le Style, la Poésie et la Rhétorique, j’en ai confié l’examen aux professeurs de littérature de mon petit séminaire. […] Je suis ravi que vous ayez combattu la théorie funeste de l’art pour l’art, en traçant avec fermeté le but moral du poète et de l’orateur, aussi bien qu’en donnant l’idée la plus pure et la plus haute de la noble mission de l’écrivain Je ne trouve pas moins digne d’éloge votre sévérité ou plutôt votre justice à condamner certains livres, dont il ne faut à aucun prix se permettre la lecture, quand bien même on devrait se résoudre à ignorer quelque chose. […] J’en ferai l’éloge en trois mots : des nombreux manuels que je possède sur la matière, le vôtre, permettez-moi de vous le dire, est assurément le plus complet, le mieux rédigé et le plus sûr.

16. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

S’il est permis au premier de forcer un peu les couleurs, en appuyant sur les points favorables à sa cause, le second a le droit de tout oser. […] Dans l’exposé du fait, il faut placer les circonstances dans un ordre qui permette à l’intérêt de croître de plus en plus, et les lier étroitement au moyen d’habiles transitions. […] Les réflexions sont-elles permises dans la narration ? Non seulement les réflexions sont permises dans la narration, mais elles sont très propres à faire naître et à augmenter l’intérêt. […] Si cette facilité n’autorise jamais la négligence et le manque de soin, elle permet d’omettre les transitions et de passer brusquement d’une idée à une autre.

17. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Ne craignez pas, Monsieur, que je veuille vous louer longuement de cette destinée1 ; mais permettez-moi d’en chercher la cause dans une question plus générale que vous vous êtes proposée tout à l’heure, et que vous avez décidée avec plus d’esprit et de succès que de vérité. […] Il y a moyen de dire toutes les vérités poliment. — Joubert disait : « Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leur véhémence, leur flamme, sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs. […] Voici les conseils que Lamotte donnait aux critiques de son temps : « La critique est sans doute permise dans la république des lettres. […] Que de gens se permettent de régenter, et devraient être récusés comme des juges incompétents !

18. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

C’est sur le champ de bataille de Marengo3, au milieu des souffrances et environné de quinze mille cadavres, que je conjure Votre Majesté d’écouter le cri de l’humanité, et de né pas permettre que les enfants de deux braves et puissantes nations s’entr’égorgent pour des intérêts qui leur sont étrangers. […] Si Votre Majesté se refusait à ces propositions, les hostilités recommenceraient5 ; et, qu’elle me permette de le lui dire franchement, elle serait, aux yeux du monde, seule responsable de la guerre. […] Je sens que peut-être j’irrite dans cette lettre une certaine susceptibilité naturelle à tout souverain ; mais les circonstances ne demandent aucun ménagement ; je lui dis les choses comme je les pense ; et, d’ailleurs, que Votre Majesté me permette de le lui dire, ce n’est pas pour l’Europe une grande découverte que d’apprendre que la France est du triple plus populeuse, et aussi brave et aguerrie que les États de Votre Majesté. […] La vraie puissance de la République française doit consister désormais à ne pas permettre qu’il existe une seule idée nouvelle qu’elle ne lui appartienne2. […] « Vouloir ôter l’honneur à toute une armée de braves gens, leur proposer de quitter l’Allemagne par journées d’étapes, à la seule sommation de l’armée prussienne, voilà ce que la postérité aura peine à croire ; le duc de Brunswick n’eût jamais dû se permettre un pareil outrage.

19. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Ainsi les écarts, les épisodes, les détails de pur agrément, qui sont permis à la poésie, ne le sont pas à l’éloquence. […] Attendez un peu, s’il vous plaît ; permettez-moi de vous faire encore quelques questions. […] Permettez-moi de vous interrompre pour vous montrer combien j’entre dans toutes les conséquences de vos principes. […] Conservons la rime ; mais permettez-moi toujours de croire que la rime est faite pour les oreilles, et non pas pour les yeux. […] Permettez-moi, mon cher abbé, de vous dire librement pensée ; cette liberté est la preuve de mon estime.

20. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Mais c’est un jeune fou qui se croit tout permis, Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis1 Il ne pardonne pas aux vers de la Pucelle, Et croit régler le monde au gré de sa cervelle. […] Ma muse en l’attaquant, charitable et discrète, Sait de l’homme d’honneur distinguer le poëte1 Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité ; Qu’on prise sa candeur et sa civilité ; Qu’il soit doux, complaisant, officieux, sincère : On le veut, j’y souscris, et suis prêt à me taire2 Mais que pour un modèle on montre ses écrits, Qu’il soit le mieux renté de tous les beaux esprits, Comme roi des auteurs qu’on l’élève à l’empire, Ma bile alors s’échauffe, et je brûle d’écrire ; Et, s’il ne m’est permis de le dire au papier, J’irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux, par un nouvel organe : « Midas, le roi Midas, a des oreilles d’âne3 ». […] … Du moins ne permets pas… » La Mollesse oppressée Dans sa bouche, à ce mot, sent sa langue glacée, Et, lasse de parler, succombant sous l’effort, Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort3. […] Pour tous ces ouvrages et ces auteurs inconnus, comme dit très-bien Boileau, on nous permettra de renvoyer les curieux aux notes que n’ont point épargnées les éditeurs de ce poëte ; il nous paraît superflu d’en surcharger notre travail.

21. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Le caractère permet à l’écrivain de tracer le portrait moral d’un individu pris dans la société. […] Cette heureuse infraction aux lois du dialogue permet au poète de rendre plus vives et plus frappantes les apostrophes de l’interlocuteur qui parle seul. […] Le petit tableau de l’orage est de main de maître ; il est court, mais la périphrase a permis au poète de prolonger l’harmonie. […] Poète, vous laisserez faire un peu votre imagination, sans lui permettre cependant de fatiguer le lecteur ; 4° Enfin, recourez quelquefois au contraste. […] Ce serait une tâche au-dessus de mes forces ; d’ailleurs les bornes d’une rhétorique ne me permettraient point les développements nécessaires.

22. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Je lui demande s’il a quelque chose à répondre ; je lui permets de s’expliquer. […] Ils n’ont jamais prétendu vous permettre de faire votre maison et de composer votre domestique dans votre province ; ils vous ont permis seulement d’y acquérir les choses d’un usage indispensable. […] Quelqu’un avait-il alors permis de prononcer le nom de Cléomène. […] Qui vous l’a permis ? […] comment vous était-il permis de le faire ?

23. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

L’extrême liberté que leur langue leur accordait dans la construction de la phrase leur permettait de choisir les situations les plus avantageuses pour chaque mot. […] Aristote ne la permet que dans la colère et dans la passion. […] Mais si le style fleuri est permis à la jeunesse, les écrivains d’un âge plus mûr n’ont pas droit à la même indulgence. […] Les discussions devant les assemblées populaires permettent rarement à l’orateur une préparation complète et soignée. […] Je me bornerai actuellement à faire observer que la narration des faits au barreau doit être aussi concise que la nature de l’affaire le permet.

24. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IV. Éloge de Trajan, par Pline le jeune. »

Il nous est permis, même quand vous êtes prêt à nous recevoir, de nous refuser à cet honneur, si nous avons autre chose à faire. […] « Le prince qui permet d’être vertueux, fait peut-être plus pour les mœurs, que celui qui l’ordonne ».

25. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

« Jamais il ne faut permettre, a dit Nicole, que les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent ; car les choses qu’ils ont apprises sont comme des moules ou des formes que prennent leurs pensées lorsqu’ils les veulent exprimer. » Rollin demandait, d’après ce motif, des recueils français « qui, composés exprès, épargnassent aux maîtres la peine nécessaire pour feuilleter beaucoup de volumes, et aux élèves des frais considérables pour se les procurer ». […] En applaudissant à une pratique d’enseignement confirmée par de tels suffrages et très-sagement rétablie, il nous sera permis de nous féliciter d’avoir reçu du ministre une haute marque de confiance, lorsqu’il a bien voulu nous inviter à composer un recueil de morceaux choisis, pour les classes de grammaire particulièrement, et en recommander l’usage à MM. les proviseurs et principaux.

26. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

c’est la seule parole qui me reste, c’est la seule réflexion que me permet, dans un accident si étrange, une si juste et si sensible douleur. […] Il ne faut point permettre à l’homme de se mépriser tout entier, de peur que, croyant avec les impies que notre vie n’est qu’un jeu où règne le hasard, il ne marche sans règle et sans dessein au gré de ses aveugles désirs. […] « Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujétis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c’est la loi du pays que nous habitons. — Mais aussitôt qu’on cesse pour nous de compter les heures, et de mesurer notre vie par les jours et par les années, sortis des figures qui passent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements ».

27. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

L’orateur n’est pas encore introduit dans l’âme de ses auditeurs ; l’attention, qui ne fait que de naître, l’observe de sang-froid ; on lui permettra davantage, quand les esprits seront échauffés. […] Mais ces exemples sont rares ; et l’on doit se permettre ces sortes d’introductions avec d’autant plus de réserve, qu’elles promettent une chaleur et une véhémence qu’il est difficile de soutenir dans le reste du discours, et que tout ce qui n’ajoute pas à ce premier effet, l’affaiblit nécessairement. […] Le devoir du philosophe-orateur est donc de prouver, et son mérite, de le faire avec un ordre qui permette de le suivre pas à pas sans trouble et sans confusion, et une clarté qui ne laisse rien perdre de la force et de la valeur de ses arguments.

28. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Préface. »

Il n’est permis qu’au génie d’inventer, de créer dans une langue un nouveau genre de composition. […] Homère fut le père de la poésie ancienne, c’est le créateur de l’épopée ; Virgile n’a fait que l’imiter. — Démosthène fut le père de l’éloquence et le modèle de Cicéron. — Le grand Corneille a été le père de la poésie française et a tellement contribué à la perfection de Racine, qu’il est permis de se demander si, sans Corneille, Racine eût fait ses chefs-d’œuvre.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre premier. »

Quant aux formes oratoires du discours populaire, elles sont les mêmes à peu près que pour les autres genres d’éloquence, avec cette différence cependant que le genre délibératif permet moins d’appareil, exige moins de recherche et de parure. […] Que le plaisir de nous entendre parler ne nous fasse jamais oublier que les auditeurs sont faciles à lasser ; que l’inconstance et la légèreté du plus grand nombre ne leur permettent pas de donner, à rien de sérieux, une attention longtemps suivie ; et lorsqu’une fois cette lassitude commence à se faire sentir, tout l’effet de notre éloquence devient absolument nul.

30. (1845) Les auteurs latins expliqués... Horace. Art poétique pp. -72

Hardiesses que les poëtes peuvent se permettre dans l’emploi des mots : destinée des mots. — 73. […] — Sans doute : et cette liberté même, nous la réclamons pour nous, et l’accordons volontiers, nous aussi : mais enfin, admet-elle l’alliance de la férocité et de la douceur ; permet-elle d’accoupler ni les oiseaux avec les serpents, ni les tigres avec les agneaux ? […] Soyons donc la pierre utile qui aiguise le fer, impuissante elle-même à couper : oui, sans écrire moi-même, je montrerai comment on écrit ; je dirai les sources où doit puiser le poëte, ce qui forme et nourrit son talent, ce que l’usage permet, ce que le goût réprouve ; je dirai où mène le génie, où précipite l’ignorance. […] 164Il a été permis, 165et il sera permis toujours 166(de mettre-en-circulation) 167un mot marqué 168d’un cachet présent (actuel). […] 1071 Mais ni les hommes, ni les Dieux, 1072ni les colonnes des portiques 1073 où s’exposaient les livres en vente, 1074n’ont permis aux poëtes 1075d’être médiocres.

31. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

D’un autre côté, non-seulement ils sont permis au poète épique, mais lorsqu’ils sont bien exécutés, ils deviennent pour son ouvrage une brillante parure. […] Le principal avantage qui résulte de l’emploi d’un personnage pour faire une partie du récit, est de permettre au poète, s’il le juge convenable, d’ouvrir son poème par une situation intéressante, en se réservant d’instruire le lecteur après coup de tout ce qui l’a précédée. […] Comme cette division a été établie pour venir en aide à l’attention du lecteur, il faut que chaque livre présente lui-même une étendue qui permette à l’intérêt de se soutenir. […] De plus, chaque livre doit avoir un caractère différent de ceux qui l’environnent, et présenter un tout complet qui permette au lecteur de se reposer, sans cesser toutefois de le porter à connaître la suite de l’entreprise. […] Boileau ne permet pas, en effet, que l’action soit arrêtée dans sa marche : Soyez vif et pressé dans vos narrations.

32. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Qu’ou se permette, comme la Bruyère, une demi-page de ce jeu d’esprit, je le veux bien ; mais un livre entier ! […] De tout temps, il fut permis à la comédie, au roman même, de reproduire ce langage corrompu, sans doute, mais du moins généralement intelligible. […] Je ne sais si Horace pardonnait à Plaute les scènes en patois carthaginois de son Pœnulus, mais la Bruyère disait de Molière : « Il ne lui a manqué que d’éviter le jargon et d’écrire purement ; » et Marmontel, en justifiant d’ailleurs sur ce point Molière, Dufresny, Dancourt, et, du même trait, nos vaudevillistes du jour, ne permet pourtant l’emploi du jargon villageois, même dans la comédie, qu’à deux conditions : s’il contribue au comique de situation, ou s’il marque une nuance de simplicité dans les mœurs, comme dans l’Ecole des femmes, par exemple, où il sert à distinguer la simplicité grossière de Georgette de la naïveté d’Agnès.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Mais je ne craindrai pas de dire que je pense avoir eu beaucoup d’heur1 de m’être rencontré dès ma jeunesse en certains chemins qui m’ont conduit à des considérations et des maximes dont j’ai formé une méthode par laquelle il me semble que j’ai moyen d’augmenter par degrés ma connaissance, et de l’élever peu à peu au plus haut point auquel la médiocrité de mon esprit et la courte durée2 de ma vie lui pourront permettre d’atteindre. […] C’est pourquoi, sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l’étude des lettres ; et, me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens des diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient que j’en pusse tirer quelque profit. […] Si c’est pour votre propre intérêt, il est certain que vous la pouvez mieux réparer que l’autre, en ce que l’acquisition d’un fidèle ami peut autant valoir que l’amitié d’un bon frère2 ; et si c’est pour l’intérêt de celui que vous regrettez, comme sans doute votre générosité ne vous permet pas d’être touché d’autre chose, vous savez qu’il n’y a aucune raison ni religion qui fasse craindre du mal après cette vie à ceux qui ont vécu en gens d’honneur, mais qu’au contraire l’une et l’autre leur promettent des joies et des récompenses.

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