Selon lui, point de dénoûment sans catastrophe, soit dans les fables qu’il appelle simples, où le héros est continuellement malheureux, jusqu’à ce qu’un dernier coup mette le comble à son infortune, soit dans celles qu’il nomme implexes, où le sort des personnages change à la fin par une péripétie.
La Fontaine, Fables, IX, I.
La première des fables de Lafontaine va nous servir d’exemple de la disposition régulière d’une narration.
L’épopée est morte ; la tragédie antique, hôtesse des palais et des cours, est descendue dans la rue, elle a échangé sa pourpre pour les haillons du drame populaire ; la chanson a pris les ailes de l’ode ; la fable, cessant d’être une simple leçon de morale, s’est armée de l’aiguillon de l’abeille et s’est transformée en drame satirique ; le roman, fleur obscure chez les anciens et presque inaperçue, est devenu chez nous un arbre immense qui couvre tout de son ombre, mœurs, histoire, politique, sciences, arts, et qui menace d’absorber tous les autres genres ; l’éloquence a quitté l’ample toge, la vaste tribune, les horizons de la place publique, les grands mouvements des grandes multitudes ; elle s’est enfermée dans d’étroites enceintes, elle a pris le frac noir, les gestes sobres et mesurés, la convenance digne et froide des .
Ainsi, Malherbe employait des années entières à la composition et à la correction d’un morceau lyrique ; La Fontaine, dont le style paraît si facile, ne composait en prose ou en vers qu’avec beaucoup de travail, puisque telle de ses fables n’a que deux vers communs avec la première ébauche ; Bossuet corrigeait avec beaucoup de soin ses ouvrages, comme le prouvent ses manuscrits ; Buffon attendait des heures entières le mot nécessaire à sa période et à sa pensée, et il fit recopier onze fois un de ses ouvrages en y introduisant toujours d’heureux changements. […] Pour se faire une idée de la brièveté qui convient à la narration, on peut comparer deux fables composées sur le même sujet, La Mort et le Bûcheron, par La Fontaine et par Boileau. La fable de La Fontaine est plus étendue, et cependant elle paraît moins longue.
Les ruines de Rome A Rome, vous3 marcherez sur des pierres qui ont été les dieux de César et de Pompée : vous considérerez les ruines de ces grands ouvrages dont la vieillesse est encore belle, et vous vous promènerez tous les jours parmi les histoires et les fables. […] Vous êtes la fable et la risée de tout le monde, et jamais on ne parle de vous que sous les noms d’avare, de ladre, de vilain et de fesse-Mathieu 204. […] Mais n’avez-vous point trouvé jolies les cinq ou six fables de la Fontaine qui sont dans un des tomes que je vous ai envoyés ? […] Que si551, au contraire, vous êtes de ceux qui détournent leur oreille de la vérité et qui demandent des fables et d’agréables rêveries, Dieu commandera à ses nuées, il retirera la saine doctrine de la bouche des prédicateurs. […] C’est pour son royal élève qu’il composa ces fables ingénieuses qui se soutiennent dans le voisinage de la Fontaine ; ces Dialogues des Morts où l’histoire est morale sans nous ennuyer ; enfin le Télémaque, ce roman où un paganisme épuré se mêle à un christianisme embelli de toutes les grâces de la mythologie.
Que l’impie est à plaindre de chercher dans une affreuse incertitude sur les vérités de la foi, la plus douce espérance de sa destinée : qu’il est à plaindre de ne pouvoir vivre tranquille, qu’en vivant sans foi, sans culte, sans Dieu, sans confiance : qu’il est à plaindre, s’il faut que l’évangile soit une fable ; la foi de tous les siècles, une crédulité ; le sentiment de tous les hommes, une erreur populaire ; les premiers principes de la nature et de la raison, des préjugés de l’enfance ; en un mot, s’il faut que tout ce qu’il y a de mieux établi dans l’univers se trouve faux, pour qu’il ne soit pas éternellement malheureux.
Pour comprendre cette distinction, relisez la fable des Animaux malades de la peste.
Ce dialogue supposé rappelle la fable du Mort et du Mourant dans La Fontaine.
L’académicien célèbre que vous remplacez aujourd’hui, et que vous avez si bien caractérisé, après avoir entrepris avec ardeur, et souvent avec force, la grande œuvre de la tragédie, a marqué surtout sa verve originale par des épigrammes qu’il appelait des fables.
En parlant des Parques, par exemple, on ajoute : les trois déesses infernales qui selon la fable filent la trame de nos jours. […] Soit que l’analogie soit puisée dans l’histoire ou dans la fable, soit qu’elle rappelle des choses récentes ou personnelles, l’allusion n’est pas moins bonne si les idées réveillées dans l’esprit sont connues, ou trouvées sans efforts. […] Il faut recourir à un dictionnaire de la fable, et l’effet de la figure est manqué, parce qu’il dépend surtout de la satisfaction qu’éprouve l’esprit à saisir l’analogie du sort des deux enfants. […] On ne l’emploie que dans la lettre familière, la fable et la narration badine.
Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace, qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ? […] Quelle honte et quelle faiblesse que nous voulions tout connaître, excepté nous-mêmes ; que les autres sachent nos défauts, qu’ils soient la fable du monde, et que nous seuls nous ne les sachions pas !
Considérez aussi quelle puissance d’argumentation vous donnera, dans les choses de discussion, tout ce qui se rapproche, comme lieux externes, de l’opinion que vous émettez, de la thèse que vous soutenez : exemples tirés de l’histoire, de la fable, des traditions, inductions, précédents, si vivaces en politique et en législation, autorités, proverbes même12.
Femmes, moines, vieillards, tout était descendu, L’attelage suait, soufflait, était rendu… Bossuet va tout à l’heure nous offrir le pendant : et il n’y a guère de fable dans l’un ou de discours dans l’autre qui ne fournisse des exemples de cette harmonie, la seule qui mérite réellement ce nom d’écho du sens, que lui donne Pope.
Rien n’est beau que le vrai : le vrai seul est aimable3; Il doit régner partout, et même dans la fable : De toute fiction l’adroite fausseté Ne tend qu’à faire aux yeux briller la vérité.
Ce dialogue supposé rappelle la fable du Mort et du Mourant dans La Fontaine.
Vous êtes la fable et la risée de tout le monde, et jamais on ne parle de vous que sous les noms d’avare, de ladre, de vilain et de fesse-Mathieu.
vous ferez donc plus sagement de mettre en action quelque épisode de l’Iliade, que d’introduire, le premier, sur la scène une fable étrange et des personnages inconnus. […] Enfin, dans ses heureuses fictions, il mêle avec tant d’art la fable et la vérité, que toutes les parties de son poëme ont une harmonieuse proportion. […] 684Je suivrai (je développerai) 685 mon poëme inventé (ma fable), 686d’après un sujet connu, 687de manière que le-premier-venu 688puisse-espérer le même succès pour lui, 689 mais qu’il sue beaucoup 690et qu’il travaille en-vain, 691ayant osé tenter la même chose : 692tant l’enchaînement et l’ensemble 693ont-de-force (de valeur) !
xx) « qu’il y a deux sortes d’exemples, l’un qui s’appuie sur des événements arrivés, l’autre sur de pures inventions, des paraboles, des fables, etc. […] Et, comme tes exploits, étonnant les lecteurs, Seront à peine crus sur la foi des auteurs, Si quelque esprit malin les veut traiter de fables, On dira quelque jour pour les rendre croyables : Boileau qui, dans ses vers, plein de sincérité, Jadis à tout son siècle a dit la vérité, Qui mit à tout blâmer son étude et sa gloire, A pourtant de ce roi parlé comme l’histoire. […] Voyez-le, pour ne citer que celle-là, dans la fable de l’Âne et du chien : Il se faut entr’aider, c’est la loi de nature. […] L’allusion qui a trait à quelques faits consignés dans la Fable, se nomme mythologique. […] Gai, rieur ou folâtre dans le conte, il l’est moins dans l’apologue ou la fable.
La fable suivante renferme les dix espèces de mesures. […] Dans la fable et le conte il n’eut point de rivaux Il peignit la nature, et garda ses pinceaux.
Que si8, au contraire, vous êtes de ceux qui détournent leur oreille de la vérité et qui demandent des fables et d’agréables rêveries, Dieu commandera à ses nuées, il retirera la saine doctrine de la bouche des prédicateurs.
Il est ruiné, et, comme le trafiquant de la fable, il attribue ses malheurs à la fortune et à la société. » (La Fontaine et les fabulistes, Michel Lévy.)
Le propre du militaire est de tout vouloir despotiquement : celui de l’homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison. » Citons en terminant cette page de M. de Salvandy : « Napoléon Bonaparte, le héros des temps modernes, héros dans le sens antique du mot, héros à la façon de ces personnages épiques, demi-dieux de la terre, qui la remplissent de leurs exploits, laissent un souvenir ineffaçable dans la mémoire des hommes, prennent place dans toutes les traditions des peuples, grandissent de siècle en siècle, grâce aux actions surhumaines dont la fable grossit leur histoire, et finissent par laisser l’érudit incertain si ces Hercule, ces Sésostris, ces Romulus, dont le nom et les monuments sont partout, ont jamais vécu.
Nous craignons non seulement les reproches publics, mais les pensées même les plus secrètes, les vains bruits, les fausses imputations, une fable, un rien, tout nous alarme : nous voulons lire sur tous les visages, dans tous les yeux. […] Il commence ainsi la fable de l’âne et du chien : Il se faut entraider, c’est la loi de nature. […] Telle fable de La Fontaine, telle page de Cicéron, de Bossuet ou de Racine, nous les présente tous les trois. […] , II, 20) va jusqu’à permettre, dans les discours devant les grandes assemblées, les paraboles et les fables : elles saisissent toujours la multitude. […] L’allusion est une comparaison qui se fait dans l’esprit, et par laquelle on dit une chose qui a du rapport à une autre, sans faire une mention expresse de celle-ci ; elle se tire de l’histoire, de la fable, des coutumes, des mœurs, de quelque parole ou maxime célèbre.
La noble fiction, en flattant les esprits, Charme et conduit au vrai par des chemins fleuris, Orne la vérité des attraits de la fable, Et l’offre à nos regards plus belle et plus aimable. Voltaire, imitant cette pensée dans l’invocation de sa Henriade, dit à la Vérité : Viens, parle ; et s’il est vrai que la fable autrefois Sut à tes fiers accents mêler sa douce voix ; Si sa main délicate orna ta tête altière ; Si son ombre embellit les traits de ta lumière, Avec moi, sur tes pas, permets-lui de marcher, Pour orner tes attraits, et non pour les cacher.
Ceci me rappelle cette fable allemande de Gellert : « Un père avait deux héritiers : Christophe qui était spirituel, et Georges qui était bête.
Cette fable est une des meilleures de Lafontaine. […] - Assurément la moralité de la fable est bien justifiée. […] On peut ramener cette fable aux proportions suivantes : « En temps de peste, le lion assembla les animaux pour leur proposer d’apaiser le courroux du ciel par la mort du plus coupable d’entre eux. […] Aussi la moralité est-elle plus fréquemment placée à la fin de la fable par la plupart des auteurs. […] Voici la fable sous forme resserrée.
Ce style d’autant plus difficile à saisir avec tous ses agréments, qu’il est plus près de la nature, s’emploie dans les entretiens familiers, dans les récits, dans les fables, dans les lettres, dans les sujets où l’on se propose d’instruire, et généralement dans tous ceux, où l’on parle de choses simples et communes.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Distile avec un style coulant et non scabreux, ces pitoyables181 elegies, à l’exemple d’un Ovide, d’un Tibulle et d’un Properce, y entremeslant quelquefois de ces fables anciennes, non petit ornement de poësie. […] Avant ou après l’Art poétique, Molière atteint la perfection de la comédie ; Racine, de la tragédie ; La Fontaine, de la Fable : nous retrouverons ailleurs les chefs-d’œuvre qu’ils ont donnés à la poésie ; Bossuet mène le chœur de l’éloquence sacrée, formé par Fénelon, Fléchier, Mascaron, Bourdaloue, Massillon. […] Lettre à monseigneur le cardinal de la Valette qui devoit se rendre à Rome … À Rome vous marcherez sur des pierres qui ont été les Dieux de César et de Pompée : vous considérerez les ruines de ces grands ouvrages dont la vieillesse est encore belle, et vous vous pourmènerez tous les jours parmi les histoires et les fables. […] Le cartésianisme conquit le siècle tout entier : Bossuet, Leibnitz, Arnauld et Spinoza, jansénistes et protestants, femmes et poètes, Mme de Sévigné et La Fontaine (voir Fables, X, 1).
Tu me fais donc servir de fable et de risée, Passer pour esprit faible, et pour cervelle usée !
C’est pour son royal élève qu’il composa ces fables ingénieuses qui se soutiennent dans le voisinage de La Fontaine ; ces Dialogues des morts où l’histoire est morale sans nous ennuyer ; enfin le Télémaque, ce roman où un paganisme épuré se mêle à un christianisme embelli de toutes les grâces de la mythologie.