Si le sujet est connu et familier, l’idée de l’auteur peut être facilement saisie quoique les mots qu’il emploie manquent d’exactitude et de précision. […] Or, connaître les règles qui doivent déterminer la préférence de tel principe sur tel autre, c’est apprendre à diriger le choix avec convenance. […] C’est dans le grand livre de la nature qu’il avait appris à connaître les hommes et les peuples. […] Personne, à ne le pas connaître, n’aurait cru devoir redouter un concurrent si dénué des fortes armes de l’éloquence. […] Vous seul, ô mon Dieu, connaissez ceux qui vous appartiennent.
Les élèves connaîtront Boileau au sortir de la quatrième et retrouveront en rhétorique son Art poétique. […] Aussi avons-nous ajouté aux notes grammaticales, étymologiques, explicatives des mots et de leur sens, des notes, relativement plus étendues, quoique aussi sommaires que possible, destinées à faire connaître le sujet, l’ensemble et quelquefois le caractère général de l’œuvre tout entière. […] Quand Ronsard mourut en 1585 à l’âge de soixante et un ans, une nouvelle génération de poètes s’était formée et s’était déjà fait connaître par bon nombre d’œuvres, qui, tout en se rattachant à son école, attestaient une inspiration plus personnelle. […] Byron s’inspira de lui, Goethe fut bien aise de reprocher au goût français l’oubli où il était tombé, et signala à radmiration de l’Europe celui que ses compatriotes n’admiraient et ne connaissaient même plus. — Depuis que Sainte-Beuve l’a remis en lumière en 1828 (Tableau de la Poésie française au xvie siècle), ses bizarreries grotesques : le soleil, « grand duc des chandelles », les vents, « postillons d’Eole » (dès le quatrième vers de la Création), Dieu, « archer du tonnerre » et « grand maréchal de camp », les monts, « enfarinés de neige éternelle », — j’en passe et des moins bonnes, — toutes ces « vilaines et sales métaphores » que lui reprochait le cardinal du Perron, lui ont peut-être fait plus tort que ses qualités ne lui ont fait honneur. […] XIII), grand’mère de Tartuffe le justifie, et c’est A. de Musset qui l’établit, après Boileau (« Régnier, le poète français, qui, du consentement de tout le monde, a le mieux connu avant Molière les mœurs et les caractères des hommes » Réflex. critiq, sur Longin, Ve), et qui, donnant à la figure de Régnier deux traits qui conviennent à celle de Malherbe, affirme la parenté de Régnier, Malherbe et Molière, Sainte-Beuve y ajoute le nom un peu inattendu d’André Chénier.
Dans le roman historique, on fait assister l’un des personnages à une action réelle et connue, dont il peut ensuite nous rapporter des détails que l’histoire néglige presque toujours. […] Il est inutile de nous étendre sur l’origine et les progrès de cette sorte d’ouvrage, et de faire connaître ceux qui nous sont restés ou que l’on connaît des Grecs et des Romains.
Prophétie du dieu de seine Stances 1630 Va-t’en1 à la malheure2, excrément de la terre3, Monstre qui dans la paix fais les maux de la guerre, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois ; En quelque haut dessein que ton esprit s’égare, Tes jours sont à leur fin, ta chute se prépare, Regarde-moi pour la dernière fois. […] Malherbe aime ces formes d’imprécation ; je les retrouve encore dans cet autre fragment : Allez à la malheure, allez, âmes tragiques, Qui fondez votre gloire aux misères publiques, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois. […] Né avec de l’oreille et du goût, il connut les effets du rhythme, et créa une foule de constructions poétiques adaptées au génie de notre langue.
Il importe avant tout, pour bien entendre la langue latine, pour parler et écrire d’une manière pure et élégante, de connaître à fond la propriété des mots, leur sens propre et figuré, leurs synonymes. […] Il importe donc beaucoup, pour connaître exactement les diverses significations d’un même mot, de bien saisir les rapports qui existent entre le sens primitif de ce mot et celui que l’analogie des idées est venue établir. […] Et, lorsque d’amabilis on forme amabilitatis, il n’y a à remarquer que la spécificative itat et la déclinative is, puisque amabil est déjà connu.
Personne, à ne pas le connaître, n’aurait cru devoir redouter un concurrent si dénué des fortes armes de l’éloquence. […] Si je la prononce en plaçant un accent sur froid, on entend l’interrogation d’un homme qui désire connaître l’état du temps. […] Les gestes sont imitatifs, quand, par des signes pittoresques, on fait connaître les personnes ou les choses. […] C’est dans l’infortune qu’on connaît ses amis. […] on connaît ses amis.
Leur dessin est si naturel, leur coloris si vrai, que vous croyez avoir déjà vu quelque part ce qui n’existe que dans leur pensée, que vous reconnaissez leur modèle, sans l’avoir jamais connu, et qu’une fois admis dans votre imagination, il n’en sort plus. […] Que vos personnages agissent ou parlent eux-mêmes, et je les connaîtrai mieux que par tout ce que vous m’en pourrez dire. […] Tout le monde se connaissait ; et si, dans sa promenade, Socrate rencontrait quelque jeune débauché à la ceinture dénouée, ou quelque apprenti philosophe, il mettait son bâton en travers du chemin, la conversation s’engageait, et le dialogue se renouait naturellement au fil des idées du penseur communicatif. […] Wey, qu’à l’aide d’un incident rattaché au plan général, on peut dépeindre un personnage, le caractériser, le faire connaître, il faut profiler de ce moyen naturel et préférer l’action au récit descriptif.
Ils connaissent leur parterre et s’en méfient. […] Un évêque, connu pour devoir toute son éloquence au talent de son secrétaire, disait un jour à Piron : « Eh bien, M. […] Je ne connais guère d’écrivain de notre siècle auquel on puisse appliquer l’épithète de naïf. […] Ce n’est guère qu’en France non plus que l’on a connu le badinage, plus léger, plus délicat que l’enjouement, qui prend souvent l’apparence du sérieux, et n’ôte son masque qu’à la dernière scene.
Sans être peintre, musicien, sculpteur ou antiquaire, on peut apprendre à connaître ce qui constitue le mérite et la beauté d’une peinture ou d’une statue, à se laisser émouvoir par les accords de l’harmonie musicale, à admirer les monuments de l’architecture chez les différents peuples et dans les divers styles qui ont produit des chefs-d’œuvre. […] Choisissez de préférence les ouvrages historiques ; vous apprendrez à y connaître les hommes et les peuples, et en même temps à vous connaître vous-même. […] Cette lutte des mots contre les mots, des pensées contre les pensées, exerce au plus haut point la sagacité de l’esprit, fait connaître les finesses du langage, le mécanisme du style, les secrets et les ressources de l’art d’écrire ; c’est une gymnastique éminemment propre à développer le talent, et à comprimer les écarts fougueux de l’imagination.
« Avant de chercher, dit Buffon, l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre, plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées ; c’est en marquant leur place sur ce premier plan qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir. […] Rousseau au comte du Luc comme le vrai modèle de la marche de l’ode ; pour l’ensemble et le style il ne connaît rien de supérieur dans notre langue. […] ce qui vous console, c’est que votre nom sera immortel, l’avenir connaîtra vos mérites et vos hauts faits, strophes 25-28. […] Les autres passions plus tardives ne se développent et ne mûrissent, pour ainsi dire, qu’avec la raison ; celle-ci la prévient, et nous nous trouvons corrompus avant presque d’avoir pu connaître ce que nous sommes. […] Non, Sire, les princes, dès qu’ils se livrent au vice, ne connaissent plus d’autre frein que leur volonté ; et leurs passions ne trouvent pas plus de résistance que leurs ordres.
J’ai l’honneur d’écrire à Votre Majesté pour lui faire connaître le désir qu’a le peuple français de mettre un terme à la guerre qui désole nos pays1. […] Mon intention est que vous appeliez près de vous les présidents et les secrétaires de l’Institut, et que vous les chargiez de faire connaître à ce corps illustre, dont je m’honore de faire partie2, qu’il ait à mander M. de L… et à lui enjoindre, au nom du corps, de ne plus rien imprimer, et de ne pas obscurcir dans ses vieux jours ce qu’il a fait dans ses jours de force pour obtenir l’estime des savants3 ; et si ces invitations fraternelles étaient insuffisantes, je serais obligé de me rappeler aussi que mon premier devoir est d’empêcher que l’on empoisonne la morale de mon peuple ; car l’athéisme est destructeur de toute morale, sinon dans les individus, du moins dans les nations. […] Qu’elle recherche la vérité, si elle veut la connaître. […] S’il était une manière plus expressive de leur faire connaître l’estime que j’ai pour eux, je m’en servirais. […] C’est le lieu de citer la chanson de Béranger qui commence par cette strophe (édition Garnier frères) : On parlera de sa gloire Sous le chaume bien longtemps ; L’humble toit, dans cinquante ans, Ne connaîtra plus d’autre histoire.
J’imagine que les Fabricius, les Papirius Cursor, les Dentatus, les Fabius, ces fiers ouvriers de la conquête de l’Italie, ne connaissaient guère les artifices de la rhétorique ni les périodes arrondies. […] Il faut que toutes les sciences connues de son temps viennent alimenter, comme autant de canaux, le fleuve de son éloquence. […] Sa faiblesse, trop connue, ôtait toute confiance au peuple : sa vanité indisposait ses amis ou les affligeait. […] Alors seulement vous connaîtrez l’orateur dans toute l’expansion de ses riches facultés. […] Nous allons lire ensemble ces belles pages, et, si nous sommes assez heureux pour en bien comprendre le sens et la portée, non-seulement nous connaîtrons l’auteur, mais nous saurons de la rhétorique tout ce qu’il nous importe d’en savoir.
C’est là qu’il connut Montaigne et qu’il publia, deux ans avant sa mort, le plus célèbre de ses ouvrages : De la Sagesse. […] Il vit et connut nombre de personnages dans les camps et à la cour. […] Mais il y a des hommes, et j’en ai connu quelques-uns, qui s’étonnent de tout. […] Un arbre ne se connaît pas misérable. C’est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c’est être grand que de connaître qu’on est misérable.
Le calife, qui ne connaissait pas cet homme, veut juger par lui-même s’il mérite sa confiance. […] La campagne de 1812 n’est que trop connue. […] Faites connaître par un monologue, de temps en temps coupé par le récit, les pensées qui l’agitent. […] Il ne rentrera jamais dans Athènes ; personne ne connaîtra le lieu de son exil. […] Connu pour un bon citoyen, pourrait-il avoir souhaité le malheur de son pays ?
Bonaventure Desperriers Mort en 1544 [Notice] Né à Arnay-le-Duc, en Bourgogne, valet de chambre, puis secrétaire intime de Marguerite d’Angoulême, Desperriers composa des dialogues facétieux connus sous le titre de Cymbalum mundi. […] Tout le monde connaît la fable de La Fontaine ; elle a fait oublier celle-ci.
Emmagasiner, pour ainsi dire, toutes les idées que peut enfanter l’esprit humain, les classer régulièrement, en attachant à chaque compartiment son étiquette, en sorte que, une fois les ressources et la distribution de l’entrepôt bien connues, l’écrivain puisse les retrouver selon les exigences du sujet, et s’approvisionner au fur et à mesure des besoins, c’est là évidemment une utopie décevante, une conception singulièrement heureuse, si elle était réalisable. […] « Le nom d’amour-propre, dit Nicole, ne suffit pas pour nous faire connaître sa nature, puisqu’on se peut aimer en bien des manières. […] On n’a point eu tort, cependant, de distinguer ces deux lieux ; car on emploie le second dans les cas même où le sens et le signe de l’idée également connus ne demandent ni définition, ni étymologie. […] La rhétorique, comme la logique, peut comparer le sujet ou l’idée à traiter à cette campagne dont parle Condillae, que l’on embrasse, il est vrai, d’un coup d’œil, mais que l’on ne peut ni bien connaître soi-même, ni expliquer aux autres, si, semblable à des hommes en extase, on continue de voir à la fois cette multitude d’objets différents, sans étudier chaque partie l’une après l’autre.
Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] Loin de les décrier, je les ai fait paraître : Et souvent, sans ces vers qui les ont fait connaître, Leur talent dans l’oubli demeurerait caché ; Et qui saurait sans moi que Cotin à prêché ? […] dit-elle, et leur âme abusée Se promet dans mon ombre une victoire aisée : Mais allons : il est temps qu’ils connaissent la Nuit. » A ces mots, regardant le hibou qui la suit, Elle perce les murs de la voûte sacrée : Jusqu’en la sacristie elle s’ouvre une entrée, Et dans le ventre creux du pupitre fatal Va placer de ce pas le sinistre animal. […] On connaît aussi cette pensée de Pascal : « Diseur de bons mots, mauvais caractère. » 2.
Madame de Sévigné 1626-1696 [Notice] Née à Paris, orpheline à six ans, élevée par son oncle, l’abbé de Livry qu’elle appelle le Bien Bon, instruite par Chapelain et Ménage, qui lui enseignèrent le latin, l’espagnol et l’italien, recherchée pour son esprit et sa beauté, Marie de Rabutin-Chantal épousa le marquis de Sévigné qui, tué en duel, la laissa veuve à vingt-cinq ans, sans lui avoir fait connaître le bonheur domestique. […] Il nous a donc saluées, et a pris cette mine riante que vous lui connoissez. […] Si vous saviez combien on est malheureux quand on a le cœur fait comme je l’ai, je suis assurée que vous auriez pitié de moi ; mais je pense que vous n’en êtes pas quitte à meilleur marché, de la manière dont je vous connois. […] Didé ; car, pour moi, je ne le connois point ; et j’irai même avec cette amie.
Il y a une grande différence entre connaître Dieu par le savoir, par la pointe de l’intelligence, par la subtilité de la raison, par la multiplicité des lectures, ou le connaître par les simples instructions du christianisme, et par les leçons intérieures du véritable amour qui enseigne tout, en appetissant1, en détruisant, en sacrifiant, et en formant en nous toutes les vertus. […] Dans un âge un peu plus avancé, j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu, mais avec cette volonté déterminée dont je vous parle quelquefois ; alors on sent qu’il n’y a plus rien à chercher, qu’on est arrivé à ce qui seul est bon sur la terre ; on a des chagrins, mais on goûte une solide consolation et une paix profonde au milieu des plus grandes peines.
Il me paraît de même assez inutile de faire connaître ceux que les Grecs nous ont laissés. […] Il serait trop long et même superflu de faire connaître ici tous les bons romans qui ont été écrits en français depuis l’Astrée.
Serait-elle disposée à combattre pour Pompée qu’elle ne connaît pas ? […] Pas un des soldats ne connaissait les plans du général. […] mais en vérité, nous ne connaissons plus le vrai sens des mots. […] Je connaissais ta défense : pouvais-je l’ignorer ? […] Alors, on connut parfaitement ce que peut la différence des temps.
Nos pères, sur ce point, étaient gens bien sensés, Qui disaient qu’une femme en sait toujours assez, Quand la capacité de son esprit se hausse A connaître un pourpoint d’avec un haut-de-chausse. […] De l’autre qu’on connaît la traitable méthode Aux faiblesses d’un peintre aisément s’accommode ; La paresse de l’huile, allant avec lenteur, Du plus tardif génie attend la pesanteur ; Elle sait secourir, par le temps qu’elle donne, Les faux pas que peut faire un pinceau qui tâtonne ; Et sur cette peinture on peut, pour faire mieux, Revenir, quand on veut, avec de nouveaux yeux. […] Consultes-en ton goût, il s’y connaît en maître, Et te dira toujours, pour l’honneur de ton choix, Sur qui tu dois verser l’éclat des grands emplois. […] Isis, vous connaîtrez un jour Le tort que vous vous faites ; Le mépris suit de près l’amour Qu’inspirent les coquettes. […] On ne connaît presque pas de femmes savantes qui n’aient été ou malheureuses, ou ridicules par la science.
Mais, quand le jour revint, chacun connut son œuvre. […] Mes traits dans vos regards ne sont pas effacés ; Je peux en ce miroir me connaître moi-même, Juge toujours nouveau de nos travaux passés ! […] Comparez l’oiseau-mouche de Buffon. — Ce morceau est éblouissant de ton, et d’une magnificence élégante que la poésie française n’avait point connue jusqu’alors.
M. le duc de Biron, sous qui j’ai l’honneur de servir, pourra faire connaître ma naissance et ma conduite à Votre Majesté, lorsqu’elle le lui ordonnera ; et j’espère qu’elle ne trouvera rien, dans l’une ni dans l’autre, qui puisse me fermer l’entrée de ses grâces2. […] Je n’ai pas besoin de vous en dire davantage ; vous connaissez ma tendre amitié pour vous, et je crois pouvoir toujours compter sur la vôtre2. […] Il n’a pas connu les cimes enflammées de l’esprit. » 2.
En effet, les émotions qui viennent du corps sont bornées et monotones : on connaît bien vite toutes les contorsions tragiques des passions exagérées ; on s’aperçoit promptement que ces cris de souffrance et d’agonie qui, la première fois, ont frappé l’oreille d’un coup inattendu et terrible, rendent toujours le même son ; et, au bout de quelque temps, l’auteur et le spectateur viennent échouer contre l’impossibilité de faire sentir autre chose que ce qu’ils ont fait et senti hier. […] Les caractères étranges et singuliers, qu’il est de mode de mettre sur le théâtre et dans les romans, font le même effet ; ils fatiguent parce qu’ils sont uniformes, parce que leur bizarrerie est comme une sorte de ressort qui tire toujours leur pensée et leurs actions du même côté, et dont le jeu est bien connu. […] C’est par eux que les grandes pensées ont cours et sont présumées de bon aloi, comme l’or et l’argent marqués d’une empreinte connue.
Une fois connus, ils ne s’oublient jamais. […] S’éloignant à grands pas du village, elle prit un chemin creux qui serpentait dans les vignes, après avoir envoyé devant elle le chien, à qui elle fit un signe qu’il semblait bien connaître ; car aussitôt il se mit à courir en zigzag, passant dans les vignes, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, toujours à cinquante pas de sa maîtresse, et quelquefois s’arrêtant au milieu du chemin pour la regarder en remuant la queue. […] Ces livres suffiraient pour apprendre au magistrat qui connaîtrait l’histoire et la position de son pays quels sont ses devoirs et quels doivent être ses mœurs, ses talents et ses travaux.
. — Je plains ces misères cachées que la crainte d’êtres connues rend plus pesantes1 Un homme aimable Étes-vous bien aise de savoir, mon cher ami, ce que le monde appelle quelquefois un homme aimable ? […] 2, méchant même par principes ; un esprit léger et frivole, qui n’a point de goût décidé ; qui n’éclaire les choses et ne les recherche jamais pour elles-mêmes, mais uniquement selon la considération qu’il y croit attachée, et fait tout par ostentation ; un homme souverainement confiant en lui et dédaigneux, qui méprise les affaires3 et ceux qui les traitent, le gouvernement et les ministres, les ouvrages et les auteurs ; qui se persuade que toutes ces choses ne méritent pas qu’il s’y applique, et n’estime rien de solide que le don de dire des riens ; qui prétend néan-moins à tout, et parle de tout sans pudeur ; en un mot, un fat sans vertus, sans talents, sans goût de la gloire, qui ne prend jamais dans les choses que ce qu’elles ont de plaisant, et met son principal mérite à tourner continuellement en ridicule tout ce qu’il connaît sur la terre de sérieux et de respectable.
Si Milon et Clodius n’eussent été que de simples particuliers, la question se réduisait aux termes ordinaires, et les tribunaux compétents en pouvaient connaître sans difficulté. […] Il porta une loi, en vertu de laquelle on devait connaître extraordinairement du crime de Milon, et former une commission spéciale devant laquelle Milon serait accusé. […] Tout ceci n était pas un vain étalage de phrases étudiées ; c’était le véritable état de l’âme de Cicéron ; et Plutarque rapporte que Milon, qui connaissait la timidité naturelle de son ami, lui avait conseillé de se faire apporter en litière dans le Forum, et d’y rester tranquille jusqu’à ce que les juges fussent assemblés. […] Les motifs qu’avait Clodius pour dresser des embûches à Milon et le faire périr, étaient : 1º Son intérêt ; 2º La haine qu’il portait à Milon ; 3º Sa violence connue ; 4º L’impunité qu’il se promettait.
Pour connaître et reproduire la nature, l’écrivain doit l’étudier dans ses phénomènes réguliers et irréguliers. Pour connaître l’homme, l’écrivain doit d’abord s’étudier lui-même, puis étudier les autres dans les diverses modificacations que leur font subir les éléments suivants : l’âge, le sexe, le tempérament, le climat, le pays, le siècle, la religion, les institutions politiques et sociales, l’éducation, les travaux et les habitudes journalières, enfin, la combinaison de tous ces éléments avec les objets naturels ou artificiels qui les environnent, ce qui constitue la couleur locale. […] Il est bon de connaître ces divisions sans leur donner une importance exagérée. […] Réelle, à propos d’une idée elle réveille dans l’esprit une autre idée, qui est ordinairement un fait historique, une fiction, une opinion, un passage connu d’un écrivain ; verbale, elle emploie à dessein un mot susceptible d’un sens différent de celui qu’elle lui donne.
Par elles il ouvrit à l’art des voies nouvelles, il le porta jusqu’à ses dernières limites ; et, comme s’il n’eût cessé d’acquérir des forces, loin que son génie ait connu la décadence, il termina, heureuse et rare exception, par son chef-d’œuvre, qu’une admiration unanime a proclamé le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] Ta foi dans mon malheur s’est montrée à mes yeux ; Mais j’ai cru qu’à mon tour tu me connaissais mieux. […] Fais connaître à mon fils les héros de sa race ; Autant que tu pourras conduis-le sur leur trace ; Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté, Plutôt ce qu’ils ont fait que ce qu’ils ont été : Parle-lui tous les jours des vertus de son père, Et quelquefois aussi parle-lui de sa mère. […] sans qu’elle employât une seule prière, Ma mère en sa faveur arma la Grèce entière ; Ses yeux pour leur querelle, en dix ans de combats, Virent périr vingt rois qu’ils ne connaissaient pas : Et moi, je ne prétends que la mort d’un parjure2, Et je charge un amant du soin de mon injure : Il peut me conquérir à ce prix sans danger ; Je me livre moi-même, et ne puis me venger !
Pour réussir dans l’invention, il faut se tracer un plan où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées ; c’est en marquant leur place sur ce plan, qu’un sujet sera circonscrit et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir. […] Car, d’une part, si l’origine du fait n’était pas connue, la narration serait obscure ; mais il ne faut pas prendre cette origine trop loin, et si l’on a besoin de faire précéder son récit de quelques circonstances antérieures nécessaires à la clarté, il faut les exposer brièvement et aborder le fait le plus tôt possible ; si, d’une autre part, le fait n’était pas achevé, on aurait mal à propos piqué la curiosité sans la satisfaire, et l’intérêt serait nul. […] Observez fidèlement les caractères des personnages tels que nous les connaissons par nos études. […] Pour résumer, il n’est pas très difficile d’être vraisemblable dans l’invention à quiconque connaît la nature, et sait extraire de cette mère de toutes choses l’agrément, le fini, la beauté, la perfection.
Tout le monde connaît ce sublime début de la première Catilinaire : Quousque tandem abutere, Catilina, patientiâ nostra ? […] Il est évident que l’on désire connaître le nom de l’auteur, ou de celui qui le possède, plutôt que le nom du livre, qui nous est déjà connu. […] Il vaut mieux ignorer les maux à venir que les connaître. […] Celui qui ne connaît pas la vérité, n’est pas juste dans ses jugements. […] Ce que le poète exprime si bien par les mots suivants : exspectata parenti, piété déjà si connue du père, et dont le fils donnait alors une preuve si évidente.