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2. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

« C’est faute de plan, dit Buffon, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé et ne sait par où commencer à écrire. […] Le mot sacramentel, Ami lecteur, qui commence toutes les préfaces de nos vieux écrivains, est l’expression naïve de ce besoin. […] Que lord Byron préfère commencer, comme il dit, par le commencement42, sa spirituelle critique ne s’adresse qu’à ceux qui abusent du précepte. […] Dans l’antiquité on s’emportait vivement contre son adversaire, au barreau comme à la tribune, et les invectives commençaient parfois avec l’exorde ; les Catilinaires de Cicéron viennent de le prouver. […] Car on éprouve du plaisir à mesurer le chemin qu’on a fait et rien n’anime plus à poursuivre ce qu’on a commencé, que de savoir ce qui reste à faire : on ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme. » Quistil.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

« Vous savez en quel état se trouvait la scène française, lorsqu’il commença à travailler. […] Homère exprime tout ce qui frappe les yeux : les Français, qui n’ont guère commencé à perfectionner la grande poésie qu’au théâtre, n’ont pu et n’ont dû exprimer alors que ce qui peut toucher l’âme. — Le langage du cœur et le style du théâtre ont entièrement prévalu : ils ont embelli la langue française, mais ils en ont resserré les agréments dans des bornes un peu trop étroites. […] Aprés un tableau rapidement esquissé de l’état de la langue française avant Corneille, l’orateur continue : « La langue française restait donc à jamais dans la médiocrité, sans un de ces génies faits pour changer et pour élever l’esprit de toute une nation : c’est le plus grand de vos premiers académiciens, c’est Corneille seul qui commença à faire respecter notre langue des étrangers, précisément dans le temps que le cardinal de Richelieu commençait à faire respecter la couronne. […] » C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire.

4. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre second. De la disposition. »

Tantôt on commence par les plus faibles, tantôt au contraire on place en avant les plus fortes. […] Dans le second cas, c’est-à-dire lorsque la disposition commence par le développement des pensées les plus saillantes, la gradation est descendante. […] C’est là où l’intérêt commence, où il est nécessaire, pour le faire croître jusqu’à la fin, de bien rassembler en un seul faisceau les faits partiels qui concourent au but du récit. […] Pour cela, il faut avoir le don de bien narrer, et si l’on ne se sent pas assuré de son fait, il vaut mieux se conformer aux règles et finir du même ton que l’on a commencé. […] Le nœud commence.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Ce qui choqua le plus, ce fut d’y trouver moins l’intention d’élever Racine, qui d’ailleurs n’avait pas besoin d’éloge, que le projet bien formel de déprécier le grand Corneille, et d’accréditer les nouvelles hérésies littéraires qui commençaient à se répandre au sujet du père de notre tragédie. […] Je vous rappelle cette partie de son éducation, Romains, parce que cette mâle institution commence à se perdre parmi vous. […] « Ainsi commençait à se former le prince qui devait vous gouverner ; mais c’est l’éducation morale qui achève l’homme et constitue sa grandeur : c’est elle qui a fait Marc-Aurèle. Cette éducation commença avec sa naissance : la frugalité, la douceur, la tendre amitié, voilà les objets qu’il aperçut en sortant du berceau. […] Rien de plus opposé au caractère de la véritable éloquence, que cette manière de procéder dans une composition oratoire ; et ce qui le prouve surtout, c’est qu’elle date précisément de l’époque où l’éloquence commença à dégénérer entre les mains des sophistes grecs, et finit par se perdre tout à fait entre celles de Sénèque et de ses imitateurs.

6. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — NOTIONS PRÉLIMINAIRES. » pp. 264-266

La césure (de cædere, couper) est une syllabe longue qui finit un mot et commence un pied. […] Dans ce vers, les syllabes ǣ et nēs sont des césures ; car 1° elles sont longues, 2° elles finissent un mot, 3° elles commencent un pied. […] L'élision a lieu quand un mot finit par une voyelle ou une diphthongue, ou un m, et que le mot suivant commence par une voyelle.

7. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

» Les nobles méprisent ordinairement ceux qui commencent leur noblesse, et qui se trouvent au même point où se sont trouvés leurs propres ancêtres. […] Voulez-vous, dit Horace33, m’attendrir par le récit de vos malheurs, et me tirer des larmes, commencez à en verser vous-même. […] La grandeur et l’importance du sujet autorisent l’Orateur à commencer par quelques traits frappants, par des figures brillantes, par de riches comparaisons. […] Voyez sur quel ton Cicéron commence ses Oraisons contre Catilina. […] Il y établit une école d’éloquence, et commença par lire à ses auditeurs sa harangue, qui lui mérita de leur part de très grands éloges.

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Le voici : « Je commence, Athéniens, par conjurer tous les dieux et toutes les déesses de vous inspirer pour moi, dans cette circonstance, les sentiments de bienveillance dont je suis moi-même animé pour l’état : je leur demande aussi (et je parle ici pour votre propre gloire) qu’ils vous inspirent de consulter pour la manière dont vous devez m’entendre, non pas mon adversaire, l’injustice serait criante, mais les lois et votre serment ! […] Cet exorde est sublime dans sa simplicité ; c’est le langage de la vérité et de l’innocence ; l’invocation aux Dieux, qui le commence et le termine, devait produire le plus grand effet auprès d’un peuple qui comptait pour quelque chose le respect des choses respectables, et qui ne pensait pas que l’on pût se jouer impunément de la majesté des Dieux. […] Eschine avait commencé par l’exposé des infractions prétendues faites à la loi : c’était le fort de sa cause, et la partie faible de Démosthène, qui, trop adroit pour adopter le plan de défense que lui traçait son adversaire, commence par occuper les esprits de ce qu’il a fait de vraiment grand, de vraiment utile. […] Le voici : c’est que chez tous les Grecs, tous les ministres, à commencer par toi, s’étant laissé corrompre d’abord par Philippe, ensuite par Alexandre, je n’ai jamais été, moi, tenté ou engagé, ni par l’occasion, ni par la douceur des paroles, ni par la grandeur des promesses, ni par l’espérance, ni par la crainte, ni par aucun autre motif, à trahir ce que je regardai toujours comme les droits et les intérêts de ma patrie ; c’est que tous les conseils que je donnai, je ne les donnai jamais, ainsi que vous autres, penchant comme la balance, du côté qui reçoit davantage, mais que je montrai partout une âme droite et incorruptible ; c’est qu’ayant été plus que personne à la tête des plus grandes affaires, je me conduisis dans toutes avec une probité irréprochable.

9. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre II. division de la rhétorique. — de l’invention  » pp. 24-37

Cet ensemble d’études commence par celle de la langue nationale. […] L’étude de la langue nationale commence au berceau ; aussi l’appelle-t-on également langue maternelle. […] On commencera par la méthode analytique. […] En effet, où commence le français ? […] Il commencera par ce que j’appellerai exercices d’imitation.

10. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Et il commence la quête. […] L’éclipse commence. […] Le combat commence à deux heures. […] Maximien commence à les haranguer. […] Ici commence le discours.

11. (1854) Éléments de rhétorique française

commence la Rhétorique, ou l’art de bien dire. Tout ce que les hommes ont réduit en art a commencé par être un instinct. […] Ainsi Voltaire, ayant à parler de l’esprit, commence par se demander : Qu’est-ce que l’esprit ? […] Bossuet commence ainsi l’oraison funèbre de la duchesse d’Orléans. […] Je voudrais bien savoir si tu as commencé.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Quel que soit l’objet du discours, celui qui parle doit commencer par une espèce d’introduction, qui prépare l’esprit des auditeurs : il établit ensuite l’état de la question, expose celui des faits, et les appuie de preuves propres à fortifier l’opinion qu’il a de la bonté de sa cause, et à détruire les raisons de son adversaire. […] il commence par l’énumération des faveurs qu’il a reçues du peuple- : il reconnaît qu’il lui doit tout, et que personne ne peut avoir plus de motifs que lui pour défendre ses intérêts. […] Mais c’est là qu’il commence à observer avec la plus grande adresse, et les ménagements les plus délicats, que l’on donne à la popularité des acceptions bien étranges quelquefois, et bien éloignées surtout de la véritable ; qu’il n’y voit, lui, qu’un zèle sincère pour les intérêts du peuple ; mais que d’autres la faisaient servir de masque à leur ambition personnelle, etc. […] De là l’argumentation, qui est la partie technique du raisonnement, ou, si l’on veut, le corps de la preuve ; et le pathétique, qui en est l’âme, et qui achève victorieusement sur les cœurs, ce que l’argumentation a commencé sur les esprits.

13. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Alors commence une guerre effroyable : ni l’âge ni le sexe ne sont épargnés ; les places publiques, les routes, les champs même, et jusqu’aux lieux les plus déserts, se couvrent d’instruments de torture, de chevalets, de bûchers, d’échafauds. […] Enfin, les bourreaux fatigués s’arrêtent1, la hache échappe de leurs mains : je ne sais quelle vertu céleste, émanée de la croix, commence à les toucher eux-mêmes ; à l’exemple des nations entières, subjuguées avant eux, ils tombent aux pieds du Christianisme, qui, en échange du repentir, leur promet l’immortalité, et déjà leur prodigue l’espérance. […] N’en doutez pas, c’est la fête, la grande fête qui se prépare, et qui commencera lorsque le monde aura été purifié. […] que ce moment sera beau, qui finira tout et commencera tout, qui finira tout sur la terre, et commencera tout pour l’éternité !

14. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

M. de Lisieux prit plaisir aux violons ; Madame de Vendôme ne se lassait point de voir danser mademoiselle sa fille4, qui dansait pourtant toute seule ; enfin, l’on s’amusa tant, que la petite pointe5 du jour (c’était dans les plus grands jours d’été) commençait à paraître quand on fut au bas de la descente des Bonshommes. […] Il me répondit : « Effectivement, je crois que ce pourraient bien être des diables4. » Comme nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté de la Savonnerie, et que nous étions par conséquent plus proches du spectacle, je commençai à entrevoir quelque chose ; et ce qui m’en parut fut une longue procession de fantômes noirs, qui me donna d’abord plus d’émotion qu’elle n’en avait donné à M. de Turenne ; mais, en réfléchissant que j’avais longtemps cherché des esprits, et qu’apparemment j’en trouvais en ce lieu, je fis deux ou trois sauts vers la procession1 ; les gens du carrosse, qui croyaient que nous étions aux mains avec tous les diables, firent un grand cri, et ce ne fut pourtant pas eux qui eurent le plus de peur. […] On dit : le jour commence à poindre.

15. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Ainsi, dans Œdipe-Roi, tout est fait avant que l’action commence. […] Il faut que le nœud commence dès le premier acte : c’est une suite nécessaire de l’exposition du sujet. […] En troisième lieu, le nœud doit être commencé dans le premier acte, et le dénoûment préparé, sans cependant que cette préparation soit trop sensible. […] En cela plus imitateurs que nous de la nature, voici comment ils commencent leurs scènes. […] Quand il est question de ridicule, rien de plus difficile sans doute que de marquer le point précis où finit la bonne plaisanterie et où la bouffonnerie commence.

16. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Ceux qui étaient assez durs pour résister à l’impression que faisaient tant d’aimables qualités, n’échappaient point à ses bienfaits : et il commença par assujettir les cœurs, comme le fondement le plus solide de la domination à laquelle il aspirait. […] Il y composa, en grec, une Histoire universelle qui commençait aux guerres puniques et finissait à celle de Macédoine. […] De même, chez les Romains, Tacite, venant après Tite-Live, ne refit pas la partie de l’histoire romaine que celui-ci avait traitée : il commença la sienne à partir du régime impérial. […] Les vies des hommes illustres ont, du reste, ce grand avantage, de nous faire commencer l’étude du cœur humain, en nous montrant les hommes de près et tels qu’ils sont. […] Du moment qu’il se prépara à la guerre, il commença une vie toute nouvelle dont il ne s’est jamais depuis écarté un seul moment.

17. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Je n’ai pas la force de commencer par vous. […] Je me trouve heureuse d’avoir commencé ma journée par vous. […] Mme de Sévigné commence par faire compliment à sa fille de son talent à faire des relations. […] C’est ici que commence le parallèle. […] Déjà la société commence pour ces enfants qui étaient destinés à vivre seul.

18. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Remarques particulières sur chaque espèce de mots. » pp. 46-52

. — T ne se prononce pas à la fin de ces mots, respect, aspect, même quand le mot suivant commence par une voyelle ou une h muette ; ainsi, prononcez respect humain, comme s’il y avait respec humain. […] Tout ne change ni de genre ni de nombre devant un adjectif féminin pluriel qui commence par une voyelle ou une h muette. […] Mais si l’adjectif féminin est au singulier, ou si, étant au pluriel, il commence par une consonne, alors on met tout, toutes.

19. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Mais faut-il commencer par l’étude des règles ? […] L’orateur, loin de chercher à pallier la faute des habitants d’Antioche, commence par convenir que leur conduite a mérité le plus sévère châtiment. […] Par quoi tout Traité doit-il commencer ? […] Ils s’élancent tous deux, Et commencent enfin ce combat dangereux. […] Là, on célébra Rocroi délivré, les menaces d’un redoutable ennemi tournées à sa honte, la régence affermie, la France en repos, et un règne qui devait être si beau, commencé par un si heureux présage.

20. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Il en est de même lorsque le mot suivant commence par une consonne : On peut être héros sans cesser d’être humain. […] Il y a encore hiatus, lorsque le second mot commence par un h non aspiré. […] L’enjambement, qui est le vice opposé au repos final, est le rejet au vers suivant d’un ou de plusieurs mots, rejet qui fait que le sens commencé dans un vers, ne se complète que dans une partie du vers suivant. […] 2° Pour que la rime féminine soit bonne ou suffisante, il faut que la consonance commence à la pénultième, parce que la prononciation sourde de l’e muet empêche d’y apercevoir une consonance sensible. […] Alors que, pour lorsque, cependant que pour pendant que commencent à vieillir.

21. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre II. Seconde espèce de mots. » p. 7

On retranche e dans le mot le, on retranche a dans la, quand le mot suivant commence par une voyelle ou une h muette. […] Alors, au lieu de mettre de le devant un nom masculin singulier, qui commence par une consonne, on met du.

22. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

Quand l’auteur de ces sortes d’ouvrages a épuisé une pensée, il passe à l’autre avec simplicité et bonne foi ; et cela vaut bien mieux que ces transitions subtiles presque toujours uniquement fondées sur des rapports entre les mots, sur une liaison apparente entre le dernier du paragraphe qui finit et le premier de celui qui commence. […] L’orateur commence par isoler ses auditeurs du reste du monde, et quand, debout au milieu d’eux, il a ainsi condensé sur leur tête l’épouvante générale que dès le premier mot de l’exorde son discours a dû répandre et qu’il partage lui-même, il les transporte au jour du jugement, au jour de colère et de vengeance. — Je suppose que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers… — Puis, à sa voix prophétique, la voûte du temple se déchire, les cieux s’entr’ouvrent, Jésus-Christ apparait dans toute sa gloire, les sept trompettes retentissent, et la sentence de grâce ou de mort éternelle plane au-dessus de cette petite troupe qui se serre d’effroi sur les débris de l’univers écroulé. […] Voici que commence le terrible triage des brebis et des boucs, de la paille et du froment ; voici que le prêtre réclame parmi les pécheurs et ceux-ci, et ceux-là, et la majorité, et plus que la majorité ; à gauche, à gauche. […] L’œuvre commence : début, exorde, exposition, prologue ; elle se poursuit : narration, confirmation, réfutation, nœud, développement ; elle se termine : épilogue, conclusion, dénoûment, péroraison.

23. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XII. Abrégé des règles de la versification française. »

L’hiatus, ou bâillement, est produit par la rencontre de deux voyelles, dont l’une finit un motet l’autre commence le mot suivant. […] Une stance ne peut commencer par la même rime qui finit la stance précédente. Si une stance finit par une rime masculine, la suivante doit commencer par une féminine, et réciproquement. […] Sa forme la plus ordinaire et la plus symétrique consiste à mettre un repos marqué au quatrième vers, un autre plus faible au septième ; à commencer par une rime féminine, en faisant rimer le premier vers avec le troisième, le second avec le quatrième, le cinquième avec le sixième, le septième avec le dixième, et le huitième avec le neuvième.

24. (1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2

C’est par la langue maternelle que doivent commencer les études, dit M. […] Il y a aussi un ordre à garder ; cet ordre consiste principalement à ne pas supposer des choses que vous n’avez pas encore dites, et à commencer par les connaissances qui ne dépendent point de celles qui suivent.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Que d’autres, saisis d’horreur, pensent, en la quittant, cesser d’être ; instruit de votre néant, vous croirez commencer : la mort est la fin de la vie du méchant, et le commencement de celle du juste1. […] En me levant avant le soleil pour aller voir, contempler son lever dans mon jardin, quand je voyais commencer une belle journée, mon premier souhait était que ni lettres, ni visites n’en vinssent troubler le charme. […] Les vieillards sont ceux dont le sommeil a été plus long ; ils ne commencent à se réveiller que quand il faut mourir. […] Chateaubriand a dit : « Chaque homme a au milieu du cœur un tribunal où il commence par se juger soi-même, en attendant que l’arbitre souverain confirme la sentence. […] Ou si je veux écrire de suite ce qui me vient, je ne sais ni commencer, ni finir.

26. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Avant sa quatorzième année, il commença à porter les armes. […] Ainsi commençait une vie dont les suites devaient être si glorieuses. […] Sa réputation avait commencé par de beaux vers latins sur le carrousel dont Louis XIV donna le spectacle aux Parisiens en 1662, sorte de fête empruntée à l’Italie et qui avait remplacé les tournois.

27. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Cet enfant fit taire les oracles, avant qu’il commençât à parler. […] Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires, et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croient que Dieu était aussi présent que dans le ciel, et qu’il avait enfermé le destin de la monarchie universelle ; après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui était dédié aux plaisirs du peuple2, et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes, je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la cour et à la lumière du monde3. […] La Fronde commençait alors.

28. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

En même temps, Guillaume de Lorris, qui commence le Roman de la Rose, sans l’achever, représente bien l’invasion des procédés scolastiques, introduisant, jusque dans le domaine de la poésie galante, les pâles fantômes de l’abstraction. […] La prose enfin commence à nous montrer ses titres. […]   renaissance. — Le moyen âge est fini, les temps modernes commencent. […] Edwards, les sons è, e, étrangers au latin, seraient aussi de provenance gauloise, comme la voyelle u, dont l’usage s’est perpétué au nord de l’Italie, dans l’ancienne Gaule Transpadane ; car c’est seulement au sud du Pô que commence la prononc ation toute latine de l’ou italien. — On explique par la même origine les articulations ch et j, le son nasal des lettres m et n, enfin l’emploi des u mouillées. […] Les romans de la Table-Ronde, qui commencèrent à être populaires surtout dans la seconde moitié du xiiie  siècle, n’appartenaient pas aux sources germaines, devenues françaises et chrétiennes.

29. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Le catalogue qui va suivre pourra paraître ingrat, mais il éclaire les textes que nous citons, et explique les tendances qu’ils accusent1 1° Pour commencer par les substantifs, on ne s’étonnera pas de ce que plusieurs d’entre eux, féminins aujourd’hui, aient été mis alors au masculin. […] Mais pourtant, les grammairiens commençaient à perdre le sens de ces locutions ; car quelques-uns usaient déjà de l’apostrophe pour marquer par ce signe la chute de l’e qu’ils croyaient supprimé. […] Pour en juger, comparez telle page de Montaigne à telle autre de Pascal se rencontrant sur le même sujet ; vous verrez que la différence ne tient pas seulement aux esprits, mais à la langue, qui n’a plus le même âge, et dont la virilité commence. […] Labruyère est encore plus compatissant pour ces épaves d’un vaste naufrage ; écoutez ses plaintes : « Ains a péri : la voyelle qui le commence, et si propre à l’élision, n’a pu le sauver. […] On rencontrera bien d’autres régimes insolites : être forcé de famine, commencer à une entreprise, exhorter de, se régler au patron, se plaire de…, attendre à faire, prétendre de, se résoudre de… pour agir (se tenir prêt à) etc

30. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE IV. De la composition des vers. » pp. 295-331

Si de tels mots s’y trouvent, on commencera par les écrire à la fin du vers, en faisant de la première syllabe la fin du cinquième pied, et le sixième pied des deux autres syllabes : ……. fĕr | ēbānt. […] Si c’est une consonne, il faut avoir bien soin que le mot suivant commence par une voyelle ou une diphthongue ; autrement la dernière syllabe de ce dactyle deviendrait longue par position. […] Si, au contraire, la dernière lettre d’un dactyle était une voyelle, il faudrait nécessairement que le mot suivant commençât par une consonne ; autrement il se ferait une élision de la dernière syllabe. […] Le second hémistiche, au contraire, se compose nécessairement de deux dactyles, plus une césure (qui peut être brève ou longue) ; ce qui oblige, pour plus de facilité, de commencer le vers par le second hémistiche. […] Il semble voir les mains de ce tendre père qui s’élèvent pour commencer cette touchante peinture, et qui retombent aussitôt ; et pourquoi ?

31. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre V. De la disposition. »

« Retenons nos plaintes, Messieurs, il est temps de commencer son éloge, et de vous faire voir comment cet homme puissant triomphe des ennemis de l’État par sa valeur, des passions de l’âme par sa sagesse, des erreurs et des vanités du siècle par sa piété. […] Il n’y a pas de règles à donner là-dessus ; Cicéron et Quintilien recommandent seulement de commencer et de finir par les moyens les plus convaincants. […] « Servez donc ce roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout votre sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant. […] « Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô prince, le digne objet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels ; je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier Jour, sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.

32. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

. — L’Ode à Namur, et Trois ingrates satires furent les derniers soupirs de sa muse, qui, dans sa vieillesse chagrine, commençait à perdre haleine. […] Si le sens de vos vers tarde à se faire entendre, Mon esprit aussitôt commence à se détendre, Et de vos vains discours prompt à se détacher, Ne suit point un auteur qu’il faut toujours chercher1. […] Les personnes qu’ils ont commencé de connaître dans ce temps leur sont chères ; ils affectent quelques mots du premier langage qu’ils ont parlé : ils tiennent pour l’ancienne manière de chanter et pour la vieille danse ; ils vantent les modes qui régnaient alors dans les habits, les meubles et les équipages ; ils ne peuvent encore désapprouver des choses qui servaient à leurs passions, qui étaient si utiles à leurs plaisirs, et qui en rappellent la mémoire : comment pourraient-ils leur préférer de nouveaux usages, et des modes toutes récentes où ils n’ont nulle part, dont ils n’espèrent rien, que les jeunes gens ont faites, et dont ils tirent à leur tour de si grands avantages contre la vieillesse ?  […] Si le génie commence les beaux ouvrages, le travail seul les achève.

33. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Je veux commencer à répondre en deux mots à votre lettre, et puis notre procès sera fini. […] Je suis tellement éperdue de la nouvelle de la mort très-subite de M. de Louvois, que je ne sais pas où commencer pour vous en parler3. […] Nicole, était si étendu, qui était le centre de tant de choses : que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire ! […] Quelques années après la condamnation de son protecteur, La Fontaine, passant à Amboise, voulut visiter la chambre du château où Fouquet avait commencé sa captivité.

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