Il suffit pour cela qu’il sente vivement, et s’exprime de même. […] Rien ne suffit aux gens qui nous viennent de Rome : La terre et le travail de l’homme Font, pour les assouvir, des efforts superflus. […] S’ils ont été inventés, il suffit qu’ils soient aussi vraisemblables qu’ils puissent l’être, et que par conséquent il y ait des raisons de croire que, dans leur réalité, ils se seraient passés de la même manière que nos deux Poètes le supposent dans la fiction qu’ils emploient. […] La propreté seule, jointe aux grâces naturelles, lui suffit. […] Il leur suffit d’en bien savoir les principes généraux, et de lire nos bons Écrivains, que je ferai connaître en exposant les règles des divers genres de littérature.
On peut soutenir, sans être trop rigoriste, que le premier vers de Juvénal et le second de Boileau suffisaient pour exprimer complétement l’idée ; le troisième surtout paraît tout à fait superflu dans les deux poëtes. […] Il suffit parfois, pour amener la conviction, de reproduire toujours les mêmes preuves ; pour entraîner dans notre sentiment, d’appuyer sans cesse sur les mêmes idées et les mêmes expressions. […] Il me suffira donc d’ajouter ici quelques lignes sur cette figure dont j’ai fait le terme générique de toutes celles qui procèdent par développement d’idée. […] « Et cela est fondé en raison, dit Vaugelas, parce que, lorsque nous voulons bien assurer et affirmer une chose, il ne suffit pas de dire simplement, je l’ai vu, je l’ai oui, puisque bien souvent il nous semble avoir vu et oui des choses que, si l’on nous pressait d’en dire la vérité, nous n’oserions assurer. […] En un mot, il suffit que l’une des phrases die plus que l’autre, pour éviter le vice de pléonasme (voilà notre périssologie), qui consiste à ne dire qu’une même chose en paroles différentes et oisives, sans qu’elles ayent une signification ni plus étendue ni plus forte que les premières. » Il faut lire toute cette remarque de Vaugelas, qui est la 160e, sur les formes, unir ensemble, voler en l’air, etc.
Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] Qu’il nous suffise d’avoir eu la bonne volonté d’aider les jeunes gens à mieux lire, et à juger par eux-mêmes, sous la conduite du cicerone qui, sans les importuner ou gêner leur initiative, les arrête à propos et discrètement devant les bons endroits1 ! […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression.
vraiment vous plaisantez : Mme Radcliff n’y suffirait pas2. […] Suffit… tour elliptique ; il suffit de vous dire que… 7.
Sans déprécier un ouvrage qui compte d’honorables services et adroit aux égards dus au grand âge, il est permis de dire qu’il ne suffit plus à notre goût littéraire ; car en lisant ces pages, où apparaît comme un revenant habillé à la mode du premier Empire, on est parfois tenté de croire que des morceaux choisis ne sont pas toujours des morceaux de choix. […] Qu’il nous suffise d’avoir eu la bonne volonté d’aider les jeunes gens à mieux lire, et à juger par eux-mêmes, sous la conduite du cicérone qui, sans les importuner ou gêner leur initiative, les arrête à propos et discrètement devant les bons endroits1 ! […] L’esprit de ce livre est contenu dans la page que voici, et que j’emprunte à un de nos maîtres préférés : « Les leçons de littérature, pour être utiles et remplir leur véritable objet, doivent se composer en grande partie de lectures, d’extraits abondants, faits avec choix… L’accent qui insiste, qui souligne, pour ainsi dire, en lisant ; quelques remarques courantes et comme marginales, qui se glissent dans la lecture et s’en distinguent par un autre ton ; quelques rapprochements indiqués comme du doigt suffiront pour mettre l’auditeur à même de bien saisir la veine principale, et de se former une impression.
Sur le premier point, il suffira de définir ici en peu de mots certaines expressions qui reviennent souvent dans l’étude des belles-lettres. […] Il ne suffit pas, pour réussir parfaitement dans l’invention, de trouver un sujet intéressant, vraisemblable et moral ; il faut joindre à ce mérite celui non moins précieux de découvrir dans ce sujet ce que n’y voit pas le commun des hommes. […] Dans la plupart des cas judiciaires un moyen pourra suffire. […] Plus rarement on devra employer les trois moyens à la fois : si je suis père de famille et dans une position gênée, si ma partie est puissante, si mes preuves sont faibles, si mes titres moraux ne suffisent pas, je tâcherai de toucher le cœur des juges par le spectacle de la pauvreté qui m’attend, de mes enfants réduits à la misère, je mettrai en regard l’opulence de mon adversaire, et si je parviens par mes larmes à attendrir mes auditeurs, le succès de ma cause n’est pas douteux. […] Il faudra recourir fréquemment aux trois moyens, plus rarement à deux, et ce n’est que dans des occasions exceptionnelles qu’un seul pourra suffire.
Cette subite grandeur lui suscita bien des ennemis, et l’on ne saurait nier que ses incontestables vertus ressemblent parfois au talent de se rendre nécessaire ; mais si elle ne fut pas étrangère à toute arrière pensée d’ambition, s’il est plus facile de la respecter que de l’aimer, on doit pourtant reconnaître qu’elle n’a jamais séparé l’honnêteté de l’habileté Elle excella par la tenue, la justesse, la mesure et le bon sens pratique ; elle porta simplement une haute fortune, et s’en servit pour faire le bien, surtout lorsqu’elle fonda Saint-Cyr (1685), création qui suffirait à honorer son nom. […] Le commode, ce qui suffit au bien-être de la vie. […] Cela n’est pas d’un homme, et d’un chrétien suffirait.
Or il suffit de jeter les yeux sur ces dernières pour voir qu’elles se rapprochent plus de Teniers lui-même que de Raphaël, par exemple. […] D’abord il est manifeste que l’imitation toute seule ne suffit pas ; s’attacher aux traces d’un maître, si l’on n’a pas l’ambition de marcher bientôt de pair avec lui, de le devancer même, s’il est possible, c’est se condamner à une éternelle infériorité, necesse est semper sit posterior qui sequitur. […] L’histoire ne peint que l’homme, elle le peint tel qu’il est : ainsi le ton de l’historien ne deviendra sublime que quand il fera le portrait des plus grands hommes, quand il exposera les plus grandes actions, les plus grands mouvements, les plus grandes révolutions, et partout ailleurs, il suffira qu’il soit majestueux et grave. Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, de l’être en général, de l’espace, de la matière, du mouvement et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions ; dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé.
Réponse de Corneille aux attaques de Scudéri Monsieur, Il ne vous suffit pas que votre libelle1 me déchire en public ; vos lettres me viennent quereller jusque dans mon cabinet, et vous m’envoyez d’injustes accusations, lorsque vous me devez pour le moins des excuses. […] Si un volume d’observations ne vous suffit, faites-en encore cinquante ; tant que vous ne m’attaquerez pas avec des raisons plus solides, vous ne me mettrez point en nécessité de me défendre ; de mon côté je verrai, avec mes amis, si ce que votre libelle vous a laissé de réputation vaut la peine que j’achève de la ruiner. […] Il suffit que vous ayez fait une folie, sans que j’en fasse une à vous répondre comme vous m’y conviez ; et puisque les plus courtes sont les meilleures, je ne ferai point revivre la vôtre par la mienne.
Comme si les paroles ne leur suffisaient pas pour exciter les passions, ils font parler les choses ; ils changent la tribune en un théâtre et produisent l’éloquence en scène ; ils lui donnent un appareil tragique ; ils lui mettent de vraies larmes dans les yeux ; ils la montrent traînant des lambeaux de deuil, les bras tendus vers le peuple, les cheveux longs et défaits, la poitrine ouverte et cicatrisée : ils arrachent le cœur au lieu de l’effleurer. […] Il suffit pour s’en convaincre de lire leurs poëtes. […] Si l’avocat a besoin de toutes les ressources de l’art pour donner les couleurs de la vraisemblance à une cause douteuse, le simple langage du bon sens, soutenu par la dignité du caractère et par la chaleur de la conviction, suffit souvent, dans les grandes occasions, pour ouvrir les yeux de la foule à l’évidence. […] S’il n’était destiné qu’à défendre la cause du sénat et les intérêts des citoyens, il lui suffirait de lire les annales de Rome, les traités des jurisconsultes et les livres des augures et des pontifes. […] Les contemporains les ont recueillis, et, quand ces témoignages nous manqueraient, Verrès odieux et bafoué, Verrès encore aujourd’hui saignant de ses blessures, suffirait pour attester la puissante faculté ironique du grand avocat.
Pour rimer avec monarque auguste qui suit ; mais cela ne suffit pas pour être clair. […] Ainsi, d’une part, il ne suffit pas que les hommes instruits vous comprennent ; il faut que le commun des hommes vous entende aussi ; et d’autre part, il ne suffit pas qu’un homme du peuple comprenne ce que vous voulez dire, il faut encore qu’un grammairien approuve votre diction. […] Pourvu que votre lecteur vous entende bien clairement, cela suffit. […] Une seule de ces métaphores expliquée suffit pour faire connaître la nature de toutes les autres. […] Mais cela ne me semble pas suffire pour fixer dans l’esprit des élèves la définition des figures.
Style pittoresque Pour comprendre ce que c’est que Style pittoresque, il suffira d’expliquer l’origine du nom qui lui est donné. […] C’est en cela que consiste la sévérité du style c’est aussi ce qui en fera l’unité et ce qui en réglera la rapidité, et cela seul aussi suffira pour le rendre précis et simple, égal et clair, vif et suivi. […] Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, de l’être en général, de l’espace, de la matière, du mouvement et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions ; dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé. […] Si nous ne sommes pas assez heureux pour réussir pleinement, peut être que nos efforts suffiront pour en donner une idée satisfaisante. […] Qui oserait nier que ces écrivains d’élite ne passent à bon droit pour les maîtres de l’art, et que l’unanimité d’hommages qui leur ont été rendus jusqu’à notre époque par tous les gens éclairés et sensibles, n’ait suffit pour établir leur excellence ?
Une exposition méthodique et lumineuse des règles suffit. […] Mais ce premier instant ne suffit pas pour faire connaître cette campagne, c’est-à-dire pour nous faire démêler les objets qu’elle renferme. […] Pour avoir une connaissance de cette campagne, il ne suffit donc pas de la voir toute à la fois. […] Gibert prévit dès lors que ses Observations ne suffisaient pas pour sauver la véritable doctrine oratoire.
La versification suffit-elle pour constituer la poésie ? […] Notre vers de dix syllabes a une marche régulière et nullement fatigante : il coule de source, il est doux sans lenteur, rapide sans cascade, et l’inégalité des deux hémistiches avec le mélange des finales alternativement sonores et muettes, suffit pour le sauver de la monotonie. […] Cependant il n’est point nécessaire que le vers finisse à l’hémistiche ; il suffit qu’un léger repos soit possible. […] Du reste, un repos, même léger, suffit à la fin du vers, comme nous avons vu qu’il suffit à l’hémistiche : Mais fussiez-vous issu, etc. […] Le seul e fermé suivi de l’e muet ou d’une consonne muette ne suffit pas pour la rime.
Il nous suffira de dire que la main de Napoléon a tenu la plume aussi noblement que l’épée. […] En effet, il ne suffit pas qu’il existe : il faut qu’il soit connu ; il faut qu’il se connaisse lui-même.
Cette fronde légère suffit à terrasser le Goliath de la poésie ; et, malgré de pompeuses funérailles, malgré les épitaphes bruyantes qui ranimèrent un instant la ferveur des dévots, la gloire de Ronsard avait déjà bien pâli quand il mourut fort à propos, à la veille du jour où Malherbe allait enfin venir. […] Les exemples en sont si nombreux qu’il suffira d’ouvrir notre recueil au hasard pour s’en assurer. — Même dans les verbes impersonnels, le neutre il s’effaçait d’ordinaire, et l’on disait gentiment : « Me souvient qu’Aristote… Alors tonnoit et pleuvinoit à merveilles… Bien est vray que… M’est advis que… Faut estre sage. » Cette jolie forme, nous avons eu tort de la laisser à nos villageois. […] Il se suffisait à lui-même ; il jouait le rôle de sujet et de complément, avec le sens de cela ; d’où ces tournures lestes : « Pour se faire… Surce, partit l’ost (armée)… Ce non obstant (hoc non obstante), il advint… » Qui donc oserait préférer à cette dernière façon de dire notre lourd quoi qu’il en soit ? […] Montaigne, tout seul, suffirait à enrichir les plus dénués. […] Qu’il leur suffise d’enregistrer, de classer et d’expliquer les faits accomplis, c’est-à-dire consacrés par l’élection populaire et l’autorité des grands écrivains, qui seuls, comme les souverains, ont le privilége de frapper à leur effigie la monnaie courante.
Il ne suffit pas d’ailleurs que le sujet soit sublime, il faut encore qu’il soit présenté de la manière la plus propre à faire une impression frappante : l’expression sera forte, concise et simple. […] Une tempête, par exemple, est un objet naturellement sublime ; mais, pour en faire une description sublime, suffira-t-il d’entasser au hasard et sans goût tous les effets qu’elle peut produire, toutes les circonstances qui l’accompagnent ? […] Le ciel à mes desseins plus que moi s’intéresse ; Et s’il ne suffit pas à vaincre ton effroi, Tu peux, à son défaut, te reposer sur moi.
Il ne suffit pas, en effet, d’un zèle que rien n’intimide, d’une âme brûlante et consumée du désir vrai d’opérer le bien ; il faut que la raison dirige cet enthousiasme divin : et, ici plus qu’ailleurs, c’est la conviction qui doit amener la persuasion et le triomphe de l’orateur. […] Il ne suffit pas même, dit-il, qu’il ait à cet égard une foi spéculative, il faut qu’il soit vivement et profondément pénétré.
Quelquefois une phrase suffira, si elle vaut seule un long discours. […] Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : j’étais à la bataille d’Austerlitz, pour que l’on vous réponde voilà un brave ! […] Dans un salon il suffira de hausser la voix un peu plus que dans la conversation, sans appuyer davantage sur les syllabes muettes, à l’absence d’émission desquelles notre habitude du langage nous fait facilement suppléer. […] La meilleure prononciation ne pourra que donner l’intelligence des paroles d’un auteur : cela ne peut suffire. […] Ces beaux mots ne font point illusion ; ce n’est point un, deux ni trois volumes de format classique qui suffiraient à expliquer une matière aussi vaste que la littérature.
On remarquera que les trois ordres se rencontrent en un point : poser des universaux et en déduire l’hypothèse à établir ; seulement, dans les deux derniers, la déduction est précédée d’une analyse, d’un examen, d’une induction dont le premier se passe ; il n’a pas besoin d’amener ses prémisses ; il lui suffit de les énoncer. […] Vous voulez prouver par le dilemme que Dieu a créé le monde parfait en son espèce : — « Majeure : Si Dieu n’a pas créé le monde parfait, cela ne peut venir que d’un défaut de volonté ou d’un défaut de puissance ; — Mineure : mais cela ne vient ni d’un défaut de volonté, car alors il serait méchant, c’est-à-dire il ne serait pas Dieu ; ni d’un défaut de puissance, car alors il serait impuissant, c’est-à-dire encore il ne serait pas Dieu ; — Conclusion : donc il a créé le monde parfait en son espèce. » Je passe d’autres espèces d’arguments ; ce livre n’est pas un traité de logique ; mais ce peu de mots peut suffire, ce me semble, à établir le principe et les modes les plus ordinaires de la logique formelle. […] Enfin il ne suffit pas d’avoir trouvé ses preuves et d’en avoir reconnu la nature, sachez encore les choisir, les disposer, les traiter.
La vie brillante de ce grand seigneur ne l’eût pas sauvé de l’oubli ; mais il avait le goût de l’observation, et le petit volume des Maximes que lui inspira l’étude des hommes a suffi pour l’immortaliser. […] A la place de : pour ce qu’ils ont dit. — Il faut rapprocher de là cette pensée de Fénelon : « Il ne suffit pas d’avoir raison : c’est gâter et déshonorer la raison que de la soutenir d’une manière brusque et hautaine. » 2.
suffisait-il que l’expression fût juste, aisée, naturelle ? […] Dans ce discours l’art n’emprunte rien au mensonge, point de ces arguments sophistiques qui font briller l’esprit aux dépens de la raison : la vérité n’a pas besoin de ces indignes auxiliaires ; elle se suffit à elle-même. […] Un choix de morceaux dans les différents genres de nos meilleurs auteurs suffit comme moyen d’exercice. […] Mais l’imagination et la sensibilité ne suffisent pas. […] Il suffit que l’expression soit juste, aisée, naturelle.
Quelquefois un seul drame réunit tous ces genres d’intérêt ; plus souvent un seul suffit à notre attention. […] Il suffit de lire l’exposition de Rodogune, pour se convaincre de la vérité de ce qui précède. […] En général, un ou deux actes ne suffisent pas, dans la tragédie, pour produire une impression assez profonde ; et des critiques ont remarqué qu’on ne trouve aucun drame remarquable en quatre actes ou en six. […] Le nombre n’en est pas déterminé ; il suffit qu’il ne s’en trouve pas d’inutiles. […] Les actions communes, en effet, les qualités vulgaires ne suffisent pas pour ce genre de poème ; il faut des caractères élevés, des sentiments nobles et généreux, en un mot, des personnages héroïques.
Il suffira que je fasse connaître ici ceux des trois premières espèces. […] Pour donner une idée de la manière dont il peut le concevoir, il suffira d’en citer un bon exemple : c’est le plan du Panégyrique de Saint Louis par le P. […] Le modèle que je leur en ai offert, devrait sans cloute suffire pour cet objet. […] Quant au style, il suffit qu’il soit clair, convenable, précis, élégant sans prétention. […] Pour y réussir, il ne lui suffira pas simplement d’exposer la vérité.
Dans la tribu, où l’action accompagne la parole et souvent la devance, il suffit, pour persuader, d’avoir la main aussi prompte que la langue. Dans les sociétés polies, où la parole n’est que l’éclair qui annonce de loin la détonation, il ne suffit pas d’être entreprenant, il faut avoir raison. […] Quant au caractère de son éloquence, un mot suffit pour le définir : elle est persuasive. […] Ces dons seuls suffiraient déjà pour enrichir un homme. […] Pour gérer une société, il suffit d’avoir de la probité, de l’application aux affaires : pour mener un peuple par la persuasion, il faut le génie de la parole.
Voilà certes des traits d’éloquence remarquables qui peignent fortement les mouvements de l’âme, et qui en sont comme les éclairs rapides et brûlants ; mais ces lueurs éloquentes qui ont suffi quelquefois pour entraîner tout un peuple, comme le fit Scipion, et pour faire tomber à genoux des assassins, comme le fit Coligny, selon le poète, n’auraient pas suffi à nos grands orateurs, à nos illustres auteurs dramatiques pour émouvoir une assemblée, ou pour tenir, pendant plusieurs heures de suite, tout un auditoire sous le charme.
Lire ne suffit pas ; apprendre par cœur est stérile, appliquer et s’exercer beaucoup est le seul moyen de profiter. […] Un cri parti du cœur remue et saisit ; mais il ne suffit pas à convaincre des esprits ignorants ou prévenus. […] L’amour-propre et le bon sens suffisent pour nous les rendre précieuses et nous engager à les cultiver. […] — Pour ne pas multiplier les épithètes il est bon de poser en règle qu’une seule épithète suffit à un substantif. […] Pour arriver à ce résultat, il suffit de ne pas multiplier les conjonctions.
Voltaire, à lui seul, a dévoré ce qui aurait suffi à cent renommées. […] Chaque année, chaque mois doit suffire à son œuvre. […] Aujourd’hui est pourvu ; demain suffira à sa peine.
Le temple du goût, je le crois, est à refaire ; mais en le rebâtissant, il suffit simplement de l’agrandir, en sorte qu’il devienne le panthéon de tous les nobles humains, de tous ceux qui ont accru pour une part notable et durable la somme des jouissances et des titres de l’esprit. […] Cet hommage rendu à ce qu’il suffit d’apercevoir et de reconnaître, nous ne sortirions plus de nos horizons, et l’œil s’y complairait en mille spectacles agréables ou augustes, s’y réjouirait en mille rencontres variées et pleines de surprises, mais dont la confusion apparente ne serait jamais sans accord et sans harmonie. […] Mais cela ne suffit pas ; et je réclame la prééminence pour l’art des arts, la poésie.
Quelquefois un mot a suffi pour indiquer une situation, ou pour inspirer une scène du plus grand effet. […] Mais où ce grand homme s’est vraiment surpassé lui-même, c’est dans le personnage héroïque du vieil Horace défendant son fils ; et pour cela il a suffi au poète de mettre en beaux vers la prose magnifique de Tite-Live. […] Mais ce qui est au-dessus de tout, ce qui suffirait pour donner une idée du génie de Tacite, puisque le génie n’est autre chose que la sensibilité, c’est le discours du prince mourant aux amis qui l’environnent. […] La présence d’Auguste et un seul de ses regards suffirent pour ramener à l’obeissance les légions d’Actium.
Suffire. […] Suffi. Je suffis. Je suffis.