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2. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

Du Sublime dans les Choses. […] On emploie souvent les ténèbres pour ajouter au sublime de nos idées relatives à la Divinité. […] Il me reste à parler encore d’une autre classe d’objets sublimes ; c’est le moral ou le sentimental du sublime. […] Voilà des exemples du sublime de sentiment. […] Mais le péril ou la douleur ne saurait être la source unique du sublime.

3. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Qu’est-ce que le style sublime ? […] Sublime proprement dit. […] Quelle différence y a-t-il entre le sublime et le style sublime ? […] Elles sont rendues d’une manière sublime, et appartiennent par conséquent au style sublime sans être du sublime. […] Ce dernier vers est par conséquent sublime, sans être du style sublime.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Du Sublime dans les Compositions littéraires. […] porte tous les caractères du vrai sublime. […] Ce dernier vers est sublime. […] C’est en quoi consistent le grand art de l’écrivain, et la grande difficulté d’une description sublime. […] Addisson observe, avec raison, qu’il n’y a pas une circonstance ici qui ne soit sublime.

5. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Ceci est un livre essentiellement didactique, et le sublime ne s’enseigne pas. […] Le sublime, en effet, tel que je le conçois, n’est jamais dans l’expression. […] Le sublime n’est donc pas là. […] » Le mot est profond, tragique, terrible, non pas sublime. […] Je dis qu’il y a là un pathétique qui va jusqu’au sublime.

6. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

La création est le poème par excellence : c’est une épopée admirable et sublime. […] Du sublime en général. […] On voit par là qu’il y a un rapport immédiat entre le sublime et l’idéal. […] Le sublime s’élance au-delà des bornes du fini : c’est l’aigle qui se perd dans la nue. […] Voir plus haut, page 165 [2e partie, chapitre premier, § IX] ce qui a été dit sur le sublime dans le style.

7. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Le sublime ne peut se trouver que dans les grands sujets. […] D’où nous conclurons qu’il ne faut pas confondre le style sublime, avec le sublime proprement dit. […] Ces paroles ne sont pas du style sublime, mais elles renferment une pensée sublime, qui nous fait concevoir rapidement la toute-puissance de Dieu. […] La tranquillité du juste au milieu du fracas de l’univers est le sublime de la vertu. […] Le Sublime d’image se trouve dans le premier vers ; le Sublime de pensée, dans le second ; le Sublime de style dans tous les quatre.

8. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

S’il en était ainsi, les kermesses de Teniers appartiendraient sans doute au style simple, et les grandes pages de Rubens au sublime. […] C’est que ces diverses toiles ne sont ni du style sublime, ni du tempéré ; les unes sont du style de Rubens, les autres du style de Raphaël. […] Le sublime de Pascal n’est point celui de Bossuet, ni le sublime de Bossuet celui de Corneille. […] S’il a pu confondre le sublime avec le style sublime, il le distinguera sans peine du ton sublime. Il dira que le qu’il mourût est sublime, mais n’appartient pas plus au ton sublime qu’au ton simple, car cet admirable eri de dévouement à l’honneur et à la patrie n’a rien de commun avec la généralisation des idées ; qu’au contraire, il y a à la fois sublime et ton sublime dans les vers de Joad : Celui qui met un frein à la fureur des flots… etc.

9. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

La pensée peut être sublime sans que l’expression le soit, mais l’expression n’est jamais sublime sans la pensée ; l’expression sera grande, majestueuse, noble, riche, etc,, mais pour être sublime, il lui faut une pensée sublime. […] Et quel autre mot plus fort pourrait-on mettre à la place de sema… La pensée sublime et l’expression sublime sont jointes, et le sublime naît de cette union. […] Les rhéteurs distinguent plusieurs espèces de sublime : — le sublime de style. — Le sublime de pensée. — Le sublime d’expression ou de trait. — Le sublime d’image. —Le sublime de sentiment, — Le sublime de passion. — Le sublime des idées. — Le sublime de caractère, etc., etc.

10. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

L’émotion qu’il excite se distingue aisément de celle que produit le sublime. […] Le sublime fait naître des sensations trop fortes pour être durables ; celles qui résultent du beau sont susceptibles d’une plus longue durée. […] Le mouvement doux appartient seul au beau : violent et rapide, comme serait, par exempte, un torrent, il appartient au sublime. […] cet aspect a quelque chose de sublime, et qui imprime un sentiment de respect. […] Le beau est donc, après le sublime, la source la plus féconde des plaisirs du goût ; nous venons de le voir : mais ce n’est pas seulement parce qu’ils sont beaux ou sublimes que les objets nous flattent ; ils empruntent, d’autres principes encore, l’heureuse faculté de nous charmer.

11. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Qu’est-ce que la pensée sublime ? […] Quel est le défaut voisin du sublime de pensée ? […] Qu’est-ce que le sentiment sublime ? […] Les images ne sont-elles pas quelquefois sublimes ? […] Faites connaître quelques images sublimes.

12. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Nous parlons du sublime en général dans la seconde partie de cet ouvrage (page 165 [2e partie, chapitre premier, § IX]) ; il ne s’agit ici que du sublime dans le style. […] Le sublime transporte notre âme d’étonnement et d’admiration. […] Selon nous, ces caractères ne suffisent pas pour constituer le sublime. […] » pourtant, c’est là le sublime du sentiment maternel. […] Partout où le génie se manifeste, il marque son passage de l’empreinte du sublime.

13. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Ce genre embrasse donc tous les sujets et prend tous les tons, depuis le sublime jusqu’au familier noble. […] Tous ces morceaux sont dans le genre sublime. […] Outre les magnifiques poésies de l’Écriture et les hymnes au caractère sublime dont nous venons de parler, il y a encore ce qu’on appelle les hymnes liturgiques. […] Il prenait tous les tons de l’ode, et il en est quelquefois le modèle le plus sublime et le plus touchant. […] Quelquefois l’ode morale se contente de planer dans une région moyenne, sans chercher à s’élever, comme les genres précédents, à ce qu’il y a de plus sublime dans la poésie lyrique.

14. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Tout ce qui est vaste fait naître l’impression du sublime. […] Il nous reste à faire mention d’un genre particulier de sublime que l’on peut appeler le sublime sentimental ou moral. […] Voilà de beaux exemples du sublime de sentiment. […] Du sublime dans le style. […] Cette expression est véritablement sublime, et le sublime vient de l’idée imposante que l’on se forme de la grandeur d’un pouvoir qui se manifeste avec autant de rapidité.

15. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Le style sublime et le sublime rejettent les expressions qui manquent de justesse et celles qui visent à l'esprit. […] Au style sublime se rattachent le style pittoresque et le style noble. […] Qu'est-ce que les pensées sublimes ? […] Quels sont les ouvrages qui réclament le style sublime ? […] Les pièces où des pensées minces sont ornées de tours pompeux et d'expressions sublimes sont aussi des hors-d'œuvre.

16. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

En général, éloignez toutes les limites d’un objet quelconque vous le rendez aussitôt sublime. […] Nous pouvons observer que toute grande puissance ou force mise en action fait naître des idées sublimes, et peut-être est-ce là la principale source du sublime. […] Il nous reste à parler d’une classe d’objets sublimes qui peut être appelée morale, ou le sublime du sentiment. […] Telle est l’idée véritable du sublime. […] Il néglige les grâces secondaires, et semble viser au sublime du sentiment.

17. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

L’éloquence est au sublime ce que le tout est à sa partie. Qu’est-ce que le sublime ? […] Qu’est-ce que le sublime ? Où entre le sublime ? […] Pour le sublime, il n’y a même entre les grands génies que les plus élevés qui en soient capables.

18. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

C’est une conception sublime, qui décèle un grand génie. […] Aussi l’ode peut s’élever jusqu’au sublime ou descendre jusqu’à la plaisanterie et la gaîté. […] Le sublime et la grandeur doivent essentiellement caractériser les odes rangées dans ces deux classes. […] Il est remarquable par sa morale noble et sublime. […] Le poète y a répandu les beautés les plus sublimes.

19. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Une âme vraiment grande a des idées sublimes : un cœur vraiment sensible a des sentiments vifs et profonds. […] Du Genre sublime. Le genre sublime se reconnaît à l’élévation des pensées, à la pompe des expressions, à la vivacité des images, à la noblesse et à la grandeur des sentiments. […] Le Sermon de ce dernier sur le petit nombre des élus, est plein de morceaux sublimes. […] Mais le propre du genre sublime est toujours d’émouvoir vivement et de persuader : c’est le triomphe de l’éloquence ; c’est le talent suprême de l’Orateur.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

Mais les poètes sacrés sont des peintres bien autrement sublimes ! […] Tout cela est grand, sans doute ; mais qui ne reconnaît, à ces traits, le dieu sorti de l’imagination du poète, qui, rassemblant en un seul et même être toutes les idées partielles de la grandeur et de la puissance, en a formé ce que la pensée de l’homme peut concevoir de plus sublime et de plus au-dessus des idées ordinaires. […] Cela est si vrai, que le plus sublime de tous, celui qui a le plus approché de ce qui était accessible au génie poétique humain, Homère, ne concevant pas un être capable de tout remplir de sa présence en même temps, est contraint, pour la peindre, de redescendre bientôt de la hauteur fictive où il venait de s’élever avec son dieu, et de laisser à ses coursiers tout l’honneur du sublime dans cette circonstance. […] iii de notre ouvrage, en parlant du sublime dans les compositions littéraires. […] On a pu relever, sans doute, quelques défauts dans ce bel ouvrage : pour nous, qui l’avons lu comme il a été composé, avec l’âme seulement,et qui n’avons pas le malheur de chercher à raisonner ce qui ne doit être que senti, nous y avons trouvé une imagination brillante, et plutôt au-delà qu’au-dessous de son sujet, une intarissable fécondité de sentiments tendres ou sublimes, de réflexions pieuses ou touchantes ; et quelques taches nous ont facilement échappé, perdues au milieu de tant de beautés d’un ordre si nouveau et d’un rang si supérieur.

21. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Or, le sujet est grand, noble et sublime, ou il est commun, gracieux et familier. […] Le poème épique proprement dit, ou grande épopée, est le récit poétique et sublime d’une entreprise mémorable, héroïque et merveilleuse. […] Le poème épique a toujours été considéré comme le plus noble, le plus sublime et le plus difficile de tous les poèmes. […] En lui le sublime existe de soi-même, et il épargne le soin de le chercher. […] L’adorable Trinité peut fournir de sublimes interventions.

22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Ainsi Virgile, qui sera toujours le modèle du goût, comme Homère celui du sublime, se plaît à relever les travaux de ses abeilles, en les comparant à ceux des cyclopes forgeant les foudres de Jupiter. […] Le Seigneur daigne donner lui-même à son prophète le véritable sens de cette sublime allégorie. […] Nous pensons qu’il suffît d’être de bonne foi, et d’avoir le sentiment ou l’idée seulement du vrai poétique et du sublime de conception, pour apprécier l’effet de semblables tableaux. […] Les écrivains de la Bible ne se contentent pas de prêter des sentiments ou des discours sublimes aux êtres moraux qu’ils ont personnifiés ; ils donnent la vie et le mouvement aux êtres même inanimés : tout s’anime, respire, s’enflamme à leur voix. […] La muse céleste d’Isaïe, c’est-à-dire l’esprit divin qui l’inspire lui-même, abaisse son vol sans effort des pensées les plus sublimes et des images les plus terribles, aux images les plus riantes, aux idées les plus douces.

23. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Style sublime. […] Une chose pourrait être dite ou écrite en style sublime et n’être pas du sublime. […] La pensée peut être sublime soit par la grandeur de l’objet qu’elle présente, soit par la manière dont il est présenté. […] Figures du style sublime. […] » Il faut lire dans le texte grec cette admirable prosopopée, simple et sublime à la fois.

24. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

De ces sublimes hauteurs, elle descendit avec Alcée, Sapho, Horace et plus tard les modernes, à l’expression de l’amour et de la grâce. […] La réponse du vieil Horace est le sublime de cette éloquence. […] Corneille est plein de traits d’une concision sublime. […] Le monde et la civilisation modernes sont moins capables que les âges précédents de traits et d’œuvres sublimes. […] Bossuet égala les mouvements de l’éloquence aux plus sublimes accents de la poésie.

25. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Homère avait été sublime avant que Longin eût défini le sublime. […] Du style sublime. […] Il y a donc une grande différence entre le sublime et le style sublime. […] Le dernier vers présente une idée sublime par elle-même ; cette idée est néanmoins rendue par les mots les plus simples ; le dernier vers est donc du sublime sans être du style sublime. […] Il sort du génie des anciens, dit Longin, comme des vapeurs divines qui passent dans l’âme des imitateurs et qui font partager à un talent médiocrement sublime l’enthousiasme du plus sublime écrivain.

26. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Le bon goût sentira vivement les beautés naïves et sublimes dont Shakespeare étincelle ; il n’est pas exclusif. […] C’est ainsi qu’en général les écrivains sages et froids, qui, dans leur marche compassée, affectent le goût, en manquent souvent ; ils évitent les écarts et les fautes ; mais, incapables d’un vrai sublime ou d’une noble simplicité, ils ont recours à des agréments froids et recherchés, qui ne valent pas mieux que des fautes, et sont plus contagieux, parce qu’ils sont moins choquants. […] C’est là que nous apparaît le trait distinctif du siècle de Louis XIV, l’esprit religieux, non ce faux zèle, cette pieuse imposture, dont Molière vengeait la société, mais un esprit grave et sincère, nourri par la méditation et l’étude, illustré souvent par de touchants sacrifices, puissant même au milieu des faiblesses et des vices, et porté dans quelques âmes jusqu’à la vertu la plus sublime. […] Bossuet, d’un génie plus vaste et plus hardi, confondait la mâle simplicité d’Homère, la sublime ardeur des prophètes hébreux, et l’imagination véhémente de ces orateurs chrétiens du quatrième siècle, dont la voix avait retenti au milieu de la chute des empires et dans le tumulte des sociétés mourantes. […] Bossuet avait entrevu dans saint Augustin et dans Paul Orose1 le plan, la suite, la vaste ordonnance de son Histoire universelle ; et maître d’une grande idée indiquée par un siècle barbare, il la déployait à tous les yeux avec la majesté d’un éloquence pure et sublime.

27. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Là, ce sont des traits rapides, frappants et même sublimes. […] Elle peut s’élever jusqu’au style sublime, et descendre jusqu’au familier. […] De la sublime poésie. […] Mais dans ce débordement même d’humeur atrabilaire il a des beautés vraiment sublimes. […] Le poète débute par un éloge sublime de l’homme ferme et constant dans le bien.

28. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

Saint Grégoire de Nazianze est sublime, et son style, travaillé. […] C’est au discernement de l’Orateur, d’y faire entrer à propos ce qu’elles ont de majestueux et de sublime. […] Son Oraison funèbre du grand Condé, offre des beautés vraiment sublimes. […] L’orateur doit y être tour à tour simple, fleuri, sublime et pathétique. […] Il y règne d’un bout à l’autre une éloquence noble, sublime, et en même temps naturelle : c’est un vrai chef-d’œuvre.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Villemain 1790-1870 » pp. 251-256

Le privilége du sublime te fut donné, et rien n’est inépuisable comme l’admiration que le sublime2 inspire. […] Le bon goût-sentira vivement les beautés naïves et sublimes dont Shakespeare étincelle ; il n’est pas exclusif. […] C’est ainsi qu’en général les écrivains sages et froids, qui, dans leur marche compassée, affectent le goût, en manquent souvent ; ils évitent les écarts et les fautes ; mais, incapables d’un vrai sublime ou d’une noble simplicité, ils ont recours à des agréments froids et recherchés, qui ne valent pas mieux que des fautes, et sont plus contagieux, parce qu’ils sont moins choquants. […] Il est sublime sans cesser d’être simple.

30. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

C’est par le coup d’œil observateur, qui découvre à tout moment dans ces objets des propriétés, des analogies, des différences, un nouvel ordre de choses, un nouveau monde que l’œil du vulgaire n’aperçoit jamais ; c’est pour le talent singulier, non de raisonner avec plus de méthode, mais de trouver les principes même sur lesquels on raisonne ; non de compasser ses idées, mais d’en faire de nouvelles et de les multiplier sans cesse par une réflexion féconde : talent unique et sublime, don précieux de la nature, que l’art peut aider quelquefois, mais qu’il ne saurait ni donner, ni suppléer par lui-même. […] Un esprit vaste et profond, qui voit les choses dans leurs causes, dans leurs principes ; un esprit naturellement fier et courageux, qui dédaigne de penser d’après les autres ; un esprit observateur qui découvre des vérités partout, et les développe par une réflexion continuelle : telles sont les propriétés du sublime talent de penser ; tels sont les grands caractères qui distinguent l’esprit philosophique de toute autre sorte d’esprit ». […] Je l’avouerai donc : les grâces accompagnent quelquefois la philosophie, et répandent sur ses traces les fleurs à pleines mains ; mais qu’il me soit permis de répéter une parole de la sagesse au philosophe sublime qui possède l’un et l’autre talent : craignez d’être trop sage ; craignez que l’esprit philosophique n’éteigne, ou du moins n’amortisse en vous le feu sacré du génie. […] Profitez de ses idées originales et hardies, c’est la source du grand et du sublime ; mais donnez du corps à ces pensées trop subtiles ; adoucissez par le sentiment la fierté de ses traits ; abaissez tout cela jusqu’à la portée de nos sens : nous voulons que les objets viennent se mettre sous nos yeux ; nous voulons un vrai qui nous saisisse d’abord, et qui remplisse toute notre âme de lumière et de chaleur. […] » Quel est ce philosophe téméraire qui ose toucher avec le compas d’Euclide la lyre délicate et sublime dé Pindare et d’Homère ?

31. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Bossuet abonde en pensées sublimes. […] — Quelques traits de sublime semés çà et là font-ils ce qu’on appelle le sublime ? — Quand la pensée est-elle sublime ? Donnez un exemple de sublime d’images ? — De sublime de sentiment ?

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Quel qu’ait été le motif de Voltaire en traduisant ce précis de l’Ecclésiaste, nous ne lui en avons pas moins l’obligation de lire en beaux vers des vérités aussi sublimes qu’intéressantes pour nous, et de compter, parmi les monuments distingués de notre poésie, le morceau le plus philosophique, et le plus précieux, sous ce rapport, de toute l’antiquité. […] Où se trouverait donc l’utilité sublime des conseils de l’écrivain sacré, si, après nous avoir si pleinement convaincus du néant de tout ce qui pourrait nous séduire ici-bas ; après nous avoir démontré si complètement que rien de tout cela ne peut être le bonheur, il ne plaçait sous nos yeux une perspective plus consolante, et encourageait la patience du juste, en lui montrant d’avance la récompense qui attend ses efforts pour les couronner ? […] La vraie philosophie n’a pas plus besoin du prestige des mots, que les idées vraiment grandes, vraiment sublimes, n’ont besoin, en poésie, du luxe et de la pompe de l’expression, pour produire leur effet. […] Une comparaison d’autant plus sublime, qu’elle rend plus sensible et plus vraie l’application des vers précéder, termine ce beau morceau : Semblables aux torrents dont la fange et les ondes Ravageaient avec bruit les campagnes fécondes, Et qui, formés soudain, mais plus vite écoulés, Se perdent dans les champs qu’ils avaient désolés. […] Que l’on essaie maintenant d’appuyer cette morale sublime, cette grande doctrine des tombeaux sur une base purement mythologique, et bientôt la voix éloquente d’Young se perdra stérilement dans le néant, avec les ombres auxquelles s’adresse sa douleur.

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