Il faut se rappeler surtout qu’il parlait devant un peuple léger par caractère, injuste par conséquent, et qui avait déjà payé plus d’une fois par l’exil et même par la mort, les services d’une foule de grands hommes. […] Inculpé dans toutes ses actions, dans toutes les parties de son administration, il se trouvait réduit à la nécessité toujours dangereuse de parler beaucoup de lui, et de rappeler le bien qu’il avait fait. […] Il entre ensuite dans le détail des services réels qu’il a rendus, et les faits sont si positifs, si généralement connus, qu’il lui suffit de les rappeler. […] Au nom de Jupiter, au nom de tous les dieux, je vous en conjure, Athéniens, n’érigez point sur le théâtre de Bacchus un trophée contre vous-mêmes ; ne faites point passer, aux yeux de tous les Grecs, les Athéniens pour des insensés ; gardez-vous de rappeler aux malheureux Thébains les maux sans nombre, les maux sans remède qu’ils ont éprouvés : ces infortunés, à qui vous avez ouvert votre ville, quand ils fuyaient la leur, grâce à Démosthène ; ces généreux alliés, dont la vénalité de Démosthène et l’or du roi de Perse ont brûlé les temples, tué les enfants, et détruit les tombeaux ! […] Voilà ce serment si célèbre dans l’antiquité, cité avec tant d’éloges par Longin, et si souvent rappelé de nos jours.
Combien de fois n’ai-je pas retrouvé, dans la vie, d’anciens élèves, devenus hommes, qui se rappelaient et me rappelaient avec délices non pas les récréations et les plaisirs, mais les leçons et les travaux de la rhétorique ? […] Rappelons-nous le mot de la Bruyère : « Horace ou Despréaux l’a dit avant vous. — Je le crois sur votre parole, mais je l’ai dit comme mien. […] J’aimerais autant qu’on l’accusât de se servir des mots anciens : comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par les différentes dispositions. » Mais si je n’aspire pas au renom d’inventeur, j’ai voulu, et d’une volonté ardente et profonde, rappeler des doctrines que je crois vraies et saines à tous ceux qui s’occupent des travaux de l’intelligence et surtout aux jeunes gens, et appuyer tous mes préceptes sur la nécessité de fortes et solides études.
Ponsard) de beaux vers que nous devons rappeler : Cependant Jupiter voit d’un œil indigné Qu’on refuse une obole au vieillard dédaigné, Et que sous les affronts soit courbée et flétrie L’auguste majesté d’une tête blanchie ! […] Si la suspension de l’hémistiche n’est pas observée ici, c’est pour produire un effet : il convient d’ailleurs d’user sobrement de cette licence — On se rappellera d’ailleurs que, pour les procédés de la versification comme pour la pensée, A. […] Ces vers rappellent par leur harmonie gravé, autant que par l’idée, celui de Virgile, Géorg. […] Commencé en 1666, il fut terminé en 1681 sur le plan et aux frais de Paul de Riquet et sous la direction de l’ingénieur militaire Andréossy. — Thomas, dans son poëme inachevé sur le czar Pierre le Grand (chant II de la France), a rappelé aussi ces œuvres glorieuses de la paix.
Peintre avant tout, il rappelle, avec plus d’éclat, Bernardin de Saint-Pierre et Jean-Jacques Rousseau. […] Cette correspondance établie par des sons religieux entre les deux plus grands monuments de Rome païenne et de Rome chrétienne me causa une vive émotion : je songeai que l’édifice moderne tomberait comme l’édifice antique ; je songeai que les monuments se succèdent comme les hommes qui les ont élevés ; je rappelai dans ma mémoire que ces mêmes Juifs, qui, dans leur première captivité, travaillaient aux pyramides de l’Égypte et aux murailles de Babylone, avaient, dans leur dernière dispersion, bâti cet énorme amphithéâtre. […] Rappelons ici la chanson adressée par Béranger à M. de Chateaubriand : elle fut inspirée par les courses de son Odyssée : Chateaubriand, pourquoi fuir ta patrie, Fuir son amour, notre encens et nos soins ? […] Cette page me rappelle ces réflexions élevées de M. […] Ma harpe, qu’en passant l’oiseau des nuits effleure, Sur tes propres débris te rappelle et te pleure, Et jette aux flots du Tibre un cri de liberté, Hélas !
Rappelez-vous Thémistocle donnant de faux avis à Xerxès, et trahissant les Grecs pour les sauver. […] Maintenant il va haranguer les Grecs et les rappeler aux sentiments de l’honneur et de la discipline. […] Il leur rappelle d’abord les serments par lesquels ils se sont engagés envers le roi des rois. […] Rappelez-vous seulement ce que je vous ai dit, que l’orateur est un homme d’action qui sait parler. […] Il leur rappelle les temps glorieux où Athènes avait la prééminence sur la Grèce.
Quand Florus compare la Rome des empereurs à cette Rome naissante qui portait ses vœux au Capitole pour la conquête de Tibur et de Préneste, devenus depuis les maisons de plaisance du peuple-roi ; quand Auguste demande aux jeunes gens d’écouter un vieillard que les vieillards écoutaient lorsqu’il était jeune, audite, jurenes, senem quem juvenem senes audiere ; quand Bossuet rappelle l’Océan traversé tant de fois par la reine d’Angleterre dans des fortunes si diverses, l’opposition dans les faits amène nécessairement l’antithèse dans les mots. […] Ceux qui ont eu l’heur de l’entendre se rappellent de quel ton il disait à Flaminius : Attale a le cœur grand, l’esprit grand, l’âme grande, Et toutes les grandeurs dont on fait un grand roi… Et si Flaminius en est le capitaine, Nous pourrons lui trouver un lac de Trasimène… à Attale : Vous avez de l’esprit, si vous n’avez du cœur… à Laodice, après son entretien avec l’ambassadeur de Rome, Vous a-t-il conseillé beaucoup de lâchetés, Madame ? […] qui rappellent la lettre de Voiture au duc d’Enghien, après la bataille de Rocroi. […] Ici l’on affirme ou l’on rappelle certaines idées, certains faits, tout en disant qu’on les passera sous silence, prétérition ; là, on feint de s’être laissé emporter à la passion, ou d’avoir mal apprécié les choses, et l’on revient à dessein sur ce que l’on a dit pour le fortifier, l’adoucir, le rétracter même et produire ainsi plus d’effet, correction, rétroaction, épanorthose ; on a l’air tantôt d’admettre jusqu’à un certain point les objections de l’adversaire et de reculer devant lui, pour reprendre bientôt après ou s’assurer immédiatement un avantage décisif, concession, préoccupation, prolepse ; tantôt de le consulter, d’entrer dans son opinion, de partager ses erreurs, afin de l’amener moins péniblement à l’aveu ou au repentir, communication ; plus loin, on semble mettre en question ce que l’on a déjà irrévocablement décidé, délibération ; ou encore s’enquérir de ce que l’on sait fort bien, interrogation ; si bien même que souvent, après avoir fait la demande, on fait la réponse, au lieu de l’attendre, subjection.
Il rappelle de loin Racine par la discrétion des images, la noblesse de l’expression, la pureté soutenue, l’aisance et la mélodie d’un style où nul mot ne détonne ; il eut aussi soif des sources inconnues. […] Je me rappelle encor, non sans ravissement, La classe, son travail, son silence charmant. […] nous dit-elle, Enfants, voici le lit où votre père est mort… » Rappelez-vous aussi ce vers ; Chacun de nos berceaux avait encor sa trace.
Ce style de buanderie me rappelle M. […] La nécessité d’endurcir de bonne heure l’enfance à la fatigue lui rappelle Achille plongé dans le Styx ; celle de la guérir des terreurs puériles, le petit Astyanax qui, à la vue du cimier étincelant d’Hector, se rejette en pleurant sur le sein de sa nourrice. […] » Souvent, par l’allusion, le personnage mis en scène rappelle à son insu aux lecteurs un fait qu’ils connaissent, mais auquel ils ne songeaient pas, parce que, au moment où se passe l’action, ce fait est encore dans l’avenir. […] Remarquez que l’allusion réelle doit rappeler des faits, des idées, des opinions, des mots généralement connus, et appartenant en quelque sorte au domaine public. […] Je me rappelle un buisson qui établit une maison de commerce en société avec un canard ; ce buisson a des comptoirs, des commis, des vaisseaux qui lui rapportent des denrées coloniales.
Rappelons ces vers de Boileau : il faut les savoir par cœur : Enfin, Malherbe vint ; et le premier, en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir, Par ce sage écrivain la langue réparée, N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée ; Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber. […] Ce trait rappelle ces vers de Claudien : Abstulit hune tandem Rufini pœna tumultum Absolvitque deos. […] Ces vers cornéliens me rappellent aussi Scarron disant sur un autre ton : Superbes monuments de l’orgueil des humains, Pyramides, tombeaux, dont la riche structure A témoigné que l’art, par l’adresse des mains Et l’assidu travail, peut vaincre la nature, Par l’injure des ans vous êtes abolis, Ou du moins la plupart vous êtes démolis : Il n’est point de ciment que le temps ne dissoude : Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir, Dois je trouver mauvais qu’on méchant pourpoint noir, Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ?
Ainsi l’idée de guerre nous rappelle tout ce qui l’accompagne : la mêlée sanglante, les champs dévastés, les villes ruinées, la douleur des familles ; ou bien encore la patrie sauvée, la gloire des vainqueurs. […] » C’était le cri du cœur, le souvenir de la patrie : le bananier lui rappelait sa terre natale, sa famille, ses amis, toute sa vie passée.
Du séjour du trépas quelle voix me rappelle ? […] Tourne les yeux, sa tombe est près de palais : C’est ici la montagne où, lavant nos forfaits, Il voulut expirer sous les coups de l’impie ; C’est là que de sa tombe il rappela sa vie. […] Il faut aussi rappeler la belle imitation qu’en a faite le poëte Sarrazin dans son ode sur la bataille de Lens ; c’est en parlant du prince de Condé : Il monte un cheval superbe, Qui, furieux aux combats, A peine fait courber l’herbe Sous la trace de ses pas. […] « Voltaire a pris, dit La Harpe, le ton d’Homère pour rendre le choc des deux armées par une comparaison qui rappelle toute la grandeur de l’objet : le dernier vers surtout est sublime. » 3.
Il a fait la part de tous avec une libéralité d’invention qui rappelle l’inépuisable vertu des forces créatrices dont le mystère se cache au sein de la nature. […] Sa langue, vive, franche, nette, vigoureuse, hardie, énergique, pittoresque, indépendante, vraiment nationale, ne rappelle point la sagesse économe et sobre de Boileau, si patient à attendre, au coin d’un bois, la rime, ou le mot qui l’avait fui. […] Cette scène rappelle celle de Géronte et de Dorante dans le Menteur de Corneille. […] Rappelons-nous que Molière lisait ses comédies à sa servante.
Rappelez-vous le cygne de Buffon et de Delille. […] Il y a dans ces vers comme une dévorante ardeur ; le mot transperce rappelle la rapidité d’une bombe qui traverse tous les obstacles. […] Rappelons ces pensées de La Bruyère sur le Mérite personnel : « S’il est heureux d’avoir de la naissance, il ne l’est pas moins d’être tel qu’on ne s’informe plus si vous en avez.
Le monde fabuleux nous rappelle la mythologie, ses dieux antiques et ses héros imaginaires, 4. […] Je vais rappeler seulement les faits qui se sont passés de nos jours. […] Je lui rappellerai le souvenir de tel de ses amis qui, par le jeu, s’est réduit à la misère ; je lui citerai quelques faits puisés dans l’histoire, l’autorité des moralistes, etc., etc., et ces preuves seront extrinsèques. […] Il faut d’abord feindre d’entrer dans leurs dispositions, sembler condamner ce qu’ils condamnent eux-mêmes, les ramener peu à peu et ne faire usage de ses moyens que lorsque les préventions seront tombées ; 2° lorsque la matière que l’on traite peut faire une impression désagréable, il faut éviter de se servir de mots trop découverts et qui rappelleraient des idées contraires au but du discours ; 3° lorsque l’on a des reproches à faire, il faut en tempérer la vivacité par un ton affectueux, atténuer les fautes et en rejeter l’odieux soit sur un petit nombre de coupables soit sur la fatalité des circonstances, etc.
Sans admirer jusqu’à l’idolâtrie cette puissance d’invention qui a renouvelé ou agrandi tous les genres, roman, drame, ode, élégie, ballade, idylle, épopée1, rappelons-nous avec une durable reconnaissance qu’il a fait jaillir mille sources inconnues d’un sol qui commençait à paraître épuisé. […] Si, par impossible, des puristes chicanaient ce vers, on leur rappellerait que Lucrèce a dit : Frons canit, « La feuillée chante. » 2. […] Rappelez-vous les vers de M. […] Rappelez-vous Horace disant de l’enfant : Iras colligil, ac ponit temere. « Sa colère s’élève, et tombe sans raison. » 4.
Là, ses yeux errants sur les flots D’Ulysse fugitif semblaient suivre la trace : Elle croit voir encor son volage héros ; Et, cette illusion soulageant sa disgrâce, Elle le rappelle en ces mots, Qu’interrompent cent fois ses pleurs et ses sanglots : « Cruel auteur des troubles de mon âme1 Que la pitié retarde un peu tes pas : Tourne un moment tes yeux sur ces climats ; Et, si ce n’est pour partager ma flamme, Reviens du moins pour hâter mon trépas. […] « Cruel auteur des troubles de mon âme, Que la pitié retarde un peu tes pas : Tourne un moment tes yeux sur ces climats ; Et, si ce n’est pour partager ma flamme, Reviens du moins pour hâter mon trépas. » C’est ainsi qu’en regrets sa douleur se déclare : Mais bientôt, de son art employant le secours, Pour rappeler l’objet de ses tristes amours, Elle invoque à grands cris tous les dieux du Ténare. […] Mais il paraît assez prouvé maintenant qu’il était innocent des imputations dirigées contre lui au sujet des couplets scandaleux qui motivèrent sa condamnation : elle eut lieu en 1712, l’année même où naissait à Genève un autre Rousseau, destiné à captiver avec tant de puissance l’imagination de ses contemporains. — Pour défendre, au reste, la mémoire de Jean-Baptiste, on doit rappeler qu’il eut et conserva pour amis des hommes dignes de la plus haute estime, tels que Louis Racine, Rollin et Lefranc de Pompignan.
Nulle espèce ne le mérite mieux ; la nature en effet n’a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l’idée de ses plus charmants ouvrages : coupe de corps élégante, formes arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis3, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout dans le cygne respire la volupté, l’enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté ; tout nous l’annonce, tout le peint comme l’oiseau de l’amour ; tout justifie la spirituelle et riante mythologie d’avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. […] Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux. […] Rappelez-vous ces beaux vers d’Ovide : ……… Cœlumque tueri Jussit, et erectos ad sidera tollere vultus.
Je remportai la palme, et la douce victoire Pour la première fois me fit goûter la gloire : Beaux jours, qu’une autre gloire et de plus grands combats Rappelaient à Villars2, mais qu’ils n’effaçaient pas3. […] Ce vers ne fera pas sourire ceux qui se rappelleront que Delille devint aveugle. […] Ce vers rappelle le souriceau tout jeune et qui n’avait rien vu, disant solennellement : « J’avais franchi les monts qui bornent cet État. » 4.
Assurément ce tableau n’est pas nouveau pour un roi, toutes les cours se ressemblent ; mais quand les hommages dus au trône sont mérités par le génie3, quand on se courbe par devoir devant celui qu’on aurait honoré par choix, les plus grandes marques du plus profond respect et du plus vif désir de plaire rappellent plutôt le mérite de celui qui les reçoit que le rang qu’il occupe. […] Dieu soit béni cependant pour le secours qu’il nous prépare encore dans cet instant : nos paroles seront incertaines, nos yeux ne verront plus la lumière, nos réflexions, qui s’enchaînaient avec clarté, erreront isolées sur de confuses traces ; mais l’enthousiasme ne nous abandonnera pas, ses ailes brillantes planeront sur notre lit funèbre ; il soulèvera les voiles de la mort, il nous rappellera ces moments où, pleins d’énergie, nous avions senti que notre cœur était impérissable, et nos derniers soupirs seront peut-être comme une noble pensée qui remonte vers le ciel. […] Pour commenter ces tristesses, rappelons ce passage de la lettre que madame de Staël adressait à l’empereur en lui offrant son livre De l’Allemagne : « La disgrâce de Votre Majesté jette sur les personnes qui en sont l’objet une telle défaveur en Europe, que je ne puis faire un pas sans en rencontrer les effets : les uns craignant de se compromettre en me voyant, les autres se croyant des Romains en triomphant de cette crainte, les plus simples rapports de la société deviennent des services qu’une âme fière ne peut supporter.
Tantôt il a une sensibilité toute virgilienne, tantôt il rappelle Lucrèce, par exemple dans l’esquisse splendide intitulée le Centaure, et qui ressemble à un fragment de marbre antique. […] Le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée ; le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature ; notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage, en un mot, vrai sanctuaire du travail ; le dîner qui nous est annoncé, non par le son de la cloche qui rappelle trop le collége ou la grande maison, mais par une voix douce ; la gaieté, les vives plaisanteries, les causeries ondoyantes qui flottent sans cesse durant le repas ; le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises ; les douces choses qui se disent à la chaleur de la flamme qui bruit tandis que nous causons ; et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère, son enfant dans les bras ; les lèvres roses de la petite fille qui parlent en même temps que les flots ; quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de sa douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en considérant la mère et l’enfant qui se sourient, ou l’enfant qui pleure et la mère qui tâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix ; l’Océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons en nous en allant çà et là dans le taillis, pour allumer au retour un feu prompt et vif ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature et nous rappelle l’ardeur singulière de M.
Bornons-nous à rappeler que Corneille, né à Rouen le 6 juin 1606, y mourut le 30 septembre 1684. […] Que Votre Majesté rappelle, s’il lui plaît, pour un moment en sa mémoire ce grand et beau jour que la France vit avec tant de joie, que ses ennemis, quoique enflés de mille vaines prétentions, quoique armés et sur nos frontières, virent avec tant de douleur et d’étonnement ; cet heureux jour, dis-je, qui acheva de nous donner un grand roi en répandant sur la tête de Votre Majesté, si chère et si précieuse à ses peuples, l’huile sainte et descendue du ciel. […] Ce n’est pas pour vous rappeler ici des idées de feu et de sang, et, par le souvenir de vos victoires passées, vous animer à de nouvelles, que je viens, dans le sanctuaire de la paix, mêler un discours évangélique à une cérémonie sainte. […] Quel qu’ait été d’ailleurs le long et triste déclin de ce grand homme, des éclairs de génie ne cessèrent, en brillant çà et là, même dans ses derniers ouvrages, de rappeler sa gloire passée398 ; ses poésies diverses et sa traduction de l’Imitation offrent de très belles pages que la postérité a retenues ; et tel est le nombre des sublimes et divines beautés, comme disait Mme de Sévigné, qu’offre ce père de notre théâtre, qu’elles suffiront à jamais pour couvrir et faire pardonner ses imperfections et ses fautes. […] Va, tu me veux en vain rappeler à la vie ; Ma haine est trop fidèle, et m’a trop bien servie : Elle a paru trop tôt pour te perdre avec moi ; C’est le seul déplaisir qu’en mourant je reçoi : Mais j’ai cette douceur dedans cette disgrâce De ne voir point régner ma rivale en ma place440.
Rappelé, après vingt ans d’interruption, dans une carrière que j’ai toujours aimée, que j’avais choisie de préférence à toute autre, et dont la force seule des événements avait pu m’éloigner, je n’ai pas cru pouvoir mieux témoigner ma reconnaissance au Chef suprême de l’Enseignement, qu’en donnant à cette nouvelle édition du Cours complet de Rhétorique, tous les soins dont je puis être capable. […] Aristote, Hermogènes, Denys d’Halycarnasse, Longin, Cicéron, Quintilien, Rollin, Blair, La Harpe, etc., etc., ne sont pas toujours textuellement rappelés ici ; mais des yeux exercés les y retrouveront à chaque page, et c’est surtout ce que je me suis proposé.
Qu’il songe et qu’il se rappelle à chaque instant que ce peuple qui va l’entendre, est un torrent qu’il n’est plus possible d’arrêter, une fois que l’on a rompu la digue qui le retenait, et que des regrets tardifs ne répareront point le mal dont il aura été la cause imprudente. […] C’est le conseil de Quintilien, le précepte de la nature et de la raison, et nous ne saurions le rappeler trop souvent aux jeunes orateurs.
Pour comprendre l’âpreté de ces colères, presque républicaines, il faut se rappeler que sous François Ier les impôts furent écrasants, qu’Henri II soumit alors le sel à de nouveaux droits, et que la Guienne se révolta contre les agents du fisc. […] Cette expression rappelle le vers de Régnier (Sat.
Pendant son absence, le tribun Sextius, de concert avec Pompée, et tous les bons citoyens, s’occupèrent si efficacement de son retour, qu’il fut en effet rappelé par un décret du sénat, et reçu par toutes les classes de citoyens, avec les démonstrations de la joie la plus vive et la plus sincère. […] À ces portraits si fièrement dessinés, et si frappants d’une hideuse vérité, succède un tableau non moins énergique, celui des troubles excités dans Rome par Clodius et sa faction, pour empêcher que le décret qui rappelait Cicéron ne passât à l’assemblée du peuple. […] » En effet, Romains, sans qu’il soit nécessaire de vous rappeler ici le sort de chacun en particulier, vous pouvez, d’un coup d’oeil, voir ceux qui, de concert avec le sénat, ont relevé la république abattue, l’ont délivrée d’un brigandage domestique ; vous pouvez, dis-je, les voir plongés dans la tristesse, revêtus d’habits de deuil, traduits en justice, exposés à vivre loin de leur patrie, de leurs enfants ; à rester privés de leur ville, de leur réputation, de toute leur existence : tandis que ceux qui ont attaqué, confondu, violé, détruit tous les droits divins et humains, ne se contentent pas de paraître en public avec un air satisfait, triomphant ; mais, sans y être forcés, absolument tranquilles pour eux-mêmes, ils se plaisent à précipiter dans le péril les citoyens les plus fermes et les plus courageux.
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts : La rage de tes flots expire sur tes bords1… La voix de l’univers à ce Dieu me rappelle, La terre le publie. « Est-ce moi, me dit-elle, Est-ce moi qui produis mes riches ornements ? […] On se rappelle ce trait sublime de l’Écriture : « Usque huc venies, et non procedes amplius », liv. de Job, ch. […] Ce trait rappelle quelques vers charmants de Bertaut, fort aimés et très-souvent répétés par nos pères : Félicité passée, Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir ?
Sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, j’aurais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts5 ; et, quoiqu’une couverture de chaume soit en toute saison la meilleure, je préférerais magnifiquement6, non la triste ardoise, mais la tuile, parce qu’elle a l’air plus propre et plus gaie7 que le chaume, qu’on ne couvre pas autrement les maisons dans mon pays, et que cela me rappellerait un peu l’heureux temps de ma jeunesse8 J’aurais pour cour9une basse-cour, et pour écurie, une étable avec des vaches, afin d’avoir du laitage que j’aime beaucoup. […] À la belle étoile Je me souviens d’avoir passé une nuit délicieuse hors de la ville, dans un chemin qui côtoyait le Rhône ou la Saône ; car je ne me rappelle pas lequel des deux. […] Rousseau contribua à mettre les jeux rustiques et les bergeries à la mode ; rappelez-vous Trianon.
Nous saurons rappeler chaque terme à sa signification primitive, et le conduisant graduellement à son acception actuelle, nous ne courrons jamais le danger de parler sans nous entendre, parce que nous ne parlerons qu’en vertu d’un raisonnement. […] Et vos corps glorieux, rappelés à la vie, Renaîtront, possesseurs d’une heureuse patrie, Toujours inaccessible aux tempêtes du sort, Aux traits de la douleur, à la faulx de la mort. […] ……………………………………………… C’était les soirs encore, que des hameaux rustiques Le vieillard rappelait souvent les mœurs antiques : Quel luxe, disait-il, étonne ici mes yeux ! […] Déjà sa voix rappelle en vain ses derniers sons.
Sans raconter les événements qui suivirent, rappelons seulement qu’il attrista bientôt ses amis par l’éclat d’un naufrage où sombrèrent leurs plus chères espérances. […] Dans ses intervalles d’apaisement et de lucidité, il rappelle Pascal et Rousseau ; mais trop de lave déborde du volcan.
Du plus loin que je me rappelle le souvenir du passé, en remontant jusqu’à mes plus jeunes années, je le vois déjà qui m’introduit et qui me guide dans ces études littéraires. […] Se rappeler que l’ordre fait la beauté de toutes choses, et que rien de désordonné ne peut être ni beau ni bon. […] Rien n’est superflu de ce qui contribue à faire assister le malheureux Thésée à la scène touchante que rappelle Théramène. […] Qu’ils se rappellent que Cicéron, après avoir traité avec dédain le talent de plaisanter, a été le premier à en faire abus. […] La récapitulation réclame de la précision et de la variété dans le style ; elle doit rappeler seulement ce que la confirmation a de plus fort.
Il restait le secret regard d’une providence miséricordieuse, qui la voulait rappeler des extrémités de la terre, et voici quelle fut la première touche117. […] Ils en appellent à l’autre siècle ; ils attendent la fin de quelques vieillards, qui, touchés indifféremment de tout ce qui rappelle leurs premières années, n’aiment peut-être dans Œdipe 246 que le souvenir de leur jeunesse. […] Rappelez seulement les victoires, les prises de places, les traités glorieux, les magnificences, les événements pompeux des premières années de ce règne. […] Les cygnes, sans doute, ne chantent point leur mort ; mais toujours en parlant du dernier essor et des derniers élans d’un beau génie prêt à s’éteindre, on rappellera avec sentiment cette expression touchante : C’est le chant du cygne ! […] Quel qu’ait été d’ailleurs le long et triste déclin de ce grand homme, des éclairs de génie ne cessèrent, en brillant çà et là, même dans ses derniers ouvrages, de rappeler sa gloire passée470: ses poésies diverses et sa traduction de l’Imitation offrent de très belles pages que la postérité a retenues ; et tel est le nombre des sublimes et divines beautés, comme disait Mme de Sévigné, qu’offre ce père de notre théâtre, qu’elles suffiront à jamais pour couvrir et faire pardonner ses imperfections et ses fautes.