Et néanmoins j’étais en l’une des plus célèbres écoles de l’Europe1, où je pensais qu’il devait y avoir de savants hommes, s’il y en avait en aucun endroit de la terre. […] Enfin notre siècle me semblait aussi fleurissant et aussi fertile en bons esprits qu’ait été aucun des précédents : ce qui me faisait prendre la liberté de juger par moi de tous les autres, et de penser qu’il n’y avait aucune doctrine dans le monde qui fût telle qu’on m’avait auparavant fait espérer. […] J’estimais fort l’éloquence, et j’étais amoureux de la poésie ; mais je pensais que l’une et l’autre étaient des dons de l’esprit plutôt que des fruits de l’étude. […] Descartes est jugé ainsi par le père Guénard : « Il est aisé de compter les hommes qui n’ont pensé d’après personne et qui ont fait penser d’après eux le genre humain. […] Cet homme nouveau vint dire aux autres hommes que, pour être philosophe, il ne suffisait pas de croire, mais qu’il fallait penser.
Si vous saviez combien on est malheureux quand on a le cœur fait comme je l’ai, je suis assurée que vous auriez pitié de moi ; mais je pense que vous n’en êtes pas quitte à meilleur marché, de la manière dont je vous connois. […] Ce fut là où M. de Lorges, M. de Roye et beaucoup d’autres pensèrent mourir de douleur ; mais il fallut se faire violence, et songer aux grandes affaires qu’on avoit sur les bras. […] Ses deux neveux étoient à cette pompe, dans l’état que vous pouvez penser. […] Je pense que le pauvre chevalier de Grignan étoit bien abîmé de douleur. […] Nous dînâmes comme vous pouvez penser, et jusqu’à quatre heures nous ne fîmes que soupirer.
J’écrivis à M. de Grignan, vous pouvez penser sur quel ton ; j’allai ensuite chez Madame de La Fayette, qui redoubla mes douleurs par la part qu’elle y prit. […] de Roye et beaucoup d’autres pensèrent mourir de douleur ; mais il fallut se faire violence, et songer aux grandes affaires qu’on avait sur les bras. […] Ses deux neveux étaient à cette pompe, dans l’état que vous pouvez penser. […] Je pense que le pauvre chevalier de Grignan était bien abîmé de douleur. […] Nous dînâmes comme vous pouvez penser, et jusqu’à quatre heures nous ne fîmes que soupirer1.
Ils prodiguent le temps qu’ils pensent économiser, et se ruinent, comme les avares pour ne savoir rien perdre à propos. […] Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans ceux que j’ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place ; il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit. […] Je suis emporté, mais stupide ; il faut que je sois de sang-froid pour penser. […] « Cette lenteur de penser, jointe à cette vivacité de sentir, je ne l’ai pas seulement dans la conversation, je l’ai seul quand je travaille.
Cette longue expérience m’a permis, au moins je le pense, de bien connaître la nature et les besoins intellectuels des jeunes gens qui suivent ce cours. […] Ne puis-je pas penser après eux une chose vraie, et que d’autres encore penseront après moi ? […] à peine le temps d’agir, où trouver celui de penser ? […] Assurément je ne m’inscris pas en faux contre la doctrine du progrès humanitaire, mais je pense que la voie en est longue, embarrassée, sinueuse, se dérobant parfois à notre vue bornée ; je pense qu’à chaque époque l’humanité avance, recule, s’arrête avant de reprendre sa course, d’après une loi générale, que j’ai désignée ailleurs1 par les noms d’action, de réaction et de transaction.
Ernest Hello, la parole humaine ayant pour loi, comme la vie et la pensée, la vérité, puisque l’homme doit vivre dans la vérité, penser comme il vit et parler comme il pense. […] Sans doute, pour bien écrire, il est indispensable de bien penser : scribendi recte, sapere est et principium et fons ; sans doute, une forme vide, tant gracieuse qu’elle soit, ne peut tenir lieu de l’idée absente ; et des mots harmonieusement disposés et des phrases bien faites ne peuvent suffire à captiver l’esprit de l’homme ; l’art étant l’expression de la beauté, il faut sans doute que la beauté se trouve tout d’abord dans la chose exprimée, et la forme ne doit être qu’une enveloppe transparente qui laisse passer les splendeurs de la réalité qu’elle met en rapport avec nous ; mais il faut que cette forme soit belle aussi, et qu’elle ne masque point par ses propres taches les beautés qu’elle recouvre. […] Puisque le style est l’homme même, il devra toujours avoir du rapport avec la manière de penser et de sentir de l’écrivain.
Il écrit comme il pense, et vise à l’expression directe de son idée. […] Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée ; mais ce qui est plus grave, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut ; plus loin, derrière eux, est la patrie avec des lauriers ou des cyprès, et toutes ces images, on les chassera pour penser vite ; car, une minute de plus, et une combinaison infaillible a perdu son à-propos, et au lieu de la gloire, c’est la honte qui vous attend. […] Penser fortement, clairement, au fond de son cabinet, est bien beau sans contredit ; mais penser aussi fortement, aussi clairement au milieu des boulets, est l’exercice le plus complet des facultés humaines1.
Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons1 sans réflexion le seul qui subsiste. […] Et, s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper : nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. […] Nous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière2, pour disposer de l’avenir. […] Ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature.
Il ne cherche point le beau ; il le fait sans y penser. […] On pense aux choses qu’il dit, et non à ses paroles. […] Le maître qui nous enseigne sans cesse nous fait penser tous de la même façon. […] Faites voir que vous pensez et que vous sentez tout ce que vous devez penser et sentir. […] Il pense, il sent.
À notre époque, c’est aux jeunes gens des deux sexes qu’il appartient d’être l’ornement de la société ; qu’il nous soit permis de leur demander si, après avoir interprété la veille avec succès les œuvres musicales des plus habiles compositeurs, ils écrivaient le lendemain un simple billet, ou une lettre d’un style banal ou équivoque sans élégance aucune, qu’il nous soit permis fie leur demander, dis-je, quel effet ils penseraient produire sur leurs lecteurs ? […] Nous ne le pensons pas. […] Les Mots Si nous remontons par la pensée jusqu’aux premiers âges du monde, vers ces temps antiques où les hommes affectionnaient une vie simple, nous serons fondés à penser que le langage humain a dû se ressentir de cette simplicité primitive. […] Et de même qu’à l’aide du crayon ou du pinceau l’artiste représente fidèlement l’image qu’il a sous les yeux où à laquelle il pense, de même l’homme se servit de l’inflexion de sa voix pour exprimer ce qui frappait ses sens. […] Cette observation est également applicable aux autres langues ; car nous ne devons point penser que notre langue possède seule cette analogie.
Que n’avez-vous pensé de bonne heure à vous faire de tels amis, qui maintenant vous tendraient les bras, afin de vous recevoir dans les tabernacles éternels ! […] Il pense qu’il s’incorpore4, si vous me permettez de parler ainsi, tout ce qu’il amasse, tout ce qu’il acquiert, tout ce qu’il gagne. […] Mais il n’y pense pas, et dans cet accroissement infini que notre vanité s’imagine, il ne s’avise jamais de se mesurer à son cercueil, qui seul néanmoins le mesure au juste1. […] Pour Dieu, comme disait cet ami de Job, ne pensez pas être les seuls hommes, et que toute la sagesse soit dans votre esprit, dont vous nous vantez la délicatesse. […] Ce que vous pensiez avoir vu si distinctement n’est plus qu’une masse informe et confuse, où il ne paraît ni fin ni commencement ; et cette vérité si bien démêlée est tout à coup disparue parmi ces vaines défaites.
« Je pense, dit-il, que quand ou a une fois l’entendement ouvert par l’habitude de réfléchir, il vaut toujours mieux trouver de soi-même les choses qu’on trouverait dans les livres ; c’est le vrai secret de les bien mouler à sa tête et de se les approprier ; au lieu qu’en les recevant telles qu’on nous les donne, c’est presque toujours sous une forme qui n’est pas la nôtre. » Jean Jacques a raison, mais nous n’avons pas tort. […] Je ne sais pourquoi ceux qui applaudissent au vers d’Horace, Scribendi recte sapete est et principium et sons ; et à la traduction de Boileau : Avant donc que d’écrire, apprenez à penser ; ne réalisent pas dans la pratique ce qu’ils approuvent dans la théorie7. […] Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler. […] Quatrième moyen d’invention : Étude analytique et synthétique des ouvrages bien pensés et bien écrits ; exercices de composition graduellement distribués. […] Remarquez que je ne considère point ici la nature et l’origine des idées, je les constate comme existant, et je dis que, quelque opinion que l’on se forme de leur origine et de leur nature, il n’en est pas moins vrai qu’une fois que l’intelligence pense aux idées (notez l’expression, et distinguez-la de celle-ci, pense ses idées), elle ne peut que se les rappeler, les juger, les combiner, et que, sous ce rapport, les résultats de l’activité intellectuelle sont toujours des faits de mémoire, des faits de jugement, ou des faits d’imagination.
Le sens commun n’est pas une qualité si commune que l’on pense. […] Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. […] Or, à quoi pense le monde ? […] L’un ne pensait pas assez pour goûter un auteur qui pense beaucoup ; l’autre pense trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. […] Où pensez-vous aller ?
Tout ce morceau est pensé et rendu avec la plus grande délicatesse. […] Un écrivain ne pense, ne parle que pour les autres. […] Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. […] Par cette figure on dit tout le contraire de ce qu’on pense, et de ce qu’on veut faire penser aux autres. […] Man. de bien penser.
Pensez-vous que ma voix Ait fait un empereur pour m’en imposer trois ? […] Que faut-il que j’en pense ? […] Vous pensez qu’approuvant vos desseins odieux, Je vous laisse immoler votre fille à mes yeux ? […] Depuis quand pense-t-on qu’inutile à moi-même, Je me laisse ravir une épouse que j’aime ? […] et qui l’aurait pensé Que ce mot dût jamais vous être prononcé !
Il parle peu, mais on s’aperçoit qu’il pense beaucoup. […] On croit d’abord qu’on ne peut ni penser ni dire autrement ; mais après qu’on y a fait réflexion, on voit bien qu’il n’est pas facile de penser ou de dire ainsi. […] nous savions tout ce que nous pouvions espérer, et nous ne pensions pas à ce que nous devions craindre. […] Les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite, et non aux blessures qu’ils ont reçues.
Cette duplicité de l’homme est si visible, qu’il y en a qui ont pensé que nous avions deux âmes ; un sujet simple leur paraissant incapable de telles et si soudaines variétés, d’une présomption démesurée à un horrible abattement de cœur. […] Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. L’homme est visiblement fait pour penser : c’est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de penser comme il faut : or l’ordre de la pensée est de commencer par soi, et par son auteur et sa fin. Or, à quoi pense le monde ? Jamais à cela ; mais à danser, à jouer du luth, à chanter, à faire des vers, à courir la bague, etc., à se bâtir, à se faire roi, sans penser à ce que c’est qu’être roi et qu’être homme.
nous savions tout ce que nous pouvions espérer, et nous ne pensions pas à ce que nous devions craindre. […] Les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite, et non aux blessures qu’ils ont reçues. […] On croit d’abord qu’on ne peut ni penser ni dire autrement ; mais après qu’on y a fait réflexion, on voit bien qu’il n’est pas facile de penser ou de dire ainsi.
Donc, pour bien dire, il faut d’abord avoir bien pensé. Malheureusement l’art de bien penser n’est point encore fait. […] En l’absence d’une méthode qui apprenne à bien penser et dont il serait probablement impossible de se servir dans l’âge où l’on enseigne la Rhétorique aux jeunes gens, quel est le devoir du rhéteur ?
J’éveillerai pour toi la pitié, la justice De l’incorruptible avenir : Eux-même2 épureront, par leur long artifice, Ton bonneur qu’ils pensent ternir. […] Maudit soit à jamais le pointilleux sophiste2 Qui le premier nous dit en prose d’algébriste : Vains rimeurs, écoutez mes ordres absolus ; Pour plaire à ma raison, pensez, ne peignez plus ! […] J’ai vu l’enfant gâté de nos penseurs sublimes, La Harpe, dans Rousseau trouver de belles rimes ; Boileau, correct auteur de libelles amers1, Boileau, dit Marmontel, tourne assez bien un vers : Et tous ces demi-dieux, que l’Europe en délire A depuis cent hivers l’indulgence de lire, Vont dans un juste oubli retomber désormais, Comme de vains auteurs qui ne pensent jamais ! […] La marquise, le duc, pour lui tout est libraire : De riches pensions on l’accable ; et Voltaire Du titre de génie a soin de l’honorer Par lettres qu’au Mercure5 il fait enregistrer… 1.
L’ardeur de la charité avait pensé l’entraîner, jeune, dans la carrière périlleuse des missions étrangères : retenu en France par la délicatesse de sa santé, il devint le précepteur du duc de Bourgogne ; et l’on sait quel prodigieux succès sa patience ingénieuse et habile obtint dans cette éducation, qui transforma en un prince accompli celui qui avait, dit-on, le germe de tous les vices. […] Un homme qui vit sans réflexion ne pense qu’aux espaces qui sont auprès de lui, ou qui ont quelque rapport à ses besoins : il ne regarde la terre entière que comme le plancher de sa chambre, et le soleil qui l’éclaire pendant le jour que comme la bougie qui l’éclaire pendant la nuit : ses pensées se renferment dans le lieu étroit qu’il habite. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] Je vous ai dit librement ce que je pense sur vos ouvrages : dites-moi de même les défauts des miens. […] Vauvenargues rend hommage à la grâce de son élocution, quand il dit « qu’on voudrait penser comme Pascal, écrire comme Bossuet, parler comme Fénelon ».
Non que le travail n’ait mûri les fruits spontanés du génie de La Fontaine ; mais le comble de l’art fut pour lui, comme pour tous les maîtres, d’en dissimuler la trace : au mérite de plaire il joignit essentiellement, d’après sa propre expression, celui de paraître n’y penser pas. […] Je me dévoûrai donc, s’il le faut : mais je pense Qu’il est bon que chacun s’accuse ainsi que moi ; Car on doit souhaiter, selon toute justice, Que le plus coupable périsse. […] L’âne vint à son tour, et dit : « J’ai souvenance Qu’en un pré de moines passant, La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et, je pense, Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue : Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net2» A ces mots, on cria haro1 sur le baudet. […] Une mouche survient, et des chevaux s’approche ; Prétend les animer par son bourdonhnement, Pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher. […] On peut voir ce que Mme de Sévigné pensait de La Fontaine : Lettre à Mme de Grignan, du 29 avril 1671 ; ef. les lettres du 20 juillet 1679 et du 14 mai 1686 au comte de Bussy, qui partageait l’admiration de sa cousine.
Tu te trompes, Philémon, si, avec ce carrosse brillant, ce grand nombre de coquins qui te suivent, et ces six bêtes qui te traînent, tu penses que l’on t’en estime davantage. […] Il n’y a pas deux voix différentes sur ce personnage ; l’envie, la jalousie parlent comme l’adulation : tous se laissent entraîner au torrent qui les porte ; qui les force de dire d’un homme ce qu’ils en pensent ou ce qu’ils n’en pensent pas, comme de louer souvent celui qu’ils ne connaissent point. […] Ne pensez pas non plus que, comme l’ancien Phédon, “il sourie à ce que les autres lui disent ; qu’il soit de leur avis, qu’il coure, qu’il vole pour leur rendre de petits services ; qu’il soit complaisant, flatteur, empressé” ; c’est tout le contraire : il est rogue, hargneux, aimant à contredire, malveillant, croyant qu’il s’abaisse s’il rend service. Surtout il est frondeur, envieux des grands et des riches ; il dit sans cesse que, de son temps, tout allait mieux ; que les rangs n’étaient point bouleversés ; que les heureux du monde étaient charitables ; qu’aujourd’hui chacun ne pense qu’à soi. […] « Dire d’un homme colère, inégal, querelleur, chagrin, pointilleux, capricieux : c’est son humeur, n’est pas l’excuser, comme on le croit, mais avouer, sans y penser, que de si grands défauts sont irrémédiables. » 1.
Ainsi le comble de l’éloquence est de dire ce que personne n’avait pensé avant que de l’entendre. et ce que tout le monde pense après l’avoir entendu. […] Et du vôtre, me direz-vous, qu’en pense-t-il ? […] L’un ne pensait pas assez pour goûter un auteur qui pense beaucoup ; l’autre pense trop subtilement pour s’accommoder de pensées qui sont naturelles. […] Ne puis-je pas penser après eux une chose vraie, et que d’autres encore penseront après moi42 ? […] Ce que vous avez vu qu’en pensait Socrate doit nous faire honte.
Il est douloureux de penser que celui qui, par la fécondité inépuisable de sa verve maligne, a réjoui et réjouira tant de générations, ne connut que le sourire des lèvres et ne ressentit jamais la véritable joie, la paix du cœur. […] Non, je pense. […] Je te laisse à penser si, sur cette matière, Il voudrait me tromper, lui qui me considère. […] Je le relance seul ; et tout allait des mieux, Lorsque d’un jeune cerf s’accompagne le nôtre : Une part de mes chiens se sépare de l’autre, Et je les vois, marquis, comme tu peux penser, Chasser tous avec crainte, et Finaut2 balancer ; Quelques chiens revenaient à moi, quand, pour disgrâce, Le jeune cerf, marquis, à mon campagnard passe.
. — Si quelqu’un, sire (nous ne pouvons le penser), s’opposait à cette miséricorde, à cette équité royale, nous ne souhaitons pas même qu’il soit traité sans miséricorde et sans équité. […] Votre majesté nous avait confiés à d’autres mains que les siennes : persuadés qu’elle pensait moins à nous, nous pensions bien moins à elle ; nous ignorions presque nos propres offenses, dont elle ne semblait pas s’offenser.
Il y a des gens qui parlent un moment avant que d’avoir pensé. […] Quelle majesté n’observent-ils pas à l’égard de ces hommes chétifs, que leur mérite n’a ni placés ni enrichis, et qui en sont encore à penser et à écrire judicieusement ! […] Celui dont il lui échapperait de dire ce qu’il en pense est celui-là même qui, venant à le savoir, l’empêcherait de cheminer 2. […] Il n’y a pas deux voix différentes sur ce personnage ; l’envie, la jalousie, parlent comme l’adulation : tous se laissent entraîner au torrent qui les porte, qui les force de dire d’un homme ce qu’ils en pensent ou ce qu’ils n’en pensent pas, comme de louer souvent celui qu’ils ne connaissent point. […] Il ne faudrait que leur ôlertons ces soins ; car alors ils se verraient, ils penseraient à ce qu’ils sont, d’où ils viennent, où ils vont, etc »(Pensées, art.
Mais d’un autre côté, il serait absurde de penser que, pour pouvoir juger, par exemple, d’un ouvrage de peinture ou de poésie, il fallût être peintre ou poète. […] Que l’auteur de l’ouvrage sur lequel il va porter son jugement soit son ami ou son ennemi, ce critique se persuade sans peine que, s’il trahit la vérité, s’il écrit une seule ligne contraire à sa façon de penser, il trompera bassement ses lecteurs, et se manquera à lui-même, en se vengeant de son ennemi par un lâche mensonge, ou en usant envers son ami d’une coupable indulgence. […] Ceux qui méritent d’être particulièrement distingués, soit pour l’importance et la multitude des objets qu’ils embrassent, soit pour la manière dont ces objets y sont présentés, sont le Traité des études par Rollin ; les Réflexions sur la poésie et la peinture, par l’abbé du Bos ; la Manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit (en dialogues), par le P. […] Fénelon 128 a fait des Dialogues sur l’éloquence, où tout est sagement pensé, exprimé avec la plus belle simplicité, et ramené à l’instruction.
D’une société de trois ou quatre intimes amis il faut voler1 à l’opéra, à la comédie, voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations ; pas un instant à soi, pas le temps d’écrire, de penser, ni de dormir. […] Il y a cinq jours, mon cher ami, que je suis dangereusement malade ; je n’ai la force ni de penser ni d’écrire. […] Les bons auteurs n’ont de l’esprit qu’autant qu’il en faut, ne le cherchent jamais, pensent avec bon sens, et s’expriment avec clarté. […] Vous restez dans votre trou jusqu’à l’heure des spectacles2, à dissiper les fumé de la veille ; ainsi vous n’avez pas un moment pour penser à vous et à vos amis. […] Car Voltaire a quelquefois pensé comme un Prussien, comme un Russe ; mais ce n’était qu’un oubli : au fond, la fibre est nationale.
Le roi est environné de gens qui ne pensent qu’à divertir le roi et l’empêchent de penser à lui : car il est malheureux, tout roi qu’il est, s’il y pense. […] Ses deux neveux étaient à cette pompe, dans l’état que vous pouvez penser. […] Et du vôtre, me direz-vous, qu’en pense-t-il ? […] Laissez donc tous les amusements de l’âge passé ; faites voir que vous pensez et que vous sentez ce qu’un prince doit penser et sentir. […] Mes frères, notre perte est presque assurée, et nous n’y pensons pas.
Vainement, offusqué5 de ses pensers épais, Loin du trouble et du bruit il croit trouver la paix. […] Ils croiraient s’abaisser dans leurs vers monstrueux, S’ils pensaient ce qu’un autre a pu penser comme eux. […] Penser n’est masculin qu’en poésie, et par exception. […] Apprend-on à penser ?