Ils ne relèvent plus du pouvoir, même quand ils en acceptent des faveurs et des pensions. […] Ne pensez-vous pas cela comme moi ? […] Monsieur, dit le géomètre, il y a vingt ans que vous ne pensez pas ! Vous parlez pour les autres et ils pensent pour vous ! […] En société, quand je pensais être libre et disert, peut-être avait-on le droit de me croire avantageux.
Pour éviter de pécher contre la clarté, la première opération à faire, c’est de penser à ce que l’on veut dire, ainsi que nous le recommande Boileau : Avant donc que d’écrire apprenez à penser, et de ne pas oublier que, puisque l’on n’écrit pas pour soi, mais pour les autres, il faut donc rendre sa pensée avec le plus de clarté possible, et de manière à être compris de tout le monde. Autrement on s’attirerait l’épigramme ou le conseil que Maynard adressait à un poète de son temps : Ce que ta plume produit Est couvert de mille voiles : Ton discours est une nuit Veuve de lune et d’étoiles ; Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique ; Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique ; Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi, qui peut t’empêcher De le servir du silence ? […] Avant donc que d’écrire apprenez à penser.
Veut-on savoir ce qu’il faut penser d’une semblable manière d’écrire ? […] Tout ce que le torrent des âges a emporté se reproduit à ses yeux. — Il voit la durée comme un espace immense, dont il n’occupe qu’un point : il calcule les jours, les heures, les moments ; il en ramasse toutes les parties, etc. » De quoi pensez-vous qu’il est question ici ?
Je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idées1 quelque nouvelle réformation ; et si je pensais qu’il y eût la moindre chose en cet écrit par laquelle on me pût soupçonner de cette folie, je serais très-marri2 de souffrir qu’il fût publié. […] Que s’il y a du plaisir à voir croître les fruits en vos vergers, et à y être dans l’abondance jusque aux yeux, pensez-vous qu’il n’y en ait pas bien autant à voir venir ici des vaisseaux qui nous apportent abondamment tout ce que produisent les Indes, et tout ce qu’il y a de rare en Europe ?
Pensez-vous que je n’aille point vous voir cette année ? […] Martigny et Saint Pierre sont encombrés d’apprêts qui attestent aux soldats que leur chef a pensé à tout. […] Il pense que l’écrivain perd son temps à faire des combinaisons de mots inutiles ; que ce n’est point là du style, mais l’ombre du style : Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes du ne manière singulière ou pompeuse : rien ne dégrade plus l’écrivain. […] À cette première règle, dictée par le génie, si l’on joint de la délicatesse et du goût, du scrupule sur le choix des expressions, de l’attention à ne nommer les choses que par les ternîtes les plus généraux, le style aura de la noblesse ; si l’on y joint encore de la défiance pour son premier mouvement, du mépris pour tout ce qui n’est que brillant, et une répugnance constante pour l’équivoque et la plaisanterie, le style aura de la gravité, il aura même de la majesté ; enfin, si l’on écrit comme on pense, si l’on est convaincu de ce que l’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres, et la vérité du style, lui fera produire tout son effet, pourvu que cette persuasion intérieure ne se marque pas par un enthousiasme trop fort, et qu’il y ait partout plus de candeur que de confiance, plus de raison que de chaleur. […] Bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir, bien rendre ; c’est avoir en même temps de l’esprit, de l’âme et du goût.
Le critique vraiment honnête homme se dit à lui-même, en prenant la plume, ce que la reine de Carthage disait à Énée : « Je ne mettrai aucune différence entre le Troyen et le Tyrien. » Que l’auteur de l’ouvrage qu’il va juger soit son ami ou son ennemi, ce critique se persuade sans peine que s’il trahit la vérité, s’il écrit une seule ligne contraire à sa façon de penser, il trompera bassement ses lecteurs et se manquera à lui-même en se vengeant de son ennemi par un lâche mensonge, ou en usant envers son ami d’une coupable indulgence. […] Il est vrai qu’on se propose seulement d’instruire ; mais le genre didactique a ses grâces particulières : j’en appelle à l’Art de penser. […] Fénelon nous a donné ses Dialogues sur l’éloquence, où tout est sagement pensé, exprimé avec la plus belle simplicité, et ramené à l’instruction ; il a aussi, en 1689, composé, pour l’éducation du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV, des Dialogues des morts un peu trop nombreux peut-être, mais dont le recueil est devenu classique43.
Il disait que rien ne lui donnait du déplaisir comme d’être accusé de regarder quelqu’un dans les portraits qu’il fait ; que son dessein est de peindre les mœurs sans vouloir toucher aux personnes, et que tous les personnages qu’il représente sont des personnages en l’air1 et des fantômes proprement, qu’il habille à sa fantaisie, pour réjouir les spectateurs ; qu’il serait bien fâché d’y avoir jamais marqué qui que ce soit ; et que, si quelque chose était capable de le dégoûter de faire des comédies, c’étaient les ressemblances qu’on y voulait toujours trouver, et dont ses ennemis tâchaient malicieusement d’appuyer la pensée pour lui rendre de mauvais offices auprès de certaines personnes à qui il n’a jamais pensé. […] De quel œil, à votre avis, pensez-vous que je puisse voir cet amas d’actions indignes dont on a peine, aux yeux du monde, d’adoucir le mauvais visage, cette suite continuelle de méchantes affaires qui nous réduisent, à toute heure, à lasser les bontés du souverain, et qui ont épuisé auprès de lui le mérite de mes services et le crédit de mes amis ! […] Non, insolent, je ne veux point m’asseoir, ni parler davantage, et je vois bien que toutes mes paroles ne font rien sur ton âme ; mais sache, fils indigne, que la tendresse paternelle est poussée à bout par tes actions ; que je saurai, plus tôt que tu ne penses, mettre une borne à tes déréglements, prévenir sur toi le courroux du ciel, et laver, par ta punition, la honte de t’avoir fait naître.
Je pense d’abord qu’il ne peut y avoir d’amitié qu’entre les gens de bien. […] Mais je pense d’abord que l’amitié ne peut se trouver qu’entre les gens de bien. […] Et je pense d’abord qu’il ne peut y avoir d’amitié qu’entre les gens de bien. […] A moins que vous ne pensiez que Scipion l’Africain fut un insensé. […] Je pense qu’il n’y a rien de plus rare, rien de plus difficile à trouver qu’un orateur parfait.
Il a pensé que ses fonctions de professeur lui faisaient une obligation de suivre cette méthode. […] Voilà, je pense, ce qu’on peut dire de plus probable sur l’origine de la critique. […] Mais comme son ouvrage sert en tout lieu de règle, je devais faire connaître ma façon de penser sur le genre d’utilité qu’on peut en retirer. […] Mais on ne peut douter, je pense, que, plus nous remonterons vers l’origine du langage, plus nous le trouverons rempli des expressions que la nature a dictées. […] J’ai précédemment observé qu’il était quelquefois assez difficile de ne pas confondre les qualités du style avec la manière de penser d’un auteur.
Il est impossible de relire cette admirable harangue, sans être de l’avis de Milon et sans penser Comme lui, que si en effet Cicéron s’était montré, dans cette cause, aussi ferme qu’il avait coutume de l’être, s’il ne s’était pas laissé intimider par les clameurs de la faction de Clodius, il l’aurait emporté sur toutes les considérations timides ou intéressées qui pouvaient agir contre l’accusé, et que Milon n’aurait pas mangé des huîtres à Marseille. Au surplus, il porta dans son exil le courage qu’il avait déployé pendant son tribunat, et durant le cours de son procès ; et se montra digne, jusqu’à la fin, de ce que Cicéron pensait, et avait dit de lui. […] « Quant au reste des auditeurs (et je parle ici des vrais citoyens), tous nous sont favorables ; et dans cette multitude nombreuse de Romains, dont les regards viennent de tous les points du Forum se fixer sur vous, et qui attendent avec tant d’impatience l’issue de cette affaire, il n’en est pas un qui n’applaudisse au courage de Milon, et qui ne pense que ce jour va décider de son sort, de celui de ses enfants, de celui, enfin, de la patrie elle-même.
Je trouve qu’il est aussi beau au Roi de vous faire du bien, qu’à vous de le mériter. » Voici la réponse de Mascaron : « Le Roi m’a donné plus qu’il ne pense, Monsieur. […] Cette nouvelle arriva lundi à Versaillesa : le Roi en a été affligé, comme on doit l’être de la mort du plus grand Capitaine et du plus honnête homme du monde : toute la Cour fut en larmes, et M. de Condom1 pensa s’évanouir. […] Il va sur cette petite colline avec huit ou dix personnes ; on tire de loin à l’aventure un malheureux coup de canon qui le coupe par le milieu du corps, et vous pouvez penser les cris et les pleurs de cette armée : le courrier part à l’instant ; il arriva lundi, comme je vous ai dit, de sorte qu’à une heure l’une de l’autre, le Roi eut une lettre de M.
C’est un extrait de ce que les anciens philosophes ont pensé de plus judicieux et de plus solide. […] Tout est solidement pensé dans cet ouvrage, et tout y est exprimé avec autant de sagesse que d’élégance. […] Par-tout il pense et s’exprime avec force ; par-tout il sent et s’exprime avec chaleur.
Pour résumer en quelques lignes tous les phénomènes intellectuels au moyen desquels on parvient à bien penser, je dirai qu’ils se présentent dans l’ordre suivant : Le génie et l’esprit créent les objets, L’imagination les présente, L’idée les aperçoit, La mémoire les retient, La pensée les considère, Le goût les épure, Le cœur les éprouve, Le sentiment les approuve, Le jugement les adopte, Le discernement les classe. […] Les climats font souvent les diverses humeurs ; Souvent, sans y penser, un écrivain qui s’aime, Forme tous ses héros semblables à soi-même ; Tout a l’humeur gasconne en un auteur gascon. […] Un tel cynisme révolta les hommes de goût, et le scandale fut tel que les journaux qui en général ne se piquent pas de bonne littérature, et qui étaient d’ailleurs presque tous aussi coupables eux-mêmes, s’écrièrent qu’il fallait faire cesser par la force cette dégoûtante manière de penser et d’écrire ; que, sans cette précaution, la littérature française serait marquée aux yeux du monde entier d’un éternel déshonneur.
Je ne saurais exprimer l’horreur que m’inspire tout ce qui tend à rompre le lien d’amour parmi les hommes, tout principe qui autorise à se haïr et à se nuire réciproquement, à cause des manières diverses de penser. […] Et quand une action sublime ébranle toutes les puissances de notre être, nous ne pensons pas que l’homme généreux qui se sacrifie a bien connu, a bien combiné son intérêt personnel. Nous pensons qu’il immole tous ses plaisirs, tous les avantages de ce monde ; mais qu’un rayon divin descend dans son cœur, pour lui causer un genre de félicité qui ne ressemble pas plus à ce que nous revêtons de ce nom, que l’immortalité à la vie.
Il semble au premier aspect que ces ouvrages ne soient pas dignes d’une attention particulière ; mais je suis loin de penser ainsi. […] L’on pense bien que ce rythme fut d’abord dur et grossier ; il plaisait cependant ; on en fit une étude, et, par degrés, la versification devint un art. […] Un berger peut bien penser et s’exprimer sans affectation sur toutes sortes de sujets ; une aimable simplicité peut former le fond de son caractère ; mais il n’est pas nécessaire qu’il paraisse lourd et insipide. […] Mais on doit, je pense, autant d’éloges au jugement du poète qu’à son génie. […] Dans la dernière Lecture, j’ai dit ce que je pensais du merveilleux en général ; il est à propos de remarquer que celui qu’employa le chantre d’Achille n’était pas de son invention.
Ce n’est point à vous tous que je m’adresse ici ; mais à ceux seulement qui m’ont condamné ; c’est à eux que je dirai donc : Ne pensez pas, Athéniens, que j’aie succombé dans cette accusation, faute des moyens nécessaires pour vous convaincre, si j’avais cru devoir faire et dire ce qui pouvait me dérober au supplice. […] J’ai toujours pensé que l’on ne devait se permettre rien de honteux pour échapper au péril ; et dans cet instant même, je ne me repens pas de mes moyens de défense.
Examinons comment vous avez travaillé, non sur quoi et pourquoi. » Nous ne saurions admettre cette théorie ; nous ne songerions pas même à la réfuter, si nous ne pensions que, soutenue par l’autorité de quelques hommes d’un mérite réel, elle peut égarer les jeunes gens dont elle flatte les caprices et l’irréflexion. […] Ils pensent, comme nous, que le sujet doit intéresser par lui-même et indépendamment de la manière dont il est traité.
Vous pouvez penser l’horrible désordre qu’un si terrible accident a causé dans cette fête. […] Je n’en sais pas davantage présentement : je pense que vous trouvez que c’est assez.
nous savions tout ce que nous pouvions espérer, et nous ne pensions pas à ce que nous devions craindre. […] Les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite, et non aux blessures qu’ils ont reçues.
Cicéron, Quintilien, et le sage, l’estimable Rollin, qui pense et s’exprime souvent comme ces grands hommes, ont défini les figures, en général, de certains tours, de certaines façons de s’exprimer qui s’éloignent de la manière commune de parler. […] Les figures de pensées, dit Cicéron, dépendent uniquement du tour de l’imagination ; elles ne consistent que dans la manière particulière de penser ou de sentir, en sorte que la figure reste toujours la même, quoique l’on change les mots qui l’expriment27. […] Que penser donc de Stace, qui accumule dans une seule et même dédicace, tout ce qu’il y a de ridiculement outré dans Virgile et dans Lucain, et qui adresse le tout à un Domitien, qui ne fut jamais qu’un monstre ? […] L’un des plus grands plaisirs que nous procure la poésie, est de nous placer au milieu de nos semblables ; de voir tout ce qui nous environne, penser, sentir et agir comme nous. […] Que penser d’un écrivain dont un pareil style serait la manière habituelle ?
La châsse D’où vient que cet homme qui a perdu depuis peu de mois son fils unique2, et qui, accablé de procès et de querelles, était ce matin si troublé, n’y pense plus maintenant ? […] Qu’est-ce autre chose d’être surintendant, chancelier, premier président, sinon d’être en une condition où l’on a dès le matin un grand nombre de gens qui viennent de tous côtés pour ne leur laisser pas une heure en la journée où ils puissent penser à eux-mêmes4 ?
Il ne se contenta pas de me demander ce que j’en pensais en général ; il m’obligea de lui dire quels endroits m’avaient le plus frappé. […] Ne pensez-vous pas cela comme moi ?
Et je le prins par le bras, et luy diz : « Et quoy, Seigneur Colonel, pensés-vous que je sois ce Montluc qui va tous les jours mourant par les rues ? […] Alors la Seigneurie9 me pria ne trouver mauvais s’ilz commensoient à penser à leur sauvation10 ; et voyant que ny avoit plus remede, si ce n’est de nous manger nous-mesmes, je ne leur y peux nyer, chargeant de maledictions ceux qui engagent les gens de bien, et puis les laissent là1.
La solitude fait écrire parce qu’elle fait penser. […] Ces jolis chants et le lavage de fontaine1 me donnaient à penser diversement ; les oiseaux me faisaient plaisir, et, en voyant s’en aller toute bourbeuse cette eau si pure auparavant, je regrettais qu’on l’eût troublée, et me figurais notre âme quand quelque chose la remue ; la plus belle même se décharme quand on en touche le fond, car au fond de toute âme humaine il y a un peu de limon.
Et ces vastes chemins en tous lieux départis, Où l’étranger, à l’aise achevant son voyage, Pense au nom des Trudaine1 et bénit leur ouvrage ? […] Mais il ne faut pas s’exagérer l’importance de pareilles innovations : la vraie et féconde imitation de l’antiquité doit avant tout, reposer sur l’étude attentive des chefs-d’œuvre qu’elle nous a transmis : c’est par là que le poëte pourra, suivant le vers d’André Chénier lui-même : sur des pensers nouveaux faire des vers antiques 1.
Intérêt de l’histoire grecque L’histoire moderne est décidément seule en vogue parmi nous ; en France, aujourd’hui, loin d’encourager les recherches sur l’antiquité grecque et romaine, on pense qu’elles appartiennent exclusivement aux érudits, aux pédants disons le mot, et qu’elles ne s’adressent qu’aux écoliers, encore seulement pour le temps qu’ils sont condamnés au grec et au latin. […] Le récit de la retraite des dix mille est, je pense, un des exemples les plus remarquables de cette obéissance absolue que les Grecs montraient aux décisions de la majorité.
« Grand roi, dit-il à Cyrus, te dirai-je ce que je pense, ou mon état présent me doit-il fermer la bouche » ? […] Qu’il me soit permis cependant de vous dire, pour la dernière fois, ce que je pense à ce sujet. […] Pensons à la distance qui nous sépare maintenant de la Grèce ; songeons que nous n’aurons de terrain à nous, que celui que nous emporterons à la pointe de l’épée.
Un très grand poète, qui était philosophe dans le sens et avec les restrictions où il est permis et possible de l’être, Racine le fils, a fait, dans son poème de la Religion, un rapprochement très ingénieux de ce que les anciens ont dit de mieux et pensé de plus juste en fait de morale. […] Aimez ces biens pour lui, ne l’aimez point pour eux : Ne pensez qu’à ces lois ; car c’est là tout votre être. […] Veut-on savoir ce que pensait l’Ecclésiaste de cette espèce de philosophie ?
Pensez-vous, madame, qu’en ces lieux Seule, pour vous connaître, Octavie ait des yeux5 ? […] Absente de la cour4, je n’ai pas dû penser, Seigneur, qu’en l’art de feindre il fallût m’exercer. […] Les choses les plus communes, les plus triviales, et qu’il est même capable de penser, il veut les devoir aux anciens, aux Latins, aux Grecs.
Pourtant j’avoue que cet ouvrage a pensé me tuer1 J’entends quelques frelons qui bourdonnent autour de moi ; mais si les abeilles y cueillent un peu de miel, cela me suffit, et je me résigne au destin de tous les gens modérés, que le grand Cosme de Médicis comparait à ceux qui habitent le second étage des maisons : ils sont incommodés par le bruit d’en haut, et par la fumée d’en bas2. […] Je suis un peu partisan de la méthode, et je tiens que sans elle aucun grand ouvrage ne passe à la postérité. » Il se corrige ailleurs en ajoutant : « J’avoue que Montesquieu manque souvent d’ordre, malgré ses divisions en livres et en chapitres ; que quelquefois il donne une épigramme pour une définition, et une antithèse pour une pensée nouvelle ; qu’il n’est pas toujours exact dans ses citations ; mais ce sera à jamais un génie heureux et profond, qui pense et fait penser.
Soldats, lorsque le peuple français plaça sur ma tête la couronne impériale, je me confiai à vous pour la maintenir toujours dans ce haut état de gloire qui seul pouvait lui donner du prix à mes yeux ; mais, dans le même moment, nos ennemis pensaient à la détruire et à l’avilir ; et cette couronne de fer, conquise par le sang de tant de Français, ils voulaient m’obliger à la placer sur la tête de nos plus cruels ennemis : projets téméraires et insensés, que, le jour même de l’anniversaire du couronnement de votre empereur, vous avez anéantis et confondus. […] En obligeant le peuple français à faire la guerre, on l’obligera à ne penser qu’à la guerre, à ne vivre que de la guerre, et les légions françaises sont nombreuses et braves2. […] Je sens que peut-être j’irrite dans cette lettre une certaine susceptibilité naturelle à tout souverain ; mais les circonstances ne demandent aucun ménagement ; je lui dis les choses comme je les pense ; et, d’ailleurs, que Votre Majesté me permette de le lui dire, ce n’est pas pour l’Europe une grande découverte que d’apprendre que la France est du triple plus populeuse, et aussi brave et aguerrie que les États de Votre Majesté.