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2. (1839) Manuel pratique de rhétorique

— L’auteur avait-il besoin pour son sujet d’art, d’efforts, d’ornements recherchés, de mouvements ? […] — Est-il permis à l’orateur d’employer les mouvements ? […] Il observe les mouvements des ennemis. […] Pour tous ces effets il faut ce qu’on appelle le mouvement. […] — Qu’est-ce que le mouvement ?

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Ordre et mouvement. Buffon néglige trop l’analyse du mouvement, qui tient à la sensibilité. […] Pour réussir à peindre les passions, il faut étudier les mouvements qu’elles inspirent. […] Il lui manquait deux choses : le mouvement et la fécondité. […] Ces descriptions ont le mouvement d’un discours.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

Le mouvement est une autre source du beau ; il est agréable par lui-même, et, toutes choses d’ailleurs égales, les corps en mouvement sont généralement préférés à ceux qui restent en repos. Le mouvement doux appartient seul au beau : violent et rapide, comme serait, par exempte, un torrent, il appartient au sublime. Le mouvement d’un oiseau qui plane dans les airs est très beau ; mais la rapidité de l’éclair qui sillonne les cieux est imposante et magnifique. […] La couleur, la figure et le mouvement, considérés séparément, sont des sources de beauté ; ils se rencontrent cependant dans une foule d’objets, qui empruntent de cette réunion le caractère de la beauté la plus parfaite. Les fleurs, par exemple, les arbres, les animaux, nous offrent à la fois la délicatesse des couleurs, la grâce des figures, souvent même le mouvement de l’objet.

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Nulle espèce ne le mérite mieux ; la nature en effet n’a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l’idée de ses plus charmants ouvrages : coupe de corps élégante, formes arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis3, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout dans le cygne respire la volupté, l’enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté ; tout nous l’annonce, tout le peint comme l’oiseau de l’amour ; tout justifie la spirituelle et riante mythologie d’avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. A sa noble aisance, à la facilité, à la liberté de ses mouvements sur l’eau, on doit le reconnaître non-seulement comme le premier des navigateurs ailés, mais comme le plus beau modèle que la nature nous ait offert pour l’art de la navigation. […] Fier de sa noblesse, jaloux de sa beauté, le cygne semble faire parade de tous ses avantages ; il a l’air de chercher à recueillir des suffrages, à captiver les regards, et il les captive, en effet, soit que, voguant en troupe, on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte ailée ; soit que, s’en détachant, et s’approchant du rivage aux signaux qui l’appellent, il vienne se faire admirer de plus près en étalant ses beautés, et développant ses grâces par mille mouvements doux, ondulants et suaves. […] C’est surtout dans les yeux3 qu’elles se peignent et qu’on peut les reconnaître : l’œil appartient à l’âme plus qu’aucun autre organe ; il semble y toucher, et participer à tous ses mouvements ; il en exprime les passions les plus vives et les émotions les plus tumultueuses, comme les mouvements les plus doux et les sentiments les plus délicats ; il les rend dans toute leur force, dans toute leur pureté, tels qu’ils viennent de naître ; il les transmet par des traits rapides qui portent dans une autre âme le feu, l’action, l’image de celle dont ils partent : l’œil reçoit, et réfléchit en même temps la lumière de la pensée, et la chaleur du sentiment : c’est le sens de l’esprit, et la langue de l’intelligence4. […] Rousseau : « Mes idées circulent sourdement… elles fermentent jusqu’à m’émouvoir… insensiblement ce grand mouvement s’apaise, ce chaos se débrouille, chaque chose vient se mettre à sa place. » 1.

6. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Quelles sont les principales figures de mouvement ou de passion ? […] Les mouvements peuvent-ils être imités par l’harmonie ? […] Ces mouvements sont lents ou rapides, doux ou impétueux, égaux ou inégaux, aisés ou pénibles. […] Le poète a donc en son pouvoir de rappeler vivement l’idée de l’espèce de mouvement qu’il veut décrire, en employant des sons qui, dans notre imagination, correspondent à ce mouvement. […] L’harmonie imitative peut-elle exprimer les mouvements de l’âme ?

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

Mais, docile autant que courageux, il ne se laisse point emporter à son feu, il sait réprimer ses mouvements : non-seulement il fléchit sous la main de celui qui le guide, mais il semble consulter ses désirs ; et, obéissant toujours aux impressions qu’il en reçoit, il se précipite, se modère ou s’arrête, et n’agit que pour y satisfaire. C’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir, qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute ; qui sent autant qu’on le désire, et ne rend qu’autant qu’on le veut ; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s’excède, et même meurt pour mieux obéir1… Le cheval est de tous les animaux celui qui, avec une grande taille, a le plus de proportion et d’élégance dans les parties de son corps : car, en lui comparant les animaux qui sont immédiatement au-dessus et au-dessous, on verra que l’âne est mal fait, que le lion a la tête trop grosse, que le bœuf a les jambes trop minces et trop courtes pour la grosseur de son corps, que le chameau est difforme, et que les plus gros animaux, le rhinocéros et l’éléphant, ne sont pour ainsi dire que des masses informes. […] Le triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil, ou plutôt de la torpeur de la nature : les insectes sans vie, les reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement, tous les habitants de l’air détruits ou relégués, ceux des eaux renfermés dans des prisons de glace, et la plupart des animaux terrestres confinés dans les cavernes, les antres et les terriers, tout nous présente les images de la langueur et de la dépopulation ; mais le retour des oiseaux au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la nature vivante, et les feuillages renaissants, et les bocages revêtus de leur nouvelle parure, sembleraient moins frais et moins touchants sans les nouveaux hôtes qui viennent les animer. De ces hôtes des bois, les fauvettes sont les plus nombreuses comme les plus aimables ; vives, agiles, légères et sans cesse remuées2, tous leurs mouvements ont l’air du sentiment, tous leurs accents le ton de la joie. […] Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouvements et les accents de leur tendre gaieté.

8. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

si elles sont incertaines et vacillantes, si tous les mouvements n’en sont pas justes et décidés, tout l’effet est perdu. […] Elle puisera dans l’amour ou la haine des choses ces mouvements entraînants qui sont l’essence du pathétique. […] Aussi l’orateur a-t-il soin d’éviter l’artifice des tropes, et se sert-il de préférence des mouvements oratoires. […] lorsque le peuple français , etc, mouvement ; appel à l’orgueil militaire. […] Enfin, les gestes sont affectifs quand ils expriment les passions, les mouvements de l’âme.

9. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Un froid mortel glace ses sens, roidit ses nerfs, et, pénétrant jusqu’à son cœur, en arrête le mouvement ; il n’est plus qu’un cadavre étendu sur la neige et blanchissant au souille du nord. […] Il est sobre de figures et de mouvements, et ne se distingue presque du style simple que par un caractère plus soutenu de force et de noblesse. […] Ses pensées sont tour à tour vives, frappantes, profondes, ingénieuses, il ne rejette pas les figures de symétrie ; il évite celles de mouvement et de suspension. […] Elle prépare en silence les germes de ses productions ; elle ébauche, par un acte unique, la forme primitive de tout être vivant, elle la développe, elle la perfectionne par un mouvement continu et dans un temps prescrit. […] Le rendrez-vous inquiet, et le ferez-vous bondir comme une sauterelle dans le temps que la fierté qui paraît dans le mouvement de ses narines inspire la terreur ?

10. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Ils aiment les pensées fortes, les grands mouvements ; mais les nuances leur échappent. […] Aussi leurs orateurs multiplient les images, prodiguent les invocations, les apostrophes, tous les mouvements les plus dramatiques. […] Quelles invectives passionnées, quels brûlants appels à la vengeance, quels mouvements pathétiques ! […] Mais ces qualités ne rachètent pas à nos yeux l’absence des grands mouvements. […] Il a plutôt les muscles du lutteur qu’il n’en a les mouvements rhythmiques.

11. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

il lui faut de l’élévation, des mouvements passionnés. […] Ses sourcils, par leur mouvement, annoncent sa volonté. […] S’assied a du mouvement. […] Il y a mouvement, gradation de mots comme d’idées, comme d’objets. […] Quelle force, quelle roideur dans ces mouvements !

12. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Cette personnification sublime, ce mélange d’êtres moraux et matériels, donnent un admirable mouvement à ces préparatifs d’un drame solennel. […] interrompt la simplicité ; mais c’est plutôt un soupir, un regret fort naturel, qu’un mouvement de l’âme. […] Dans une vaste prairie, de l’autre côté de cette rivière, la clarté de la lune dormait sans mouvement sur les gazons. […] Cette partie avait besoin d’un peu de vie et de mouvement ; l’auteur anime la scène par l’haleine de la brise, la course majestueuse de la lune et les mouvements variés des nuages. […] Ici, en regard du repos de la nature et de la douceur du spectacle, règnent par un habile contraste le mouvement et la majesté.

13. (1873) Principes de rhétorique française

L’action est en réalité l’éloquence de la voix et du geste, c’est l’ensemble des mouvements qui constituent la physionomie. […] les soucis de l’ambition, les inquiétudes de la fortune, les mouvements de la volupté. […] Mais ici la mesure et le goût sont de grande valeur, car la sobriété et une émotion contenue seront plus puissants que les cris et les grands mouvements. […] La péroraison doit comprendre le résumé des arguments développés dans la confirmation et employer des mouvements capables d’exciter l’émotion. […] — Les tours généraux ou communs sont ceux qui, dépendant du mouvement même de la pensée, peuvent s’échanger l’un contre l’autre.

14. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

La prophétie de Joad, dans l’Athalie de Racine, reproduit avec un bonheur incomparable le mouvement lyrique des Livres sacrés : aussi n’avons-nous rien de plus beau dans notre langue. […] Lévites, de vos sons prêtez-moi les accords, Et de ses mouvements secondez mes transports. […] Chez les anciens, l’ode était chantée et représentée sur la scène ; elle se composait de plusieurs parties ou stances, qui prenaient le nom de strophe, antistrophe et épode, et qui correspondaient à certains mouvements du chœur. […] De nos jours ce genre est peu en usage : il sert à exprimer les mouvements les plus impétueux de l’imagination et du cœur.

15. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Pas une passion, dit Batteux, pas un mouvement de chaque passion, pas une seule partie de ce mouvement qui n’ait son geste et son ton particulier, ses degrés de gestes et de tons. […] Ils se prêtent d’ailleurs à toutes les formes et à tous les mouvements oratoires. […] De là, des mouvements d’éloquence qui seraient ridicules et déplacés dans le barreau moderne. […] C’est alors que les mouvements décident la victoire ; mais il faut que les raisonnements l’aient préparée, sans cela les mouvements heurtent et ne renversent pas. […] Intérêt et mouvement dans la prédication.

16. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

Toujours conséquent, toujours nerveux, préférant aux mouvements passagers de fonction, des preuves frappantes que le temps grave toujours plus avant dans les esprits ; appelant le système entier de la religion au secours de chacun de ses sujets : raisonneur éloquent, moraliste sublime, il fera éternellement le désespoir des prédicateurs. […] Mais plus occupé de prouver, que jaloux d’émouvoir et d’attendrir, rarement Bourdaloue s’abandonne à ces grands mouvements qui surprennent, agitent et remuent l’auditeur. La pénible uniformité de ses raisonnements n’est presque jamais interrompue par les mouvements de l’âme, et rarement son expression reçoit de la couleur.

17. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

On l’emploie pour donner à la pensée du mouvement, de la vivacité, de la passion. […] Le style est pittoresque s’il peint vivement les objets, s’il a de la couleur et du mouvement. […] La véhémence est un degré supérieur à la force ; elle entraine et subjugue par les mouvements hardis et les figures passionnées. […] Les figures sont la richesse et la parure du style ; elles donnent à la poésie son plus beau coloris, à l’éloquence ses plus beaux mouvements ; sans elles, le style est nu, froid et languissant. […] Cette figure donne à la phrase du mouvement et de l’énergie, au style une allure vive et pittoresque.

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Mais Thomas se croyait appelé à faire une révolution dans l’éloquence ; et cette révolution consistait à substituer le jargon philosophique à la belle et noble simplicité dont Voltaire et Buffon viennent de nous donner des exemples ; aux mouvements de l’âme, de froides et ridicules exclamations ; et le langage technique des sciences exactes à ces figures hardies ou touchantes qui donnent tant de force ou de chaleur au style. […] Aussi vous dira-t-il, que « Cent mille hommes opposés à cent mille hommes forment des masses redoutables qui s’étudient, s’observent, combinent avec une sage lenteur tous leurs mouvements, et balancent avec un art terrible et profond la destinée des états ». […] Rien de plus aisé à comprendre : « Il étudiait l’art qui enseigne les propriétés du mouvement, qui mesure les temps et les espaces, qui calcule les vitesses et commande aux éléments dont il s’assujétit les forces ; l’art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d’établir un concert et une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les efforts qui doivent concourir ensemble, de calculer l’activité des forces et le temps de l’exécution. — Maurice écartait les barrières du préjugé pour reculer les limites de son art : après avoir trouvé le bien, il cherchait le mieux. — Il s’élançait au-delà du cercle étroit des événements, et créait des combinaisons nouvelles ; imaginait des dangers pour trouver des ressources ; étudiait surtout la science de fixer la valeur variable et incertaine du soldat, et lui donner le plus grand degré d’activité possible ».

19. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Les descriptions animées, la lutte de deux armées, l’ardeur, le feu, le mouvement qu’il répand dans ses combats, présentent aux lecteurs de l’Iliade de fréquents exemples de mouvements sublimes, relevés encore par l’intervention des dieux dans ces scènes guerrières. […] Le mouvement en lui-même est une chose agréable, et les corps en mouvement doivent, toutes choses égales, être préférés aux corps en repos ; mais ce n’est que le mouvement modéré qui est du domaine du beau ; lorsqu’il est rapide ou immense, il rentre dans le sublime. […] Le mouvement de bas en haut est plus agréable que le mouvement contraire ; le mouvement ondoyant et léger de la flamme ou de la fumée peut être cité comme un objet particulièrement agréable. […] On entend généralement par ces expressions tous les mouvements qu’on peut donner à la phrase, toutes les attitudes du style. […] Les plus beaux mouvements de l’éloquence lui étaient familiers.

20. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Le mouvement n’est réel que dans l’impression des observateurs : changez leurs rôles, vous changez l’impression. […] Il manque à votre belle statue l’expression et le mouvement. — D’accord. […] Ce mouvement aurait-il eu le même succès s’il eût été concerté ? […] Ensuite il faut voir si le sujet que l’on traite admet les grands mouvements, ou s’il y répugne. […] Tous les mouvements de l’âme ont leur physionomie, leur intonation, leur geste.

21. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Dieu n’a pas résolu de parler toujours quand il plaira à l’homme de lui commander. « Il souffle où il veut », quand il veut, et la parole de vie qui commande à nos volontés ne reçoit pas la loi de leurs mouvements : Voulez-vous savoir, chrétiens, quand Dieu se plaît de parler ? […] Celui-là qui se plaint qu’il travaille trop, s’il était délivré de cet embarras, ne pourrait souffrir son repos ; maintenant les journées lui semblent trop courtes, et alors son grand loisir lui serait à charge : il aime sa servitude, et ce qui lui pèse lui plaît ; et ce mouvement perpétuel, qui les engage en mille contraintes, ne laisse pas de les satisfaire, par l’image d’une liberté errante. Comme un arbre que le vent semble caresser en se jouant avec ses feuilles et avec ses branches : bien que ce vent ne le flatte qu’en l’agitant, et le jette tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, avec une grande inconstance, vous diriez toutefois que l’arbre s’égaye par la liberté de son mouvement. […] Maintenant vous placez mal les paroles : alors vous placerez mal les choses ; vous récompenserez au lieu de punir ; vous punirez quand il faudra récompenser ; enfin vous ferez tout sans ordre, si vous ne vous accoutumez dès votre enfance à tenir votre esprit attentif, à régler ses mouvements vagues et incertains, et à penser sérieusement en vous-mêmes à ce que vous avez à faire. […] Tout s’y fait par une chaleur inconsidérée ; et comment accoutumer à la règle, à la solitude, à la discipline, cet âge qui ne se plaît que dans le mouvement et dans le désordre, qui n’est presque jamais dans une action composée5, « et qui n’a honte que de la modération et de la pudeur : et pudet non esse impudentem ?

22. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Ce plan une fois conçu dirigera la disposition, la soumettra à des lois, et réglera le mouvement de l’Elocution. […] L’idée représente l’objet, le peint dans notre esprit ; elle naît de la première impression formée en nous par des mouvements extérieurs ou intérieurs ; la pensée considère cet objet, elle l’examine avec attention, elle naît de la réflexion. […] L’épisode n’est permis qu’autant qu’il développe le sujet, qu’il y jette du mouvement et de la variété, en un mot qu’il soutient l’intérêt. […] 2° Considéré dans l’orateur, le pathétique prend ses sources dans une imagination vive et frappée elle-même des grands objets qu’elle veut représenter ; dans la sensibilité naturelle à recevoir les impressions que les passions font sur l’âme, dans un grand discernement à placer les mouvements pathétiques convenablement, c’est-à-dire, dans les sujets qui les comportent. […] 3° Considéré dans les moyens, le pathétique doit être 1° exprimé en style simple et exempt de toute figure ambitieuse ; 2° être préparé ; personne ne se passionne sans raison préalable et légitime ; 3° ne point être interrompu, soit par des transitions visibles soit par tout autre froid artifice ; 4° enfin, ne peut être prolongé, car les mouvements violents fatiguent le cœur et les pleurs se tarissent vite.

23. (1852) Précis de rhétorique

Quels mouvements le geste comprend-il ? […] Indiquez les effets produits par les mouvements de la tête. — 15. Quelle sorte de mouvements les yeux expriment-ils ? […] Précisez quelles sensations sont rendues par les mouvements des mains. — 18. […] L’exhortation parle principalement au cœur, et se sert des mouvements pathétiques.

24. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Il préludait, il s’animait au son de ce prélude, il se donnait à lui-même la mesure, le mouvement, la période musicale ; les vers naissaient avec le chant, et de là, l’unité de rythme, de caractère et d’expression entre la musique et les vers : ce fat ainsi qu’une poésie chantée fut naturellement soumise au nombre et à la cadence. […] Cette différence doit être attribuée à la raison plus froide et plus positive des nations plus modernes, qui, en donnant à la poésie une couleur plus égale, lui enlève en partie son caractère d’inspiration soudaine et ses mouvements sublimes et même quelquefois désordonnés. […] Emporté par la fougue de son imagination brûlante, et par les mouvements de son cœur vivement ému, il part comme un torrent qui rompt ses digues, et chante tout à coup sur un ton élevé. […] Les danseurs tournaient à droite pendant la strophe ; pendant l’antistrophe ils tournaient à gauche en revenant sur eux-mêmes ; enfin, pendant l’épode, qui était toujours plus courte, ils faisaient tous leurs mouvements sans tourner ni d’un côté ni de l’autre. […] Les tableaux les plus riants de la nature, les mouvements les plus ingénus du cœur humain, l’enjouement, le plaisir, la mollesse, la négligence de l’avenir, le doux emploi du présent, les délices d’une vie dégagée d’inquiétude : voilà les sujets que choisit la muse d’Anacréon.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Ce spectacle attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme, et ce qui tout à la fois se présenta à mon esprit. […] n’approchez pas, nous sommes pestiférés. » Je n’ai point su quel mouvement fit le roi, qui ne l’embrassa point à cause du mauvais air. […] Monseigneur n’était plus ; on le savait, on le disait, nulle contrainte ne retenait plus à son égard, et ces premiers moments étaient ceux des premiers mouvements peints au naturel et pour lors affranchis de toute politique, quoique avec sagesse, par le trouble, l’agitation, la surprise, la foule, le spectacle confus de cette nuit si rassemblée. […] Parmi ces diverses sortes d’affligés, point ou peu de propos, de conversation nulle, quelque exclamation parfois échappée à la douleur et parfois répondue par une douleur voisine, un mot en un quart d’heure, des yeux sombres ou hagards, des mouvements de mains moins rares qu’involontaires, immobilité du reste presque entière ; les simples curieux et peu soucieux presque nuls, hors les sots qui avaient en partage le caquet, les questions, le redoublement du désespoir et l’importunité pour les autres. […] Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps.

26. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Ces mouvements affectueux ont surtout un grand pouvoir, quand le sujet ne permet pas d’enflammer l’esprit des juges par des mouvements impétueux et passionnés. […] Lors même que la nature du sujet donne lieu aux mouvements passionnés, l’orateur ne doit pas s’y jeter brusquement et sans préparation. […] Mais, si les grands mouvements ne peuvent régner que par intervalles dans un discours de quelque étendue, il n’est aucune partie du discours qui ne doive être animée par une heureuse chaleur et par ces mouvements plus doux auxquels on a donné le nom de mœurs. […] Nous savons que le ressort de la montre est la cause de son mouvement. […] La cause de Rabirius intéressait la majesté du peuple romain : je m’y livrai à toute la chaleur des mouvements passionnés.

27. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Or, quel est l’état où l’homme est disposé à prêter une âme, du mouvement et de la vie aux objets qui l’entourent, si ce n’est l’état d’émotion et de passion ? […] Le peintre Claude Vernet, se trouvant sur un vaisseau battu d’une horrible tempête, et au moment de faire naufrage, s’était fait attacher au mât du navire, et, tout occupé à dessiner le mouvement des vagues, leurs replis, leur écume, et les feux de la foudre qui, à sillons redoublés, déchiraient le sein des nuages, ne cessait de crier : Ah ! […] Laurentie, un certain mouvement d’enthousiasme qui pousse l’homme vers le ciel ; elle exprime admirablement l’amour et la reconnaissance, elle célèbre les merveilles ; et Dieu dut toujours se montrer à elle comme le principal objet vers lequel pouvaient le mieux s’élever ses aspirations.

28. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

N’eussiez-vous à conduire qu’un seul cheval un peu fougueux, vous n’en viendriez pas à bout, si vous lâchiez tout à fait la main, et si vous laissiez aller votre esprit ailleurs : combien moins gouvernerez-vous cette multitude immense où bouillonnent tant de passions, tant de mouvements divers ! […] Tous les mouvements de notre cœur sont ramenés à deux principes : la Haine, et l’Amour, qui sont la base de toutes nos passions parce qu’ils comprennent les deux rapports de notre âme avec le bien et le mal. […] Heureux l’orateur ou l’écrivain qui s’empare de ces mouvements du cœur fondés, sur la raison ! […] 8° Désir Le Désir est un mouvement de la volonté vers un objet que nous regardons comme un bien qu’il nous serait avantageux de posséder. […] 12° Colère La Colère est un mouvement désordonné de l’âme par lequel nous nous emportons avec violence contre ce qui nous déplaît ou ce qui nous blesse.

29. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

— Cette langue est libre et hardie dans ses mouvements comme l’inspiration. […] J’en sais qui ont défini la lumière en cette sorte : La lumière est un mouvement luminaire des corps lumineux. […] Dans la passion, ses mouvements sont plus hardis, ses attaques plus franches, ses coups plus violents et plus irrésistibles. […] Ce fut la gloire du roi de diriger ce grand mouvement des lettres, consacrées à l’expression du vrai, de l’utile et du beau. […] Bossuet égala les mouvements de l’éloquence aux plus sublimes accents de la poésie.

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

L’harmonie imitative dépend de la représentation de la pensée ou par le son même des mots, ce qui constitue l’onomatopée, ou par le mouvement de la phrase. […] C’est que celui-ci exige un mouvement de lèvres un peu plus pénible. […] A cette imitation toute matérielle préférons une harmonie plus intelligente, en quelque sorte, celle que produisent l’emploi des nombres, la marche du rhythme, le mouvement de la phrase. […] Mais enfin, il faut céder…, etc. » Mettons de côté pour un moment la suite et la convenance du récit, la couleur et l’énergie de l’expression ; n’examinons que le rhythme et le mouvement, et nous verrons quelle valeur l’harmonie bien comprise ajoute au discours. […] La plaine est balayée par cette masse qui vomit la mort de toutes parts ; mais la furie française est aussi infatigable que le sang-froid espagnol, et le mouvement de la parole de Bossuet reproduit également la triple attaque et la triple résistance.

31. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

C’est par gradations qu’il faut préparer l’auditeur à ces secousses violentes, à ces grands mouvements toujours sans effet quand ils sont prodigués. […] Il ne peut y avoir lieu ici aux mouvements oratoires : un raisonnement pressé, mais lumineux, des conséquences justes et exactement déduites ; voilà tout le mérite de ces sortes de péroraisons, qui ont l’avantage de réunir, sous un seul et même point de vue, l’état général de la cause, les lois dont elle s’appuie, et les moyens que l’on a employés pour la défendre. […] ) Mais si la nature de la cause donne lieu à une éloquence véhémente, le résumé doit être suivi d’un mouvement oratoire, qui sera ou d’indignation ou de commisération. […] Il vaudrait beaucoup mieux alors laisser les juges à leurs propres dispositions ; car ici les grands efforts, les grands mouvements, sont tout près du ridicule ; et ce qui ne fait pas pleurer, fait nécessairement rire : nihil habet ista res medium ; sed aut lacrymas meretur aut risum .

32. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux. […] Ainsi le soir, pour un homme qui veut tout analyser, tout expliquer, n’est que le moment où le mouvement de la terre sur elle-même dérobe à nos yeux la lumière du soleil. […] La même personnification eut lieu pour les puissances d’une nature morale : les remords étaient des furies qui poursuivaient le coupable, armées de leurs fouets vengeurs ; les vices étaient des monstres hideux ; l’envie était dévorée de serpents, et la vengeance armée de poignards ; la colère, agitée de mouvements convulsifs, avait la bouche remplie d’écume, et la calomnie, se traînant dans l’ombre, répandait partout le fiel et le poison.

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