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107. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — De la Poétique » pp. 2-4

., et mort en 322. […] Longtemps après parut une autre Poétique latine, qui eut pour auteur un contemporain de Léon X, Vida, évêque d’Albe, né à Crémone, en 1470, et mort en 1566. […] Enfin, Boileau-Despréaux, né à Paris, en 1636, et mort dans la même ville en 1711, a fait un Art poétique en quatre chants.

108. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

• Lettre du président Pasquier à un ami, en lui annonçant la mort de Ronsard (1583). […] Il demande la mort, il est vrai, mais c’est pour que sa gloire ne soit pas ternie dans la suite par l’inaction. […] Elle ne songe un instant à se donner à son vainqueur que pour sauver de la mort Astyanax. […] X) ; bataille de Senef et mort de Turenne (chap.  […] Après la mort du comte il se rend courageusement chez sa maîtresse pour lui parler une dernière fois.

109. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre II. Application du chapitre précédent au discours de Cicéron pour Milon. »

Clodius eût été préteur après la mort de Milon. […] Arrêtons-nous un moment à la belle prosopopée, dans laquelle l’orateur introduit Milon lui-même se glorifiant de la mort de Clodius, et s’écriant : 118« Occidi, occidi, non Sp.  […] Ceux qui suivaient Clodius se partagent ; les uns enveloppent la voiture et attaquent Milon par derrière ; les autres le croient déjà mort, et se mettent à égorger les esclaves qui arrivaient les derniers. […] « Si donc, Milon, tenant son épée sanglante, s’écriait : Venez, citoyens, écoutez-moi : j’ai donné la mort à Clodius ; les fureurs de ce pervers que la crainte des lois et des jugements ne pouvaient plus réprimer, ce bras et ce fer les ont repoussées de vos têtes ; si les lois, si la justice, si les tribunaux, si la liberté, la pudeur et la chasteté ne sont point bannis de Rome, c’est à moi, citoyens, à moi seul qu’on en est redevable ». […] auprès de ceux à qui la mort de Clodius a été le plus utile.

110. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

« L’apostrophe, dit Marmontel, consiste à détourner tout à coup la parole et à l’adresser, non plus à l’auditoire ou à l’interlocuteur, mais aux absents, aux morts, aux êtres invisibles ou inanimés, et le plus souvent à quelqu’un ou à quelques-uns des assistants. » Il fait remarquer que, dans ce dernier cas, l’apostrophe est une des armes les plus puissantes de l’éloquence ; c’est l’adversaire, le juge, l’une ou l’autre classe d’auditeurs, que l’orateur interpelle tout à coup, qu’il prend à partie, qu’il atteste, qu’il terrasse ou qu’il implore. […] Je lis dans la lettre de madame de Sévigné sur la mort de Vatel : « Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup (car il s’en donna deux qui n’étaient pas mortels) qu’il tomba mort. » Voilà une véritable parenthèse. […] Le type, sous ce rapport, est l’auteur d’un roman fameux, il y a quelque trente ans, le Solitaire ; dans ce livre, comme dans le Renégat, dans la Mort et l’Amour, etc., du même écrivain, on trouve des constructions fabuleuses et des inversions que le maître même de M. […] En voici un dans son admirable lettre sur la mort de Turenne : « Chacun conte l’innocence de ses mœurs, la pureté de ses intentions, son humilité éloignée de toutes sortes d’affectations, la solide gloire dont il était plein, sans faste et sans ostentation, aimant la vertu pour elle-même, sans se soucier de l’approbation des hommes, une charité généreuse et chrétienne. » L’énallage est une figure de syntaxe. […] L’énallage se rencontre en français dans certaines locutions familières : Si tu parles, tu es mort ; et dans un ton plus élevé, quand pour donner à la phrase du mouvement et de la vivacité, on substitue : 1° Le présent au passé : « Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse… etc. ; » 2° Le présent au futur ; dans Boileau : … Dès que nous l’aurons prise, Il ne faut qu’un bon vent et Carthage est conquise ; 3° Le passé au présent ou au futur ; dans Racine : Bientôt ton juste arrêt te sera prononcé ; Tremble !

111. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Les jeux se mêlent au carnage ; de toutes parts, on s’empresse pour jouir de l’agonie et de la mort des innocents qu’on égorge ; et ce cri barbare : Les chrétiens aux lions ! […] S’il fallait porter le deuil des royaumes qui passent, et des pouvoirs qui expirent, les peuples, depuis Nemrod, n’auraient pas eu d’autres vêtements, et nous entendrions encore, au fond de l’Orient, tinter les glas de ces grandes funérailles ; le bruit lugubre de ces premières morts nous arriverait de tombeau de roi en tombeau de roi, comme d’écho en écho ; « et pourtant, dit le Seigneur Dieu, c’est moi qui ai abattu ces chasseurs d’hommes, parce que j’ai eu pitié de la terre ». […] Ainsi donc se dénouent les plus doux liens de la terre, et nous nous en allons mouillant de nos larmes le chemin qui conduit à cette autre vie, la seule réelle, la seule désirable, qui nous est proposée comme but, et promise comme récompense ; et voilà pourquoi il est écrit : Pleurez peu sur le mort, parce qu’il repose  ; et encore : Heureux les morts qui meurent dans le Seigneur ! […] J’ai vu tendre aux enfants une gorge assurée, À la sanglante mort qu’ils voyaient préparée, Et tomber sous le coup d’un trépas glorieux Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux… 1. […] Les hasards, la maladie, les accidents de toute espèce disposant de notre sort malgré nous, comment donc le but de notre liberté morale serait-il le bonheur de cette courte vie que la souffrance et la vieillesse et la mort mettent hors de notre puissance ?

112. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VI. De l’Harmonie du Style. »

« Au premier bruit de ce funeste accident (la mort de Machabée), toutes les villes de Judée furent émues ; des ruisseaux de larmes coulèrent des yeux de tous leurs habitants : ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles. Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots, que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la piété, la crainte, ils s’écrièrent : Comment est mort cet homme puissant, qui sauvait le peuple d’Israël ! À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs ; les voûtes du temple s’ébranlèrent ; le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : Comment est mort, etc. » (Fléchier). […] « Au lieu de déplorer la mort des autres, je veux désormais apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint ».

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Elle amollit les cœurs, et soumet la beauté : Je puis donner la mort, toy l’immortalité. […] Comparez cette page de Xavier de Maistre : « J’avais un ami ; la mort me l’a ôté… Je ne m’en consolerai jamais ! […] Les arbres se couvrent de feuilles et entrelacent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs ; tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort, — et le soir, tandis que la lune brille dans le ciel et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre son chant infatigable, caché sous l’herbe qui couvre mon ami. […] Or il est temps que Bèze soit vaincu, Et que la mort vienne pour le surprendre, Pour aux enfers l’estrangler et le pendre.

114. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

Dès que le jour fatal est arrivé, elle se présente et reçoit la mort. […] Enfin elle sait reproduire les traits des êtres les plus chéris qui semblent encore vivre au milieu de nous, quand la mort les a enlevés à notre affection. […] comme cette mort va courant partout en attrapant de tous côtés !  […] puisqu’il faut passer sa vie à pleurer ceux qui sont chers, à pleurer les uns morts, les autres peu dignes de vivre, que je la trouve peu regrettable à tous égards ! […] D *** sur la mort de son fils aîné, 1720.

115. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Honorat de Bueil, marquis de Racan, disciple de Malherbe, mort en 1670, releva en France la gloire de la pastorale. […] Boileau, né en 1656 et mort en 1711, est le plus parfait de nos satiriques. […] Gilbert, né en 1751 et mort à l’Hôtel-Dieu dans un accès de fièvre cérébrale, à vingt-neuf ans, est notre Juvénal ; son âme était aigrie par le malheur. […] Nous ne disons rien de Chénier et de Despazes, dont nous avons parlé plus haut, et qui sont morts au commencement de ce siècle. […] Ainsi le chant funèbre de Moschus sur la Mort de Bion, est pour nous une élégie dans toute la rigueur du terme.

116. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Britannieus est mort, mais que deviendra Junie ? […] La mort de Turnus fixe définitivement la situation de tous les personnages, et remplit toutes les promesses de l’exposition. […] Villemain , ce vénérable vieillard qui arrive pâle comme la mort, mais richement vêtu, comme s’il eût affecté quelque chose de solennel et de pompeux dans le dernier jour. […] Cessez à présent d’être leurs mères pour devenir leurs juges ; leur vie et leur mort sont entre vos mains. […] Ils vivront, si vous continuez d’en avoir un soin charitable ; mais, je vous le déclare devant Dieu, ils seront tous morts demain, si vous les délaissez. » « Cette conclusion, dit M.

117. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

La métonymie prend la cause pour l’effet : Le chypre incendiait les coupes ; Et leur âme chantait dans les clairons d’airain ; Ou l’effet pour la cause : Les canons vomissent la mort ; Ou le contenant pour le contenu : Les foudres du Vatican ; Ou le signe pour la chose signifiée : On dit d’un gourmand : C’est une belle fourchette ; d’un écrivain : C’est une plume éloquente ; Ou enfin le nom abstrait pour le nom concret : — Là, parmi les douceurs d’un tranquille silence, Règne sur le duvet une heureuse indolence. […] — « O mort tant désirée, que ne viens-tu ! […] Elle évoque les morts du tombeau ; elle donne une âme et une voix aux choses inanimées ; elle personnifie les êtres abstraits. […] Arrivé à la scène du meurtre, il peint l’agonie de la vieille, sa lutte suprême contre la mort, les derniers efforts de l’assassin. […] Sur sa croupe indomptée, avec un cri terrible, Il s’élance, il saisit sa chevelure horrible, L’entraîne, et quand sa bouche, ouverte avec effort, Crie, il y plonge ensemble et la flamme et la mort.

118. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Iphigénie défend contre la mort, une vie exigée par la fatalité et livrée par son père. […] Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ! […] En voici un curieux exemple, tiré de la Mort de Pompée. […] Et que sa mort, que vous déplorez, vous serve à la fois de consolation et d’exemple !  […] Il ne put achever, car la mort l’en garda  (l’empêcha).

119. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

La mort est inexorable, elle frappe le pauvre et le riche. […] Les canons vomissent la mitraille qui donne la mort. […] A vécu veut donc dire est mort. […] Le récit de la mort d’Hyppolite offre une longue suite d’hypotyposes. […] Ils ont été choisis, chacun par leur pays, pour terminer la guerre par la mort de l’un d’eux.

120. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Madame de Maintenon 1635-1719 [Notice] Élevée dans le calvinisme, qu’elle abjura sans contrainte, réduite à la condition la plus précaire par la mort de ses parents, Mlle d’Aubigné, petite-fille de l’énergique champion de la réforme, épousa en 1642 le poëte Scarron, qu’avaient touché ses infortunes. […] Fuyez comme la mort, et pour vous et pour elles, tout ce qui n’est que pour orner, élever et contenter l’esprit ; craignez la science qui enfle le cœur ; ne cherchez que la charité qui édifie. […] Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ? […] Vous vous croyez une personne importante, parce que vous êtes nourrie dans une maison où le roi va tous les jours ; et le lendemain de ma mort, ni le roi, ni tout ce que vous voyez qui vous caresse ne vous regardera pas.

121. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Eugénie de Guérin , 1805-1848. » pp. 578-584

Elle avait vécu de sa vie, elle faillit mourir de sa mort. […] L’ennui Le 5. — Pluie, vent froid, ciel d’hiver, le rossignol qui de temps en temps chante sous des feuilles mortes, c’est triste au mois de mai. […] Partout ta place sans t’y voir… Ces jeunes filles, ces jeunes gens, nos parents, nos voisins, qui remplissent en ce moment le salon, qui sont autour de toi mort, t’entoureraient vivant et joyeux ; car tu te plaisais avec eux, et leur jeune gaieté t’égayait. […] Dans tout je vois la mort.

122. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Ils pleuraient la mort de leur frère. […] Les poètes disent : la pâle mort, les pâles maladies, parce que les maladies, la mort rendent le corps pâle. […] mortem, aller au-devant de la mort) se dit d’une mort qu’on n’a pas évitée, à laquelle on s’est exposé. […] Par extension, tomber mort, mourir, être tué. […] C'est dans ce sens qu’il se prend pour mort, ruine.

123. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Métonymies de l’effet ou de l’instrument pour la cause : Cheveux blancs, pour vieillesse ; la pále mort, parce qu’elle rend pâle ; O mon fils, ô ma joie, ô l’honneur de mes jours ! … Sa main désespérée M’a fait boire la mort dans la coupe sacrée ; un grand pinceau, une plume exercée, un bon violon, une fine lame, pour le peintre, l’écrivain, le violoniste, le spadassin. […] Quand Voltaire, à propos de la Saint-Barthélemy, va jusqu’à dire : Et des fleuves français les eaux ensanglantées Ne portaient que des morts aux mers épouvantées, l’idée que nous nous faisons de l’exécrable nuit de 1572 nous empêche de voir aucune exagération dans cette image exagérée. Si vous lisez de sang-froid les discours des Danton, des Isnard, des Saint-Just et de tant d’autres orateurs de la Législative et de la Convention, l’emphase vous paraît portée au delà de toutes les bornes ; mais transportez-vous par la pensée dans cette atmosphère de sang, assistez à ces terribles parties où chacun avait sa tête, pour enjeu, mettez-vous à la place de ces gladiateurs désespérés luttant à mort avec le glaive de la parole, et l’hyperbole ne sera plus pour vous que le langage naturel. […] Vous nommez le bourreau l’exécuteur des hautes œuvres, euphémisme ; autrefois, quand un pauvre demandait l’aumône, et qu’on ne pouvait ou qu’on ne voulait pas la lui faire, on lui répondait : Dieu vous assiste, euphémisme ; il a vécu, disaient les anciens, pour il est mort, euphémisme, c’est-à-dire périphrase ou métalepse.

124. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

La mort de ce jeunes cygne, étouffé, comme l’a dit Châteaubriand, par les révolutions, demeurera l’un des plus douloureux épisodes de nos discordes civiles1. […] J’allais voir, m’éloignant des rives de Carie, Si la Grèce pour moi n’aurait point de patrie, Et des dieux moins jaloux, et de moins tristes jours : Car jusques à la mort nous espérons toujours. […] Cymé, puisque tes fils dédaignent Mnémosyne, Puisqu’ils ont fait outrage à la muse divine, Que leur vie et leur mort s’éteignent dans l’oubli ; Que ton nom dans la nuit demeure enseveli ! […] On peut lire, au début du Phèdre de Platon, la gracieuse légende des premiers chanteurs qui, passionnés pour la poésie, oubliérent de se nourrir, et étant morts de faim, furent métamorphosés en cigales.

125. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

L’aigle blessé a mort Sur la neige des monts, couronne des hameaux, L’Espagnol a blessé l’aigle des Asturies2, Dont le vol menaçait ses blanches bergeries ; Hérissé, l’oiseau part, et fait pleuvoir le sang, Monte aussi vite au ciel que l’éclair en descend3, Regarde son4 soleil, d’un bec ouvert l’aspire, Croit reprendre la vie au flamboyant empire ; Dans un fluide d’or il nage puissamment, Et parmi les rayons se balance un moment : Mais l’homme l’a frappé d’une atteinte trop sûre ; Il sent le plomb1 chasseur fondre dans sa blessure ; Son aile se dépouille, et son royal manteau Vole comme un duvet qu’arrache le couteau. […] contre un gros oiseau qu’il poursuit et chasse à mort, contre une fleur déjà dévastée à qui il ne pardonne pas de ne point l’avoir attendu. […]   Plus fiers d’une mort infaillible, Sans peur, sans désespoir, calmes dans leurs combats, De ces républicains l’âme n’est plus sensible   Qu’à l’ivresse d’un beau trépas. […] »   Ce cri… c’est en vain qu’il expire, Étouffé par la mort et par les flots jaloux ; Sans cesse il revivra répété par ma lyre   Siècles !

126. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis, des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : elles sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid1 ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse2, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion. […] Cependant, cet aimable stoïcien, que sa constante vertu, son génie, son humanité, son inflexible courage me rendaient infiniment cher, m’a fait verser bien des larmes sur la faiblesse de sa mort : c’est une extrême pitié de voir tant de vertu, tant de force et de grandeur d’âme vaincues, en un moment, par le plus léger revers au milieu de tant de ressources, et de tant de faveurs de la fortune ! […] Lorsque la fortune1 a paru se lasser de le poursuivre, la mort s’est offerte à sa vue. […] Vauvenargues n’a pas ce courage intéressé qui aime la guerre pour l’avancement, pour ce qu’elle rapporte, et place l’héroïsme à intérêts ; ce qui lui plaît, c’est la mort qu’on brave, c’est l’emploi des qualités fortes, la fermeté, la patience, les nuits laborieuses, les longues marches, avec la faim et la soif pour compagnes, tout ce qui trempe l’âme, tout ce qui l’élève.

127. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Prends soin, après ma mort, de la triste Aricie….. […] Quel champ couvert de morts me condamne au silence ? […] 5° La prosopopée prête des paroles, des sentiments aux vivants, aux morts et aux choses. […] On dit : les emplois de Mars, pour les travaux de la guerre ; on eût pu dire de Roland, quand il tenait son épée : la mort est dans ses mains. […] Es-tu Jéhovah, le Dieu fort, Qui tient de soi son existence, Et que n'atteindra point la mort ?

128. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Umbras est pour arbores. — Boire la mort, pour boire un breuvage qui donne la mort. […] Ainsi l’on dit : il a été, il a vécu, pour dire qu’un homme est mort. […] Desideror s’emploie pour absum ; nous le pleurons, pour il est mort. […]     Rien que la mort n’était capable D’expier son forfait. […] En vain la vie est dure, et la mort est amère ; Qui peut douter sur son tombeau ?

129. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Je le trouvai dans une argumentation de sainteté qui m’étonne : plus il approche de la mort, plus il s’épure. […] Une sentence de mort, prononcée contre ce digne chef, est-elle donc une juste récompense du zèle qu’il a témoigné pour vos intérêts ? Pour moi, la mort me sera moins triste que la vue d’une telle injustice commise pour ma patrie et par mes concitoyens. […] Lecture. — Mort de Léonidas, par Barthélemy. […] Lecture. — La Mort de saint Louis.

130. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Où la mort saisira ce fortuné coupable, Tout chargé des liens de son iniquité. […] À des personnes mortes : tel est l’exemple que nous en offrent les derniers de ces beaux vers que Racine met dans la bouche de Phèdre en proie à tous les remords de son amour criminel pour Hippolyte. […] Mourons donc puisqu’enfin dans l’état où je suis La mort est l’espoir seul qui reste à mes ennuis. […] Ainsi les âges se renouvellent ; ainsi la figure du monde change sans cesse ; ainsi les morts et les vivants se succèdent et se remplacent continuellement : rien ne demeure ; tout s’use, tout s’éteint. […] Le feu vengeur s’allume, et le son des trompettes Va réveiller les morts dans leurs sombres retraites.

131. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Un brin d’herbe perce souvent le marbre le plus dur de ces tombeaux que ces morts si puissants ne soulèveront jamais ! […] Leur vie est à la fois naïve et sublime ; ils célèbrent les dieux avec une bouche d’or, et sont les plus simples des hommes ; ils causent comme des immortels ou comme de petits enfants ; ils expliquent les lois de l’univers, et ne peuvent comprendre les affaires les plus innocentes de la vie ; ils ont des idées merveilleuses de la mort, et meurent sans s’en apercevoir, comme des nouveau-nés. […] J’ai frappé à la porte de l’ermitage pratiqué dans le cintre d’une loge ; on ne m’a point répondu : l’ermite y est mort. […] Çà et là de hauts cyprès remplaçaient les colonnes tombées dans ce palais de la mort ; l’acanthe sauvage rampait à leurs pieds, sur des débris, comme si la nature s’était plu à reproduire sur les chefs-d’œuvre mutilés de l’architecture l’ornement de leur beauté passée. […] Le monde, ennemi de sa longue domination, avait premièrement brisé et fracassé toutes les pièces de ce corps admirable, et parce qu’encore tout mort, renversé et défiguré, il lui faisait horreur, il en avait enseveli la ruine même.

132. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

J’interroge un assistant qui me répond : « C’est le prince***, mort il y a deux jours, et qu’on va porter en terre, l’office terminé. » C’est un indifférent qui annonce une nouvelle à un indifférent ; je n’ai pas besoin de dire qu’ici toute périphrase serait tout à fait déplacée. Mais quand Bossuet veut faire sentir aux grands du monde tout le néant des grandeurs humaines, les faire pâlir et frissonner à l’idée des formidables coups de surprise de la mort, ah ! […] Elle va descendre à ces sombres lieux, à ces demeures souterraines, pour y dormir dans la poussière, avec les grands de la terre, comme parle Job, avec ces rois et ces princes anéantis, parmi lesquels à peine peut-on la placer, tant les rangs y sont pressés, tant la mort est prompte à remplir ces places !  […] tu l’as assassiné, canonisé l’assassinateur et fait des feux de sa mort !  […] Madame de Sévigné veut exprimer la douleur de madame de Longueville à la mort de son fils : « Tout ce que la plus vive douleur peut faire et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables, elle a tout éprouvé. » Il y a disjonction, au contraire, quand pour donner plus de rapidité à la construction, vous supprimez toutes les particules conjonctives.

133. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Pourvu, vers 1554, d’un office de conseiller au Parlement de Bordeaux, marié vers la trentaine par convenance plus que par entraînement, honoré de relations illustres, étranger à toute passion, sauf à l’amitié, cette volupté choisie des cœurs épicuriens, privé par la mort de la Boétie d’une tendresse qu’immortalisa son deuil éloquent, ce magistrat philosophe soucieux avant tout de s’appartenir à lui-même, avait quarante-deux ans lorsqu’il se retira des affaires, sans autre ambition que celle de vivre chez lui et pour lui, dans sa tour de Montaigne, parmi ses livres et ses pensées. […] Les paysans durs à la peine A veoir les efforts que Seneque13 se donne pour se preparer contre la mort, à le voir suer d’ahan1, pour se roidir et pour s’asseurer, et se debattre si long temps en cette perche2, i’eusse esbranlé sa reputation, s’il ne l’eust en mourant3 tres-uaillamment maintenuë… A quoy faire4 nous allons nous gendarmant par ces efforts de la science5 ? […] Combien en vois-ie ordinairement qui mescognoissent10 la pauureté : combien qui desirent la mort, ou qui la passent sans alarme et sans affliction ! […] Questeur après la mort de Caligula, exilé sous Claude, rappelé par Agrippine, précepteur et ministre de Néron, il finit par être impliqué dans la conjuration de Pison, et dut s’ouvrir les veines en 16 après J. […] Par le courage de sa mort vraiment stoïque.

134. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Il raconte sa mort et ses funérailles. […] Boileau écrit à Racine pour lui apprendre la mort de Molière. […] Cinna et Émilie, il est vrai, s’honorent par leur attitude en face d’une mort qu’ils croient imminente. […] Corneille mort de misère ! […] Au début de la pièce, le bruit court, de la mort de Mithridate.

135. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Racine. (1639-1699.) » pp. 83-90

… L’Académie a regardé la mort de M. […] Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de le dire à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de M. votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse. […] On croira même ajouter quelque chose à la gloire de notre auguste monarque, lorsqu’on dira qu’il a estimé, qu’il a honoré de ses bienfaits cet excellent génie ; que même deux jours avant sa mort, et lorsqu’il ne lui restait plus qu’un rayon de connaissance, il lui envoya encore des marques de sa libéralité3, et qu’enfin les dernières paroles de Corneille ont été des remercîments pour Louis le Grand. […] Mais après la mort de celui-ci, en 1672, Louis XIV ne dédaigna pas de prendre pour lui ce titre.

136. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

La mort de Richelieu, et l’anarchie d’une régence ouvrirent carrière à son génie turbulent, qui, dans un moment de faveur, réussit à surprendre le chapeau de cardinal. […] Ambroise, marquis de Spinola, né à Gênes en 1571 et mort en 1630, n’embrassa la carrière des armes qu’à trente ans, et se montra sur-le-champ doué des plus grands talents militaires. […] Après avoir vécu avec une magnificence extrême, et avoir fait pour plus de quatre millions de dettes, tout fut payé, soit de son vivant, soit après sa mort. » (Abrégé chronologique de l’Histoire de France, IIIe race, 1676.)

137. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Sainte-Beuve 1804-1870 » pp. 291-295

Montaigne est mort : on met son livre sur son cercueil ; le théologal Charron6 et mademoiselle de Gournay7, celle-ci, sa fille d’alliance, en guise de pleureuse solennelle, sont les plus proches qui l’accompagnent, qui mènent le deuil, ou portent les coins du drap, si vous voulez. […] Nous avons ouvert le cercueil avec Fontaine12 ; nous avons revu son visage non altéré ; une centaine de religieuses, plus brillantes de charité que les cierges qu’elles portaient dans leurs mains1, l’ont regardé, ce visage d’un père, à travers leurs pleurs ; les principales, en le descendant à la fosse, lui ont donné de saints baisers, et toutes ont chanté jusqu’à la fin la prière qui crie grâce pour les plus irrépréhensibles ; et puis, les jours suivants, dans le mois, dans l’année, les voilà qui se mettent à mourir, et les messieurs aussi2 ; ils meurent coup sur coup, frappés au cœur par cette mort de M. de Sacy, joyeux de le suivre, certains de le rejoindre, oui certains, grâce à l’humble et tremblant espoir du chrétien, et redisant volontiers, comme lui, d’une foi brûlante et soupirante : « O bienheureux purgatoire3 !  […] Lemaistre, dit de Sacy, né en 1612, mort en 1684.

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