Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, Né tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent… Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs. […] On retrouve, d’ailleurs, quelque chose de l’histoire de Ver-Vert dans ce que Buffon raconte d’un perroquet de Guinée.
Voici présentement la lune, et puis l’histoire D’Adam, d’Ève et des animaux… Voyez, messieurs, comme ils sont beaux ! […] Il s’agissait de l’Histoire romaine, de Rollin.
(Discours sur l’histoire universelle, iii e partie, les Empires.) […] Vous avez découvert toutes ses menées et démêlé toute son intrigue ; enfin vous avez reconnu tout l’ordre du crime ; vous voyez ses pieds, son corps et sa tête ; aussitôt que vous pensez le convaincre en lui racontant ce détail, par mille adresses il vous retire ses pieds : il couvre soigneusement tous les vestiges de son crime ; il vous cache sa tête : il recèle profondément ses desseins ; il enveloppe son corps, c’est-à-dire toute la suite de son intrigue, dans un tissu artificieux d’une histoire embarrassée et faite à plaisir. […] Sans remonter bien loin dans l’histoire des siècles passés, le nôtre a vu Henri IV, votre aïeul, qui, par sa bonté ingénieuse et persévérante à chercher les remèdes des maux de l’État, avait trouvé le moyen de rendre les peuples heureux, et de leur faire sentir et avouer leur bonheur. […] Multipliez vos jours, comme les cerfs que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace, qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ? […] Chateaubriand a dit : « C’est dans le Discours sur l’Histoire universelle que l’on peut admirer l’influence du génie du christianisme sur le génie de l’histoire.
Les grands esprits du dix-septième siècle le comprenaient bien ; aussi appelaient-ils un traité de logique : Discours sur la méthode ; et une philosophie de l’histoire : Discours sur l’histoire universelle. […] L’intérêt et la passion ont fait les premiers orateurs, comme les émotions vives de douleur ou de joie ont fait les premiers poêles ; l’histoire, la philosophie et la science ne sont nées que plus tard, ce sont comme des rameaux détachés de la souche commune. […] Quant à l’histoire, à la philosophie, h la morale, elles ont avec l’éloquence un rapport si étroit que personne ne contestera l’utilité des règles de l’art de bien dire pour l’historien, le philosophe et le moraliste. […] Qui ne connaît l’histoire du dilemme de Protagoras ? […] Il n’est peut-être pas dans l’histoire d’exemple plus remarquable de la puissance de la parole qui, d’un même coup, relève le courage des honnêtes gens et répand l’épouvante dans le camp des ennemis de l’ordre.
. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Le sujet n’est jamais assez tôt expliqué… Cela ne signifie pas, bien entendu, qu’il soit permis de venir, à la façon des prologues d’Euripide et de plusieurs de nos modernes dramaturges, décliner tout bonnement son nom au parterre, et lui raconter gauchement son histoire, sous forme de monologue.
Il escoule tous les jours de nos mains, et depuis que je vis s’est altéré de moitié. » Cet aveu nous avertit que le xvie siècle fut pour la langue française une époque de crises dont l’histoire ne saurait tenir dans le cadre d’un résumé rapide. […] C’est ce qu’atteste l’histoire du xvie siècle. […] Tâtonnements incertains, analogies arbitraires et artificielles, combinaisons hardies, conjectures chimériques, divination préconçue, telle fut l’histoire de leurs fantaisies jusqu’à la fin du xviii e siècle, où la sagacité de Turgot soupçonna pour la première fois les lois d’une science fondée sur l’observation, la logique et l’histoire. — Ménage rattachait jeûne à jeune, sous prétexte que la jeunesse est le matin de la vie, et qu’on est à jeun quand on se lève. — Il tirait le mot rat du latin mus. […] Guillaume de Salluste du Bartas (1544-1590) est connu par la Semaine de la création, poëme en sept livres, où il y a de la verve, mais peu de goût et par la Seconde semaine, qui comprend l’histoire de l’Ancien Testament.
. — Parmi tant de publications dont Mme de Maintenon a été le sujet, nous citerons avant tout celle de M. le duc de Noailles, qui résume et efface toutes les précédentes : Histoire de Mme de Maintenon et des principaux événements du règne de Louis XIV, 1848. […] Théophile Lavallée, l’Histoire de la maison de Saint-Cyr, et sur ses œuvres, une série d’articles de M.
C’est le même qui, comme l’a dit ailleurs Gilbert, … Fameux par ses chansons, Mit l’histoire de France en opéras bouffons : à peu près comme le marquis de Mascarille, dans Molière, voulait mettre en madrigaux toute l’histoire romaine.
Il lit dans l’histoire de ses pères l’exemple de ceux qui ont honoré un grand patrimoine par un grand dévouement ; et, pour peu que l’élévation de sa nature réponde à l’indépendance qu’il s’est acquise ou qu’il a reçue, la pensée de servir l’État lui ouvre une perspective de sacrifices et de labeurs. […] Il ne dédaigne pas les lettres ; car les lettres, il le sait, c’est la suprématie de l’esprit ; c’est, avec l’éloquence et le goût, l’histoire du monde, la science des tyrannies et des libertés, la lumière reçue des temps, l’ombre de tous les grands hommes descendant de leur gloire dans l’âme qui veut leur ressembler, et lui apportant, avec la majesté de leur souvenir, le courage de faire comme eux.
Il me semble à sa voix du passé revenir, Triste et fier à la fois de ce long souvenir ; Et, suivant son récit dans ma propre mémoire, Je me laisse, en rêvant, raconter mon histoire, Comme si de quelque autre on racontait les jours. […] Béranger, dans son humble histoire, S’il est quelques sages leçons, Il mérite sa part de gloire : Qu’il la trouve dans tes chansons.
Ses Histoires poétiques sont un écrin où brillent des joyaux exquis. […] Ainsi toujours fidèle à la voix des poëtes, Qu’il s’épande en bienfaits sur la création ; Au domaine de l’homme, accru par ses conquêtes, Que chaque année ajoute un plus large sillon ; Pour que l’histoire, un jour, en déroulant ses fastes, Apprenne, avec orgueil, à la postérité, Que le règne du Fer n’eut point de jours néfastes, Mais qu’il fut l’âge d’or du monde racheté !
Une tribune n’est pas une chaire d’histoire. […] J’en ai donné, en parlant du discours de Cicéron pour Ligarius, le plus bel exemple que l’histoire de l’éloquence nous ait transmis.
On ne les emploie que pour peindre les personnages qui sont en première ligne dans une action, les héros que l’on célèbre en histoire, en éloquence, en poésie. […] Le but de l’histoire, et par conséquent de la narration historique, est de démêler la vérité dans les faits dignes de mémoire, et d’en perpétuer le souvenir en ce qu’il a d’intéressant et d’instructif. De tous les attributs, le plus essentiel à l’histoire, c’est donc la vérité, et la vérité intéressante. […] Nous citerons, parmi les plus belles narrations fabuleuses, l’intéressante histoire de Philémon et de Baucis, si bien traduite par La Fontaine ; la descente d’Orphée aux Enfers, dans les Géorgiques, et la mort d’Hippolyte, dans la tragédie de Phèdre. […] Participant de la narration historique et de la narration fabuleuse, la narration amplifiée portera la marque de cette double origine pour le style comme pour le fond, et unira les beautés et les ornements de la poésie à la simplicité et à la gravité de l’histoire.
Pour mettre ces études littéraires d’accord avec les autres études de nos élèves, les sujets contenus dans chaque volume se rattachent autant que possible aux questions d’histoire, aux programmes de sciences, aux ouvrages des auteurs classiques grecs, latins et français qui sont imposés à chaque classe. […] Mais, des contemporains plus encore peut-être que des écrivains du xviie et du xviiie siècle, je n’ai voulu admettre que le bon, l’excellent, l’exquis ; il ne s’agit point de faire une galerie complète d’histoire littéraire, mais un choix de modèles ; ce livre est un musée classique et non une collection d’amateur. […] Que j’aime à me le représenter, ce bon roi, comme l’histoire le représente dans le bois de Vincennes, sous ces arbres que le temps a respectés, s’arrêtant au milieu de ses divertissements innocents pour écouter les plaintes et pour recevoir les requêtes de ses sujets ! […] Leur féerie a déjà réclamé son histoire. […] III Histoire, poésie, il joint du pied vos cimes.
Il n’y a qu’à faire passer l’action dans le moins de temps qu’on pourra à moins que le poëte n’eût voulu traiter une histoire qui durât quelques années. […] Et à considérer qu’un Espagnol, assis fort à son aise, se met à tempester dès que la comédie dure plus de deux heures, quand il s’agirait même de représenter ce qui s’est passé depuis la Genèse jusqu’au jugement final, je trouve que si c’est un moyen de lui plaire, il est juste de s’y tenir. » (Lopez de Véga, Arte nuova de hacer comedias en este tiempo, publié à Madrid en 1621, et traduit un peu librement en français dans le recueil intitulé : Pièces fugitives d’histoire et de littérature, Paris, 1704, p. 256.
Sans parler de notre siècle, où les Ailes d’Icare ne sont pas seulement un roman, mais l’histoire de chaque jour, Boileau, oubliant ses propres préceptes, ne méconnaissait-il pas son génie, ne s’ignorait-il pas lui-même, quand il composait l’Ode sur la prise de Namur ; Molière, quand il se faisait le panégyriste du Val de Grâce ; la Fontaine, quand il chantait le quinquina ou la captivité de Saint-Malc ; Corneille, quand il luttait contre Racine, dans Tite et Bérénice, ou contre le mystique anonyme du moyen âge, dans la traduction en vers de l’Imitation de Jésus-Christ ? […] Soit que le sujet admette par sa nature même deux genres opposés, comme le tragique et le comique, le roman et l’histoire, la prose et la poésie, la dissertation et la narration, soit qu’il y ait disparate entre le genre d’esprit de l’auteur et le genre du sujet, le résultat pour le style est un défaut d’unité, de naturel, de solidité.
Nisard, 9e chapitre du livre III de son Histoire de la littérature française ; et M. […] Il a excellé particulièrement dans le portrait et dans les tableaux d’histoire.
Dans le roman historique, on fait assister l’un des personnages à une action réelle et connue, dont il peut ensuite nous rapporter des détails que l’histoire néglige presque toujours. […] Un jeune étudiant délivre le diable Asmodée, qui avait été emprisonné dans un bocal par un magicien son ennemi ; et ce démon, par reconnaissance, lui apprend l’histoire et lui découvre le fond des cœurs de toutes les personnes qu’il lui fait voir dans les différentes maisons de Madrid.
Ils y verront (mais plus encore en lisant ce beau discours) que ce grand Orateur a trouvé dans la défection même de ce Prince, une abondante matière pour faire son éloge ; et ils ne pourront s’empêcher de remarquer que le célèbre Bossuet a craint de toucher ce point délicat de son histoire. […] Ce qu’on peut assurer au rapport de Thucydide, qui a écrit l’histoire de la guerre de Péloponèse jusqu’à la vingtième année, c’est qu’on fit dans Athènes des obsèques publiques aux citoyens qui avaient été tués à la guerre de Samos, l’an 441 avant Jésus-Christ, et que Périclès, l’homme le plus illustre et le plus éloquent de la république, prononça leur éloge. […] Les Mémoires contiennent ordinairement des observations ou des découvertes qu’on a faites dans une science ou dans un art ; des points d’histoire, de chronologie, de critique qu’on éclaircit ; ou d’autres objets qui y ont rapport. […] Ils peuvent être regardés comme des mémoires pour servir à l’histoire des lettres. […] Il leur est aussi essentiel de savoir l’histoire des guerres de leur pays, et même de celles des autres peuples.
Mais pour’ ceux que l’histoire on la fable nous fait connoître, ils doivent être peints tels que nous les y trouvons. […] C’est ce qui rend son nom précieux dans l’histoire de notre théâtre. […] Le poëte dramatique peut, comme je l’ai dit ailleurs, inventer une action entière, ou l’emprunter de l’histoire. […] C’est assez qu’il conserve l’action principale que lui fournit l’histoire, et qu’il ne falsifie pas les caractères connus. […] En faisant soupirer les personnages tragiques, on les défigure ; on leur donne presque toujours un caractère opposé à celui que l’histoire nous en a tracé.
Cousin, lorsqu’il disait, en sa qualité de ministre et dans une circulaire officielle : « La rhétorique actuelle doit être un cours de littérature générale. » Je ne confonds point avec la théorie d’un art l’histoire universelle de cet art. […] Histoire de la littérature française.
La Bruyère 1646-1696 [Notice] Né à Dourdan, Jean de La Bruyère avait acheté une charge de trésorier à Caen, lorsque, après des revers de fortune, à 36 ans, sur la recommandation de Bossuet, il fut appelé à Paris pour enseigner l’histoire à M. le Duc, petit-fils du grand Condé. […] S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent que pour avoir le mérite de la dire, et de la dire bien ; elle devient un roman entre ses mains ; il fait penser les gens à sa manière, leur met en la bouche ses petites façons de parler, et les fait toujours parler longtemps ; il tombe ensuite en des parenthèses qui peuvent passer pour des épisodes, mais qui font oublier le gros de l’histoire, et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez. […] Ils parlent de guerre à un homme de robe, et de politique à un financier ; ils savent l’histoire avec les femmes ; ils sont poëtes avec un docteur et géomètres avec un poëte. […] Prenez l’histoire, ouvrez, remontez jusques au commencement du monde, jusques à la veille de sa naissance : y a-t-il eu rien de semblable dans tous les temps ?
Ne s’attacher qu’à une époque ne serait point enseigner l’histoire littéraire. […] Il répondit à ces reproches en produisant Horace (1639), œuvre dans laquelle tout, excepté le sujet et le nom des personnages empruntés à l’histoire romaine, est entièrement dû à son imagination. […] Entrevoyant que rien ne défendait à la tragédie de descendre plus bas que les princes et les héros, quand il se rencontrait dans l’histoire des actions dignes d’être embellies par elle, il emprunta à l’espagnol, pour raccommoder au théâtre, l’histoire de don Sanche, soldat de fortune, aventurier inconnu, regardé comme le fils d’un pêcheur, aimé de deux reines, et, à la fin, devenant mari de l’une, en étant reconnu pour frère de l’autre. […] Tous les héros de Corneille sont plus graves que dans l’histoire. […] « Non, dit l’acteur, je sais toute l’histoire, Que par degrés je vais vous débrouiller.
Autour des trois noms de Marot, de Ronsard et de Malherbe se groupe toute l’histoire de la poésie française au xvie siècle, qu’ils partagent en trois périodes : la première finit au milieu même du siècle ; la seconde dure quarante ans ; la troisième comprend quelques années seulement, et ne fait que montrer Malherbe au siècle finissant : son rôle et son école appartiennent, à l’âge suivant. […] Son histoire, comme celle de son père, appartient au xviie siècle. […] Il alla à Genève embrasser la religion réformée, et là commença cette vie de travail, de controverse et de lutte par la plume, la parole et l’épée, qui lui donna un rôle considérable dans l’histoire politique et religieuse du xvie siècle et une place parmi ses écrivains. […] Remi Belleau (1528-1577) Notice Né à Nogent-le-Rotrou, mort à Paris âgé de moins de cinquante ans, l’histoire de sa vie tient en deux lignes. […] Il excelle à chanter avril et mai ; — il traduit Anacréon (1555), dont les petits tableaux sont faits, comme on a dit, pour être gravés sur le chaton d’une bague ; — dans ses Petites inventions (1557) il chante en petits vers le papillon, la cerise, le ver luisant, les jeux de l’ombre, etc. ; — dans ses Amours et nouveaux eschanges des pierres precieuses, vertus et proprietez d’icelles (1566), il leur imagine une histoire allégorique et les décrit : c’est l’améthyste, le diamant, la perle, l’émeraude, le saphir, la turquoise ; ht pierre aqueuse est une nymphe, Iris a été aimée d’Opale.
S’il est, dans notre histoire moderne, une époque qui puisse se comparer à celle où les Hébreux captifs gémissaient sur un sol étranger, ce sera celle, sans doute, où des milliers de Français, exilés de leur patrie par la force des circonstances, allèrent porter leurs talents, leur fortune et surtout leurs regrets dans les contrées lointaines. […] Thompson a transporté, dans son beau poème des Saisons, l’histoire de Ruth, et en fait l’épisode du chant de l’automne. […] Autour de lui soudain un cercle est arrondi : L’un debout, l’autre assis, tous, fervent auditoire, En extase écoutaient la vénérable histoire.
La poésie s’en accommode mieux que la prose, l’éloquence mieux que l’histoire ; le genre didactique ne la dédaigne pas, la sentence acquiert par elle plus de netteté et d’énergie : les Essayistes anglais l’ont souvent employée avec un bonheur extrême ; chez les poëtes et les orateurs, elle sera plus brillante et plus élastique ; chez les philosophes et les historiens, plus significative et plus rigoureuse. […] On avait des songes, des doctrinals, des nefs, des vergiers, des danses, sans parler des vingt-cinq mille vers du Roman de la Rose, ou du Roman du Renard, dont les diverses branches en comptent près de quatre-vingt mille, Boileau a fait l’histoire du burlesque, la mode de son temps ; s’il eût traité du moyen âge, il aurait écrit celle de l’allégorie. […] Il en est qui appelent mythologisme les allégories tirées de la fable païenne ; mais donne-t-on un nom spécial à celles que fournissent l’Écriture sainte, l’histoire naturelle, les sciences, la société, etc. ?
Son roman de Cinq Mars (1826), qui eut le tort de travestir l’histoire et de calomnier la mémoire de Richelieu, se fit pardonner de graves défauts par l’intérêt dramatique de ses peintures et la vivacité de leurs couleurs. […] C’est en vain que d’eux tous le sang m’a fait descendre ; Si j’écris leur histoire, ils descendront de moi4.
Vauvenargues parle des livres anciens qui l’ont passionné 1 Les Vies de Plutarque2 sont une lecture touchante ; j’en étais fou dans mon enfance ; le génie et la vertu ne sont nulle part mieux peints ; l’on y peut prendre une teinture de l’histoire de la Grèce et même de celle de Rome3. […] Ce morceau est l’histoire d’une vie entière en quelques lignes.
L’histoire nous apprend qu’en de tels accidents On fait de pareils dévoûments. […] Je trouve dans le vingt-deuxième volume de l’Histoire littéraire de la France, un fabliau ou un récit qui raille l’exagération des voyageurs. […] Saint-Marc Girardin : « Je trouve, dans les mémoires de Joinville, une histoire qui ressemble de bien près à la fable de La Fontaine. « Le jour où Mgr Hue de Landricourt fut mis en terre, dit Joinville, comme il était en sa bière, dans ma chapelle, six de mes chevaliers, qui étaient appuyés sur plusieurs sacs d’orge, se mirent à parler haut et à troubler le prêtre. […] Le lendemain, ce fut la grande bataille, où ils furent morts ou blessés à mort ; et ainsi il fallut que ce fût leurs femmes qui se remariassent toutes six. » « L’histoire est belle ; mais elle a quelque chose de triste et de terrible. […] Comme elle coupe brusquement par le milieu l’histoire dont elle voit avec effroi la queue s’allonger démesurément !
Guénard : production d’autant plus précieuse, qu’elle doit faire époque dans notre histoire littéraire, et que c’est la dernière barrière opposée par le talent et le courage aux invasions dont le mauvais goût et le mauvais esprit menaçaient déjà les lettres et les mœurs109. […] » Libre et hardi dans les choses naturelles, et pensant toujours d’après lui-même ; flatté depuis longtemps par le plaisir délicat de goûter les vérités claires et lumineuses qu’il voyait sortir, comme autant de rayons, de sa propre substance, ce roi des sciences humaines se révolte aisément contre cette autorité, qui veut captiver toute intelligence sous le joug de la foi, et qui ordonne aux philosophes mêmes, à bien des égards, de redevenir enfants : il voudrait porter dans un nouvel ordre d’objets sa manière de penser ordinaire : il voudrait encore ici marcher de principe en principe, et former de toute la religion une chaîne d’idées générales et précises que l’on pût saisir d’un coup d’œil ; il voudrait trouver, en réfléchissant, en creusant en lui-même, en interrogeant la nature, des vérités que la raison ne saurait révéler, et que Dieu avait cachées dans les abîmes de sa sagesse ; il voudrait même ôter, pour ainsi dire, aux événements leur propre nature, et que des choses dont l’histoire seule et la tradition peuvent être les garants, fussent revêtues d’une espèce d’évidence dont elles ne sont point susceptibles ; de cette évidence toute rayonnante de lumière qui brille à l’aspect d’une idée, pénètre tout d’un coup l’esprit, et l’enlève rapidement.
Il justifie parfaitement cet éloge de M. de Barante : « Le cardinal de Retz, plus que personne, donna du charme et de la vie à l’histoire écrite avec des impressions personnelles. » Aussi quelques familiarités de langage, propres au genre des mémoires, ne nous ont pas paru devoir empêcher que ce morceau et le suivant, d’une originalité si puissante, trouvassent place dans notre recueil. […] On peut lire le même récit, non moins animé et non moins dramatique, dans les Mémoires de Mme de Motteville, qui, en avouant la grande frayeur que cette sédition lui a causée, nous dit ingénument « qu’elle n’eût pas cru que jamais dans ce Paris, le séjour des délices et des douceurs, on pût voir la guerre, ni des barricades, autre part que dans l’histoire et la vie de Henri III ».