Ronsard, du Bartas et bien d’autres poëtes du xvie siècle en sont pleins ; et au xviiie , le chevalier de Piis, écrivain assez médiocre, a publié un poëme sur la matière, où elles sont tellement prodiguées que dans le chant troisième, par exemple, il n’y a guère de vers qui n’en soit une.
Rabelais 1483-1553 [Notice] Né la même année que Luther, sur les bords de la Loire, en Touraine, près de Chinon, dans la métairie de la Devinière, fils d’un apothicaire suivant les uns, d’un cabaretier suivant les autres, François Rabelais ne devait point oublier le voisinage de la Dive bouteille, et des joyeux buveurs dont les chants l’éveillèrent au berceau.
(Art poétique, chant Ier.)
Voir le chant XIII de la Jérusalem délivrée.
Dans le Saint-Genest de Rotrou, Adrien parle ainsi : J’ai contre eux éprouvé tout ce qu’eût pu l’enfer, J’ai vu bouillir leur sang sous des ongles de fer, J’ai vu couler leur corps dans la poix et les flammes, J’ai vu leur chair tomber sous de flambantes lames, Et n’ai rien obtenu de ces cœurs glorieux Que de les avoir vus pousser des chants aux cieux, Prier pour leurs bourreaux au fort de leur martyre, Pour vos prospérités et pour l’heur de l’empire.
Cependant on laisse le t dans les mots d’une seule syllabe, et l’on écrit : le vent, les vents ; une dent, les dents ; un chant, des chants ; un gant, des gants ; un homme lent, des hommes lents.
Un discours était, à proprement parler, un chant. […] Cette race ardente, incapable de résister au langage de la passion, imita l’artifice d’Ulysse l’avisé, qui, pour sauver ses compagnons de la dangereuse séduction du chant des sirènes, leur boucha les oreilles avec de la cire.
On peut voir son article des Oiseaux imitateurs : « Aucun des oiseaux n’est susceptible de la perfectibilité d’espèce ; ils ne sont aujourd’hui que ce qu’ils ont été, que ce qu’ils seront toujours, et jamais rien de plus, parce que, leur éducation étant purement individuelle, ils ne peuvent transmettre à leurs petits que ce qu’ils ont eux-mêmes reçu de leurs père et mère : au lieu que l’homme reçoit l’éducation de tous les siècles… » On peut comparer aussi ce que Buffon a dit des castors, qui ont été célébrés par le poëte Roucher dans le cinquième chant de son poëme des Mois.
À chacun son tour a m. françois de neufchateau4 Si vous brillez à votre aurore, Quand je m’éteins à mon couchant ; Si dans votre fertile champ Tant de fleurs s’empressent d’éclore, Lorsque mon terrain languissant Est dégarni des dons de Flore ; Si votre voix jeune et sonore Prélude d’un ton si touchant, Quand je fredonne à peine encore Les restes d’un lugubre chant ; Si des Grâces qu’en vain j’implore, Vous devenez l’heureux amant ; Et si ma vieillesse déplore La perte de cet art charmant Dont le dieu des vers vous honore : Tout cela peut m’humilier, Mais je n’y vois point de remède.
. — Que vos esclaves Filent pour votre époux les robes laticlaves3 ; Je les ferai veiller jusqu’au chant de l’oiseau De qui la voix sacrée annonce un jour nouveau.
N° 106. — Le Chant du Rossignol. […] D’abord il frappe les échos des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants ; il saute du grave à l’aigu, du doux au fort ; il fait des poses ; il est lent, il est vif, c’est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l’amour. […] Le chant est aussi souvent la marque de la tristesse que de la joie. […] Le silence de la nuit n’est encore interrompu que par le chant plaintif et tendre du rossignol, ou le zéphir léger qui murmure dans le feuillage, ou le bruit confus du ruisseau qui roule dans la prairie ses eaux étincelantes. […] Ainsi, il nous montrerait tour-à-tour le pauvre à table, puis se soutenant à peine, marchant sur les bords d’un précipice sous la protection du dieu des ivrognes, égaré dans sa route, retrouvant son logis, roi de l’univers, distribuant des couronnes à sa famille, enfin surpris par le sommeil au milieu de ses chants d’allégresse.
Ainsi, les naturalistes ont beau se récrier, je n’interdirai à la métaphore ni le laurier bravant la foudre, ni les larmes du crocodile, ni le chant du cygne, ni l’aiguillon à la queue du serpent, ni l’influence léthifère du mancenillier, etc.
Voici maintenant le commentaire poétique de ce texte consolant : Bientôt vos yeux éteints ne verront plus le jour : Sur vos fronts sillonnés la pesante vieillesse Imprimera l’effroi, gravera la tristesse : Ses frimats détruiront vos cheveux blanchissants : Vous perdrez le sommeil, ce charme de vos sens : Les mets n’auront pour vous que des amorces vaines : Vous serez sourds au chant de vos jeunes syrènes : Vos corps appesantis, sans force et sans ressorts, Feront pour se traîner d’inutiles efforts : La Mort, d’un cri lugubre, annoncera votre heure ; L’éternité, pour vous, ouvre alors sa demeure.
Sion jusques au ciel élevée autrefois, Jusqu’aux enfers maintenant abaissée, Puissé-je demeurer sans voix, Si dans mes chants ta douleur retracée Jusqu’au dernier soupir n’occupe ma pensée !
Il est vrai qu’à cette heure du repos des campagnes, l’air ne retentit plus de chants bucoliques, les bergers n’y sont plus ; mais on voit encore les grandes victimes du Clytumne, des bœufs blancs ou des troupeaux de cavales demi-sauvages, qui descendent au bord du Tibre et viennent s’abreuver dans ses eaux.
Avertissement Le nouveau plan d’études de l’enseignement secondaire, fixé par l’arrêté du 2 août 1880, et accompagné d’une note explicative des nouvelles méthodes qui doivent être désormais appliquées, en prescrivant un enseignement plus direct et plus développé de la langue française, a consacré de nouveau l’utilité et la nécessité des Recueils destinés à représenter, dans la suite continue de morceaux choisis chez les écrivains classiques, l’histoire de la langue et de la littérature, de leur marche et de leurs progrès. Le recueil que nous publions n’est pas le premier qui réponde à ce besoin depuis longtemps reconnu, et nous n’aurions rien à dire en l’ajoutant à ceux qui existent déjà, si plusieurs différences ne l’en distinguaient. Les programmes récents prescrivent de faire précéder, pour les classes de troisième et de seconde particulièrement, d’extraits des écrivains du xvie siècle, ceux des écrivains des trois siècles suivants. Nous avons satisfait à cette innovation : c’est la première différence que nous ayons à signaler entre notre recueil et les autres ; pour la première fois le xvie siècle prend, dans un même volume, avant le xviie siècle, la part qui lui est due, et qui d’ailleurs lui avait été faite largement dans des recueils antérieurs, mais distincts. Le mérite de cette innovation ne nous revient pas : les programmes nous la dictaient.
Chant I.
Monsieur, on n’a point trouvé étrange qu’Ulysse ait quitté les îles enchantées de Calypso et de Circé, où il pouvait jouir de toutes les voluptés imaginables, et qu’il ait aussi méprisé le chant des sirènes, pour aller habiter un pays pierreux et infertile80, d’autant que c’était le lieu de sa naissance ; mais, je l’avoue, un homme qui est né dans les jardins81 de la Touraine et qui est maintenant en une terre où, s’il n’y a pas tant de miel qu’en celle que Dieu avait promise aux Israélites, il est croyable qu’il y a plus de lait, ne peut pas si facilement se résoudre à la quitter pour aller vivre au pays des ours82, entre des rochers et des glaces. […] Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Le jeune Bacchus et le faune863 Un jour, le jeune Bacchus864, que Silène865 instruisait, cherchait les Muses dans un bocage dont le silence n’était troublé que par le bruit des fontaines et par le chant des oiseaux.
Ajoutez à cela le mérite d’un style plein de force et de véhémence dans les harangues des premiers chants ; de grâce, de mollesse et d’abandon, dans les amours d’Adam et d’Ève ; de vigueur et d’énergie, dans la description des combats, et vous aurez une idée juste d’une traduction évidemment supérieure à l’original.
Voltaire, dans le chant IV de sa Henriade, a imité cette belle image, en disant du Président de Harlay, que Bussy (Leclerc) menace de faire conduire à la Bastille, avec tout le Parlement : Il se présente aux seize, et demande des fers, Du front dont il aurait condamné ces pervers.
Racine dans le poëme de la Religion, chant Ier.
Rappelons ces beaux vers de M. de Lamartine sur le chant du cygne : Les poëtes ont dit qu’avant sa dernière heure En sons harmonieux le doux cygne se pleure ; Amis, n’en croyez rien ; l’oiseau mélodieux D’un plus sublime instinct fut doué par les dieux Du riant Eurotas près de quitter la rive, L’âme, de ce beau corps à demi fugitive.
Il en est de même de ces vers de la Henriade, chant VI : Français, Anglais, Lorrains, que la fureur assemble, Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble.
« O ma patrie, disait-il, à toi mes chants, à toi mon épée, à toi ma vie ! […] et avec toi ; l’âme sacrée qui animait les chants du barde mêle son dernier souffle à ton dernier soupir. » Vous développerez les diverses parties de ce sujet. […] Louis Arioste, poète italien très-célèbre (1474-1533), auteur de Roland furieux, grand poëme en quarante-six chants, fut aimé des ducs de Ferrare, qui l’employèrent dans diverses négociations et le chargèrent d’emplois importants. […] Ce chant irrite Robert et Edmond ; leur indignation éclate.
Je suppose que vous ayez tiré d’un bloc de marbre ou le Gladiateur, ou l’Apollon du Belvéder ; que la Transfiguration soit sortie de votre pinceau, ou que vos chants simples, expressifs et mélodieux, vous aient placé sur la ligne de Pergolèse, vous jouirez d’une grande réputation, mais non de la gloire.
Je m’en aperçus enfin ; je me couchai voluptueusement sur la tablette d’une espèce de niche ou de fausse porte enfoncée dans un mur de terrasse ; le ciel de mon lit était formé par les têtes des arbres ; un rossignol était précisément au-dessus de moi : je m’endormis à son chant ; mon sommeil fut doux, mon réveil le fut davantage.
[Préface.] Multa magis quam multorum lectione formanda mens et ducendus est color… Paucos, qui sunt eminentissimi, excerpere in animo fuit ; facile autem erit studiosis, qui sint his simillimi, judicare1. Quintilien, Inst. orat., X, 1. Les plans d’études les plus récents de renseignement secondaire ont établi qu’il serait fait usage, dans toutes les classes des lycées et des collèges, pour que la connaissance de notre langue et de notre littérature y fût plus répandue et plus approfondie, de recueils de morceaux choisis, empruntés à nos meilleurs écrivains, prosateurs et poètes, à ceux que nous pouvons appeler nos classiques.
600une licence plus grande s’ajouta 601et aux nombres (aux vers), 602et aux mesures (au chant). […] iii, vers 373 et suiv. ; et par Delille, poëme de l’Imagination, chant vi, vers 24 et suiv.
Pour les Pauvres Tandis qu’un timbre d’or, sonnant dans vos demeures, Vous change en joyeux chant la voix grave des heures, Oh !
Il y eut là une heure d’espérance radieuse qui laissa de profonds souvenirs dans l’imagination des contemporains ; et l’on ne doit pas oublier que la Défense et illustration de la langue française 1 fut un généreux chant du départ.
La fable dit aussi qu’Orphée ayant perdu sa femme Euridice, descendit aux enfers, où, par les accords de sa lyre et la douceur de son chant, il fléchit Pluton, qui la lui rendit.