Il rétablit les finances et la marine ; ranima toutes les branches du commerce ; fit fleurir les sciences et les arts ; ouvrit au peuple des sources fécondes de richesses, et mérita, pour tout dire en un mot, d’être regardé comme le père du commerce et des arts. Cependant ce même peuple, ingrat, aveugle, injuste et féroce, voulut le déterrer après sa mort arrivée en 1683.
Tous les peuples ont cultivé cet art, et sa perfection dénote toujours un haut degré de civilisation. […] Quelques peuples préfèrent des peintures hardies de mœurs, et le spectacle des passions les plus fortes. […] Cette méthode était fort imparfaite sans doute, et ne pouvait suffire qu’à un peuple rude et grossier. […] La confection des lois, la paix, la guerre, le choix des magistrats appartenaient au peuple. […] C’est dans le grand livre de la nature qu’il avait appris à connaître les hommes et les peuples.
Mon peuple vous reverra avec joie, et il vous suffira de dire : j’étais à la bataille d’Austerlitz, pour que l’on vous réponde voilà un brave ! […] lorsque le peuple français , etc, mouvement ; appel à l’orgueil militaire. […] Le peuple prosterné sous ces voûtes antiques Avait du roi-prophète entonné les cantiques. […] Les députés du peuple r — at. […] Donnez-nous, dit le peuple, un Roi qui se remue.
Outre les connaissances spéciales, les recherches particulières au sujet qu’il traite, un historien, pour être complet, doit avoir pénétré les secrets de la nature et du cœur humain, étudié les lois et les constitutions des peuples, et acquis sur la politique, la religion, la philosophie, la littérature, les arts, le commerce, l’industrie, l’économie politique, des notions générales et suffisantes. […] Dans l’enfance des peuples, les souvenirs historiques se conservent par la tradition orale, par les chants des poètes ou par des monuments simples et grossiers. […] L’histoire profane, qui s’occupe spécialement des événements humains, nous offre les divisions suivantes : L’histoire universelle, qui embrasse tous les peuples, depuis l’origine du monde jusqu’à nos jours (Bossuet, de Ségur).
Avant que de se perdre, il a eu le loisir de perdre les peuples et les Etats, de mettre le feu aux quatre coins de la terre, de gâter le présent et l’avenir par les maux qu’il a faits et par les exemples qu’il a laissés… Mais il faut toujours en venir là. […] Ne se soutenant que d’apparence3 et n’étant animée que de couleur, elle agit principalement sur l’esprit du peuple, parce que le peuple a tout son esprit dans les yeux et dans les oreilles.
Ligueur, frondeur, séditieux, tour à tour allié du parlement, de la cour et du peuple, il aima l’intrigue pour l’intrigue, sans avoir ni vues supérieures, ni suite dans ses desseins. […] Il était bon ami ; il eût même souhaité d’être aimé du peuple ; mais quoiqu’il eût la civilité, l’extérieur et beaucoup d’autres parties propres à cet effet, il n’en eut jamais le je ne sais quoi qui est encore en cette matière plus requis qu’en toute autre. […] Il aimait l’intrigue pour intriguer : esprit hardi, délié, vaste et un peu romanesque, sachant tirer parti de l’autorité que son état lui donnait sur le peuple, et faisant servir la religion à sa politique ; cherchant quelquefois à se faire un mérite de ce qu’il ne devait qu’au hasard, et ajustant souvent après coup les moyens aux événements.
Le tocsin avait partout appelé le peuple aux armes. […] Tableau de mœurs ou la caricature se mêle au portrait, et l’invective à la raison, elle reflète ce qu’il y eut d’horrible et de risible dans cette explosion de folie qui précéda le règne d’Henri IV, « Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire. » Dans certaines parties impérissables, c’est un modèle d’ironie, de dialectique véhémente et de virils accents mis au service d’une cause, alors nationale, dans une ville ruinée, affamée, fiévreuse et à demi repentante, qui attendait l’avénement de la poule au pot. […] Aussi bien n’y a il que les Tresoriers et Financiers qui s’en engraissent, et usent de la substance du peuple, comme des choux de leur jardin.
Les terreurs cruelles marchent partout devant nous ; la solitude nous trouble ; les ténèbres nous alarment ; nous croyons voir sortir de tous côtés des fantômes qui viennent toujours nous reprocher les horreurs secrètes de notre âme ; des songes funestes nous remplissent d’images noires et sombres ; et le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s’attache à nous pour nous déchirer le cœur et nous punir du plaisir qu’il nous a lui-même donné1 Sur l’ennui L’ennui, qui paraît devoir être le partage du peuple, ne s’est pourtant, ce semble, réfugié que chez les grands : c’est comme leur ombre qui les suit partout1 Les plaisirs, presque tous épuisés pour eux, ne leur offrent plus qu’une triste uniformité qui endort ou qui lasse ; ils ont beau les diversifier, ils diversifient leur ennui2 En vain ils se font honneur3 de paraître à la tête de toutes les réjouissances publiques ; c’est une vivacité d’ostentation ; le cœur n’y prend presque plus de part ; le long usage des plaisirs les leur a rendus inutiles : ce sont des ressources usées, qui se nuisent chaque jour à elles-mêmes. […] En un mot, comme la première source de leur autorité vient de nous, les rois n’en doivent faire usage que pour nous… Ce n’est donc pas le souverain, c’est la loi, Sire, qui doit régner sur les peuples : vous n’en êtes que le ministre et le premier dépositaire ; c’est elle qui doit régler l’usage de l’autorité, et c’est par elle que l’autorité n’est plus un joug pour les sujets, mais une règle qui les conduit, un secours qui les protége, une vigilance paternelle qui ne s’assure leur soumission que parce qu’elle s’assure leur tendresse. […] Bossuet jugeait ainsi la Majesté royale : « Ramassez tout ce qu’il y a de grand et d’auguste ; voyez un peuple immense réuni en une seule personne ; voyez cette puissance sacrée, paternelle et absolue ; voyez la raison secrète qui gouverne tout le corps de l’État renfermée dans une seule tête ; vous voyez l’image de Dieu, et vous avez l’idée de la majesté royale.
ô regrettés pays, Dont le peuple, aux yeux vifs, aux fronts purs et limpides Toujours jeune et joyeux, ne connaît pas les rides ! […] Une cloche, pour avertir Et convoquer les assemblées, S’en va, dans les quatre vallées, Chez tout le peuple retentir. […] Du moins j’ai voulu te décrire Ce petit peuple qu’en venant On aborde avec un sourire, Mais que l’on quitte en s’inclinant.
Les mœurs générales sont les mœurs des différentes nations, des Grecs, des Romains, celles d’un peuple civilisé, celles d’un peuple barbare. […] Si vous faites parler ces différens personnages sur le même ton, les grands et le peuple, bien loin de vous accorder leurs suffrages, ne pourront s’empêcher de rire. […] S’il peint ceux du peuple, c’est le be. […] Le bas comique qui n’est qu’une imitation des mœurs du bas peuple, a sa finesse et ses grâces. […] On sait quelle est la manière de s’exprimer des grands, des bourgeois, des hommes du peuple.
Les villes d’Albea et de Romeb étaient en guerre ; et les armées, rangées en bataille, n’attendaient que le signal, pour en venir aux mains, lorsque les généraux voulant épargner le sang des deux peuples, voisins, de même origine, et unis par les liens de la parenté, convinrent de nommer de part et d’autre trois combattants seulement pour la cause commune. […] « L’orgueil de Démétriusb souleva le peuple. […] Le style cesserait ici d’être coupé si de ces quatre phrases on en faisait une seule, par exemple celle-ci : L’orgueil de Démétrius souleva le peuple ; et tandis que toute la Syrie était en feu, Jonathas, qui sut profiter de la conjoncture, renouvela l’alliance avec les Romains. […] Le contenant pour le contenu ; par exemple, l’Europe, pour les peuples de l’Europe ; la bouteille, pour le vin. […] La partie pour le tout, ou le tout pour la partie ; comme lorsqu’on dit les foyers rustiques, pour les maisons rustiques ; dix hivers, pour dix années ; une tête chère, pour une personne chérie et précieuse lorsque l’on emploie le nom d’un fleuve pour celui du peuple dont il arrose le pays ; comme le Tibre, pour les Romains ; la Seine, pour les Français ; le Tage, pour les Espagnols, etc.
Dieu donna à la majesté de son Fils de faire taire les prophètes durant tout ce temps, pour tenir son peuple en attente de celui qui devait être l’accomplissement de tous les oracles. […] Les images doivent donc être adaptées aux habitudes du peuple pour qui l’on écrit. […] Parmi ces images, il en est d’abandonnées au peuple ; d’autres sont réservées au langage héroïque ; il en est de communes à tous les styles et à tous les tons. […] Il ne convient qu’aux peuples du Levant ou à des esprits versés dans la poésie orientale, d’exprimer le rapport de deux extrêmes par l’image du cèdre et de l’hysope. […] Un peuple pasteur, un peuple matelot, un peuple guerrier, ont chacun leurs images habituelles : ils les tirent des objets qui les occupent, qui les affectent, qui les intéressent le plus.
J’ai vu je ne sais combien de livres et de genres d’écrits enterrés avec leurs auteurs, ainsi que chez de certains peuples on enterre avec les morts les choses qui leur ont été les plus précieuses pendant leur vie. […] Ici, d’un peuple heureux l’hymne reconnaissant Proclamait les vertus d’un maître bienfaisant. […] La peur, l’airain sonnant dans les temples sacrés Font entrer à grands îlots les peuples égarés. […] Heureux dans ce moment, les peuples à qui des sages ont révélé les mystères de la nature ! […] Les fleuves, en apportant leurs eaux au Meschacébé, ressemblent à ces peuples vaincus qui paient tribut à un conquérant.
Ce peuple choisi s’est accru par les pertes et par les défaites ; il a combattu, il a vaincu étant désarmé. […] Jetez dans leurs cœurs les semences de toutes les vertus ; et en les instruisant songez que de leur éducation dépend le bonheur d’un peuple qui mérite d’être aimé de ses princes. […] Image naïve des peuples, et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince736 ! […] Cependant mille voix confuses font retentir des acclamations d’allégresse, et l’on entend partout ces paroles : Il sera les délices de ce peuple. […] Le peuple même (il faut tout dire), qui vous a tant aimé, qui a eu tant de confiance en vous, commence à perdre l’amitié, la confiance et le respect.
On ne put obtenir sa condamnation à mort qu’en le menant dans un bois sacré d’où il ne pouvait plus montrer au peuple le Capitole. […] Cicéron a donné un heureux exemple de l’exorde par insinuation et des précautions oratoires quand il entreprit d’attaquer une loi agraire et de la faire rejeter par le peuple lui-même : Se déclarer ouvertement contre cette loi qui semblait devoir assurer au peuple le repos et la richesse, c’était révolter toute l’assistance et provoquer un tumulte dans lequel la voix de l’orateur, aurait été étouffée. […] Levant tout au peuple, il veut être un consul populaire : ce mot lui sert de transition et de texte. […] Au contraire, il proteste que si le peuple lui-même ne reconnaît pas que cette loi le trompe par de flatteuses apparences et porte atteinte à sa liberté, le consul est prêt à changer de sentiment. À force d’habileté, il prépare si bien les esprits qu’il triomphe et mérite cet éloge de Pline l’Ancien : « A ta voix, le peuple rejette la loi agraire, c’est-à-dire son pain !
Les peuples de l’Orient, dit Blair, ont de tout temps chargé leur style de figures fortes et hyperboliques ; les Athéniens, peuple subtil et poli, s’étaient fait un style clair, pur et correct. […] En toutes choses, il faut étudier et observer les convenances particulières à chaque peuple. […] Auras-tu donc toujours des yeux pour ne point voir, Peuple ingrat ? […] Le peuple, saisi de pitié, tombe lui-même à genoux et répète avec les soldats : Sacrifiez, sacrifiez. […] Dans la poésie lyrique des Grecs, il y a beaucoup plus d’enthousiasme et d’inspiration que dans celle des Latins et des peuples modernes.
La langue grecque reçut de ce grand peintre de la nature la supériorité qu’elle prit chez tous les peuples de l’Asie et de l’Europe. […] D’où vient ce grand effet de la poésie, de former et fixer enfin le génie des peuples et leurs langues ? […] C’est alors que les autres peuples ont cherché avidement dans vos auteurs de quoi s’instruire, etc. » Rien de plus judicieux que les raisons qu’apporte l’orateur de la décadence, déjà sensible, des lettres et du goût.
Sorti du peuple, le service de la cour où il s’est policé n’a pas altéré le cachet de naïveté et de poésie dont il est marqué. […] Ne m’as tu pas donné ceste lignee, En m’asseurant que d’Isac sortiroit Un peuple tien qui la terre empliroit ? […] Sois prince liberal : toute ame liberale Attire à soy le peuple et se fait honorer. […] Voylà, voylà la main Dont ore est affranchy tout le peuple romain ! […] Tous les peuples du monde ou sont de moy sujetz Ou Nature les a delà les mers logez.
Les peuples de l’Orient ont de tout temps chargé leur style de figures fortes et hyperboliques. Les Athéniens, peuple poli et subtil, s’étaient fait un style clair, pur et correct.
L’action de l’épopée est l’action d’un seul homme ou de plusieurs, ou même de tout un peuple. Dans l’action d’un peuple, un particulier peut être acteur principal : tels étaient Scipion et Annibal dans la seconde guerre punique. Dans l’action d’un particulier, tout un peuple peut être intéressé, comme dans l’entreprise de César contre la république romaine. […] Dis comment la Discorde a troublé nos provinces, Dis les malheurs du peuple et les fautes des princes. […] Arouet de Voltaire, né à Paris (ou à Châtenay) en 1694, jaloux de la gloire de sa nation, lui a donné ce poème épique que les autres peuples nous accusaient de ne pouvoir pas produire.
Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde. […] Maîtres alors de l’avenir, et indépendants d’une postérité, vous êtes sûrs de durer autant que la monarchie ; et dans le temps que l’on montrera les ruines de vos châteaux, et peut-être la seule place où ils étaient construits, l’idée de vos louables actions sera encore fraiche dans l’esprit des peuples ; ils considéreront avidement vos portraits et vos médailles ; ils diront : Cet homme, dont vous regardez la peinture, a parlé à son maître avec force et avec liberté, et a plus craint de lui nuire que de lui déplaire ; il lui a permis d’être bon et bienfaisant, de dire de ses villes : ma bonne ville, et de son peuple : mon bon peuple. » 1.
Le génie et l’ambition des souverains se tourne vers la solide gloire, vers celle qui ne coûtera ni larmes ni sang à leurs peuples, et qui sera le prix du bien qu’on aura fait ; les peuples eux-mêmes commencent à sentir qu’une politique funeste les a trompés, en les rendant jaloux et rivaux l’un de l’autre, et que la nature les avait faits pour être amis : qui veut parler pour applaudir à cette grande révolution, pour y encourager et les rois et les peuples ? […] Lisez ce qu’il rapporte lui-même d’un discours qu’il lit au peuple à Césarée de Mauritanie, pour faire abolir une coutume barbare. […] En effet, ajoute-t-il, le peuple renonça à ce spectacle, et il y a huit ans qu’il n’a point été renouvelé. […] disait-il, pourquoi ai-je été forcé d’écrire quelquefois pour le peuple ? […] Il vaut mieux, sans doute, vivre sous un bon roi d’un peuple éclairé et opulent, quoique malin et raisonneur.
Les définitions données par quelques contemporains des mots république, bourgeoisie, peuple, oisif, capital, propriété, travail, et de tant d’autres, ont été et seront peut-être longtemps encore la source des plus épouvantables catastrophes. […] La grandeur de l’horizon romain se mariant aux grandes lignes de l’architecture romaine ; ces aqueducs qui, comme des rayons aboutissant à un même centre, amènent les eaux au peuple-roi sur des arcs de triomphe ; le bruit sans fin des fontaines, ces innombrables statues qui ressemblent à un peuple immobile au milieu d’un peuple agité ; ces monuments de tous les âges et de tous les pays ; ces travaux des rois, des consuls, des Césars ; ces obélisques ravis à l’Egypte, ces tombeaux enlevés à la Grèce ; je ne sais quelle beauté dans la lumière, les vapeurs et le dessin des montagnes ; la rudesse même du cours du Tibre ; les troupeaux de cavales demi-sauvages qui viennent s’abreuver dans ses eaux ; cette campagne que le citoyen de Rome dédaigne maintenant de cultiver, se réservant de déclarer chaque année aux nations esclaves quelle partie de la terre aura l’honneur de le nourrir ; — Synthèse : que vous dirai-je enfin ? […] Synthèse : Reconnaissez, Abner, à ces traits éclatants Un Dieu tel aujourd’hui qu’il fut dans tous les temps ; Il sait, quand il lui plaît, faire éclater sa gloire, Et son peuple est toujours présent à sa mémoire. » Quoi qu’il en soit de ces diverses formes, je ne puis assez insister sur l’énumération, l’analyse, la décomposition et la recomposition des idées.
Tout le peuple d’Israël le pleura avec de grands gémissements ; il pleura longtemps et il disait : Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? […] Un effort de douleur rompant enfin ce long et morne silence, d’une voix entrecoupée de sanglots que formaient dans leurs cœurs la tristesse, la pitié, la crainte, ils s’écrièrent : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ? À ces cris, Jérusalem redoubla ses pleurs ; les voûtes du temple s’ébranlèrent ; le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ?
Ils auraient voulu qu’il connût mieux les droits des peuples et la dignité de l’homme. […] Montrez au peuple romain la petite fille du divin Auguste, la veuve de Germanicus. […] Ce visage d’Annibal, que des légions armées ne peuvent soutenir, qui fait trembler le peuple romain, tu le soutiendras ? […] Plus ignoré, sa mort n’eût pu frapper le peuple, et les dieux ne l’eussent pas choisi. […] Tous deux haïs du peuple et tous deux admirés.
que j’aime mieux ce poëte plein d’adresse qui, sans se battre les flancs, nous dit : « Muse, chantez ce héros qui, après la chute de Troie, parcourut tant de contrées, et observa les mœurs de tant de peuples divers. » Chez lui, ce n’est pas la fumée qui succède à la lumière : mais de la fumée il fait jaillir une flamme éclatante ; puis sa muse vamous prodiguer les récits merveilleux : Antiphate et Seylla, et Charybde et Polyphème. […] Que Médée ne vienne pas égorger ses enfants sous les yeux du peuple ; ni l’horrible Atrée faire bouillir, en plein théâtre, des entrailles humaines. […] Alors elle suffisait à remplir de ses sons un théâtre que n’encombrait pas encore une foule immense, et où se réunissait un peuple facile à compter ; car il était peu nombreux : peuple frugal, vertueux et austère. […] 433Toi, apprends (sache) 434ce-que j’exige, moi, 435et ce que le peuple exige avec moi. […] Or, il ne signifie pas ici comblé d’honneurs, comme dans le vers 107 de l’épître Ire du livre Ier : Liber, honoratus, pulcher, rex denique regum ; car cette idée serait parfaitement ridicule, puisque là il s’agit des dignités, des honneurs accordés par le peuple.
Tout le monde n’est pas roi ou ministre pour avoir besoin des enseignements de l’histoire ; mais il n’est personne qui ne prenne intérêt au jeu des passions, aux portraits de ces grands caractères qui dominent des peuples entiers, à ces alternatives de gloire et d’abaissement que, de près, on nomme la fortune, mais qui, vues de loin et d’ensemble, deviennent la révélation des terribles et mystérieuses lois de l’humanité1. […] Dans l’espace de quelques siècles, vingt peuples helléniques, ou plutôt vingt petites villes ont déployé une activité sans égale pour réaliser tout ce qui se peut imaginer de bon, d’utile et de beau. […] Le goût et le talent de l’éloquence étaient innés chez ce peuple privilégié.
Son corps est porté à Rome par ses partisans, qui le présentent au peuple, dans la place publique. […] Le peuple était monté jusque sur les toits, pour assister à ce jugement : Pompée lui-même y parut, environné d’une garde publique, et après avoir fait placer des soldats autour du tribunal et en divers endroits du Forum. […] « J’ai tué ; oui, Romains, j’ai tué, non un Spurius Mélius, qui encourut le soupçon d’aspirer à la royauté, pour avoir, dans un moment de disette, sacrifié tout son bien à la classe indigente du peuple ; non un Tiberius Graccbus, dont le crime était d’avoir soulevé la multitude pour faire déposer un de ses collègues : et cependant les meurtriers de ces deux grands hommes ont rempli l’univers de la gloire de leur nom. J’ai tué, moi (car il oserait le dire, après avoir délivré la patrie au péril de ses jours) ; j’ai tué celui que des femmes de la première distinction ont surpris voulant souiller, par un adultère infâme, les plus saints des mystères ;celui que le sénat a plus d’une fois résolu de punir de mort, pour expier, par son supplice, la profanation de nos cérémonies religieuses ; celui qui, à la tête de vils esclaves, a chassé de Rome un citoyen que le sénat, que le peuple, que toutes les nations regardaient comme le conservateur de Rome, et le sauveur de toutes les nations ; celui qui donnait et ôtait les royaumes, qui distribuait à son gré toute la terre ; celui, etc. ».
— La poésie lyrique, née du chant et de la lyre, apparaît à l’origine des peuples, et peut les suivre toute leur vie. […] Elle était patriotique, quand elle célébrait avec Pindare ces victoires des jeux Olympiques, qui passionnaient l’âme ardente d’un peuple artiste et libre. […] L’épopée vieillit promptement ; à de rares exceptions près, elle n’est que l’inspiration naïve de la jeunesse des peuples. […] Toutes les attitudes, tous les gestes prenaient une grande importance aux yeux d’un peuple artiste et facile à passionner comme les peuples du Midi. […] Elle convenait également au genre délibératif, où l’orateur parlait dans de grandes assemblées ou devant tout un peuple.
Quoiqu’il faille des philosophes, des historiens, des savants pour éclairer le monde et conduire ses aveugles habitants, je ne connais rien d’aussi fou qu’un peuple de sages. […] Le peuple reçoit les écrits du sage pour les juger, non pour s’instruire. […] C’est le lieu de citer cette belle page de Lacordaire sur la conscience du genre humain : « Si je trahis ma conscience, si Bacon de Vérulam, chancelier d’Angleterre, manque à l’honneur de sa magistrature, tout un peuple se lèvera pour le juger. […] Que si le peuple, lui-même, façonné par la servitude à la corruption, perd à son tour le sentiment du droit, il pourra bien descendre dans la tombe pour ne plus se relever, mais il n’emportera pas avec lui la conscience du genre humain. D’autres peuples, spectateurs ou instruments de sa chute, assisteront à ses funérailles ; ils regarderont passer le cadavre avec mépris, et, légitimes héritiers de sa vie, parce qu’ils seront devenus à sa place les représentants de l’honneur, ils chanteront avec foi le symbole du devoir, qui est aussi le symbole de l’immortalité.