/ 290
2. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — La Fontaine (1621-1695.) » pp. 194-204

— Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours (Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes), Le mal est que dans l’an s’entremêlent des jours  Qu’il faut chômer ! […]   Un mal qui répand la terreur,     Mal que le ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre5, La peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom), Capable d’enrichir en un jour l’Achéron1,     Faisait aux animaux la guerre. […] Vous leur fîtes, seigneur,     En les croquant, beaucoup d’honneur ;     Et, quant au berger, l’on peut dire     Qu’il était digne de tous maux, Étant de ces gens-là qui sur les animaux     Se font un chimérique empire. » Ainsi dit le renard1 ; et flatteurs d’applaudir. […] Un loup, quelque peu clerc2, prouva par sa harangue Qu’il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux d’où venait tout le mal. […] Vieux mot, pour serre ou enferme, très-bien placé ici, tandis que Rousseau s’en est servi fort mal à propos, au début d’une de ses odes les plus célèbres : Tout ce que leur globe enserre… 1.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

  L’autre animal, tout au contraire,   Bien éloigné de nous mal faire. […] L’absence4 est le plus grand des maux : Non pas pour vous, cruel ! […] Que bien que mal, dans le sens de tant bien que mal. […] Ours mal léché. […] Quel mal fait-elle ?

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Elle prodigue les maux ; ils germent en foule de la plus petite semence. […] Mes yeux sont enfoncés de trois pouces, mes joues sont du vieux parchemin mal collé sur des os qui ne tiennent à rien. […] De là ses disgrâces et le mal qu’il s’est fait à lui-même. […] Ils en disent du mal, parce qu’ils sentent que si M. […] Je ris encore quelquefois ; mais j’avoue que la douleur est un mal.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Il y a, dans celui de Charidème, plus d’emphase, plus de prétention, et la recherche de l’expression y décèle à chaque instant l’auteur, mal caché derrière le personnage. […] Découragés, abattus par le double fléau de la guerre et de la peste, les Athéniens murmuraient hautement contre Périclès, qu’ils regardaient comme l’auteur de leurs maux, parce qu’il avait conseillé la guerre. […] Oui, l’on blâme également la faiblesse qui soutient mal son rang, et l’orgueil qui aspire où il ne saurait atteindre. […] par votre fermeté au milieu des dangers qui vous pressent, et des maux qui vous accablent ; montrez en vous des hommes aussi jaloux de s’illustrer dans l’avenir, qu’attentifs à ne pas se déshonorer dans les circonstances présentes. […] » Ce n’est pas seulement une armée de mer, une armée faible, qu’il faut conduire contre une telle puissance ; il faut aussi des troupes de terre considérables, si nous voulons que l’exécution réponde au projet, et qu’une forte cavalerie ne nous arrête pas au débarquement. — Quelle honte pour nous, Athéniens, si nous étions contraints de nous retirer, ou de faire revenir des troupes, pour avoir mal calculé les obstacles, et mal pris nos mesures !

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Car ce que nous lisons aujourd’hui avec indifférence se réveillera dans les occasions, et nous fournira, sans même que nous nous en apercevions, des pensées qui seront une source de bien ou de mal. […] Or, si nous n’avions que cet unique désir, nous reconnaîtrions sans peine qu’encore que toute erreur soit un mal, il y en a néanmoins beaucoup qu’il ne faut pas s’efforcer de détruire, parce que le remède serait souvent pire que le mal, et que, s’attachant à ces petits maux, on se mettrait hors d’état de remédier à ceux qui sont vraiment importants. […] C’est, dira-t-on, qu’on ne méprise pas une personne qui a la fièvre, et que c’est un mal qui ne nous rend pas vils aux yeux du monde ; qu’ainsi le jugement de ceux qui nous l’attribuent ne nous blesse pas : mais que ceux qui nous imputent des défauts y joignent ordinairement le mépris et causent la même idée et le même mouvement dans les autres. […] Les jugements des hommes nous seraient infiniment moins favorables s’ils étaient entièrement conformes à la vérité, et si ceux qui les font connaissaient tous nos véritables maux.

7. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Aidons-nous mutuellement, La charge des malheurs en sera plus légère : Le bien que l’on fait à son frère Pour le mal que l’on souffre est un soulagement. […] « J’ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres. […] Moi, je vais vous porter ; vous, vous serez mon guide Vos yeux dirigeront mes pas mal assurés ; Mes jambes, à leur tour, iront où vous voudrez. Ainsi, sans que jamais votre amitié décide Qui de nous deux remplit le plus utile emploi, Je marcherai pour vous, vous y verrez pour moi2. » Le perroquet confiant Cela ne sera rien, disent certaines gens, Lorsque la tempête est prochaine ; Pourquoi nous affliger avant que le mal vienne1 ? […] Beaucoup de personnes pourtant, cherchant à se faire illusion, ou ne pouvant pas croire au mal, par je ne sais quelle mollesse de caractère qui croit anéantir le danger qu’elle se dissimule, beaucoup de personnes s’obstinaient à dire : « Ce n’est rien. » 2.

8. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Il n’y a que le demi-savoir et la fausse sagesse qui, prolongeant nos vues jusqu’à la mort, et pas au delà, en font pour nous le pire des maux. […] Enfin, l’on a, malgré soi, pitié des infortunés ; quand on est témoin de leur mal, on en souffre. […] C’est dans leur sein que je me console de tous mes maux ; c’est parmi ceux qui les cultivent que je goûte les douceurs de l’amitié, et que j’apprends à jouir de la vie sans craindre la mort. […] Permettez-moi de vous le dire, par l’intérêt que je prends à votre repos et à votre instruction : méprisez de vaines clameurs par lesquelles on cherche moins à vous faire mal qu’à vous détourner de bien faire. […] Quand les maux sont venus, ils m’ont fourni un beau prétexte pour me livrer à ma passion dominante.

9. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

« S’il est écrit que je dois être exercé par toutes les traverses que ta rigueur m’annonce, tu ne veux pas apparemment que je succombe à ces chagrins ; donne-moi la force de les repousser, d’en soutenir l’excès par des compensations ; et, malgré tant de maux, je ne cesserai de chanter tes louanges. […] Si j’ajoute à cela les offres multipliées de secours et de services d’une foule d’honnêtes gens, et les consolations particulières de l’amitié, vous conviendrez que l’exemple vivant d’une heureuse compensation du mal par le bien est ici joint aux enseignements de la douce philosophie. […] Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! […] laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… ET… OU… ET… OU… » Le mot est si mal écrit… il y a un pâté. […] J’ai donné ma pièce au public pour l’amuser et pour l’instruire, mais non pour offrir à Arsinoë le plaisir d’en aller penser du bien en petite loge, à condition d’en dire du mal en société.

10. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Rochefoucauld 1613-1680 » pp. 18-21

J’aurais cependant fort souhaité de pouvoir être témoin de votre conduite ; je m’attends que vous m’en rendrez compte ; car, sans cela, au lieu de prospérités, je vous souhaite les jalousies réciproques, l’incompatibilité d’humeur, une belle-mère acariâtre, des beaux-frères querelleurs, des belles-sœurs ennuyeuses et aimant lire de mauvais romans, de la fumée en hiver, des moustiques en été, des fermiers qui payent mal, de fâcheux voisins, des procès à foison, des valets qui vous volent, un méchant cuisinier, une femme de chambre maladroite, un carrosse mal attelé, un cocher ivrogne, de l’eau trouble, du vin vert, du pain de Beauce2, des créanciers impatients, un bailli3 chicaneur, des lévriers au coin du feu, des chats sur votre lit, un curé qui prêche mal et longtemps, un vicaire mauvais poëte. […] Je ne sais si le remède n’est point pire que le mal, et si je ne vous prierai point à la fin de me laisser ma goutte.

11. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Ils ont égaré le goût de la nation ; par un respect mal entendu pour la noblesse du style, ils ont banni de la poésie et même de la prose une foule de mots justes, précis et parfaitement français, pour y substituer des termes vagues et de convention85. […] C’est ce que la critique du xviie  siècle n’a pas compris, et ses fausses idées sur la noblesse du style lui ont fait mal juger de tout ce qui s’y rattache. […] Je n’ai jamais reconnu, comme effet du sublime, l’extase, le délire, l’exaltation fiévreuse, ni comme cause du sublime, la puissance matérielle, provenant d’une cause matérielle, d’un poignard ou d’un million89 ; jamais le mal surtout, quelque extraordinaire, quelque puissant qu’il soit. Le mal, comme le bien, peut, il est vrai, nous emporter hors de notre nature ; mais le mal nous emporte au-dessous, pour ainsi dire ; le bien nous élève au-dessus. C’est que la dernière des brutes peut faire le mal et ôter la vie ; tandis qu’il n’y a que l’intelligence unie à la puissance qui puisse donner la vie et faire le bien.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

1º Une loi défend de couronner aucun citoyen chargé d’une administration quelconque, avant qu’il ait rendu ses comptes, et Démosthène se trouve dans le cas de la loi ; Ctésiphon a donc évidemment violé la loi ; 2º Une autre loi ordonne que le décret de couronnement soit proclamé dans le sénat, et jamais ailleurs ; et le décret de Ctésiphon devait l’être au théâtre, seconde infraction ; 3º Enfin, et c’est ici le vrai but d’Eschine, et le fond de toute la cause : le décret porte que la couronne est décernée à Démosthène, pour prix des services qu’il a rendus à l’état, et Eschine s’engage à prouver qu’il n’a jamais fait que du mal à la république. […] Il parvient enfin à la journée fatale de Chéronée ; et comme il a à déplorer ici une calamité réelle, une époque d’où dataient, en effet, tous les maux de la Grèce, il est difficile de rien imaginer de plus fort et de plus éloquent que ce qu’on va lire. […] Au nom de Jupiter, au nom de tous les dieux, je vous en conjure, Athéniens, n’érigez point sur le théâtre de Bacchus un trophée contre vous-mêmes ; ne faites point passer, aux yeux de tous les Grecs, les Athéniens pour des insensés ; gardez-vous de rappeler aux malheureux Thébains les maux sans nombre, les maux sans remède qu’ils ont éprouvés : ces infortunés, à qui vous avez ouvert votre ville, quand ils fuyaient la leur, grâce à Démosthène ; ces généreux alliés, dont la vénalité de Démosthène et l’or du roi de Perse ont brûlé les temples, tué les enfants, et détruit les tombeaux ! Mais, puisque vous n’avez point vu tous ces maux, que la pensée vous les représente : figurez-vous une ville prise d’assaut, des murs renversés, des maisons livrées aux flammes, des vieillards, des femmes âgées, condamnés à oublier désormais qu’ils ont été libres, justement indignés, moins contre les instruments que contre les auteurs de leur désastre, et vous conjurant avec larmes de ne point couronner le fléau de la Grèce, de ne vous point exposer à la fatalité malheureuse attachée à sa personne ; car ses conseils, quand on les a suivis, ont été aussi funestes aux simples particuliers qu’aux états qu’il a voulu diriger. […] et vous intelligence, science, qui nous faites discerner le bien et le mal, je vous en atteste !

13. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Vous traiterez mal du poëme épique, si vos observations n’embrassent à la fois l’épopée indienne et les chansons de geste, épopée du moyen âge, l’Odyssée, le Roland et la Messiade ; votre poétique de la comédie sera incomplète, si je n’y puis rattacher Aristophane comme Molière, Shakespeare et Calderon, comme Beaumarchais et M. […] Tantôt l’idée ou le fait serait mal établi, si les preuves préalables n’en préparaient d’abord la vraisemblance, si nous ne conduisions insensiblement et d’une manière détournée jusqu’à la vérité ; alors la confirmation prend le premier rang. […] Nous supposons bien, en effet, sans qu’il soit besoin de le dire, que la chaise de Milon ne stationnait pas, avec sa femme, à la porte du sénat ; qu’il dut rentrer chez lui, quitter son costume de sénateur pour prendre la calige et le manteau de voyage ; et la petite épigramme contre les dames qui se font attendre nous semble assez mal séante devant un tribunal où siégeait Caton. […] Ce dernier défaut est le plus dangereux de tous : Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire. […] Los rhéteurs, toujours disposés à multiplier les subdivisions, ont assigné à chaque espèce de description un nom spécial, en les rangeant mal à propos, ce me semble, parmi les figures de pensée.

14. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Que s’il est troublé en sa conscience et se dénie à lui-même l’honneur que tout le monde lui donne à l’envi, voici un prompt remède à ce mal. […] et ces masures mal assorties, avec ces fondements si magnifiques, ne crient-elles pas assez haut que l’ouvrage n’est pas en son entier ? […] et pourquoi vois-je ces parties si mal rapportées ? […] Vous devez vous proposer ce digne objet, de n’être redouté que des ennemis de l’État et de ceux qui font mal. Que tout le reste vous aime, mette en vous sa consolation et son espérance, et reçoive de votre bonté le soulagement de ses maux.

15. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Ce qui n’est pas excessif est encore un bien, mais ce qui est plus grand qu’il ne faut est un mal. […] Enfin les choses qui se font comme on veut ; or l’on veut n’avoir aucun mal ou qu’un mal moindre que le bien qui en résulte ; et c’est ce qui arrive si la conséquence fâcheuse reste cachée, ou n’a pas d’importance. […] Ceux qui nous ont fait du mal, ou qui ont voulu, ou veulent nous en faire, ou enfin qui nous en feront. […] Ils s’en prennent surtout à ceux qui tiennent peu de compte de leur mal actuel. […] Car la condition de l’homme nouvellement riche est comme une richesse mal acquise.

16. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

L’origine du mal est dans l’habitude brise dès l’enfance de lire et de réciter en ânonnant. […] Mal, sois mon unique bien ! […] Il allait au bien, ou par inclination, ou par bon sens, toutefois que son intérêt ne le portait point au mal, qu’il connaissait parfaitement quand il le faisait. […] La cause de mes maux, dois-je la révéler ? […] S’est-il plaint à tes yeux des maux qu’il ne sent pas ?

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Porte-la d’un bon cœur cette croix salutaire Que tu vois attachée à ton infirmité ; Fais un hommage à Dieu, d’une nécessité, Et d’un mal infaillible un tribut volontaire. […] La fin des maux consiste en celle de la vie, Et l’on trouve à gémir tant qu’on peut respirer4. […] Les exemples vivants sont d’un autre pouvoir ; Un prince dans un livre apprend mal son devoir. […] Je ne suis pas plus sévère qu’il ne sied ; mais, Dieu merci, je ne me serais pas couchée en paix si j’avais cru avoir blessé une personne malheureuse, et je n’aurais pu supporter une heure l’idée d’être mal avec mon père. […] Déployez vos rigueurs, brûlez, coupez, tranchez : Mes maux seront encor moindres que mes péchés.

18. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

L’origine du mal est dans l’habitude prise dès l’enfance de lire et de réciter en ânonnant. […] La presse n’y fait nul mal et en empêche combien ? […] S’ils font mal, c’est par envie d’offenser et non par méchanceté. […] mal sacré ! […] Mais il craint dans ses maux, au-delà du trépas, Des maux plus grands encore, et qu’il ne connaît pas.

19. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Dans ces fonctions, il ménagea les esprits le plus doucement qu’il put ; et, au risque de passer « pour guelfe aux yeux des gibelins, pour gibelin aux yeux des guelfes », il aima mieux prévenir le mal que le réprimer. […] Ie suys mal aysé à esbranler ; mais estant avoyé6, ie vois tant qu’on veult : i’estrive7 autant aux petites entreprises qu’aux grandes, et à m’equiper8 pour faire une iournee et visiter un voysin, que pour un iuste9 voyage. […] Son desseing n’a pas du tout mal succedé7 : je m’addonne volontiers aux petits, soit pour ce qu’il y a plus de gloire, soit par naturelle compassion, qui peult infiniement en moy. […] L’Académie, après avoir pendant longtemps admis l’orthographe dyssenterie, en est revenue à l’orthographe de Montaigne, qui est conforme à l’étymologie δυσιντερία, mal d’entrailles. — Phthysie vient de φθίσις, cousomption. […] A leur disposition, à leur convenance. « … Introduire ici un médecin à notre poste pour le dégoûter de son monsieur Purgon. » (Molière, Mal. imag.

20. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Ma pensée au grand jour partout s’offre et s’expose ; Et mon vers, bien ou mal, dit toujours quelque chose. […] Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire2 : Souvent la peur d’un mal nous conduit dans un pire. […] Il ne pardonne point les endroits négligés ; Il renvoie en leur lieu les vers mal arrangés ; Il réprime des mots l’ambitieuse emphase : Ici le sens le choque, et plus loin c’est la phrase ; Votre construction semble un peu s’obscurcir ; Ce terme est équivoque, il le faut éclaircir. […] Plein du feu qu’en son cœur souffla l’Esprit divin, Il terrassa Pélage, il foudroya Calvin ; De tous les faux docteurs confondit la morale : Mais, pour fruit de son zèle, on l’a vu rebuté, En cent lieux opprimé par leur noire cabale, Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté ; Et même par sa mort leur fureur mal éteinte N’aurait jamais laissé ses cendres en repos, Si Dieu lui-même ici de son ouaille sainte A ces loups dévorants n’avait caché les os1. […] « Rien ne corrige un esprit mal fait ; triste et fâcheuse vérité, qu’on apprend tard, et après bien des soins perdus. » (Joubert.)

21. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

« L’autre mal presque incurable est le luxe. […] Ils ont privé des gages de leur tendresse la plus chère, de leurs liaisons les plus douces, tous ces citoyens qui ne leur avaient fait aucun mal ! […] J’ai l’intention de jeter un pont sur la mer d’Hellé et de conduire une armée en Grèce, afin de punir les Athéniens de tout le mal qu’ils ont fait aux Perses et à mon père. […] C’est confondre mal à propos les devoirs, c’est enfreindre les règles de Théophraste, que de commencer par aimer sans examen, et de n’aimer plus quand on connaît. […] « Mais, si vous le voulez, grand Prince, vous pouvez guérir ces blessures et porter remède à ces maux.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

C’était un Français assez mal vêtu, qui lui dit : « Monsieur, je suis votre compatriote. […] Voyez, monsieur, si en effet vous avez écrit, et songez qu’une ligne innocente, mais mal interprétée, vous coûterait la vie. […] — Non. — Il était mal vêtu ? — Oui, fort mal. — Vous a-t-il demandé de l’argent, un petit écu pour prix de son avis ?  […] Vous attendez mes papiers, qui ne viennent point ; vous pensez que les souverains veulent être servis à point nommé ; vous voilà étendu sur votre chaise de paille, les bras posés sur vos genoux, votre bonnet de nuit renfoncé sur vos yeux, ou vos cheveux épars et mal retroussés sous un peigne courbé, votre robe de chambre entr’ouverte, et retombant à longs plis de l’un et de l’autre côté : vous êtes tout à fait pittoresque et beau.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

si vous aviez soulagé leurs maux, si vous aviez eu pitié de leur désespoir, si vous aviez écouté leurs plaintes, vos miséricordes prieraient Dieu pour vous. […] Ne faites pas les plaisants mal à propos dans des choses si sérieuses et si vénérables2. […] C’est un effet de son ardeur, et son ardeur vient de sa force, mais d’une force mal réglée. […] Regarde, ô homme, le peu que tu es, considère le peu que tu vaux : viens, apprends la liste funèbre des maux dont ta faiblesse est menacée. […] Elle n’a point encore d’expérience des maux du monde, ni des traverses qui nous arrivent : de là vient qu’elle s’imagine qu’il n’y a point de dégoût, de disgrâce pour elle.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Ma santé ne va pas mal, quoique je me trouve bien occupé ; mais ma bourse est aux abois2, par les retardements de mon payement, et par l’extrême cherté de toutes choses, cette année. […] La mollesse est une langueur de l’âme qui l’engourdit, et qui lui ôte toute vie pour le bien ; mais c’est une langueur traîtresse qui la passionne secrètement pour le mal, et qui cache sous la cendre un feu toujours prêt à tout embraser. […] Elle fait même autant de mal selon le monde que selon Dieu. […] La corruption de ce qu’il y a de meilleur est le plus pernicieux de tous les maux. […] Le misanthrope fait plus de peur et moins de mal.

25. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Ainsi le dénoûment des ouvrages bien conduits est toujours convenable et facile : s’il se présente mal, c’est que la charpente est mal montée. […] La fatale colère d’Achille, qui causa tant de maux aux Grecs, s’apaise au dix-neuvième chant, que les vieux textes ont intitulé en conséquence Μίγιϑες άποῥῥοσις ; je conçois cependant que l’achèvement puisse nous conduire à la fin du vingt-deuxième ; mais quant aux deux derniers, il est évident qu’on peut les regarder comme superflus. […] Mais ce que je ne pardonne pas, ce sont les superfétations qui, dans certains romans, viennent s’ajouter au sujet pour en altérer l’esprit et en détruire l’unité ; ce sont les queues, comme on les a appelées, soudées plus ou moins mal adroitement au corps de l’ouvrage. […] Socrate, au contraire, et Platon, philosophes plutôt qu’artistes en cet endroit, proclament la loi que plus tard nos mélodrames du boulevard ont religieusement suivie : récompense pour la vertu, châtiment pour le crime, ut bono bene, malo male sit.

26. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

On conçoit qu’il arrive parfois qu’une idée vraie et digne soit mal rendue, et qu’une idée fausse et inconvenante plaise, jusqu’à un certain point, par sa forme ; qu’un même sens, comme l’a remarqué Pascal, change selon les paroles qui l’expriment, et que les sens reçoivent des paroles leur dignité, au lieu de la leur donner64. […] Il suit encore que l’on a mal compris Denys d’Halicarnasse, Cicéron et Quintilien quand on a voulu établir d’après eux les distinctions de style sublime, simple et tempéré 67. […] Tout ceci ne signifie pas que les anciens aient eu tort d’établir ces distinctions ; mais je crois que ceux qui les ont interprétés les ont parfois mal compris. […] Sachant que le ton n’est que la convenance du style au sujet, et qu’il dépend non-seulement de la nature de celui-ci, mais aussi du point de généralité auquel on a porté ses pensées, il ne s’effrayera plus des objections faites aux développements des anciens rhéteurs sur cette matière, ni du vague qu’entraînent ces développements mal compris. […] Malheureusement, il est infiniment plus aisé d’imiter le mal que le bien.

27. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voiture 1598-1648 » pp. 15-17

Regardez si je ferai jamais de beaux discours qui me valent tant, et s’il n’eût pas été mal à propos qu’en cette occasion, sous ombre que je suis de l’Académie, je me fusse piqué de parler bon français. […] Enfin je suis échappé des bandits, des Espagnols et de la mer : tout cela ne m’a point fait de mal, et vous m’en faites, et c’est pour vous que je cours le plus grand danger que je courrai en ce voyage. […] Mais il y a six jours que je ne cours plus, et je ne suis pas moins fatigué ; cela me fait voir que mon mal est d’être éloigné de vous, et que ma plus grande lassitude est que je suis las de ne vous point voir1 ; et cela est si vrai, que si je n’avais point d’autres affaires que celles de Florence, je crois que je m’en retournerais d’ici ; oui, je n’aurais pas le courage de passer outre, si je n’avais à solliciter votre procès de Rome.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Joubert 1754-1824 » pp. 214-217

Il y a, Madame, dans le monde, un vilain petit mal bien singulier : c’est une invisible vapeur, qui semble ne toucher à rien, et qui pénètre jusqu’aux os. […] Ce mal bizarre, qui a quelque chose du dragon et du lutin tout à la fois, se joue à ravager un homme. […] On ne saurait sourire plus agréablement à son mal.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

mes frères, si nous sentions les misères de notre âme, comme nous sentons celles de notre corps ; si notre salut éternel nous intéressait autant qu’une fortune de boue, ou une santé fragile et périssable, nous serions habiles dans l’art divin de la prière ; nous ne nous plaindrions pas que nous n’avons rien à dire en la présence d’un Dieu à qui nous avons tant à demander ; il ne faudrait pas donner la gêne à notre esprit, pour trouver de quoi nous entretenir avec lui ; nos maux parleraient tout seuls ; notre cœur s’échapperait malgré nous-mêmes en saintes effusions, comme celui de la mère de Samuel devant l’arche du Seigneur ; nous ne serions plus maîtres de notre douleur et de nos larmes ; et la plus sûre marque que nous n’avons point de foi, et que nous ne nous connaissons pas nous-mêmes, c’est que nous ne savons que dire au Seigneur dans le court intervalle d’une prière. — Faut-il apprendre à un malade à demander sa guérison ; à un homme pressé de la faim, à solliciter de la nourriture ; à un infortuné battu de la tempête, et sur le point d’un triste naufrage, à implorer du secours ? […] ne trouve-t-on pas dans le sentiment tout seul des maux qu’on endure, cette éloquence vive, ces mouvements persuasifs, ces remontrances pressantes qui en sollicitent le remède ? […] Tout parle en lui ; tout exprime sa douleur ; tout annonce sa peine ; tout sollicite son soulagement : son silence même est éloquent. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin. […] » Mais je suppose que vous dites vrai, et je vous réponds : Pourquoi voulez-vous ajouter à tous les autres maux que votre frère vous a faits, celui de le haïr, et qui est le plus grand de tous ? […] et n’êtes-vous pas malheureux de chercher à vos maux une ressource qui ne fait qu’éterniser par la haine une offense passagère » !

30. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

On reprocha dans le temps, et avec raison, au panégyriste de ce dernier de s’être mêlé fort mal à propos de discussions théologiques, étrangères à l’éloquence, et au-dessus de la portée de l’écrivain ; et d’avoir, en général, moins fait l’éloge de Fénelon, que la satire de Bossuet. […] Je ne viens pas pleurer sur sa cendre : il ne faut pleurer que sur celle des méchants ; car ils ont fait le mal, et ne peuvent plus le réparer. […] et pourquoi la manie de disserter à tort et à travers, et de vouloir absolument prêcher partout, vient-elle si mal à propros refroidir la noblesse et la chaleur de ce premier élan ? […] Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir. […] Être bienfaisant, je réclame ici ta pitié pour les princes : ils sont peut-être plus à plaindre que les peuples ; car il est plus affreux sans doute de faire le mal que de le souffrir.

31. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

» Seigneur, me suis-je écrié, le mal m’accable : daigne, daigne répondre pour moi. […] Or, voilà ce qui est difficile, et rare par conséquent ; et plus le sentiment est profond ou délicat, plus il est vraisemblable qu’il sera mal ou faiblement rendu. […] Voyez ce faible enfant que le trépas menace, Il ne sent plus ses maux quand sa mère l’embrasse : Dans l’âge des erreurs, ce jeune homme fougueux N’a qu’elle pour ami, dès qu’il est malheureux : Ce vieillard, qui va perdre un reste de lumière, Retrouve encor des pleurs en parlant de sa mère. […] Sa voix, des bras lassés ranime le courage, Et jusque pour la brute aux maux compatissant, Il retient sur le bœuf l’aiguillon menaçant. […] ……………………………………………… Les larmes cependant coulent de tous les yeux Vingt cris mal étouffés troublent les rits pieux ; L’effort de la douleur rompt toutes les barrières, Et les sanglots confus sont mêlés aux prières.

/ 290