Ce n’est pas lui que l’on passionnerait en lui présentant l’idéal d’une justice supérieure à la raison d’État. Pour lui, la justice c’est l’intérêt de la république ; la vertu, c’est le sacrifice à la patrie ; le bonheur suprême, c’est de vaincre et de commander. […] Ces tribuns, ces consuls, qui n’ont à la bouche que les droits du peuple ou les priviléges du sénat, ne sont que les orateurs de Rome ; Démosthène, le défenseur de la justice, est l’orateur du genre humain. […] Devant de pareilles foules, un véritable orateur, à qui on eût laissé pleine carrière, eût été le maître des consciences ; il eût tenu dans ses mains la vie et la fortune de ses concitoyens ; il eût disposé de la justice. […] Il prend Catilina à partie comme ses adversaires en justice, il défend la République du même ton que ses clients.
La Justice divine et la Justice humaine. Aux deux coins de cet échafaud les deux justices sont en présence, la Justice humaine et la Justice divine : l’une, implacable et appuyée sur un glaive, est accompagnée du Désespoir ; l’autre tenant un voile trempé de pleurs, se montre entre la Pitié et l’Espérance. […] Les deux justices sont représentées avec des attributs fort opposés, et sont accompagnées de figures allégoriques mises dans l’ombre par un seul mot, d’un côté le désespoir, ami cruel et mauvais conseiller, est le seul compagnon de la justice des hommes. Deux vertus aimables, la pitié et l’espérance, entourent la justice de Dieu. […] Le roseau remarque bien ces fanfaronnades ; mais il sait en faire justice, et alarmer le chêne sur sa raideur et son inflexibilité.
Elle leur défend encore plus fortement que les lois civiles de se faire justice à eux-mêmes : et c’est par son esprit que les rois chrétiens ne se la font pas dans les crimes de lèse-majesté même au premier chef, et qu’ils remettent les criminels entre les mains des juges pour les faire punir selon les lois et dans les formes de la justice. Tout le monde sait qu’il n’est jamais permis aux particuliers de demander la mort de personne, et que quand un homme nous aurait ruinés, estropiés, brûlé nos maisons, tué notre père, et qu’il se disposerait encore à nous assassiner et à nous perdre d’honneur3, on n’écouterait point en justice la demande que nous ferions de sa mort : de sorte qu’il a fallu établir des personnes publiques qui la demandent de la part du roi, ou plutôt de la part de Dieu. Est-ce par grimace et par feinte que les juges chrétiens ont établi ce règlement ; et ne l’ont-ils pas fait pour proportionner les lois civiles à celles de l’Évangile, de peur que la pratique extérieure de la justice ne fût contraire aux sentiments intérieurs que des chrétiens doivent avoir ? […] Partageons avec plus de justice notre crédulité et notre défiance, et bornons ce respect que nous avons pour les anciens. […] Dans nos anciennes cours de justice, où siégeaient des ecclésiastiques et des laïques, les premiers avaient coutume de se retirer lorsqu’il s’agissait d’affaire capitale.
Sire, sire, justice ! […] Je demande justice. […] Je demande justice. […] Je vous ferai justice. […] On se bornerait à dire aujourd’hui : doit justice.
Dans la bouche d’hommes éclairés, intègres et dévoués au bien public, l’éloquence de la tribune a quelque chose de solennel et d’imposant, parce qu’elle est l’instrument de la justice, de la vérité et de la vertu ; elle parle le langage du bon sens et de la sagesse ; elle contribue au bien général. […] L’orateur du barreau est-un avocat ou un magistrat qui doit prouver et convaincre ; il s’agit de faire condamner un coupable ou de faire absoudre un innocent, en s’appuyant sur la justice et sur la loi. […] L’éloquence du barreau doit faire triompher la justice et la vérité ; il lui est défendu de se prêter à soutenir l’injustice et le mensonge. […] L’éloquence judiciaire comprend plusieurs sortes de discours, dont les uns sont parlés et les autres seulement écrits ; ce sont ; 1° Les plaidoyers, discours d’un avocat pour défendre un client ; 2° les réquisitoires, discours d’un magistrat public, dans le but de requérir, au nom de la société, le châtiment d’un coupable ; 3° les mémoires, discours écrits pour éclairer les questions judiciaires ; 4° les rapports, résultats des enquêtes de la justice, où la cause se trouve relatée ; 5° les consultations, sorte de mémoires écrits par un avocat sur une cause pour laquelle on le consulte31.
Ceux-ci n’étaient point si contrefaits ; ils n’étaient point velus comme des ours, ils ne sifflaient point ; ils avaient deux yeux : mais ils étaient si méchants et si féroces, qu’il n’y avait parmi eux aucun principe d’équité ni de justice. […] Il y avait dans ce pays deux hommes bien singuliers : ils avaient de l’humanité ; ils connaissaient la justice ; ils aimaient la vertu. […] Ils leur faisaient surtout sentir que l’intérêt des particuliers se trouve toujours dans l’intérêt commun ; que vouloir s’en séparer, c’est vouloir se perdre ; que la vertu n’est point une chose qui doive nous coûter ; qu’il ne faut point la regarder comme un exercice pénible, et que la justice pour autrui est une charité pour nous. […] Mais ce qui honore la sagesse de Montesquieu, c’est qu’ils renferment le plus bel éloge de la vie sociale… Montesquieu fonde le bonheur sur la justice, affermissant les droits de chacun, pour l’indépendance de tous. » 1.
Mais le sentiment de la justice n’était pas tellement éteint encore, qu’il ne se ranimât fréquemment dans les cœurs ; toutes les idées les plus simples n’étaient pas encore arrivées à ce point de renversement total, où rien de ce qui a été ne saurait plus être, où tout se confond, où il faut absolument un nouveau langage, pour exprimer des choses inouïes. […] Il fallait plus pour défendre Louis XVI ; il fallait tout le courage que donne la vertu, et l’héroïsme que n’intimident ni les cris de la fureur aveugle, ni la certitude que la mort était l’infaillible prix de ce dévouement généreux à la cause d’un monarque proscrit d’avance, et pour qui l’on allait braver toutes les formes de la justice, comme on avait déjà violé toutes les lois de l’humanité. […] De Sèze ; son discours est resté, et sera cité par nos neveux, comme un monument des derniers efforts de l’éloquence en faveur de la justice et de la vertu ; et si ses efforts ont été impuissants, c’est qu’il n était pas donné à l’éloquence humaine d’émouvoir alors ce qui n’avait plus rien d’humain.
Pour moi, je viens ici, n’ayant de confiance que dans les dieux, dans mes juges et dans nos lois, convaincu d’avance qu’auprès de vous la cabale et l’intrigue ne prévalent pas sur les lois et la justice ». […] Ces moyens, qui ne sont ceux ni de la raison ni de la justice, devaient être ceux d’Eschine ; et l’on ne peut que le plaindre d’avoir déployé tant de vrai talent dans une si mauvaise cause. […] Imaginez-vous entendre Solon, ce grand philosophe, ce législateur fameux, dont les excellentes lois ont affermi chez nous la démocratie ; et Aristide, cet homme juste et désintéressé, qui a réglé les contributions de la Grèce, et dont le peuple, après sa mort, a doté les filles : l’un, vous conjurer avec cette douceur qui lui était si naturelle, de ne point préférer aux lois et à votre serment, les phrases éloquentes de Démosthène ; l’autre, se plaindre du mépris de la justice, vous demander si vous ne rougissez pas, en voyant que vos pères ont presque fait mourir, ont banni d’Athènes et de toute l’Attique Arthénius de Zélie, qui avait apporté chez les Grecs l’or des Perses ; Arthénius qui ne faisait que passer dans Athènes, qui était uni aux Athéniens par le droit de l’hospitalité ; et que vous, vous allez honorer d’une couronne d’or Démosthène, qui n’a pas apporté de l’or des Perses, mais qui en a reçu, et qui en possède encore pour prix de ses trahisons. […] Pour vous, qui êtes nos juges, éclairés et par les raisons que l’orateur a exposées, et par d’autres qui lui sont échappées, ne prononcez rien qui ne soit conforme à la justice et aux intérêts de la république ».
L’orgueil, le bien-être, le sentiment de la possession d’une part ; de l’autre part, l’envie, la souffrance et le sentiment de la justice. […] La justice divine paraît quelquefois avec éclat, et fait des exemples qui sont vus de tout le monde ; quelquefois aussi elle s’exerce secrètement, et abandonne les méchants à leurs propres cœurs et à leurs propres pensées. […] Que de crimes commis au nom de la justice ! […] L’Église seule protestait, mais pour la forme, par tradition, s’enfermant dans ses dogmes, sans rien tenter pour les défendre ni pour les expliquer, sans rien trouver qui fit justice de cette humiliante tyrannie. […] vous ne saviez pas qu’au jour de la justice, Terrible, armé du glaive, apparaîtrait Ulysse.
Si la justice humaine les frappait tous, il n’y aurait point de guerre ; mais elle ne saurait en atteindre qu’un petit nombre, et souvent même elle les épargne, sans se douter que sa féroce humanité contribué à nécessiter la guerre, si, dans le même temps surtout, un autre aveuglement, non moins stupide et non moins funeste, travaillait à éteindre l’expiation dans le monde. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Il a fini : le cœur lui bat, mais c’est de joie ; il s’applaudit, il dit dans son cœur : « Nul ne roue mieux que moi. » Il descend : il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d’or qu’il emporte à travers une double haie d’hommes écartés par l’horreur2. […] Les hommes des nouvelles générations, que cette justice tardive leur soit du moins rendue par le moindre et le dernier d’entre eux, les hommes des nouvelles générations ont pieusement et courageusement continué l’œuvre de leurs pères.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste1. […] Alors il sera juste, et sa justice accroîtra ses lumières. […] Il se montre vaillant, laborieux, ami de la justice et de la gloire, et lorsque l’ambition l’entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie. […] La magistrature avait perdu la grande autorité qu’elle eut dans le seizième siècle : réduite au soin de la justice, elle n’opposait plus de résistance ni même de plainte ; elle était encore un exemple de probité antique ; elle n’était plus la sauvegarde des libertés que ses pères avaient défendues ; Lamoignon avait le profond savoir et la vertu, mais non le patriotisme de l’Hôpital et d’un Molé.
Ainsi la vertu peut être considérée comme genre : la tempérance et la justice seront des espèces par rapport à la vertu prise en général. […] Elle a pour but d’éclairer la justice humaine et de l’aider ainsi à être droite et impartiale dans ses décisions. […] La probité exige que l’avocat ne prête son ministère qu’à la défense du droit et de la justice. […] Pour que ce grand orateur fût sûr de retrouver toute son éloquence, il fallait donc qu’il fût assuré de la justice d’une cause. […] Telle est la justice de Dieu ; telle est l’infirmité naturelle des hommes.
Les secours mutuels que se prêtent des genres, en apparence si opposés, et les grandes beautés qui résultent, pour la tragédie, de la connaissance raisonnée des anciens, devraient bien convaincre les jeunes écrivains de l’importante nécessité de remonter à ces sources du vrai beau, de se pénétrer de l’esprit qui anime ces magnifiques compositions, avant de hasarder si légèrement d’informes essais, dont le mépris public ne tarde pas à faire une justice qui devrait être plus utile pour le goût. […] Mais celui des historiens anciens que Racine paraît avoir affectionné le plus, et qu’il a étudié, du moins avec le plus d’avantage, c’est Tacite ; et peut-être le suffrage d’un homme tel que Racine, et surtout la belle tragédie de Britannicus, à laquelle Tacite eut tant de part, ne contribuèrent pas médiocrement à accélérer la justice rendue enfin, par les modernes, au mérite supérieur de ce grand écrivain. […] Mais un siècle et des hommes capables de persécuter la vertu, ne l’étaient pas d’écouter la voix de l’amitié ; et ce n’est pas sous les Tibères et avec les Pisons, que les Germanicus obtiennent justice. […] Si donc les choses sont comme je le pense, si l’âme survit en effet au corps qu’elle abandonne, faites, par respect pour la mienne, ce que vous recommande aujourd’hui ma tendresse : si je suis dans l’erreur, si l’âme reste et périt avec le corps, craignez, du moins, craignez les dieux qui ne meurent point, qui voient tout, qui peuvent tout, qui entretiennent dans l’univers un ordre immuable dont la magnificence et la majesté sont au-dessus de l’expression ; craignez, dis-je, les immortels, et que cette crainte vous empêche de rien faire, de rien dire, de rien penser même qui puisse blesser la piété et la justice. […] Portez hardiment vos plaintes au sénat, et réclamez la justice des lois : vous le pouvez.
142Mortels qui jugez vos semblables, Rois qu’à la terre j’ai donnés, Rois devenus si formidables Par vos projets désordonnés ; Instruisez-vous dans ma justice, Si vous voulez que j’affermisse Vos droits par la révolte enfreints ; Pour mériter que l’on vous aime, Aimez, servez, craignez vous-même Le Dieu par qui vous êtes craints. […] 145Ses dons versés avec justice, Du pâle calomniateur, Ni du servile adulateur, Ne nourriront point l’avarice. […] « Ici, la Douceur et la Vérité ont volé à leur rencontre mutuelle : la Justice et la Paix se sont embrassées comme deux sœurs ». […] La Justice et la Paix s’embrassent devant nous : Le glaive étincelant d’un royaume jaloux N’ose plus aujourd’hui s’irriter contre un autre.
Tout ce qui appartient aux fonctions austères de la justice ; tout ce qui a pour objet l’interprétation ou l’application de la loi, porte nécessairement un caractère de gravité, dont on ne s’écarte jamais qu’aux dépens de la bienséance qui est de rigueur ici. […] C’est à la justice, c’est à la vérité qu’il est comptable du secours de sa voix et de ses talents ; et le crime, quel que soit l’éclat qui l’environne ou le crédit dont il s’appuie, le crime n’y saurait avoir aucun droit.
On l’eût chassée avec justice de la république de Sparte et des autres États bien policés ; et il ne la faudrait estimer guère davantage que l’art qui enseigne à faire les confitures, et a pour objet le plaisir du goût, ou celui qui flatte un autre sens, et travaille à la composition des parfums2. […] Tibère a humilié toutes les âmes ; il a dompté tous les courages ; il a mis sous ses pieds toutes les têtes : il s’est élevé au-dessus de la raison, de la justice et des lois. […] La justice divine paraît quelquefois avec éclat et fait des exemples qui sont vus de tout le monde : quelquefois aussi elle s’exerce secrètement et abandonne les méchants à leurs propres cœurs et à leurs propres pensées.
Memmius, que vous avez à juger et qui attendent l’arrêt de votre sévère justice. […] Mais vous citiez en justice notre ami. […] Quand nous allâmes chez le préteur pour lui demander justice, il pesa fort soigneusement et avec prudence ce qu’il devait ordonner. […] Le sort vous ayant désigné pour rendre la justice, vous n’avez jamais pensé quel fardeau l’on vous imposait. […] Ils se présentent, les défendent, s’écrient et implorent auprès de vous la justice, vertu qui vous fut toujours inconnue.
Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte, et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part, il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Il a fini : le cœur lui bat, mais c’est de joie ; il s’applaudit, il dit dans son cœur : « Nul ne roue mieux que moi. »Il descend : il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d’or qu’il emporte à travers une double haie d’hommes écartés par l’horreur1 Le rôle de la france Fragment de lettre Au baron vignet des étoiles 2 Lausanne, 28 octobre 1794.
Le latin resta toujours la langue de l’Église, de la justice et des lettres. […] Fléchier a divisé l’éloge de M. de Montausier en trois parties : il s’est proposé de célébrer trois vertus dans son héros, l’amour de la vérité, le zèle de la justice et l’esprit de droiture. […] Le premier membre est composé de trois sections : Si la loi du Seigneur vous touche, — si le mensonge vous fait peur, — si la justice en votre cœur, etc. […] Telle est cette phrase de Pascal : « Le fini s’anéantit en présence de l’infini : ainsi notre esprit s’anéantit devant Dieu, ainsi notre justice devant la justice divine. » Sous-entendez : Notre justice s’anéantit. […] Cet homme, confiant dans la justice divine, ne voit dans la mort que le but de la vie : c’est là que tendent toutes ses pensées, comme la flèche va droit au but des mains de l’archer.
» À l’un de ses côtés, la Justice debout » Jette sur nous sans cesse un coup d’œil qui voit tout ; » Et le glaive à la main demandant ses victimes, » Présente devant lui la liste de nos crimes. […] gardez-vous d’oublier sa justice. […] Je voyais du méchant prospérer la malice, Le juste abandonné périr dans sa justice, Et ma raison prenant un vol audacieux, Osait dans leur conseil interroger les cieux. […] Je jugeais la Justice et lui faisais la loi ; Ainsi que la Sagesse elle était loin de moi.
— Sire, sire, justice ! […] Je demande justice. […] Vous avez cru pouvoir tromper la justice par votre silence et vos dénégations.
« Heureuse, s’écrie-t-il, l’utile défiance de l’orateur sagement timide, qui, dans le choix et dans le partage de ses occupations, a perpétuellement devant les yeux ce qu’il doit à ses parties, à la justice, à lui-même ! […] Il s’agissait, dans ce réquisitoire, d’une foule d’ouvrages, dont le goût et la morale ont fait justice depuis longtemps.
Charitable envers le prochain : rendant lui-même justice à tout le monde, se familiarisant avec les pauvres, portant en terre les corps de ses soldats tués dans une sanglante bataille, fondant des hôpitaux sans nombre. […] Ainsi le publiait le grand Turenne94, cet homme digne de l’immortalité, mais le plus légitime Juge du mérite de notre Prince, et le plus zélé aussi bien que le plus sincère de ses admirateurs ; ainsi, dis-je, le publiait-il ; et la justice qu’il a toujours rendue à ce Héros, en lui donnant le rang que je lui donne, est un témoignage dont on l’a ouï cent fois s’honorer lui-même. […] Toutes les affaires litigieuses qui doivent être discutées et décidées devant les Tribunaux de la justice, peuvent servir de matière aux différentes espèces de discours du barreau, qu’on réduit ordinairement aux plaidoyers et aux consultations, aux mémoires et aux rapports de procès. […] Si elle ne lui est pas tout à fait favorable, il fera voir que la justice des lois dépend d’une infinité de circonstances, qui toutes n’ont pu être prévues par le Législateur ; et qu’il est permis aux Juges d’expliquer, d’éclaircir la loi, de s’en écarter même dans leurs jugements, en suivant néanmoins les principes de la raison et de l’équité. […] Ce sont ceux que prononce le procureur du roi, ou l’un des avocats-généraux, à la rentrée des parlements, et qui doivent rouler sur l’administration de la justice, ou sur des objets qui y ont quelque rapport ; les Mercuriales, discours dans lesquels le premier président, ou l’un des gens du roi s’élève contre les abus et les désordres qui ont été remarqués dans l’administration de la justice ; enfin les Réquisitoires, discours dans lesquels le procureur du roi demande aux magistrats quelque chose d’intéressant pour la société civile, et qui doivent respirer en tout l’amour du bien public.
Il est une justice divine. […] Or cette justice est infinie. […] Il est une justice divine ; donc cette justice est souveraine ; 2. elle est souveraine, donc elle est inévitable ; 3. elle est divine, donc elle est infinie ; 4. elle est infinie, donc elle peut s’exercer par un supplice infini. […] Que s’il est une telle justice souveraine, et par conséquent inévitable, divine, et par conséquent infinie, qui nous dira qu’elle n’agisse jamais selon sa nature, et qu’une justice infinie ne s’exerce pas à la fin par un supplice infini et éternel ? […] O justice divine !
Le même prince a été dignement loué par ce peu de mots de Montesquieu : « La foi, la justice et la grandeur d’âme montèrent sur le trône avec Louis IX. » 1. […] Il sut accorder une politique profonde avec une justice exacte ; et peut-être est-il le seul souverain qui mérite cette louange : prudent et ferme dans le conseil, intrépide dans les combats sans être emporté, compatissant comme s’il n’avait jamais été que malheureux.
Le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit, avec un air de vengeance et de fureur, de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa justice et de sa colère. […] Il consiste à accuser ou à défendre, c’est-à-dire à plaider, soit à demander justice, soit à se défendre devant les magistrats.
Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste2. […] Alors il sera juste, et sa justice accroîtra ses lumières.
Autrement, l’action en justice (δίκη) n’aurait pas de raison d’être. […] La justice, qui est en quelque sorte d’un intérêt commun. […] C’est pour cela que l’action juste, la justice, est une chose belle. […] De même lorsqu’on agit contrairement à des règles de justice, non inscrites dans la loi. […] On alléguera encore que la justice est chose réelle et réellement utile, et non pas une simple apparence.
Cicéron, qui défendait la cause de la raison, de la justice et de l’amitié, ne pouvait manquer de profiter habilement de toutes les circonstances favorables à l’orateur ou à l’ami. […] « Si donc, Milon, tenant son épée sanglante, s’écriait : Venez, citoyens, écoutez-moi : j’ai donné la mort à Clodius ; les fureurs de ce pervers que la crainte des lois et des jugements ne pouvaient plus réprimer, ce bras et ce fer les ont repoussées de vos têtes ; si les lois, si la justice, si les tribunaux, si la liberté, la pudeur et la chasteté ne sont point bannis de Rome, c’est à moi, citoyens, à moi seul qu’on en est redevable ». […] Croyez que celui qui a choisi pour juges les hommes les plus justes et les plus fermes, s’est engagé d’avance plus particulièrement que personne, à approuver ce que vous auront dicté la justice, la patrie et la vertu ».
On déshonore la justice quand on n’y joint pas la douceur2, les égards et la condescendance : c’est faire mal le bien3 Je veux que tu te fasses aimer ; mais Dieu seul peut te rendre aimable, car tu ne l’es point par ton naturel roide et âpre. […] Prépare-toi, par des mœurs pures et par l’amour de la justice, une place dans l’heureux séjour de la paix1. […] Il n’y a qu’un petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.