Les premiers poètes formèrent le génie de leur langue ; les Grecs et les Latins employèrent d’abord la poésie à peindre les objets sensibles de toute la nature.
Si est l’antécédent de que, quand l’on… nul ne pouvait… Aujourd’hui on n’emploierait plus cette forme avec un superlatif.
Avec quelle véhémence le même orateur emploie cette même figure, dans cet endroit d’un autre de ses discours !
Quand on commence à apprendre l’escrime, la danse, l’équitation, on emploie presque toujours trop de force, on fait de trop grands mouvements, et l’on réussit moins en se donnant plus de peine.
Le poète emploie toutes les grandes machines de l’épopée à la conduite d’une action plaisante, où figurent des personnages vulgaires.
La vraie et la fausse philanthropie Il y a deux manières de se donner aux hommes : la première est de se faire aimer, non pour être leur idole, mais pour employer leur confiance à les rendre bons. […] Ils ont gardé les caractères, ils ont attrapé l’harmonie, ils ont su employer à propos les sentiments et la passion.
Ne sachant point l’employer, ils se plaignent de la rapidité du temps ; et j’observe qu’il coule trop lentement à leur gré. […] Ils emploieraient volontiers leur fortune à consumer leur vie entière ; et il n’y en a peut-être pas un qui n’eût réduit ses ans à très-peu d’heures, s’il eût été le maître d’en ôter, au gré de son ennui, celles qui lui étaient à charge, et, au gré de son impatience, celles qui le séparaient du moment désiré.
Quoi qu’il en soit, ils l’emploient continuellement, comme ils font du reste de beaucoup d’autres secrets de rhétorique, qu’ils ont usés, pour ainsi dire, jusqu’à la corde, tout en paraissant en faire fi.
Cependant, l’éloquence de la chaire ne s’appuie pas exclusivement sur l’autorité divine, elle emploie aussi les armes humaines du raisonnement, selon les auditeurs auxquels elle s’adresse ; elle sait aussi prouver que les vérités qu’elle enseigne ne sont pas contraires aux lois de la raison ; mais elle nous met en garde contre les erreurs et les faiblesses de l’esprit ; là où la raison trébuche, l’autorité étend sa main bienfaisante pour la soutenir.
Il est donc juste que les sciences, que les beaux-arts s’emploient à éterniser la mémoire d’un prince à qui ils sont tant redevables : il est juste que les écrivains les plus illustres le prennent pour objet de toutes leurs veilles ; que les peintres et les sculpteurs s’exercent sur un si noble sujet2.
Il ne laissait pas un seul enjolivement ni une seule afféterie au logis : en dix mots il voulait employer douze figures ; il enflait sa matière de lieux communs et de pièces cent fois rejouées.
Pour dire qu’il a cinquante-huit ans, Boileau emploie ce tour noble et harmonieux : Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue, Sous mes faux cheveux blonds déjà toute chenue, A jeté sur ma tête avec ses doigts pesants Onze lustres complets surchargés de trois ans.
O qu’il a d’aise à voir revenir pesle-mesle Les vaches, les taureaux, et le troupeau qui bele, Les aumailles441 marcher lentement pas à pas, Et puis d’autre costé galoper le haras442 ; A voir les bœufs, ayant achevé leur journee, Ramener sa charrue à l’envers retournee443 ; Et dans sa basse cour grand nombre de ses gens, Chacun diversement s’employer diligens, D’ailleurs force artisans, qui rendent tesmoignage Qu’une riche abondance existe en ce mesnage444. […] Avant que par procès soit riche une partie499, Il se faut coucher tard et se lever matin, Et faire à tous propos le diable saint Martin500 ; Remarquer un logis, assiéger une porte, Garder que par derrière un conseiller ne sorte, S’accoster501 de son clerc, caresser un valet, Reconnoistre de loing, aux ambles, un mulet502 ; Avoir nouveaus placets en main et en pochette ; Dire estre de son cru tout cela qu’on achette A beaus deniers contans : bref, il faut employer Possible et impossible à procès festoyer503.
D’une autre part, la stérilité forcée du langage naissant, la paresse d’invention naturelle au sauvage et à l’habitant de la zone tropicale, la commodité qu’il trouvait à employer les mots existants en les détournant de leur sens primitif, au lieu de prendre la peine d’en créer de nouveaux, tout contribua à donner un plus grand développement au langage figuré, et c’est ainsi qu’à l’onomatopée et à la métaphore se joignirent tout naturellement l’hyperbole, la prosopopée, l’apostrophe, l’inversion, la catachrèse, etc.
La prose est le langage libre, sans règle ni mesure fixe : on l’emploie surtout dans les genres de composition où domine la raison positive.
N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et, après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par le péage de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir et la rendre plus digne de lui et de sa fortune.
Cette âme fut celle de Mirabeau, qui, rencontrant dès sa naissance tous les despotismes, celui de son père, du gouvernement et des tribunaux, employa sa jeunesse à les combattre et à les haïr.
Ces trois puissances, dont le concours est indispensable pour que l’homme communique efficacement avec l’homme, sont perfectibles par l’éducation ; mais c’est surtout l’intelligence que nous employons pour transmettre aux autres nos pensées, et c’est elle aussi que l’éducation peut le mieux développé au moyen de la science et de l’art.
A défaut d’arguments, ou pour ajouter à leur énergie, l’orateur doit employer l’autorité du caractère, se concilier les auditeurs par ses mœurs réelles ou oratoires, c’est-à-dire par les qualités qu’il possède effectivement ou que son langage peut faire supposer en lui.
Voyez comme il réduit les faits les plus compliqués à leur expression la plus simple, comme il y jette des traits de lumière, dès qu’il voit quelque embarras à éviter, quelque nuage à dissiper ; comme il suspend la curiosité pour la satisfaire à propos, enfin comme il sait en même temps faire servir à l’ornement de la narration tout ce qu’il emploie pour l’éclaircir.
Le nom de Louis XIV était la seule arme à employer pour trancher un nœud contre lequel toute autre se serait émoussée.
M. de la Rochefoucauld avait dit : « Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison. » Madame de Grignan retourna la pensée : « Nous n’avons pas assez de raison pour employer toute notre force. » Ces contrastes symétriques plaisent à l’esprit, pourvu qu’ils soient présentés sobrement et à propos.
Il aura soin à cet effet de réduire à quelques syllogismes toute l’argumentation qu’on lui a opposée, tantôt il devra employer l’analyse, pour découvrir, en jetant à bas toute la pompe des ornements, si les pensées sont vraies, si on n’a point donné pour certain ce qui était douteux, ou pour avouer ce qui était contesté.
Ce n’est pas à nous à disposer de nous-mêmes ; c’est à lui seul à nous employer selon les vues qu’il s’est proposées en nous formant, et à régler l’usage des talents que nous n’avons reçus que de lui.
Aulu-Gelle l’emploie le premier dans le sens d’écrivain de valeur et de marque, d’écrivain qui a du bien au soleil et n’est pas confondu dans la foule des prolétaires.
N’employez que quelques lignes. […] Désespéré, il écrit à un de ses amis à Paris pour le prier de s’employer à le tirer du fond de cette botte2. […] Voici une occasion délicate où il faudra employer décemment mais vivement l’ironie. […] N’employez que deux pages. […] Vous emploierez la disjonction dans la conversation de la mort et du chrétien ; car celui-ci répondra immédiatement à chacune des questions de la mort.
Combien de chevaux, qu’on emploie a tant d’ouvrages, et qu’on abandonne quand ils ne servent plus ! […] Il ne faudrait que leur ôter tous ces soins ; car alors ils se verraient, ils penseraient à ce qu’ils sont 299, d’où, ils viennent, où ils vont ; et ainsi on ne peut trop les occuper et les détourner ; et c’est pourquoi, après leur avoir tant préparé d’affaires, s’ils ont quelque temps de relâche, on leur conseille de l’employer à se divertir, à jouer et à s’occuper toujours tout entiers. […] Qu’il me soit permis, je vous en conjure, d’employer constamment pour Dieu et pour moi-même ce qui me reste de vie, et de me disposer par là à mourir en religieux.
Ce precepte, qui est si abominable en ceste souveraine et maistresse amitié, il est salubre en l’usage des amitiez ordinaires et coustumières ; à l’endroict desquelles il fault employer le mot qu’Aristote avoit tresfamilier, « O mes amys ! […] Or ainsi que ma puissance s’augmentoit, je defaisois ce que j’avois fait, et le batissois un peu mieux ; qui faisoit qu’aucuns artisans, comme chaussetiers, cordonniers, sergens et notaires, un tas de vieilles, tous ceux cy sans avoir esgard que mon art ne se pouvoit exercer sans grand logis, disoyent que je ne faisois que faire et desfaire, et me blasmoyent de ce qui les devoit inciter à pitié, attendu que j’estois contraint d’employer les choses necessaires à ma nourriture, pour eriger les commoditez requises à mon art. […] Se sont-ils reservez quelques forces ou quelques artifices qu’ils n’ayent desjà employez et vainement consommez à l’encontre de Vostre Majesté ? […] Pour nous deux nous parlions de nous enfuyr demain, quand vos propos nous ont fait tirer le rideau : avisez, Sire, qu’après nous les mains qui vous serviront n’oseroyent refuser d’employer sur vous le poison et le couteau. » […] C’est assez bien employer un temps si court.
La difficulté de ce genre consiste dans la variété même des couleurs qu’il emploie : car il faut, dans leur mélange, un parfait accord que le talent le plus flexible ne peut espérer, s’il n’est dirigé par un goût exquis. » — Ajoutons que le cinquième chant, qui renferme une très-amusante description de combat et le portrait de la Chicane, n’est nullement indigne de ceux qui le précèdent.
Faites-moi la grâce de m’employer ; soyez persuadé que je suis entièrement à vous.