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2. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Le genre démonstratif a pour objet la louange ou le blâme : à ce genre appartiennent les éloges, les oraisons funèbres, les satires, etc. […] A ce genre appartiennent les discours de la tribune politique, etc. […] On ne doit, dans la définition, ni omettre les principaux arguments qui appartiennent au sujet, ni insister sur des circonstances peu intéressantes. […] … Rien ne m'appartient sur la terre ; Je n'eus pas même de berceau ! […] Cette pièce appartient aussi à l'élégie.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. Indépendamment des figures que nous venons de parcourir, et qui appartiennent également à la poésie et à l’éloquence, il en est quelques autres qui semblent d’un usage plus nécessaire et plus fréquent aux orateurs qu’aux poètes. […] Je vous le demande ; vous l’ignorez, et je l’ignore moi-même : vous seul, ô mon Dieu, connaissez ceux qui vous appartiennent ! Mais si nous ne connaissons pas ceux qui lui appartiennent, nous savons du moins que les pécheurs ne lui appartiennent pas.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

Le mouvement doux appartient seul au beau : violent et rapide, comme serait, par exempte, un torrent, il appartient au sublime. […] Les plaisirs de la mélodie et de l’harmonie appartiennent également au goût. […] Si l’on demande, par exemple, à quelle classe de ces plaisirs dont nous avons fait l’énumération, doit se rapporter celui qui résulte d’un bel ouvrage de poésie ou d’éloquence : nous répondrons qu’il n’appartient point à telle ou telle classe en particulier, mais à toutes en général.

5. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « SECONDE PARTIE. DE LA VERSIFICATION LATINE. — CHAPITRE II. Règles générales de la quantité. » pp. 271-273

Si la seconde des deux consonnes est une liquide (l ou r), et qu’elles appartiennent toutes deux à la même syllabe34, comme dans locuples, lacrymas, supremus, patris, etc., la voyelle qui précède devient commune. […] Il est facile de reconnaître, à la prononciation, à la décomposition du mot, et à son étymologie, quand les deux consonnes appartiennent à la même syllabe. […] Mais dans abluo (composé de ab et de luo), la première syllabe est ab ; par conséquent, les deux consonnes n’appartiennent pas à la même syllabe.

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Comme lorsqu’il se trouve dans une foule de peuple des soldats en uniforme, vous les distinguez immédiatement et les rapportez aux divers corps auxquels ils appartiennent ; ainsi, dans un livre ou dans un discours, vous reconnaissez à certains signes caractéristiques une métaphore, une apostrophe, une hyperbole, etc. ; les mots ou les phrases dont elles se composent ont une forme ou figure qui leur est propre, toujours la même et ne se confondant pas avec d’autres. […] Les modifications qui n’affectent que le matériel du signe par des additions, des retranchements ou des déplacements de lettres, n’appartiennent pas plus aux figures, que les altérations semblables produites dans le corps des mots par les règles des déclinaisons et des conjugaisons100. […] Enfin, à propos de la troisième classe de figures de mots, je demanderai comment on peut donner ce nom à celles où les vocables conservent leur signification essentielle ; s’il n’y a point certaines figures qui portent à la fois sur le sens et sur le signe de l’idée ; si la métaphore, figure de mots, n’affecte pas la pensée, en la rapprochant d’une autre, en la doublant en quelque sorte, tandis que la métonymie et la synecdoque, comme il sera prouvé plus tard, ne sont et ne peuvent être, d’après leur racine même, que des figures de mots ; si l’apostrophe, figure de pensée, n’affecte pas le mot, en modifiant son inflexion ; si l’antithèse n’appartient pas évidemment aux deux classes, puisqu’elle oppose les mots aux mots, aussi bien que les pensées aux pensées ; s’il n’eût pas fallu par conséquent ajouter à cette nomenclature une catégorie de figures mixtes, amphibies, pour ainsi dire, qui touchent à la fois et à la pensée et aux mots, et souvent même au tour de la phrase. […] Si, au lieu de nous préoccuper de l’élément du discours, mot, pensée, tour ou construction, qu’affectent les figures, nous pénétrons dans leur essence même, et ne nous attachons qu’à leur but et aux moyens employés pour y arriver, nous verrons que, destinées à donner au langage l’énergie, l’élégance, la variété, l’intérêt, elles y parviennent par un des moyens suivants : 1° En rapprochant deux idées, pour en faire mieux sentir ou la ressemblance, ou l’opposition : à la première classe appartiennent toutes les formes de la comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie, allusion, hyperbole, litote, métalepse, prosopopée, etc. ; à la seconde, l’antithèse, l’ironie, la correction, la prétérition, etc.  […] Voici une remarque aussi juste que profonde d’un des plus savants hommes de notre siècle : « Dès que l’homme, en interrogeant la nature ne se contente pas d’observer, mais qu’il fait naître des phénomènes sous des conditions déterminées ; dès qu’il recueille et enregistre les faits pour étendre l’investigation au delà de la courte durée de son existence, la philosophie de la nature se dépouille des formes vagues et poétiques qui lui ont appartenu dès son origine ; elle adopte un caractère plus sévère, elle pèse la valeur des observations, elle ne devine plus, elle combine et raisonne.

7. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

Mais qu’au lieu du mot Dieu, Bossuet dise avec sa parole magnifique : « Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, » il explique par cette périphrase comment et pourquoi Dieu « est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et de terribles leçons. » Que Racine désigne Dieu par ces mots : Celui qui met un frein à la fureur des flots, nous concluons du plus au moins ou du même au même que celui-là Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] Sans doute, vous vous rappelez bien des périphrases pour rendre ces mots : il fait nuit ; comparez-les ensemble, et, si elles appartiennent à de vrais écrivains, vous remarquerez comment elles se modifient d’après l’analogie des idées, d’après la nature des sentiments, et enfin d’après le caractère des ouvrages ; car ce sont là les trois influences auxquelles doit obéir la périphrase. […] de Chateaubriand appartient à l’époque qui l’a vu naître, surtout dans Atala et le Génie du Christianisme. […] Je pourrais décider, car ce droit m’appartient, Mais rapportons-nous-en. — Soit fait, dit le reptile. […] Ainsi dans Bossuet : « Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré. » N’est-ce pas aussi à l’ellipse qu’appartient l’anacoluthe, littéralement, absence de compagnon, construction où l’auteur laisse désirer certains mots qui régulièrement devraient accompagner les autres ?

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Il n’appartient donc qu’aux génies inventeurs et toujours pensants d’ajouter à ce trésor public, et d’augmenter les anciennes richesses de la raison : tous les autres philosophes, peuple stérile et contentieux, ne feront jamais que secouer, pour ainsi dire, et tourmenter les vérités que les grands génies vont chercher au fond des abîmes : ils ont un art qui les fait parler éternellement, quand d’autres ont pensé pour eux, et qui les rend tout d’un coup muets, quand il s’agit de trouver une seule idée nouvelle. […] Il n’appartient qu’à ces génies rapides qui s’élancent tout d’un coup aux premières causes, de traiter les sciences, les arts et la morale, d’une manière également noble et lumineuse. […] Libre des opinions vulgaires, et pensant d’une manière qui n’appartient qu’à lui seul, il parle un langage, vrai dans le fond, mais nouveau et singulier, qui blesserait l’oreille des autres hommes ; vaste et profond dans ses vues, et s’élevant toujours par ses notions abstraites et générales, qui sont pour lui comme des livres abrégés, il échappe à tout moment aux regards de la foule, et s’envole fièrement dans les régions supérieures. […] Je ne ferai aucune remarque sur les beautés de détail, qui étincellent en foule dans cette étonnante production : elles sont de nature à frapper tous les yeux, à parler à toutes les âmes, et n’appartiennent en rien à la critique littéraire.

9. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. —  Voiture. (1598-1648.) » pp. 7-11

Il était natif d’Amiens et il avait appartenu l’un des premiers à l’Académie française. […] Pour moi, je ne sais pour quel intérêt ils tâchent d’ôter à Car ce qui lui appartient, pour le donner à Pour ce que, ni pourquoi ils veulent dire avec trois mots ce qu’ils peuvent dire avec trois lettres. […] A dire la vérité, monseigneur, je ne sais à quoi vous avez pensé : et ç’a été, sans mentir, trop de hardiesse, et une extrême violence à vous d’avoir, à votre âge, choqué deux ou trois vieux capitaines que vous deviez respecter, quand ce n’eût été que pour leur ancienneté ; fait tuer le pauvre comte de Fontaine, qui était un des meilleurs hommes de Flandre, et à qui le prince d’Orange n’avait jamais osé toucher ; pris seize pièces de canon qui appartenaient à un prince qui est oncle du roi et frère de la reine4, avec qui vous n’aviez jamais eu de différend ; et mis en désordre les meilleures troupes des Espagnols, qui vous avaient laissé passer avec tant de bonté.

10. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Il est facile d’analyser un portrait ; au fond l’élève dira à quel genre il appartient et ce qu’il en pense comme juge. […] Fond. — Dites à quel genre appartient le parallèle, si vous en êtes content et pourquoi. […] Fond. — Ce dialogue appartient au genre dramatique, les deux interlocuteurs ont les mêmes passions ; ils se racontent leurs aventures, en tout point semblables. […] Ainsi dans la narration mixte on s’empare d’un fait dont le fond appartient à l’Histoire : d’un personnage dont l’ existence n’est point mise en doute. […] — 1° On examinera les trois parties de la disposition ; 2° on réduira la narration à une ou deux phrases ; 3° on dira auquel des six genres indiqués la narration appartient.

11. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

La logique formelle, à laquelle ils appartiennent, ne fait point partie de l’invention. […] Ses développements appartiennent plutôt à la disposition. […] Les modernes ont mieux réussi, assurément ; le christianisme, qui assigne à la femme son véritable rang, les a mieux éclairés sur sa nature, et c’est chez eux qu’on la retrouverait tout entière, si l’on recueillait çà et là les traits les plus exquis et les plus énergiques de leurs écrits, de ceux surtout où le peintre et le modèle appartiennent au même sexe. […] Le Père de famille, le Fils naturel de Diderot, beaucoup d’autres drames de cette époque, appartiennent à cet ordre d’idées qui n’était pas à dédaigner.

12. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IX. de la disposition. — proportions, digressions, transitions, variété  » pp. 118-130

L’âme, comme le corps, ne supporte ni une longue inertie, ni une longue tension de force ; l’une et l’autre en usent les ressorts ; qu’au repos succède le mouvement, ou encore à un mouvement énergique un mouvement plus doux, pourvu toutefois que tous deux appartiennent au même ordre d’idées et se développent sur le même terrain. […] connaissez ceux qui vous appartiennent. Mais si nous ne connaissons pas ceux qui lui appartiennent, nous savons du moins que les pécheurs ne lui appartiennent pas.

13. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

S’il en était ainsi, les kermesses de Teniers appartiendraient sans doute au style simple, et les grandes pages de Rubens au sublime. […] Que Voltaire traite un sujet sérieux sur le ton de la plaisanterie, ceci appartient à sa manière d’envisager les choses ; mais il est bien évident que s’il a pris le ton simple ou tempéré, qui est celui de la plaisanterie, c’est qu’il n’aura pas eu l’intention de s’élever aux idées générales, et s’il lui arrive, chemin faisant, d’agrandir sa pensée, son ton s’élèvera forcément dans la même proportion. […] Il dira que le qu’il mourût est sublime, mais n’appartient pas plus au ton sublime qu’au ton simple, car cet admirable eri de dévouement à l’honneur et à la patrie n’a rien de commun avec la généralisation des idées ; qu’au contraire, il y a à la fois sublime et ton sublime dans les vers de Joad : Celui qui met un frein à la fureur des flots… etc. […] Mais songez que, par la pensée et jusqu’à un certain point par la forme, tout écrivain appartient toujours à son siècle, et ne peut se dérober à l’influence du milieu dans lequel il vit.

14. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

À ce genre appartient déjà dans l’antiquité le Cyclope d’Euripide. […] Par le génie créateur et l’inspiration originale, l’art dramatique appartient surtout à la poésie. […] L’élocution appartient à tout le monde ; le style est à l’écrivain. […] C’est une figure qui appartient surtout à la discussion. […] — Elles appartiennent beaucoup plus aux langues anciennes qu’au français.

15. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

. — tropes d’invention et tropes d’usage Nous avons fait observer que certaines figures entrent tellement dans les habitudes du discours, appartiennent si intimement au génie de la langue, que le rhéteur n’a presque rien à dire sur leur emploi, et qu’il suffit de les énoncer et de les définir. […] Mais quand Racine dit : Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ; quand Corneille crée l’expression que nous avons déjà remarquée : Et tous trois à l’envi s’empressaient ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment ; quand, d’autre part, des hommes de talent se laissent entraîner aux vicieuses métaphores que nous avons signalées plus haut, il est bien évident que ce ne sont plus là des figures de domaine public, dont on ne doit tenir aucun compte à l’écrivain ; elles appartiennent en propre à celui qui les a créées, et peuvent, en conséquence, être étudiées comme formes à imiter ou à fuir. […] Ainsi Voiture, s’adressant au due d’Enghien, lui dit : « Trouvez bon, ô César, que je vous parle avec cette liberté, recevez les louanges qui vous sont dues, et souffrez que l’on rende à César ce qui appartient à César. » Boileau s’intitule lui-même grand chroniqueur des gestes d’Alexandre, et cet Alexandre n’est et ne peut être que Louis XIV ; et le Gilbert de notre âge, Hégésippe Moreau, fait répondre par Joseph Bonaparte à ceux qui voulaient l’arracher à sa retraite, pour lui donner un trône : … Insensés, quel espoir vous anime ? […] Cette dernière leur appartient même à peu près exclusivement ; elle existe chez eux à l’état de catachrèse.

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

C’est au mauvais goût qu’il appartient d’être partial et passionné : le bon goût n’est pas une opinion, une secte ; c’est le raffinement de la raison cultivée, la perfection du sens naturel1. […] C’était donc à la religion qu’il appartenait de faire entendre son langage ; et elle devenait le plus magnifique ornement de ce règne, dont elle était la seule barrière. […] Arnault savait que le goût qui perfectionne et qui choisit est un côté de l’invention, et qu’une idée appartient pour moitié à celui qui la fait valoir tout son prix. […] « C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger le ouvrages anciens et modernes ; mais il serait bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siècles passés et les auteurs vivants.

17. (1875) Poétique

Quand c’est l’effet du spectacle, l’honneur en appartient à l’ordonnateur du théâtre plutôt qu’à l’art du poète. […] Dans les autres poètes, les chœurs n’appartiennent pas plus à l’action qu’à toute autre tragédie : ce sont des morceaux étrangers à la pièce. […] On trouve ce qui regarde les pensées dans nos livres sur la rhétorique, à qui cette matière appartient. […] J’appelle propre le mot dont tout le monde se sert dans un pays, et étranger celui qui appartient à la langue d’un autre pays. […] On examinera ensuite si la faute est dans ce qui appartient à la poésie même ou dans ce qui lui est étranger : car c’est une faute bien moindre d’avoir ignoré que la biche n’a point de cornes que d’avoir peint une biche avec des cornes.

18. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

Tous les sujets qu’on traite appartiennent ou à la mémoire, ou à la raison, ou au sentiment, ou à l’imagination. Dans ceux qui appartiennent à la mémoire, l’écrivain expose, raconte : il faut que son style soit uni, facile, naturel et rapide. […] Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, l’écrivain veut toucher : il faut que son style soit doux, insinuant, vif, animé, pathétique. Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, l’écrivain cherche à plaire : il faut que son style soit fin, gracieux, élégant, varié. […] Elles sont rendues d’une manière sublime, et appartiennent par conséquent au style sublime sans être du sublime.

19. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Mais qui ne voit que tout le reste appartient exclusivement à l’écrivain, et que cette énergique concision, ces rapprochements éloquents, ces tours hardis et vigoureux, qui sont le caractère particulier du style de Salluste, ne peuvent l’avoir été précisément de celui de Catilina ? […] On y remarque, entre autres, un passage sur l’immortalité de l’âme, qui prouve que les belles âmes et les esprits bien faits n’ont eu, dans tous les temps, qu’un sentiment à cet égard ; et qu’il n’appartenait qu’à la frivolité moderne de traiter ces grands principes de la morale universelle, avec une légèreté qui est du moins ridicule, quand elle ne devient pas dangereusement exemplaire. […] Je vous aime l’un et l’autre avec une égale tendresse ; je veux néanmoins que l’administration des affaires et l’autorité suprême appartiennent à celui qui, ayant plus vécu, est raisonnablement supposé avoir plus d’expérience. — Que la couronne soit donc à vous, Cambyse, les dieux vous la défèrent ; et, autant qu’il est en mon pouvoir, je vous la donne. […] » Quand l’homme a fini, et que sa machine se dissout, on voit les différentes parties qui la composaient, se rejoindre aux éléments auxquels elles appartiennent : l’âme seule échappe aux regards, soit lorsqu’elle anime le corps, soit lorsqu’elle le quitte. […] « Jamais, mon cher Scipion, jamais on ne me persuadera que Paul Émile, votre père, que tant de grands hommes, dont l’énumération serait inutile ici, eussent fait tant de choses dignes de la postérité, s’ils n’eussent pressenti que cette postérité leur appartenait !

20. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre X. Genre pastoral. »

Il ne faut pas croire que la poésie pastorale appartienne à l’âge d’or ou à la vie patriarcale ; elle n’en est qu’un reflet lointain et un souvenir ; elle apparaît aux époques où la civilisation, déjà avancée, incline vers la corruption et la décadence. […] Dans Théocrite, le Combat de Pollux et d’Amycus est un morceau épique ; dans Bion, le Chant funèbre d’Adonis appartient à l’élégie : mais la vraie pastorale doit toujours être champêtre.

21. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Bien entendu que quand la réticence est affectée, quand l’interruption n’est point l’effet naturel de la passion, mais un dessein prémédité de faire entendre, par le peu qu’on a dit, ce qu’on affecte de supprimer, et même souvent beaucoup au delà, elle n’appartient plus alors aux figures dont nous traitons ici, et doit se ranger, à la suite de l’ironie, parmi celles qui font contraster la parole avec la pensée. […] Nous voici à la construction figurée à laquelle appartiennent les formes dont il me reste à parler. […] Je n’entends donc parler ici ni de ce que les anciens appelaient anastrophe, qui consistait à transposer deux mots me cum pour cum me ; his accensa super ; ni de ce qu’ils nommaient tmèse, qui coupait un mot en deux : … hyperboreo septem subjecta trioni ; ni même de l’hypallage, figure par laquelle on attribue à certains mots d’una phrase des inflexions ou modifications qui appartiennent réellement à d’autres mots, sans cependant qu’il soit possible de se méprendre au sens : Ibant obscuri sola sub nocte per umbram, pour obscura soli ; Et caligantem nigra formidine lucum, pour et formidatum nigra caligine, etc. Ces licences de construction n’appartiennent qu’aux langues transpositives.

22. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Le début, quel qu’il soit, ne doit être : Ni trop brillant et trop étudié ; Ni vulgaire, c’est-à-dire pouvant appartenir à plusieurs sujets ; Ni commun, c’est-à-dire pouvant être également employé par l’adversaire ; Ni étranger au sujet, ou même disparate dans ses rapports avec le sujet. […] Pour argumenter, il s’agit d’abord de déterminer à quel ordre de vérités appartient la thèse à démontrer. […] Dans les ouvrages qui appartiennent au genre tempéré et même au genre simple, le première qualité spéciale est l’élégance. […] Après avoir distingué parmi les tropes, ceux d’usage ou de la langue qui entrent dans les habitudes communes du discours, et ceux d’invention ou de l’écrivain, qui appartiennent plus spécialement à celui qui les emploie, on peut rattacher à la métaphore : La métonymie, espèce de métaphore dans laquelle les expressions substituées au mot propre supposent une correspondance préalable entre les objets comparés, la cause pour l’effet, l’effet pour la cause, le contenant pour le contenu, le signe pour la chose signifiée, etc.

23. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

La rhétorique indique, comme les sources où l’orateur peut puiser ses preuves, certains chefs généraux appelés lieux ou lieux communs, parce qu’ils appartiennent ou peuvent servir à tous les genres d’oraison, à toutes les matières qui sont du ressort de l’éloquence. […] Il est facile de voir que les sermons appartiennent au genre délibératif, et que les panégyriques et oraisons funèbres appartiennent au genre démonstratif. […] En ce sens, l’oraison funèbre n’appartient pas à l’éloquence sacrée ; c’est l’epithaphios logos ou discours mortuaire tel que le faisaient les anciens, et qu’on le prononce aujourd’hui fort souvent sur la tombe de ceux qu’on porte au cimetière. […] Depuis 1789 et pendant la durée du régime parlementaire, il y a eu un grand nombre de discours fort remarquables dans le même genre ; mais nous n’avons pas à en parler ici : ils appartiennent à l’histoire littéraire de nos divers gouvernements. […] Ces éloges appartiennent essentiellement à la biographie, et c’est quand nous parlerons de ce genre d’ouvrages que nous nous en occuperons ; 2º les discours d’apparat prononcés au nom des académies, dans certaines cérémonies ou fêtes publiques, et en particulier les discours prononcés dans l’Académie française, à l’occasion de la réception des nouveaux membres, soit par le récipiendaire, soit par le membre chargé de le recevoir ; 3º les discours composés sur des sujets indiqués par les académies, et envoyés au concours pour les prix qu’elles décernent.

24. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Boétie, 1530 1563 » pp. -

La Boétie 1530 1563 [Notice] Né dans le Périgord, à Sarlat, en 1530, peu de temps après la paix de Cambrai, lorsque François Ier, sans cesser d’être l’ennemi de Charles-Quint, devint son beau-frère, Étienne de la Boétie appartenait à cette génération qu’auima la ferveur de l’érudition classique. […] Une partie de ce qui leur appartenait.

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Mignet Né en 1796 » pp. 261-264

Mais peut-être appartient-il à l’Académie française, le jour où elle reçoit un homme d’État aussi éclairé dans ses rangs, de rappeler à la France que c’est l’esprit des nations qui fait leur grandeur, et sert de mesure à leur durée. […] Il appartient à la jeune génération de le lui rendre : c’est là son premier devoir.

26. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Ses fondements sont les mêmes chez tous les hommes ; il repose sur des sentiments et perceptions qui appartiennent à notre nature. […] La première espèce d’harmonie est la plus commune ; la deuxième est plus rare, et appartient au beau par excellence. […] La confection des lois, la paix, la guerre, le choix des magistrats appartenaient au peuple. […] La nature sévère des matières qui appartiennent à la chaire demande de la gravité. […] Vous seul, ô mon Dieu, connaissez ceux qui vous appartiennent.

27. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Tous les sujets qu’on traite, appartiennent ou à la mémoire, ou à la raison, ou au sentiment, ou à l’imagination. Dans ceux qui appartiennent à la mémoire, l’écrivain expose, raconte : il faut que son style soit uni, facile, naturel et rapide. Dans les sujets qui appartiennent à la raison, l’écrivain se propose d’instruire : il faut que son style soit grave, méthodique, précis, ferme, énergique. Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, l’écrivain veut toucher : il faut que son style soit doux, insinuant, vif, animé, pathétique. Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, l’écrivain cherche à plaire : il faut que son style soit fin, gracieux, élégant, varié.

28. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre I. — Rhétorique »

Voici les nuances qui les distinguent : Les discours qui ont pour objet de louer ou de blâmer, constituent le genre démonstratif ; ceux qui ont pour objet de conseiller ou de dissuader, se rapportent au genre délibératif, et ceux qui ont pour objet d’accuser ou de défendre appartiennent au genre judiciaire. […] 3° Le Genre Judiciaire appartient au barreau ; il a pour objet le juste et l’injuste.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre III. Éloges de Pompée et de César, par Cicéron. »

» N’appelez pas votre vie, celle dont la condition-humaine a marqué les bornes, mais celle qui s’étendra dans tous les âges, et qui appartiendra à la postérité. […] Vous serez pour nos neveux, comme vous l’avez été pour nous, un sujet éternel de division : les uns vous éléveront jusqu’au ciel ; les autres diront qu’il vous a manqué ce qu’il y a de plus glorieux, de guérir les maux de la patrie ; ils diront que vos grands exploits peuvent appartenir à la fortune, et que vous n’avez pas fait ce qui n’aurait appartenu qu’à vous.

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

. — élégance, finesse, naiveté, enjouement Dans les ouvrages qui appartiennent au genre tempéré et même au genre simple, la première qualité spéciale, c’est l’élégance. […] Les reparties ingénieuses qui lui appartiennent réellement ou qu’on lui attribue sont innombrables. […] Mais au xviie , sans parler des poëtes, les modèles en prose abondent : madame de Sévigné, la Bruyère, Hamilton, le Roman comique, Gil Blas qui, publié dans la dernière année du règne de Louis XIV, appartient pour la forme comme pour le fond au xviie  siècle plutôt qu’au xviiie .

31. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIV. Genre historique. »

Les légendes n’appartiennent qu’indirectement à l’histoire ; ce sont des récits naïfs et populaires, fondés souvent sur des faits véritables, mais altérés par l’imagination ignorante et avide de merveilleux ; il est difficile souvent d’y démêler la vérité du mensonge, car l’invention romanesque y domine. […] L’histoire proprement dite appartient aux âges déjà éclairés par la civilisation, car elle exige des recherches, de la réflexion et de vastes connaissances.

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