L’Écrivain s’en sert pour embellir la vérité de tous les charmes qui peuvent nous la faire aimer : celles-là sont les figures d’ornement. […] Il plaît, il intéresse par la vérité des pensées et la justesse des expressions. […] Mais dis-je la vérité ? […] Homère et Virgile excellent dans ce grand art de peindre : leurs poèmes offrent une suite de tableaux de la dernière force et de la plus grande vérité. […] Mais celui-ci obligé de présenter la vérité telle qu’elle est, développe le caractère de ses personnages, pour le faire connaître dans toute son étendue ; et sans trop s’attacher aux autres ornements de l’art, il n’emploie que des couleurs simples et naturelles.
Soit que tu racontes les renversements des États3, et que tu pénètres dans les causes profondes des révolutions ; soit que tu verses des pleurs sur une jeune femme mourante au milieu des pompes et des dangers de la cour ; soit que ton âme s’élance avec celle de Condé, et partage les ardeurs qu’elle décrit4 ; soit que, dans l’impétueuse richesse de tes sermons5 à demi préparés, tu saisisses, tu entraînes toutes les vérités de la morale et de la religion, partout tu agrandis la parole humaine, tu surpasses l’orateur antique ; tu ne lui ressembles pas. […] Ils semblaient oublier que la justice et la vérité sont la loi commune de tout écrivain, et que celui qui parle sur les livres des autres, au lieu d’en faire lui-même, n’est pas un ennemi naturel des gens de lettres, mais un homme de lettres moins entreprenant ou plus modeste2. […] L’histoire, la biographie, les détails de mœurs vivifient sa critique : une inflexible morale, un dévouement vrai et de cœur à tout ce qui honore, console et relève l’humanité, à la liberté, à la religion, à la vérité, semblent rendre encore son goût plus pur et plus sévère ; cet enchaînement de tableaux historiques, d’anecdotes racontées avec l’esprit le plus brillant, de réflexions morales et d’analyses judicieuses et profondes, qui se mêlent sans confusion, conduit le lecteur jusqu’au bout du livre sans qu’il ait un moment l’envie de s’arrêter. » 1. […] Il y a moyen de dire toutes les vérités poliment. — Joubert disait : « Le zèle amer de certains critiques pour le bon goût, leurs indignations, leur véhémence, leur flamme, sont ridicules ; ils écrivent sur les mots comme il n’est permis d’écrire que sur les mœurs.
La proposition énonce la vérité qu’on veut prouver. […] Par la justesse, on émet des pensées d’une vérité frappante, et que personne ne peut contester. […] La première, ou majeure, est ordinairement l’énonciation d’une vérité reconnue, qu’on ne peut refuser d’admettre. […] Ce genre de narration exige trois qualités indispensables : la vérité, l’impartialité, l’unité. […] Trop élevée pour déguiser la vérité, elle rejette comme indigne d’elle l’artifice de la plupart des tropes.