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172. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Soyez d’abord triste comme lui, si vous voulez trouver accès dans son cœur : c’est l’art d’Horace lorsqu’il entreprend de consoler Virgile de la perte de son ami Quintilius (Od. […] Apparuit tribunis (dit Tite-Live, VI, 20), nisi oculos quoque hominum liberassent ab tanti memoria decoris, nunquam fore in prœoccupatis beneftcio animis vero crimini locum… Ibi crimen valuit, et obstinatis animis triste judicium, etc. […] C’est donc ce qui les engage aujourd’hui, malgré elles, à donner au public le triste spectacle des troubles dont leur maison est agitée. […] je vous en conjure, ne souffrez pas que ce retour soit plus triste pour moi que ne l’a été mon départ : comment puis-je me croire rétabli, si ceux par qui je l’ai été sont arrachés de mes bras ?  […] On peut joindre à ces figures la déclinaison ou dérivation, par laquelle on emploie dans une même phrase plusieurs mots dérivés de la même origine ; la gradation (κλῖμαξ), qui arrange les mots selon leur degré de force ou de faiblesse ; l’expolition, espèce d’amplification en termes différents ; la synonymie, qui rassemble plusieurs mots de même signification, et qui est toujours voisine d’un défaut, comme la tautologie ou périssologie, autre figure du même genre ; la régression ou réplication, nommée par les Grecs épanastrophe ou anadiplose, espèce de répétition, ainsi que la palilogie, l’épanalepse, l’antistrophe ou la conversion, l’antimétabole ou la commutation ; l’euphémisme, qui déguise les idées odieuses ou tristes sous des noms qui ne sont pas les noms propres de ces idées, comme vita functus pour mortuus, sacer pour exsecrabilis ; l’onomatopée, appelée par Quintilien (VIII, 6) fictio nominis, et par laquelle un mot imite le son naturel de ce qu’il signifie, mugir, murmurer, siffler ; l’énallage, qui emploie un genre pour un autre genre, un mode pour un autre mode, comme l’antiptose un cas pour un autre ; l’hellénisme et le latinisme, imitation des constructions grecques ou latines ; et beaucoup d’autres figures de mots, dont les rhéteurs enseigneront l’usage à ceux qui seront curieux de connaître toutes ces savantes inutilités.

173. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Il met en jeu les passions humaines ; il représente le vice aux prises avec la vertu ; celle-ci sort triomphante de la lutte ; mais au fond de notre cœur, l’impression du mal reste plus vive que celle du bien, et c’est une semence qui porte de tristes fruits.

174. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

C’est ainsi que Racine sait si bien nous attendrir sur le sort du jeune Joas, par la vive peinture du danger où il se trouva, lorsque la cruelle Athalie fit massacrer tous les princes de la race de David ; et sur la situation d’Andromaque, lorsque Pyrrhus, fils du meurtrier de son époux, lui laisse le triste choix de l’épouser ou de voir périr son fils. […] Le drame bourgeois se rapproche de la tragédie et de la comédie par le mélange des scènes tristes et gaies, ou par le ton uniformément sérieux qu’il garde quelquefois : car il y a deux espèces, l’une qui ne se compose que d’un sujet sombre dont le dénoûment se termine par le malheur ; l’autre qui varie son principal intérêt en y ajoutant des épisodes riants et dont le nœud pathétique se dénoue par le bonheur.

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