Il est froid, artificiel ; il a le génie indigent, il se traîne sur des lieux communs mythologiques ; il travaille de mémoire, et pourtant, lorsqu’il est soutenu par un modèle ou des souvenirs, il a de l’harmonie, du rhythme, parfois même de la couleur et de la noblesse dans les détails du style. […] Cependant votre âme, attendrie Par un douloureux souvenir, Des malheurs d’une sœur chérie7 Semble toujours s’entretenir.
La France se souviendra avec plaisir que sous le règne du plus grand de ses rois a fleuri le plus grand de ses poëtes. […] Louis XIV écrivait au comte de Coligny, après la bataille de Saint-Gothard, 1664 : « Je désire que vous témoigniez aux officiers et soldats qui se sont distingués le gré que je leur sais, les assurant que je connais le mérite de leurs services et qu’ils ne doivent pas douter que je n’en garde le souvenir. » Et dans une autre lettre adressée au duc de Beaufort, qui venait de vaincre les corsaires algériens, 1665, il disait encore : « Je veux savoir si le capitaine des Lauriers a laissé femme et enfants, pour les gratifier, étant bien aise que l’on voie que ceux qui meurent en me servant vivent toujours dans mon souvenir. » 1.
Quelques-unes de ces fleurs artificielles ont conservé de la fraîcheur et de la grâce2 Le vieillard de virgile Aux lieux où le Galèse1, en des plaines fécondes, Parmi les blonds épis roule ses noires2 ondes, J’ai vu, je m’en souviens, un vieillard fortuné3 Possesseur d’un terrain longtemps abandonné : C’était un sol ingrat, rebelle à la culture, Qui n’offrait aux troupeaux qu’une aride verdure4, Ennemi des raisins, et funeste5 aux moissons. […] mon cœur bat à ce seul souvenir ! […] Ce mot veut dire ici sentiment qui se souvient.