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13. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Tantôt ce même soleil qui avait vu jeter les fondements de ces cités se couchait majestueusement, à mes yeux, sur leurs ruines ; tantôt la lune se levant dans un ciel pur, entre deux urnes cinéraires à moitié brisées, me montrait les pâles tombeaux. […] Le soleil, qui se couchait, versait des fleuves d’or par toutes ces galeries où roulait jadis le torrent des peuples ; de fortes ombres sortaient en même temps de l’enfoncement des loges et des corridors, ou tombaient sur la terre en larges bandes noires. […] Mais aussitôt que le soleil disparut à l’horizon, la cloche du dôme de Saint-Pierre retentit sous les portiques du Colysée. […] Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres, à l’horizon opposé. […] Une Danse au soleil couchant exprime la fin d’une belle journée.

14. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

À une époque où l’on préférait les salons aux champs et la clarté des bougies à la lumière du soleil, il eut encore le mérite de mettre en honneur le sentiment de la nature. […] En me levant avant le soleil pour aller voir, contempler son lever dans mon jardin, quand je voyais commencer une belle journée, mon premier souhait était que ni lettres, ni visites n’en vinssent troubler le charme. […] Nous lisons dans La Bruyère : « Qui a vécu un seul jour a vécu un siècle : même soleil, même terre, même monde, mêmes sensations ; rien ne ressemble mieux à aujourd’hui que demain ; il y aurait quelque curiosité à mourir, c’est-à-dire à n’être plus un corps, mais à être seulement un esprit. […] « Je me levais tous les matins avant le soleil ; je montais par un verger voisin dans un très-joli chemin qui était au-dessus de la vigne, et suivait la côte jusqu’à Chambéry. […] Il était grand jour ; mes yeux en s’ouvrant virent le soleil, l’eau, la verdure, un paysage admirable.

15. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Quel avantage n’aura-t-il pas lorsqu’il lui faudra décrire un beau lever ou un magnifique coucher du soleil, une redoutable tempête, une belle campagne couverte de riches moissons, ou une vallée riante située au milieu des Alpes ? […] Rousseau nous peint le Lever du soleil : Le Lever du Soleil « On le voit s’annoncer de loin par les traits de feu qu’il lance au » devant de lui. […] Ne vous étonnez donc pas si l’Ecclésiaste dit si souvent : « tout est vanité ; » il s’explique, « tout est vanité sous le soleil, » c’est-à-dire, tout ce qui est mesuré par les années, tout ce qui est emporté par la rapidité du temps. […] « Un gouverneur de Cayenne, dit-il quelque part, avait fait venir des abeilles d’Europe, et leur avait assigné une habitation exposée au soleil, parfumée de fleurs, à l’abri des vents, enfin dans une situation délicieuse. […] La gaieté, les travaux rustiques, les folâtres jeux, sont les premiers cuisiniers du monde, les ragoûts fins sont bien ridicules à des gens en haleine depuis le lever du soleil.

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