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28. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Par les succès précédents, vous vous êtes emparés du pays et de toutes ses ressources comme je vous l’avais promis ; les résultats ont confirmé tout ce que je vous avais annoncé ; maintenant, il s’agit de posséder les villes et leurs richesses. […] En effet, celui qui regorge de richesses n’est pas plus heureux que celui qui a sa nourriture au jour le jour, si le destin n’accorde pas à ce mortel jouissant de tous les avantages, le privilège de bien finir sa vie. […] Mon plus vif regret est d’avoir à combattre un général sans mérite, sans capacité militaire, un homme vil qui, au milieu de trésors entassés, convoite encore de nouvelles richesses, et qui jamais ne s’est mesuré avec des hommes de cœur. […] Je suis persuadé que rien ne saurait faire plus d’honneur à un prince, que de soulager la pauvreté des grands hommes, toujours plus soigneux d’acquérir de la gloire que d’amasser des richesses. […] Comme il me paraît aussi inutile que ridicule d’amasser du superflu, et que mon petit champ cultivé avec soin me fournit le nécessaire, pourquoi me tourmenterais-je à la poursuite des richesses ?

29. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

[Notice] Né à Montbar en Bourgogne, en 1707, Buffon fut parmi nous l’historien de la nature, comme Aristote l’avait été chez les Grecs et Pline chez les Latins ; mais, avec plus de richesse que le premier, il eut plus d’exactitude que le second : la direction du Jardin des plantes, qu’il reçut de Louis XV à trente-deux ans, détermina sa vocation et lui ouvrit la voie où il ne cessa de marcher avec autant d’efforts que de gloire. […] Ce n’est donc que depuis environ trente siècles que la puissance de l’homme s’est réunie à celle de la nature, et s’est étendue sur la plus grande partie de la terre : les trésors de sa fécondité jusqu’alors étaient enfouis, l’homme les a mis au grand jour ; ses autres richesses, encore plus profondément enterrées, n’ont pu se dérober à ses recherches, et sont devenues le prix de ses travaux.

30. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

L’autre2 fait revivre Virgile parmi nous, transmet dans notre langue les grâces et les richesses de la latine, compose des romans qui ont une fin, en bannit le prolixe et l’incroyable, pour y substituer le vraisemblable et le naturel. […] De maximes, ils ne s’en chargent pas ; de principes, encore moins : ils vivent à l’aventure, poussés et entraînés par le vent de la faveur et par l’attrait des richesses. […] C’est le propre de ce vice, qui n’est fondé ni sur le mérite personnel ni sur la vertu, mais sur les richesses, les postes, le crédit, et sur de vaines sciences, de nous porter également à mépriser ceux qui ont moins que nous de cette espèce de biens, et à estimer trop ceux qui en ont une mesure qui excède la nôtre2. […] ne vous reposez point sur vos descendants pour le soin de votre mémoire et pour la durée de votre nom : les titres passent, la faveur s’évanouit, les dignités se perdent, les richesses se dissipent, et le merite dégénère.

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