On y voit la description d’une chose par ses propriétés ; description où ne sont employées que des idées et des expressions équivoques, puisqu’elles présentent plusieurs rapports et plusieurs sens.
Voltaire se jugeait peut-être lui-même en disant : « Je suis comme les petits ruisseaux : ils sont transparents, parce qu’ils sont peu profonds. » L’esprit 1 Ce qu’on appelle esprit est tantôt une comparaison nouvelle, tantôt une allusion fine : ici, l’abus d’un mot qu’on présente dans un sens et qu’on laisse entendre dans un autre ; là, un rapport délicat entre deux idées peu communes : c’est une métaphore singulière ; c’est une recherche de ce qu’un objet ne présente pas d’abord, mais de ce qui est en effet dans lui ; c’est l’art, ou de réunir deux choses éloignées, ou de diviser deux choses qui paraissent se joindre, ou de les opposer l’une à l’autre ; c’est celui de ne dire qu’à moitié sa pensée, pour la laisser deviner ; enfin, je vous parlerais de toutes les différentes façons de montrer de l’esprit, si j’en avais davantage.
Dieu seul sait la distance entre nous ; Seul il sait quel degré de l’échelle de l’être Sépare ton instinct de l’âme de ton maître ; Mais seul il sait aussi par quel secret rapport Tu vis de son regard, et tu meurs de sa mort, Et par quelle pitié pour nos cœurs il te donne Pour aimer encor ceux que n’aime plus personne.