Là viendront les villageois Dire alors à quelque vieille « Par des récits d’autrefois, Mère, abrégez notre veille.
. — Réponse à ceux qui contestent au récit des Évangélistes leur caractère de certitude. […] On vous a cent fois touchés et attendris par le récit douloureux de la passion de Jésus-Christ, et je veux, moi, vous instruire. […] » Là, par un long récit de toutes les misères, Que durant notre enfance ont endumé493 nos pères, Renouvelant leur haine avec leur souvenir, Je redouble en leur cœur l’ardeur de le punir : Je leur fais des tableaux de ces tristes batailles, Où Rome par ses mains déchirait ses entrailles494 Où l’aigle abattait l’aigle, et de chaque côté Nos légions s’armaient contre leur liberté ; Où les meilleurs soldats et les chefs les plus braves Mettaient toute leur gloire à devenir esclaves ; Où, pour mieux assurer la honte de leurs fers, « Tous voulaient à leur chaîne attacher l’univers ; « Et l’exécrable honneur de lui donner un maître « Faisant aimer à tous l’infâme nom de traître, « Romains contre Romains, parents contre parents, « Combattaient seulement pour le choix des tyrans495.
J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre ; que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes, et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre : je suis détrompé. […] Un récit simple ne peut émouvoir : il faut non-seulement instruire les auditeurs des faits, mais les leur rendre sensibles, et frapper leurs sens par une représentation parfaite de la manière touchante dont ils sont arrivés. […] Voltaire simplement fera Un récit court, qui ne sera Qu’un très-frivole badinage. Mais son récit on frondera : A la cour on murmurera ; Et dans Paris on me prendra Pour un vieux conteur de voyage, Qui vous dit d’un air ingénu Ce qu’il n’a ni vu ni connu, Et qui vous ment à chaque page. […] Les prédicateurs qui ne peuvent imiter ces grands modèles, feraient mieux de les apprendre par cœur et de les débiter à leur auditoire (supposé encore qu’ils eussent ce talent si rare de la déclamation), que de prêcher celle qui leur est propre, consiste dans l’art de préparer les événements, dans leur exposition toujours élégante, tantôt vive et pressée, tantôt étendue et fleurie, dans la peinture vraie et forte des mœurs générales et des principaux personnages, dans les réflexions incorporées naturellement au récit et qui n’y paraissent point ajoutées.