Thiers se fait un idéal des propres qualités de son esprit. — Sa théorie sacrifie trop la passion et l’imagination ; mais ce qu’il refuse à l’historien, son histoire nous l’a plus d’une fois donné. — Comparez à ce morceau le chapitre de Fénelon qui traite le même sujet, dans sa lettre à l’Académie.
« Quand une fois, dit Quintilien, l’auditeur commence à partager nos sentiments, quand nous faisons entrer dans son cœur la haine ou l’amitié, l’indignation ou la crainte alors il est subjugué, il fait de notre affaire la sienne propre, il n’examine plus ; le torrent l’entraîne et il se laisse aller… » La première et indispensable condition pour exercer de l’influence sur les cœurs, c’est d’abord d’être soi-même bien touché, avant de songer à toucher les autres. […] C’est d’après cette appréciation que nous pourrons avec exactitude saisir le langage qui leur est propre, et conformer nos idées aux bienséances qui leur conviennent sons le rapport des temps, des lieux, des personnes.
Il ne suffit pas d’ailleurs que le sujet soit sublime, il faut encore qu’il soit présenté de la manière la plus propre à faire une impression frappante : l’expression sera forte, concise et simple.