Préface La pensée et la parole étant le privilège de l’homme, le plus haut intérêt s’attache à l’étude des rapports entre la parole et la pensée ; cette étude est l’œuvre propre de la rhétorique. Et comme l’intelligence humaine a deux manières de se développer, l’une spontanée, l’autre réfléchie, il est indispensable d’observer les procédés spontanés de l’esprit pour en faire profiter son développement réfléchi ; c’est encore l’œuvre de la rhétorique. Voilà pourquoi cet art de la parole survit aux railleries qui le poursuivent et persiste malgré les attaques de la paresse et de la légèreté : « Ne pouvant y atteindre, dit Montaigne, ils s’en vengent par en médire. » Sans doute, il faudra renoncer à la rhétorique le jour où les étourdis qui la combattent nous prouveront que c’est la rhétorique qui leur a appris à déraisonner, car la façon dont parient ou écrivent ses détracteurs est son plus bel éloge. En attendant, c’est une œuvre utile que de présenter à l’étude de nos enfants et à la méditation de tous ceux qui veulent penser, les préceptes de l’art de parler et d’écrire, Que le génie se passe bien de rhétorique, c’est une naïveté sur laquelle on pourrait se dispenser d’insister ; mais, chose non moins évidente, le génie est l’exception, et ses œuvres sont la leçon des hommes ordinaires, c’est-à-dire de la grande majorité. Ces règles ne sont donc faites ni pour Homère, ni pour Sophocle ; mais Démosthène et Cicéron eux-mêmes n’ont pas rougi de les étudier longtemps, ni Corneille et Pascal, ni Racine et Fénelon, ni Voltaire et Mirabeau.
Après avoir résumé les règles de l’Églogue : Telle est de ce poème et la force et la grâce ; il amène ainsi l’Élégie : D’un ton un peu plus haut, mais pourtant sans audace, La plaintive Élégie, etc.
Ils se diversifient presqu’à l’infini ; aussi nulle expression n’est plus vague que l’adjectif beau ; on l’applique à tous les objets extérieurs qui flattent l’œil ou l’oreille, à un grand nombre des grâces du style, à mille modifications de l’esprit, à divers objets relatifs aux sciences exactes ; nous l’ajoutons à un arbre, à une fleur, à un poème ; nous disons c’est un beau caractère, c’est un beau théorème.