Il ne veut que des phrases brillantes et que des tours ingénieux. […] Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles : ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions.
Ainsi, pour tourner par le passif cette phrase : le chat mange la souris, dites : la souris est mangée par le chat ; j’aime mon père tendrement, dites : mon père est tendrement aimé de moi.
Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles ; ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions. […] Je trouvai la phrase un peu masculine pour une dame ; mais en la voyant s’affermir sur son siège, sortir d’elle-même, enfler sa voix pour me dire ces premières injures, je jugeai qu’elle avait senti le besoin de commencer l’attaque par une période vigoureuse pour se mettre en force et je ne lui en sus pas mauvais gré. […] Goëzmann s’accorde en tout avec la réponse verbale du châtain clair, il en faudrait conclure que ce perfide laquais de femme aurait remis la lettre à votre mari ; cette lettre, madame, par laquelle vous étiez sommée, suivant votre accord avec Lejay286, de me procurer l’audience ; il en faudrait conclure que cet époux, non moins honnête que curieux, se serait cru, en galant homme, obligé de tenir les engagements de sa femme, et achevez la phrase, madame ; en honneur je n’ai pas le courage de la pousser plus loin : décidez lequel des deux époux ouvrit la lettre qui produisit l’audience ; mais si vous persistez à soutenir que ce n’est pas « vous, ne dites plus au moins que je compromets M. […] Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c’est l’ordre et la construction de la phrase. […] Mais, si la rigide construction de la phrase gêne la marche du musicien, l’imagination du poète est encore arrêtée par le génie circonspect de la langue.