Quand on sait ce que l’on doit à sa patrie et à ses amis, à la piété filiale, à l’amour fraternel, à l’hospitalité ; quand on connaît les devoirs du sénateur et du juge, les obligations du général envoyé contre l’ennemi : alors, n’en doutez pas, on sait donner à ses personnages le caractère qui leur convient. […] 889Celui qui a appris (qui sait) 890ce qu’il doit à sa patrie, 891et ce qu’il doit à ses amis ; 892 celui qui sait de quel amour 893un père doit être aimé, 894de quel amour un frère 895et un hôte doivent être aimés ; 896 celui qui sait quel est le devoir 897d’un père-conscrit (d’un sénateur), 898quel est le devoir d’un juge ; 899quelles sont les fonctions 900d’un général envoyé à la guerre : 901celui-là, sans-aucun-doute, 902sait rendre (saura prêter) 903à chacun de ses personnages 904les choses (les idées) convenables.
D’une brillante et triste vie, Rousseau quitte aujourd’hui les fers, Et, loin du ciel de sa patrie, La mort termine ses revers.
Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, la félicité sans bornes2 aussi bien que les misères ; une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’univers ; tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une tête qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; la bonne cause d’abord suivie de bons succès, et depuis des retours soudains, des changements inouïs : la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse ; nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus ; l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté ; une reine fugitive, qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes, et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil ; neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes3 ; l’Océan étonné de se voir traversé tant de tois en des appareils si divers et pour des causes si différentes ; un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli : voilà les enseignements que Dieu donne aux rois.