D’abord obligé d’occuper le peuple pour le contenir, et multipliant à la fois les travaux dans la ville et les expéditions au dehors, il blasa son imagination en la satisfaisant, et usa ses forces en les prodiguant. […] Mais il a occupé Mégare, il a imposé des tyrans à l’Eubée, il a envahi la Thrace, il intrigue encore aujourd’hui dans le Péloponèse.
Ils parlent des agitations du forum, des événements qui occupent l’attention publique, et, par une pente insensible, arrivent à discuter de l’éloquence. […] Pour donner à l’armée le temps de se dégager, il marche avec quelques centaines d’hommes à l’assaut des hauteurs occupées par l’ennemi, et leur jette en partant ces simples paroles : « Allons, camarades, allons mourir pour la république. » — Tu vois cette redoute, dit un chef à un officier, tu l’attaqueras avec tes hommes. — Oui, mon général. — Tu te feras tuer. — Oui, mon général.
Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a posséder tout celui qu’on peut avoir et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ces sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles ; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent.