Salluste nous les a conservés, et nous allons les mettre en entier sous les yeux de nos lecteurs.
On l’a vu invectiver contre les sciences qu’il cultivait, préconiser l’excellence de l’Évangile dont il détruisait les dogmes, peindre la beauté des vertus qu’il éteignait trop souvent dans l’âme de ses lecteurs. » 1.
Il excelle, ce qui est le caractère des maîtres, à ne montrer qu’à moitié sa pensée, pour donner au lecteur le plaisir d’une sorte de découverte ; il provoque les esprits à s’éveiller et à s’exercer, en leur faisant deviner beaucoup au-delà de ce que semblent exprimer ses paroles59. […] On peut dire que ses lettres ne charment pas seulement l’esprit du lecteur, mais qu’elles le purifient et l’élèvent139. […] Cet arrangement sert à éviter les répétitions qu’on peut épargner au lecteur ; mais il ne retranche aucune des répétitions par lesquelles il est essentiel de ramener souvent l’auditeur au point qui décide lui seul de tout. […] Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement, le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage369 ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur ; il ne peut faire impression sur l’esprit du lecteur, il ne peut même se faire sentir que par la continuité du fil, par la dépendance harmonique des idées, par un développement successif, une gradation soutenue, un mouvement uniforme que toute interruption détruit ou fait languir.