Quand même Cléon aurait éprouvé quelque léger préjudice, il aurait du se contenter d’un dédommagement qu’on lui aurait accordé de grand cœur (par exemple quelques rayons de miel) ; mais ruiner sous ce prétexte toute une famille, c’est une action mauvaise, dont il doit réparation. […] Un soir, un enfant de quatorze ans, passant au pied des digues pour retourner à la ferme de son père, s’aperçoit qu’un léger filet d’eau coule par une ouverture : sans un prompt secours, la province va être submergée. […] Il rentre dans son palais, morne et pensif ; il fait enlever de ses appartements tout ce qui pouvait lui rappeler le souvenir de son fils ; le nom de Léon ne sort plus de sa bouche ; il ne soutire pas qu’en sa présence se fasse la plus légère allusion à son fils ; il semble que Léon n’existe plus, ou plutôt qu’il n’a jamais existé. […] Sous ce prétexte absurde, il fut condamné à mort par des jeunes iniques, conformément aux désirs d’un peuple léger et injuste, 400 ans avant Jésus-Christ. […] Le sénat, pour concilier l’observation rigoureuse des lois avec la reconnaissance due aux belles actions, infligea d’abord à Isadas une peine légère, et lui décerna ensuite une récompense éclatante.
Il ne faut pourtant pas nier qu’il y ait dans Tacite quelques constructions douteuses, quelques expressions trop recherchées, enfin des longueurs et des périodes embrouillées ; ce sont là, dans une œuvre aussi considérable que la sienne, des fautes légères. […] On pourrait lui appliquer ces vers de Boileau : Heureux qui, dans ses vers, sait, d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] Peinture des caractères d’abord : vaine et railleuse présomption de « l’animal léger », confiance persistante de la tortue qui a foi dans ses efforts persévérants et dans la sécurité outrée de son adversaire ; dialogue vif et enjoué, entremêlé du commentaire de l’auteur, qui joue ici le rôle du chœur antique, péripéties, dénouement, rien n’y manque. […] Quand l’écrivain se sera fait un plan sévère, « il n’aura que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et la chaleur naîtra de ce plaisir : les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera. » Pour conserver au style son véritable mouvement, Buffon conseille d’éviter les pensées fines, les idées légères, déliées, « qui comme la feuille de métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité. » Cette recherche de l’expression ne peut qu’éteindre la chaleur de la composition et nuire par conséquent au mouvement. […] Ce sera imposer à votre excessive modestie un léger sacrifice.
Par la différente disposition qu’il leur donne, tantôt le discours marche avec une gravité majestueuse, ou coule avec une prompte et légère rapidité ; tantôt il charme l’auditeur par une douce harmonie, ou le pénètre d’horreur et de saisissement par une cadence dure et âpre, selon la différence des sujets qu’il traite. […] Ainsi, l’on verra dans les plaines de l’air paître les cerfs légers, la mer laisser les poissons à sec sur le rivage, avant que son image s’efface de mon cœur.