Chacune de ces phrases est l’énoncé d’un trait historique, ou d’une pensée morale et religieuse, toujours à la portée des jeunes esprits, toujours conçue de manière à aiguiser leur jugement et à satisfaire leur curiosité. […] Soit que les maîtres insistent, dans leurs corrections verbales, sur les paragraphes auxquels nos chiffres renvoient les traducteurs ; soit qu’ils obligent ces derniers à formuler par écrit les applications qu’ils en auront faites, ils exerceront le jugement de leurs classes, ils habitueront en même temps les esprits à cette précieuse netteté de raisonnement, qui distingue surtout l’auteur de la nouvelle méthode.
Cette naïveté de l’apologue ne permet point de mettre sur la scène des êtres métaphysiques, et d’y présenter, comme l’a fait La Motte, dom Jugement, Dame Mémoire, Demoiselle Imagination. […] Segrais est venu après lui ; et au jugement de Boileau, il peut dans l’églogue enchanter les forêts.
Après s’être hâté lentement dans l’exercice de la composition, après avoir révisé son ouvrage en le remettant vingt fois sur le métier , persuadé avec Quintilien que ce n’est pas en écrivant vite qu’on parvient à bien écrire, mais qu’on arrive à écrire vite en écrivant bien, le jeune littérateur soumettra son travail à la correction d’un maître, au jugement d’un ami judicieux et sincère, et écoutera avec docilité les avis du vir bonus et prudens d’Horace, de l’ ami sage, mais inflexible de Boileau. […] En effet, l’élève qui se forme à l’art d’écrire ne cherche pas seulement à acquérir la correction dans le style et la rectitude dans les appréciations et les jugements, c’est-à-dire les qualités nécessaires à l’historien ; il doit encore s’appliquer à exercer la faculté créatrice de son esprit et à donner l’essor à son imagination, afin de devenir capable d’embellir et d’amplifier un fait, et de présenter un personnage sous un point de vue plutôt que sous un autre.