Sous les auspices de Quinte-Curce, Lambert le Court et le sire de Bernay s’engagent aussi dans un cycle nouveau, dont Alexandre est le héros, et qui rivalise avec celui de Charlemagne ou du roi Arthus. […] Aussi est-ce le moment où paraissent les personnages féminins ; leur voix domine le bruit des armes ; des héroïnes interviennent parmi les preux avec leurs vertus, leurs séductions et parfois aussi leurs faiblesses. […] Ce matois et intrépide capitaine de routiers sera le digne héros de ce patriote bourgeois, dont les vers ne sont qu’un regain d’arrière-saison. […] Il sera surtout un héros de théâtre, jaloux de paraître et non d’être. […] Ce sont, par exemple, blé, botte, tas, broc, parc, dru (drud, héros), quai (cai), corde (cord), banc, cri, blanc (blan), amarre, clan, brusque (brysk), trousse (tross, vêtement), harre, fur (qui existe dans la locution au fur et à mesure), truand (truan, misérable), etc.
On ne demande point que ces mœurs soient vertueuses ; il suffit qu’elles soient vraies, c’est-à-dire ressemblantes au héros qu’on veut peindre, ou plutôt à l’idée qu’on en a communément. […] L’exorde du discours de Périclès, lorsqu’il fait l’oraison funèbre des héros morts pour la patrie, est de la même espèce. […] Le texte d’une oraison funèbre, c’est-à-dire les lignes tirées des livres saints que l’orateur prononce avant de commencer son discours, doit être comme un éloge raccourci du héros, et mettre d’abord sous les yeux toute sa vie et son caractère. […] La sainteté de la chaire chrétienne ne permet pas qu’on se borne, dans l’éloge des héros, à des faits purement humains. […] et ne mettez-vous pas dans votre esprit, à la place du héros dont parle l’Écriture, celui dont je viens vous parler ?
Et ne mettez-vous pas dans votre esprit, à la place du héros dont parle l’Écriture, celui dont je viens vous parler ? […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu la magnificence et la piété pour honorer un héros : des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus ; des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et des fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec tout le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant ; et rien ne manque dans tous ces donneurs que celui à qui on les rend. « Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine ; pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Tous ensemble, en quelque degré de sa confiance qu’il vous ait reçus, environnez ce tombeau, versez des larmes avec des prières, et, admirant dans un si grand prince une amitié si commode et un commerce si doux, conservez le souvenir d’un héros dont la bonté avait égalé le courage.