En les montrant, son père lui fit jurer, sous peine de malédiction, de venger le meurtre de ses frères.
Mademoiselle, comment se porte monsieur mon frère ! […] Venez compter vos fils, vos amants et vos frères ; Venez, sur ces débris, disputer aux vautours L’espoir de vos vieux ans, le fruit de vos amours. […] Qu’un autre à cet aspect frissonne et s’attendrisse ; Qu’il recule en tremblant des bords du précipice ; Qu’il ne puisse de loin entendre, sans frémir, Le triste chant des morts tout prêt à retentir ; Les soupirs étouffés d’une mère ou d’un frère, Suspendus sur le bord de son lit funéraire ; Ou l’airain gémissant, dont les sons éperdus Annoncent aux mortels qu’un malheureux n’est plus.
Raisonnable que cette charité s’étende jusqu’à mes ennemis, puisque cet homme, pour être mon ennemi, n’en est pas moins mon frère. […] Le plus parfait modèle qui puisse être proposé en ce genre d’éloquence, est le discours que prononça Racine, à la réception de Thomas Corneille, qui succédait à son frère. […] Après avoir comparé le grand Corneille aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes, dit-il, ne s’honore pas moins que des Thémistocle98, des Périclès99, des Alcibiade100, qui vivaient en même temps qu’eux, il continue ainsi : « Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les états, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres, et de ce corps dont vous faites maintenant partie : du moment que des esprits sublimes passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que durant leur vie la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse.