La mollesse est une langueur de l’âme qui l’engourdit, et qui lui ôte toute vie pour le bien ; mais c’est une langueur traîtresse qui la passionne secrètement pour le mal, et qui cache sous la cendre un feu toujours prêt à tout embraser.
Les premiers feux du matin éclairent une vaste plaine où va se livrer un combat qui doit décider du sort de deux grands empires. […] Elle parle à merveille le langage acéré de la médisance, et c’est vraiment « ce feu dévorant qui détruit tout ce qu’il touche et qui sait plaire et briller quelquefois avant que de nuire ». […] L’intérêt en est plus vif parce que l’action vaut mieux ; il y a plus de passion et plus de feu. […] Le langage de tels hommes devait être surtout énergique, ferme, plein de feu et de vivacité, oratoire en un mot. […] Auguste parlait de la politique comme Richelieu la faisait ; Condé prit le feu qui l’animait à Rocroi dans l’âme de Rodrigue.
Mais aller chez des gens que l’on connaît à peine, Pour échanger sans but quelque parole vaine2 ; Avoir des rendez-vous ; savoir l’heure qu’il est ; S’arracher avec peine aux lieux où l’on se plaît ; Quitter le coin du feu, la page commencée, Et le fauteuil moelleux où s’endort la pensée ; Se parer, s’épuiser en efforts maladroits Pour enfoncer sa main dans des gants trop étroits, Et pouvoir se montrer, d’une façon civile, En deux salons placés aux deux bouts de la ville3 ; Bref, d’invitations incessamment pourvu, Ne pas se réserver un jour pour l’imprévu, Et gaspiller le temps d’une œuvre sérieuse Dans cette oisiveté rude et laborieuse4 ; Est-ce vivre ?