Ces sentiments impétueux qui poussent au crime les héros tragiques, ces amours qui font leur joie et leur tourment, nous émeuvent et nous attendrissent sans nous inquiéter. » Le tableau du malheur, dans la tragédie, a aussi un effet moral : il perfectionne la sensibilité, et attendrit l’âme aux souffrances de l’humanité. […] Mais, en recherchant les grands effets sur le théâtre, l’auteur doit se garder de peindre le crime brutal et féroce ; l’effroi ne doit pas être poussé jusqu’à l’horreur sauvage, comme on le voit dans quelques drames modernes. […] La première condition est que l’amour soit tragique, qu’il porte les personnages à de grands crimes ou à d’héroïques vertus, comme dans Phèdre, dans Andromaque, dans Zaïre. […] De plus, l’amour doit être moral ; c’est-à-dire qu’en poussant les personnages au crime, il doit en amener le châtiment. […] La tragédie peint les crimes des hommes pour les rendre odieux, leurs infortunes pour nous attendrir ; la comédie peint les vices, les travers, les folies de l’humanité, pour les rendre ridicules ou méprisables, et les redresser.
Non, je ne serai point complice de ses crimes : Qu’il nous prenne, s’il veut, pour dernières victimes. […] Roi barbare, faut-il que mon crime l’entraîne ? […] Partez : j’ai fait le crime, et je vais l’expier. […] Mais quand elle s’entend attribuer ce meurtre, c’est alors qu’elle est hors d’elle-même, et qu’elle punit Oreste des crimes qu’elle lui a fait commettre. » 2.
C’est à la justice, c’est à la vérité qu’il est comptable du secours de sa voix et de ses talents ; et le crime, quel que soit l’éclat qui l’environne ou le crédit dont il s’appuie, le crime n’y saurait avoir aucun droit.