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200. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Marmontel dit que « la précision n’exclut, ni la richesse, ni l’élégance du style ; que tous les genres d’écrire ont leur précision ; que le style philosophique a pour but de démêler la vérité ; l’historique, de la transmettre ; l’oratoire, de l’amplifier ; le poétique, de l’embellir » ; qu’ainsi chaque écrivain a son genre de précision, et que toute espèce de développement ou d’ornement convient, pourvu que l’on aille droit au but. […] Si n’y eust il galant homme parmi eux, qui ne le regrettait ; et le venait voir qui pouvait, comme une belle relique, en passant et chassant toujours ; car il avait cette coustume de leur faire la guerre la plus honneste du monde et la plus courtoise ; et y eu eust aucuns qui furent si courtois et bons, qu’ils le voulurent emporter en quelque logis là près ; mais il les pria qu’ils le laissassent dans le camp mesme qu’il avait combattu, ainsi qu’il convenait à un homme de guerre et qui avait toujours désiré de mourir armé.

201. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Le classement chronologique, déterminé par la date de la mort des écrivains, aurait amené des contrastes brusques et choquants : ne convenait-il pas de ne point séparer Mme de Maintenon de Mme de Sévigné, Nicole de Pascal ? […] Mais parce que, selon le saige Salomon, sapience n’entre point en ame malivole, et science sans conscience n’est que ruyne de l’ame, il te convient servir, aymer, et craindre Dieu, et en luy mettre toutes tes pensees et tout ton espoir ; et, par foy formee de charité, estre a lui adjoinct, en sorte que iamais n’en soys desemparé par peché. […] Car aprés que par plusieurs jours je me fus lassé à piler et calciner mes matieres, il me les convint broyer sans aucun aide, à un moulin à bras, auquel il falloit ordinairement deux puissans hommes pour le virer : le desir que j’avois de parvenir à mon entreprinse me faisoit faire des choses que j’eusse estimé impossibles. […] C’est pourquoy, dès que j’entendis qu’après tant de devoirs247 où vous vous estes mis, et après avoir receu tant de mauvais traictemens des hommes et tant de faveurs et graces de Dieu, l’on vous faisoit rechercher de renvoyer248 icy, je fus d’advis que premièrement on procurast de249 convenir secretement des conditions sous lesquelles Vostre Majesté devroit renvoyer et estre reçcue, et le dis et escrivis par-delà à temps. […] Et le monde n’est quasi Composé que de deux sortes d’esprits auxquels il ne convient aucunement, à savoir : de ceux qui, se croyant plus habiles qu’ils ne sont, ne se peuvent empêcher de précipiter leurs jugemens ni avoir assez de patience pour conduire par ordre toutes leurs pensées : d’où vient que, s’ils avoient une fois pris la liberté de douter des principes qu’ils ont reçus et de s’écarter du chemin commun, jamais ils ne pourroient tenir le sentier qu’il faut prendre pour aller plus droit, et demeureroient égarés toute leur vie ; puis de ceux qui, ayant assez de raison ou de modestie pour juger qu’ils sont moins capables de distinguer le vrai d’avec le faux que quelques autres par lesquels ils peuvent être instruits, doivent bien plutôt se contenter de suivre les opinions de ces autres qu’en chercher eux-mêmes de meilleures.

202. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Les anciens appellent vulgaire l’exorde qui peut appartenir à plusieurs sujets ; commun ou commuable, celui dont l’adversaire peut faire usage ou qu’il peut même, à l’aide de légers changements, retourner contre nous ; étranger ou emprunté, non-seulement celui qui ne convient pas au sujet, mais surtout celui qui semble amener une conséquence tout opposée à celle qu’on a en vue : tel cet exorde d’Isocrate dont Longin fait si justement la critique dans son Traité du sublime.

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