La disgrâce d’un grand citoyen : Vauban On a vu quel était Vauban, à l’occasion de son élévation à l’office de maréchal de France1032.
Quelle carrière pour un vrai citoyen, soit qu’il ait déjà cultivé le talent de la parole, soit que le patriotisme, capable, comme toute grande passion, de transformer les hommes, ait fait de lui tout-à-coup un orateur !
Il faut que le même personnage ait les moeurs de sa nation, de sa patrie ; par conséquent qu’un héros de la Grèce ne soit point représenté sous les mêmes traits qu’un citoyen de Rome, un Athénien sous les mêmes qu’un Spartiate, un Espagnol sous les mêmes qu’un Français, un habitant de la province, sous les mêmes qu’un habitant de la capitale. […] On sent qu’un roi a une façon de s’exprimer bien différente de celle d’un courtisan, et que le langage d’un homme de qualité, n’est pas le même que celui d’un simple citoyen. Un Dieu, suivant la pensée d’Horace, parle bien autrement qu’un héros ; un vieillard autrement qu’un jeune homme ; une dame d’un haut rang autrement qu’une suivante ; un marchand autrement qu’un laboureur ; un homme de la Colchide ou un Assyrien ; autrement qu’un habitant de Tbèbes ou un citoyen d’Argos. […] Ils mettoient sur la scène des aventures réelles, des caractères connus ; ils représentoient au naturel les vices, les ridicules vrais ou supposés d’un citoyen, d’un magistrat, d’un des hommes les plus considérables de la république ; et le principal acteur en portoit le nom.