Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les États, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres et de ce corps fameux dont vous faites maintenant partie, que du moment que des esprits sublimes, passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que, durant leur vie, la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse : la postérité, qui se plaît, qui s’instruit dans les ouvrages qu’ils lui ont laissés, ne fait point de difficulté de les égaler à tout ce qu’il y a de plus considérable parmi les hommes, et fait marcher de pair l’excellent poëte et le grand capitaine.
Toujours trompé dans ses espérances, il rêve sans cesse un bien qui apaise la soif de son âme, ce bien idéal que toute âme désire, et qui n’a pas de nom au terrestre séjour.
L’habitude d’étaler sans cesse sa personnalité, si rebutante chez les romantiques, vient de Rousseau. […] Auguste, au contraire, ne va pas cesser de grandir de scène en scène. […] Il a voulu que son influence ne cessât point avec sa vie, et la victoire remportée, il a composé l’Art poétique. […] Quand il cessa de prêcher, le souvenir de ses succès s’effaça vite et Bourdaloue lui succéda dans l’estime du public. […] Les images empruntées à la peinture ne peuvent donner qu’une faible idée de ces scènes émouvantes où les effets se succèdent et s’accroissent sans cesse.