Elle consiste donc dans une correspondance qu’on tâche d’établir entre l’esprit et le cœur de ceux à qui l’on parle d’un côté, et de l’autre les pensées et les expressions dont on se sert ; ce qui suppose qu’on aura bien étudié le cœur de l’homme pour en savoir tous les ressorts, et pour trouver ensuite les justes proportions du discours qu’on veut y assortir.
., cultiva l’allégorie mystique et l’allégorie mythologique ; — une antre femme, Louise Labé, « la Belle cordière » de Lyon (1526-1566), qui a fait le Débat de la Folie et de l’Amour et, comme lui, des élégies ; — François Ier encore, si l’on veut, qui écrivit des vers dans le goût de Marot, comme son petit-fils Charles IX en écrivit à la gloire de Ronsard ; — Jacques Pelletier, du Mans, qui, avant 1550, ouvrit l’hospitalité de son Recueil à la première ode de Ronsard, supprimée depuis par son auteur, et qui passa ensuite dans le camp nouveau ; — enfin, et surtout, pour clore une liste qui ne saurait épuiser tous les noms de cette époque, le plus brillant des seconds de Marot, Melin de Saint-Gelais, mort en 1558, qui ne ménagea pas les épigrammes aux jeunes poètes de l’école nouvelle, se réconcilia avec eux en souriant, et reçut leurs fleurs sur sa tombe ; c’était un acte de reconnaissance : il avait emprunté le premier à l’Italie le sonnet, auquel ils firent une éclatante fortune à côté des genres renouvelés de l’antiquité. […] À côté d’eux, mais à part, il faut nommer ensemble ceux que j’appellerai les « Ménippéens », bourgeois de Paris, de naissance ou d’adoption, tous, qui avocat, qui jurisconsulte, qui professeur, tous érudits et poètes a leurs heures, quelque peu amis de la gaillardise en prose et en vers, du sel attique et du sel gaulois, tenant, pour Ronsard sans renier Marot en poésie, sans tenir pour la Digue en religion ; — c’est Nicolas Rapin (mort en 1608), homme de robe, de plume et d’épée, avocat, un des braves d’Ivry, puis prévôt de la connétablie de France, qui traduisait ou imitait Horace, qui lit une ode sur la mort de Ronsard et reçut la dédicace de la satire de Régnier contre Malherbe ; — C’est Gilles Durant, sieur de la Bergerie (mort en 1615), qui fit force sonnets et chansons, traduisit des psaumes, et dont l’écrin de la Ménippée nous garde la complainte à Mademoiselle ma Commère sur le trépas de son âne ; — c’est Jean Passerat (mort en 1602), l’éminent latiniste du collège de France, ami de la vigne et de la poésie, fin chansonnier des Pastoureaux et Pastourelles, vert et vigoureux satiriste des étrangers, Espagnols catholiques ou reîtres huguenots. […] Jodelle (1532-1573) Notice Estienne Jodelle, né à Paris, un des plus ardents de la « brigade », un des plus brillants de la Pléiade, après avoir, à l’âge de vingt ans, joué avec ses amis devant toute la cour la première tragédie du théâtre « renaissant », sa Cléopâtre captive, et donné encore la même année la première comédie régulière, son Eugène ou la Rencontre ; après avoir été pendant six années le poète, le musicien, l’architecte, le peintre, l’inspirateur et l’ordonnateur des fêtes royales, — pour une mascarade qui échoua en 1558, fut mis de côté, dédaigné, et mourut pauvre et oublié à l’âge de quarante et un ans.
Le dilemme, comme l’indique son nom grec, est un double syllogisme dans lequel, en partant de prémisses opposées, l’orateur arrive à une seule et même conclusion. h C’est cette propriété de frapper de deux côtés qui lui valut au moyen âge, le nom bizarre d’argument cornu. […] N’est-ce pas déjà le plus puissant des arguments que cette énumération par laquelle Bossuet ouvre l’oraison funèbre de la reine d’Angleterre : Chrétiens, que la mémoire d’une grande reine, fille, femme, mère de rois si puissants, et souveraine de trois royaumes, appelle de tous côtés à cette triste cérémonie, ce discours vous fera paraître un de ces exemples redoutables qui étalent aux yeux du monde sa vanité tout entière. […] Jaloux des grâces qui tombent à côté d’eux, il semble qu’on leur arrache celles qui se répandent sur les autres. […] Pour un but contraire, La Fontaine a employé le même moyen dans sa fable intitulée, Le Coche et la Mouche : Dans un chemin montant, Sablonneux, malaisé, Et de tous les côtés au soleil exposé, Six forts chevaux tiraient un coche ; Hommes, moines, vieillards, tout était descendu ; L’attelage suait, soufflait, était rendu.