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193. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Fénélon avait dit avant lui : « Celui qui entreprendrait une rhétorique devrait y rassembler tous les plus beaux préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien, de Lucien, de Longin et des autres célèbres auteurs. […] Cet art n’est pas facile ; Démosthène, Cicéron et les maîtres les plus célèbres en étaient persuadés. […] Prœsumptiones inducuntur ex eo quod plerumque fit, dit le célèbre jurisconsulte Cujas. […] « Comme un trait, dit ce célèbre rhéteur, devient inutile à celui qui le jette au hasard et sans savoir où il doit frapper, il en sera de même des argumens, si l’on n’a prévu l’usage qu’on en doit faire. […] Cicéron n’ignorait pas que Pompée désirait que Milon fût condamné, et que, le jour du jugement de cette cause célèbre, c’était lui qui avait disposé la force armée autour du tribunal, pour intimider les juges.

194. (1854) Éléments de rhétorique française

Le célèbre Cochin plaidait un jour au parlement avec son succès accoutumé. […] Bossuet, après avoir fait l’éloge de Charles Ier, s’adresse ainsi au cercueil de la reine d’Angleterre, et cette phrase offre en même temps un exemple d’apostrophe et de prosopopée : « Grande reine, je satisfais à vos plus tendres désirs quand je célèbre ce monarque ; et ce cœur, qui n’a jamais vécu que pour lui, se réveille, tout poudre qu’il est, et devient sensible, même sous ce drap mortuaire, au nom d’un époux si chéri. » Voici un autre exemple de prosopopée, tiré de l’éloge des officiers morts dans la guerre de 1741, par Voltaire : « O peuples heureux, donnez au moins a des compatriotes qui ont expiré victimes de celle gloire, ou qui survivent encore à une partie d’eux-mêmes, les récompenses que leurs cendres ou leurs blessures vous demandent. […] Plus loin est mort le neveu de ce célèbre archevêque de Cambray, l’héritier des vertus de « cet homme unique qui rendit la vertu si aimable. » On admire, dans Massillon, la prosopopée du pauvre, reprochant au riche sa dureté et ses dédains : « S’il était permis a ce malheureux que vous outragez de vous répondre ; si l’abjection de son étal n’avait pas mis le frein de la honte et du respect sur sa langue : Que me reprochez-vous ? […] Bossuet a dit, en parlant de Charles Ier : « Ceux qui ont vu de quel front il a paru dans la salle de Westminster et dans la place de Whitehall peuvent juger aisément combien il était intrépide à la tête de ses armées, combien auguste et majestueux au milieu de son palais et de sa cour. » Il y a une ellipse dans cette phrase célèbre : « J’accepterais les offres de Darius, si j’étais Alexandre. — Et moi aussi, si j’étais Parménion. » Sous-entendu : Je les accepterais. […] Démosthènes excellait lui-même dans cette partie de l’art oratoire, comme te prouve le mot célèbre de son adversaire Eschine.

195. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

La fresque Et toi, qui fus jadis la maîtresse du monde, Docte et fameuse école en raretés féconde, Où les arts déterrés ont, par un digne effort, Réparé les dégâts des barbares du Nord ; Source des beaux débris1 des siècles mêmorables, O Rome, qu’à tes soins nous sommes redevables De nous avoir rendu, façonné de ta main, Le grand homme, chez toi, devenu tout Romain2, Dont le pinceau célèbre avec magnificence De ses riches travaux vient parer notre France, Et dans un noble lustre y produire à nos yeux Cette belle peinture, inconnue en ces lieux, La fresque, dont la grâce, à l’autre3 préférée, Se conserve un éclat d’éternelle durée, Mais dont la promptitude et les brusques fiertés Veulent un grand génie à toucher ses beautés4 !

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